Chapitre 14 : Néant.

Avant qu'il n'est le temps d'attaquer, je lançai ma jambe en direction de sa tête. Il prépara son avant-bras à arrêter le coup.

- STOP !

PAN !

Nous nous arrêtâmes immédiatement. Plus loin, les autres élèves ne semblaient pas y prêter attention à l'exception d'une...

La jeune rousse, visiblement paniquée, jeta ses talons pour se précipiter à la porte – près de nous – en criant :

- CALLEN !

Mon cœur rata un battement.

Callen... Callen est en danger... ?

L'inquiétude et la panique montèrent rapidement en moi.

Non... non... ça n'arrivera pas encore une fois !

Je me précipitai sur la porte à mon tour mais une voix familière m'interrompit.

- Linoa, qu'est-ce que tu fais ?  s'exclama Cassandre.
- Tu as entendu non ? lui lançai-je, une main posé contre la porte, prête à sortir. Callen doit être en danger !
- Attends moi ! m'ordonna Astroméria en se précipitant vers moi.
- Et moi aussi ! rajouta Éden en tombant.

Elle se rattrapa de justesse sur l'épaule de mon frère qui avait croiser les bras et commença à retirer ses talons.

- Là où il y a du danger, il y a un combat ! Et je me ferais un plaisir de réduire l'ennemi en charpie !

Et sur ces mots, elle les posa sur les bras de Cassandre qui les retient de tomber de justesse.

- Hé ! Vous allez là où il y a eu le coup de feu ? Vous êtes complètement folles !

Je me tournai vers lui en répliquant :

- Ma vie entière est folle.

Puis nous sortîmes à toute allure sous les protestations de Cassandre. La neige me glaçait les chevilles mais cela ne m'arrêta pas.
Des coups de feu continuaient de retenir dans la nuit.
Seulement éclairer par la lune, ces bruits inquiétants étaient nos seuls guides.

Rapidement, nous arrivâmes vers eux.

- Merde ! s'exclama-t-il. Je n'ai plus de munition !
- Moi aussi ! répondit la jeune rousse.
- Callen ! hurlai-je en arrivant près de lui.

- Linoa, rentre immédiatement !

Je me postai en face de lui tandis que Éden et Astroméria arrivaient près de moi.
Mon inquiétude monta d'un cran quand je vis le filet de sang qui traversait son visage. Doucement, mes doigts effleurèrent sa joue. De sa main gauche, il me saisit tendrement le poignet. Sa main droite tenait un revolver aussi sombre que sa tenue.

- Qui t'as fait ça ? lui demandai-je.

Il plongea ses yeux émeraude dans les miens.

- Rentre.
- Qui t'as fait ça ? insistai-je.

Il poussa un soupir de résignation.

- Daphné.
- Daphné !

Un long cri suivit cet appelle.

Immobile sur le sol, Astroméria pleurait.

Perdue, je me tournai vers celle qui l'avait attaqué.

- Daphné, qu'est-ce qui...

Je m'interrompis en croisant son regard vide... horriblement vide.

Sa tenue aussi sortait de l'ordinaire... On aurait dit une tenue de poupée en porcelaine mais tout en noir et avec un peu moins de dentelle.

- Elle ne s'appelle plus Daphné mais Doll.

Derrière elle, une paire de yeux rubis apparut. La même paire de yeux que j'avais vu à la cafétéria. Mais cette fois, la personne s'avança pour que l'on puisse l'observer.

Il était aussi inquiétant que beau, habillé comme un Anglais du XIX ème siècle.

- Qu'est-ce que tu lui as fait ? lui criai-je.
- Je n'ai fait que rembourser les dommages qu'elle m'a fait.
- Qui es-tu ? cria Éden. Histoire que je sache quel nom gravé sur ta tombe !
- En voilà des manières princesse ! s'exclama-t-il.
- « Princesse » ? répéta Callen.

Mon attention retomba sur lui.

- Partez devant, leur ordonnai-je.
- Il en est hors de question.
- On vous suit. Juste le temps que je relève Astroméria et que j'arrête Éden.

Callen me fixa un moment.

- Tu me le promets ?

Mon cœur se serra en pensant déjà à la trahison que j'allais lui faire.
Mais toute cette histoire ne le concerne pas.

- Je te le promets.

