Chapitre 4 : la faucheuse.

- Toujours rien ! s'exclama la jeune rousse.

Elle était agacée de ne rien trouver. Toutefois, aussi surprenant que cela puisse paraître, cet agacement lui donnait plus de motivation à chercher.
Il fallait qu'elle en sache plus sur ce mystérieux langage.
Nel posa de nouveaux livres sur la table. Leur poids non négligeable provoqua un bruit sourd qui ramena l'attention d'Esméralda sur le jeune homme.

- Merci Nel, lui lança-t-elle par politesse.

Alors qu'elle voulu attraper le bord d'un livre, sa main rencontra celle de Nel qui reprenait son souffle. Leur regard se croisèrent brièvement. Le démon fut le premier à détourner les yeux.

- Désolé..., balbutia-t-il.

Puis il repartit en quêtes de livres.
En voyant le titre de l'ouvrage, elle fronça les sourcils.
Elle leva les yeux sur Callen qui feuilletait un livre.

- Callen ?
- Hum ?
- Tu as parler à Nel des symboles ? Parce que j'ai l'impression qu'il ramène tous les livres qu'ils trouvent sur les différents langues.
- Tu es...

Avant même qu'il n'est le temps de finir son objection, elle lui montra la couverture du livre avec le beau titre doré.

Le Latin.

- Effectivement..., avoua-t-il.
- Donc tu ne lui en as pas parlé ?
- J'ai pas eu le temps. Tu as bien vu comment il s'est précipité dans un rayon avant même qu'on est le temps de faire quoique ce soit.
- Oui... mais vaut mieux lui dire avant qu'il ne finisse de vider les rayons...

Son regard se balada sur la forêt de livres qui avait envahit la table.

- ... et puis je ne pense pas que la table en supportera davantage.
- Je vais l'appeler.

Il prit une grande inspiration.

- NEL !

Son cri retentit dans la bibliothèque déserte.

- QUOI ?
- TU PEUX VENIR ?
- J'ARRIVE !

Quelques secondes plus tard, le démon arriva à la table.

- Qu'est-ce qui se passe ? s'enquit-il.
- J'ai oublié de te parler de quelque chose..., commença Callen.
- Quoi ?
- Des « lettres ».
- Ah... c'est sûr que c'est plus pratique de savoir précisément ce que l'on cherche...

Puis il s'assit à côté de la jeune rousse avant de pousser quelques livres pour pouvoir voire le jeune homme. Celui-ci semblait se concentrer.

- Elles sont grandes... Des fois, certaines ressemblent à des crochets. Il y a des barres...
- Ah... C'est la langue du Chaos. Répondit-il sans même hésiter. Enfin... L'Harmonie dit que nous les avons copié. Mais c'est eux ! Par exemple...

Se rendant compte qu'il s'éloignait du sujet, il toussa un peu avant de conclure :

- Bref, c'est la langue du Chaos.
- Donc, tu la connais par cœur non ? s'enquit la jeune rousse.
- Oui... Enfin l'écrit. L'aspect orale de cette langue à disparu au moment où les humains sont apparus. Cette langue à l'avantage de s'adapter à celle parlé par la personne qui l'a lit.
- Et vous parlez quelle langue orale au Chaos ?

C'était la première fois qu'il entendait autant parler Esméralda. Et cela ne lui déplaisait pas du tout...

- Le Français, répondit-il. Notre portail principal est en France donc voilà.
- Nel, tu nous as dit qu'on pouvait savoir tout de suite ce que ça signifiait en voyant le mot parce qu'elle s'adapte à notre langue, lança Callen, les yeux fermés, se remémorant sans doute le cauchemar. Pourtant ça reste un tas de symbole sans sens dans cette « vision ».
- C'est parce que ça ne marche pas avec les cauchemars : ce que tu as vue, tu ne l'as pas directement vue. Tu n'étais pas dans la pièce au moment où se s'est « passé ».
- Et comment faire alors ?