Pardonne moi. C'est pour ton bien.

- Esméralda, on y va, annonça-t-il.
- Quoi ? s'étrangla-t-elle. Tu vas les laisser là ? Et puis la...
- Esméralda, on y va. répéta-t-il plus sèchement. Des vies innocentes sont en jeux.

Dans cette histoire ? Je ne pense pas que nous soyons extérieure à ce qu'il se passe. Ce sont plutôt eux.

- Ok... Ok...

Et sur ces mots ils se mirent en route. Immédiatement, je l'appelai :

- Leon.

Le lion à la crinière d'Ombre apparu à mes côtés.

- S'il-te-plaît, fait en sorte qu'ils ne reviennent plus ici. Mais ne les blesse pas.

Son regard se remplit d'inquiétude.

« Tu es sûre de pouvoir te passer de ma protection ? Tu connais encore peu de sorts... »

- Ne t'inquiète pas pour moi, le rassurai-je.
- Prépare-toi pour le combat ! hurla la voix de Éden.

Elle se précipita sur l'homme.

- Elle est là, rajoutai-je. Tu n'as rien à craindre pour moi.

Il sembla hésiter un instant puis, rapidement, il céda. Tandis qu'il disparaissait à nouveau, un cri retentit. Éden avait été renvoyé au tapis... Enfin, pas pour longtemps. Elle se releva en criant :

- Pourquoi tu ne te bas pas ?  Et puis, pourquoi tu me dis pas ton nom ? 
- Oh vu que tu as l'air tellement intéressé par celui-ci, je vais te le dire...

Un grand sourire étira son visage tandis qu'il rajoutait :

- Je m'appelle Néant.
- Tu parles d'un nom..., cracha Éden. C'est pourrit.
- Oh, ne t'inquiètes pas tu ne seras pas dégoûté longtemps.
- Daphné !

La voix d'Astroméria nous surprit, Éden et moi. Nous nous tournâmes vers elle. Un bras rabattu autour d'elle, pliée en deux, le visage en sang et en larmes, elle tendait sa main libre vers Doll.

- Ce n'est pas possible hein ? Tu joues la comédie ?

- Oula... elle est mal en point.., déclara la princesse de l'Harmonie.

Elle se tourna vers moi en rajoutant :

- T'aurais pas une potion de soin ?

Je lui jetai un regard blasé.

- Ouais.... ouais... je me balade avec des fioles aussi grosse qu'une canette avec moi !
- C'est vrai ?
- Nan. On est dans le territoire des humains ici. Et ça, c'est le truc le moins discret que tu puisses faire. Et puis, tu ne connais pas de sorts de soin, toi ?
- Bah... disons que je n'ai pas encore travaillé ce point...
- Ok. En clair, on est dans un sacré pétrin.
- N'importe quoi ! L'attaque est la meilleur des défenses !
- Eh bien mes chères princesses, voulez-vous que je vous serve votre thé ? Nous sommes ici pour nous battre. Enfin... plutôt pour me distraire.

- Qu'est-ce que vous nous voulez exactement ? demandai-je.
- Oh rien de bien difficile. Juste ta vie.
- Ah... ça c'est bien, déclara Éden. Enfin quelqu'un d'assez censé pour vouloir se débarrasser du Chaos !
- Hé ! Continue comme ça et mon enseignement de l'Art du talon tu pourras te le mettre là où je pense !
- Non, je veux aussi la tienne, princesse Éden. Et celle de vos sœurs.
- HEIN ? ! Nous exclamâmes-nous à l'unisson. MAIS TU ES DE QUEL CÔTÉ ? !
- Doll, à toi de jouer.

Elle acquiesça avant de se précipiter sur nous. Difficilement, Éden la bloqua.

- Linoa, va protéger Astroméria !
- J'y vais.

Je me précipitai sur elle avant de créer un bouclier. Un immense sceau blanc se dressa devant nous.

- Repose toi. Ne bouge pas, lui ordonnai-je doucement.

Non loin, Éden tentait tant bien d'arrêter Daphné en la blessant. Mais celle-ci, visiblement insensible à la douleur, restait debout à l'attaquer.

Il était évident que l'on ne tiendrait pas longtemps.

Astroméria est blessée et... et je la vois vraiment mal combattre alors si cette personne est en plus Daphné....

J'ai moins d'entraînement que Éden. J'apprends à peine à maîtriser le pouvoir de cauchemar...

Mais bien sûr !

Mon regard tomba sur Néant.

Si je lis son cauchemar, se sera beaucoup plus facile non ?

- Reste ici, je reviens, lançai-je à Astroméria dans un murmure.

Doucement, je me levai, annulai mon bouclier pour un crée un autre uniquement pour la gardienne et partis bien décidée à lire les peurs de notre ennemi.

Trop distrait à se moquer de Éden, l'infâme personnage ne me remarqua pas... Enfin...

- Que veux-tu ? Que fais-tu ? me lança-t-il.

Levant les yeux, je plongeai mon regard dans le sien.

La salle était envahit par une chanson qui m'était étrangement familière.
Deux silhouettes, devant une lourde caisse de pierre elle-même devant un mur remplit d'étranges symboles, se tenaient la main.
Des gémissements augmentaient tandis que de plus en plus, le Néant disparaissait dans la boîte...

Le cauchemar s'arrêta.

Qu'est-ce que c'était que ce cauchemar ? Cette boîte ? Cet endroit ?

Est-ce... que... est-ce qu'il peut être scellé... ?

Pas le temps de créer une ombre secondaire : je me sentis partir en arrière. Un mur m'arrêta brusquement.

Mon corps me faisait horriblement souffrir. Tout à coup quelqu'un me saisit le cou et me força à me relever. Attrapant la main gantée de Néant, je lus de la haine dans ses yeux. Son air sournois avait disparu.

- Comment à tu osé ? 

Son emprise se resserra.

L'air commençait à se faire plus rare, ma respiration plus bruyante.

Croisant ses yeux, comme ensorcelée, je ne pus lui échapper. Je sentis soudain un sentiment de malaise tandis qu'il me relâchait.

Petit-à-petit, le monde semblait disparaître. Je ne sentai plus le sol.

- On y va Doll.
- Attends !

Un cri.
Des bruits de combat.

- Je te retrouverai Daphné...

Astroméria... ?

Son ton sérieux contrastait tellement avec sa personnalité...

Je pouvais encore distinguer sa chevelure rosé.

- ... je te tuerais. De mes propres mains.
- Linoa ! s'écria une voix.

Éden se pencha au-dessus de moi.

- Ça va ?

Je lui fis les gros yeux.
Ce n'était plus Éden devant moi mais...

- ... maman... ?

Tant bien que mal, poursuivit par le lion qui semblait vouloir leur faire faire demi-tour, les deux adolescents réussirent à retourner au point de départ.

« Elle m'a mentit » constat-t-il, son regard se posant sur la jeune fille à moitié allongée au sol.

Elle parlait mais ils étaient encore trop loin pour distinguer quoique ce soit.

- Elle nage en plein délire, annonça Éden.
- C'est normale.., répondit la gardienne. Je crois qu'il a utilisé ce pouvoir.
- Quel pouvoir ? Et puis, tu connais ce type ?
- Flame... revient... maman..., gémissait sa petite amie.

Elle semblait très très mal ce qui lui serra le cœur.

- Qu'est-ce qui lui arrive ? s'enquit-il.

Ce ne fut qu'à ce moment-là que les deux filles le remarquèrent. Et qu'il remarqua leur blessure.
À l'intérieur de lui, la colère se mêlait à l'inquiétude. En plus de lui avoir mentit, Linoa s'était battu en compagnie d'Éden et d'Astroméria ! Comment avaient-elles pu s'imaginer une seule seconde qu'elles pouvaient le battre ? 

- Elle... elle est...

Son attention retomba sur Astroméria qui semblait chercher ses mots.

- ... tu vois l'homme de tout à l'heure ?
- Oui et ?

- Eh bien... il s'appelle le Néant...
- Tiens, au moins on n'aura pas perdu notre soiré, lança Esméralda à Callen.
- Et ? insista-t-il.
- Il... il a plongé Linoa dans un cauchemar...

Il leva un sourcil septique.

- Comment il a pu....
- LÂCHEZ MOI !

Debout, elle semblait toutefois prête à tomber à n'importe quels instants. Ses yeux pleins de haine dévisageaient toutes les personnes présentes... elle ne semblait plus être elle-même.