Nel sembla réfléchir un moment.

- Tu pourrais me les faire deviner.

Callen lui lança un regard interrogatif.

- T'es sur de toi là ?
- T'inquiètes.
- Donc on va faire un pictionnary pour traduire une phrase, résuma Esméralda dans un soupir.

Toutefois elle se tourna vers Nel en lui demandant :

- Tu m'apprendras ce langue, n'est-ce pas ?

En faîte, ça ressemblait plus à une requête qu'à une question.

- Ah... euh... oui. Bien sûr.

Dans son état normale, il aurait sans doute répondu non.
Apprendre à une humaine la langue du Chaos ? Déjà, de un, pourquoi une humaine voudrait l'apprendre et, de deux, se serait une perte de temps (déjà qu'il devait servir de prof à cette têtue de Linoa... ). Mais la possibilité de passer du temps et de se rapprocher de la jeune fille était beaucoup trop tentante.

- Merci beaucoup Nel.

La phrase n'avait plus aucune consonance de politesse. Elle était sincère, elle venait du fond du cœur.
Nel ne put empêcher ses joues de se colorer légèrement.

- Pas besoin de me remercier, répliqua-t-il. C'est pas grand chose.
- On ferait mieux de rejoindre Linoa, déclara Callen. Se sera plus facile de te faire deviner à deux.

« Je pourrais vous aider aussi. » annonça Leon.

- Tu en sûr ? s'enquit Callen.

Le lion hocha la tête.

Callen ébouriffa sa crinière sombre avec un léger sourire.

- Ok si tu le dis, je te crois. Allons rejoindre ta maîtresse.


Un peu plus tard,

Adossé contre le mur, Théodore avait finis par enlever sa veste. Les manches retroussées et les bras croisés, l'ange tentait de comprendre comme nous tous.

- Alors résumons : quelque que soit la question que je pose, les deux ont la bonne réponse.
- Mais c'est moi la vrai ! répliquèrent-elles à l'unisson.

Il poussa un profond soupir.

- Okay... donc les deux sont les mêmes ? en conclut Cassandre.
- Non ! S'énerva Théodore. Elles ne sont pas du tout les mêmes ! Il n'existe qu'une seule Mélodie !
- Et tu as bien raison de penser cela, lança une voix familière.

Nous nous tournâmes tous vers la porte. À l'encadrement de celle-ci, Nel regardait avec une certaine colère la Mélodie de droite.

- Tu n'es pas censé être à la bibliothèque ? lui lançai-je.
- On a décidé de revenir. Intervient Callen qui apparut avec Esméralda à côté du démon.

Puis, il fronça les sourcils.

- Deux Mélodie.. ? s'étonna le brun.
- Non justement il y a une imposteuse.

Nel la fixa en rajoutant :

- N'est-ce pas la faucheuse ?

La Mélodie de droite – qui était visiblement cette « Faucheuse » – afficha une expression des plus inquiétante. Elle croisa doucement les jambes et les bras en lui lançant avec un ton provoquant :

- Alors ça ne te fait même pas plaisir de me voir mon cher Nelou ?
- « Faucheuse » ? ! s'écria Théodore. La « faucheuse » ?

« Nelou » croisa les bras en répliquant :

- Pas vraiment non, répliqua-t-il. Tu as le don pour tout faire partir en vrille.

Gracieusement, elle se leva.

- Tu vois le mal partout mon cher !

Elle détacha ses cheveux qu'elle ramena en arrière. Tranquillement elle détacha quelques boutons de sa chemise créant ainsi un petit décolleté.
Doucement, elle s'approcha de Théodore et s'appuya contre son torse avec un sourire effrayant.

- Quand vas-tu enfin demander Mélodie en mariage ? Cela doit bien faire un an que tu caches cette bague.

Le concerné s'empourpra.

- Dégage sale démon ! lui hurla-t-il.

Il leva le poing en l'air mais fus incapable de l'attaquer. La Faucheuse partit tranquillement en répliquant :

- Je ne suis pas un démon, répliqua-t-elle. Je suis ton pire cauchemar.

Elle disparut pour réapparaître derrière Mélodie. Une lame argentée luisait sous la gorge de la princesse.

- Mais lâche la ! s'exclama Théodore.

Alors qu'il faisait un pas en avant, la dague se plaqua un peu plus contre la gorge de Mélodie.

- Tu sais très bien qu'elle ne mourra pas si tu lui tranches la gorge ! lui lança-t-il.
- Mais ça m'étonnerait que tu supportes la vue de ta bien aimée se vidant de son sang sur le carrelage.

Les larmes bordèrent les yeux de la concernée.

- Je vais prévenir un adulte ! annonça Cassandre.

Il décampa de la salle avant que je n'ai le temps de l'arrêter.

Et zut...

- Je te demande de t'arrêter ! lui hurla Astroméria. Tu compromets l'équilibre du monde !

La tarée haussa les épaules.

- Il y en reste encore deux, répliqua-t-elle. Si j'en tue une, ça n'aura aucune incidence.

Je me tournai vers Nel.

- Tu la connais, non ? lui lançai-je. Alors arrête là !
- Pourquoi ? Si elle tue une des Harmonies, ça nous arrange non ?
- Alors de un, ça va provoquer une gu...

Non, le Chaos et l'Harmonie sont déjà en guerre...

- ... Une nouvelle bataille. De deux, se sont nos alliés jusqu'à ce que le Néant soit neutralisé. De trois, on sait pas si il nécessaire qu'il y ait TOUS les héritiers d'une même génération pour son scellement. Et de quatre...
- Ça existe « et de quatre » avec cette formulation ? Ça s'arrête pas plutôt à « et de trois » ?

Je poussai un soupir d'agacement en reprenant :

- ... Et de quatre, ça arrangera le Néant si une des triplées se fait tuer. Alors je t'ordonne de l'arrêter !

Il fixa un moment la folle avant de déclarer :

- D'accord, je vais l'arrêter. Mais écartez-vous.

Silencieusement nous obéîmes.

Il prit une grande inspiration et déclara :

- Tali.

Le regard furieux de « la Faucheuse » tomba sur lui.

- Arrête.
- Tali... Tali Tali...

Bizarrement, au sourire sournois qui étirait son visage, Nel semblait prendre un certain plaisir à énerver cette folle.

- ARRÊTE !

Elle apparut derrière lui, la dague plaquée contre son cou.

- Je vais te tuer..., marmonna-t-elle.
- Tali...
- Mais arrête bon sang !

Il rit un moment avant d'annoncer :

- Assez rigolé.

Il attrapa le poignet de la taré et, d'un mouvement souple et rapide, il passa « Tali » par dessus son épaule et l'immobilisa sur le sol.

- Mon héro !

Folle de joie, Mélodie se jeta à son cou tandis que Théodore lui jetait un regard noir.

Il y a de la jalousie dans l'air...

Mélodie croisa le regard de son petit ami. Honteuse, elle se précipita sur lui en tentant de se justifier :

- Mais... c'est juste qu'il a arrêté cette folle !

Puis elle le lui fit un câlin.

- De toute manière, il n'y avait que moi qui pouvait l'arrêter, déclara Nel.

Théodore fit un pas en arrière en serrant Mélodie contre lui comme pour la protéger de la tarée.

- Et c'est bien... la Faucheuse, non .. ? lança-t-il, visiblement peu rassuré.
- C'est bien celle de la rumeur, répondit Nel.
- Alors FUIS ! lui lança-t-il dans un excès de peur.
- Je n'ai pas à sauver ma peau. Elle ne me fera aucun mal.

De sa main libre, il l'ébouriffa et elle grogna.

- N'est-ce pas sœurette ? la nargua-t-il. 


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