- Elle va devenir comme Daphné ?

Elle hocha la tête de droite à gauche.

- Linoa y est « immunisée ».

La concernée se jeta violemment sur celle-ci qui l'évita simplement. Elle tomba au sol.
Se fut bien la première fois que le jeune homme vit Astroméria aussi sérieuse.

- Un baiser devrait suffire, lança-t-elle soudainement.
- Hein ?
- Tu es en couple avec Linoa non ? Vous avez un lien entre vous deux. Un lien qui te permet notamment de communiquer avec son Ombre.
- Ombre ?
- Laisse tomber c'est compliqué.
- C'est Nel qui va être content en l'apprenant, ironisa Éden.
- Effectivement mais bref...

Linoa tenta à nouveau une attaque mais Éden l'a bloqua. Dos à elle, elle plaqua ses bras dans son dos, l'empêchant de recommencer.

- C'est dingue ! s'exclama l'héritière. Elle a même pas le réflexe d'utiliser ses...
- Tu préférais ?
- Se serait plus amusant.

Elle poussa un profond soupir.

« De quoi parlent-elles ? » songea-t-il perdu.

- Callen, tu connais les contes de fée ? La Belle aux bois dormant ?

- Euh... ouais. On a du me le raconter quand j'étais enfant pourquoi ?
- Tu te souviens comment le prince réveille la princesse ?
- Un baiser...

Il sembla réaliser.

- Attends Astroméria, qu'est-ce qui me garantit que ça va marcher ? Je veux dire le coup du baiser ça ne marche que dans les contes de fée !
- Callen, retiens bien ça : le monde n'est pas ce que tu crois qu'il est.

Il leva à nouveau un sourcil septique.

- Fais-moi confiance. Ça va marcher.

- Ok... qui ne tente rien n'a rien après tout.

Il s'approcha de Linoa qui continuait à s'agiter en hurlant des paroles incompréhensibles. Il plaça son visage entre ses mains et rapprocha doucement ses lèvres des siennes.
Le baiser ne dura que quelques instants mais il avait peur qu'en ouvrant les yeux, rien n'est changé.

Je compris rapidement que c'était Callen qui m'embrassait. Enfin, le cauchemar se dissipait.
Quand il s'écarta de moi et qu'on me lâcha les poignets, je me jetai à son cou en me laissant éclater en sanglots.

- Je te l'avais dit que ça marcherait, déclara la voix d'Astroméria.

Il me serra un peu plus contre lui.

- Calme toi, me murmura-t-il. Tout est finit. Je suis là.

Il me fallut plusieurs minutes pour me calmer. Une fois fait, Callen me demanda :

- Quel est ton secret ?

Un lourd silence s'installa.
Doucement, je m'écartai de sorte à pouvoir voir son visage.

- Quel secret ?

- Ne fait pas l'innocente. Il a beaucoup trop de choses qui tendent à me faire penser que tu me caches quelque chose.

Mon cœur s'emballait.

Non... non... je ne peux pas lui dire ! Il me détesterait tellement... et puis, il peut parler ! Lui aussi cache quelque chose, non ?

- Non. Et puis, ne me fait pas croire que tu n'en as pas un toi. Les lapins, les soirées entières où tu disparais pour aller « quelque part » et tes parents. Tu étais bizarre avec eux. Et puis même, est-ce que tu peux m'expliquer le fait que tu te retrouves avec une arme à feux, face au Néant ? Et comment ça se fait que tu connais la nouvelle ?

Se fut à son tour de se sentir mal-à-l'aise.

- Alors comme ça on aurait chacun un secret ? finit-il par dire, doucement.
- Qui nous pousse à nous mentir, rajoutai-je.

Est-ce que l'on pouvait vraiment débuter une relation amoureuse dans ces conditions ?

- Vous n'avez qu'à faire un pacte de secrets, intervient Astroméria.
- Un « pacte de secrets » ? répétâmes-nous à l'unisson.

Elle acquiesça.

- Vous n'avez qu'à continuer à être ensemble avec vos secrets respectifs. Sauf que aucun de vous ne devra tenter de trouver le secret de l'autre. C'est le meilleur à faire.

Callen et moi nous fixâmes un moment. Puis, je lui tendis la main.

- Marché conclu ?

Il me sourit.

- Marché conclu.

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