chapitre 22- Ultime détournement.
Marlène McKindon venait de terminer sa journée de travail épuisante. Toutes ses heures à répondre à des questions idiotes de personnes n'ayant jamais lu de livres de leur vie. Elle rejetait ses longs cheveux blonds en arrière en espérant ne jamais plus rentrer dans cette librairie. La jeune fille qui pourtant avait toujours aimé lire ne supportait plus tout ces rayons entassés dans ce si petit espace. Mais comment pouvait-elle se plaindre ? Elle ne pouvait pas laisser tomber le seul travail qui voulait bien de ses notes pitoyables. Dont ses seuls notes acceptables étaient en Potions, en Divination et en Soins aux créatures magiques. Aucune réelle carrière ne pouvait se développer sous cela. Elle était condamnée à accepter cette fatalité.
Elle n'avait pas le choix.
La jolie jeune fille n'avait pas changé depuis un an. Ses cheveux lisses bataillaient constamment pour onduler légèrement tandis que ses yeux brillaient de la même candeur propre à sa personne. Certains diraient que ses traits s'étaient affirmés, qu'elle tendait bien plus vers la femme que la jeune fille. Mais elle balayait tout cela de son même rire cristallin que les couloirs de Poudlard avait connu. Malgré cela, elle était bien loin de ce château féerique.
Sa vie avait bien changé depuis son départ de l'école.
Marlène travaillait donc dans une librairie du chemin de traverse qui était si petite que parfois les clients faisaient la queux dehors. Elle était accompagné de deux autres femmes, passionnées et bien plus âgées. Astrid et Ama, bien qu'elles soient adorables. La pauvre jeune femme ne pouvait pas accepter de voir son avenir dans tout cela. Dans ces deux femmes sans mari et sans enfant qui passaient leur journée à lire et rêver d'une vie à moitié vécue. La blonde voulait voler et faire des aventures. Créer son existence comme elle devait être.
Marlène soupira, son quotidien était si dérisoire. Elle refaisait le même chemin que ce matin et qu'elle entreprendrait le lendemain. Tout se ressemblait comme deux gouttes d'eau ennuyantes. Le désespoir se lisait presque dans les enfantins traits de la poufsouffle. Elle avait bien mieux vécu avant sa déscolarisation, tout était mieux. A présent, il n'y avait plus qu'elle, son petit appartement dans le Londres sorcier qui ne devait pas faire plus du salon et de la cuisine de sa maison familiale. Bien que son confort lui manque, elle ne reviendrait vers sa mégère de mère pour rien au monde. Elle préférait mille fois vivre recluse, et seule.
Ses pas frappaient contre sa robe fleurie avec tristesse. Il y a un an, elle quittait Poudlard avec tant d'espoirs et d'amours. La tristesse était si fade contre celle qui agrippait son cœur à présent. Tout avait changé et rien ne serait jamais plus pareil. Il y avait Marguerite, Clarisse et Alfred. Mais elle croyait s'être perdue en laissant son regard s'échapper du sien. Elle fixait chaque nuit la photo de Tom, son seul souvenir.
Elle regardait chaque page vierge de ses journaux sans parvenir à ne pas lui parler. A ne pas noircir chaque instant de son absence et de ce qu'avait été sa présence. De leurs souvenirs, cet amour lui serrant la poitrine chaque jour.
A présent, il devait être parti de Poudlard, être à son orphelinat. Libre, et si implacablement loin d'elle.
Un énième soupir traversa ces lèvres lorsqu'elle se rendit compte qu'elle pensait encore à lui.
A ses cheveux de jais, sa taille élancée, ses yeux si sombres, sa fine bouche, ses saillantes mâchoires. Et puis sa voix. Toutes ces odieuses paroles et celles qui avaient donné tant de sens à son existence. Ses souvenirs et ses espoirs enfermaient à chacun des larmes qui coulaient le soir. Marlène se répugnait presque, de n'être que le reflet d'elle même.
Mais rien ne semblait aller. Cinq ans qu'elle avait perdu sa plus belle étoile, un an que sa destiné n'était plus perturbé et une éternité qu'elle était morte à la vie.
Elle avait si mal.
Elle orienta finalement son corps pour pénétrer enfin dans sa dernière ligne droite. Dans quelques instants, elle serait chez elle et pourrait apprécier désespérer dans sa solitude constante.
Au loin, une ombre se dessinait finement dans le coucher de soleil qu'elle n'appréciait plus. Tout ce qu'elle voyait n'avait plus rien d'extraordinaire. La magie semblait n'exister que dans l'enceinte du château. Seuls les sentiments persistaient.
Mais plus Marlène s'approchait, plus cette silhouette brisant de sa noirceur l'orange du ciel lui brisait le cœur. Cet homme, peu importe son identité, brisait son cœur. Un long manteau noir recouvrait son corps et ses cheveux étaient pareils aux ailes des corbeaux. Sa silhouette élancée ne l'était pourtant pas assez, ses cheveux bien trop bouclés. Elle laissa alors l'idiotie s'emparait d'elle, comment avait-elle pu espérer ?
Elle n'avait pas à le revoir, tout cela serait égoïste. Elle devait simplement espérer qu'il soit heureux, pas ses lèvres ni sa voix. Celle qui prononçait avec tant d'exaspération son prénom. Celle qui recouvrait son cœur de doux nuages. Nuages qu'elle détestait tant dans ce ciel fade.
Elle pesta contre elle-même, contre la vie et ce foutu destin. Rien n'avait de sens, de bonheur.
L'air se réchauffait malgré l'heure qui passait et elle voulait à tout pris partir d'ici. Quitter cette ville et cette région, que tout soit loin de cet endroit si banal. Elle voulait l'aventure et un frisson constant de bonheur grisant. Dieu seul savait à quel point elle avait besoin de vivre.
- Marlène.
Elle parvenait encore à percevoir des bribes de sa voix dans son esprit. Elle ferma quelques secondes les yeux et apprécia le son de sa voix qui gravitait dans sa tête. Tom n'existait désormais plus que dans ses souvenirs. Bien qu'il persistait, si loin,
Mais la jeune femme ouvrit les yeux, et l'existence si lointaine du garçon fut remit en question par un instant intense. La silhouette de cet homme se tenait devant elle, ses lèvres, ses yeux et sa vie. Tout se représentait parfaitement devant elle. Tom était là, devant cette jeune fille qui n'existait désormais plus que pour cette seconde.
Elle regardait cet être, devant elle comme s'il n'existait pas. Ses yeux brillaient pourtant de bonheur, elle réalisait peu à peu que tout cela était réel. Que le regard de Tom était bel et bien implanté dans le sien et que tout cela existait.
Elle parvint à entreprendre quelques pas et se planta à deux mètres de ce corps si statique. Elle le regardait comme elle l'avait toujours fait. Avec cette brillante admiration. Mais était-elle en admiration de l'homme ou du monstre ? Tom songea que tout cela était tellement différent avec elle. Il eut alors une seconde d'hésitation, peut être infime mais elle existence, persistait dans le regard de cette fille. Il prit le temps d'observer qu'elle n'avait pas changé. Que son corps reflétait toujours cette enfant brisée intérieurement. Les mêmes yeux, mais le regard si changé. Elle paraissait ennuyée de son existence, lassée de battre dans sa cage thoracique.
- Tom, que fais-tu là ?
Mais cette jeune fille réalisa brutalement ce que cette présence signifiée. Que tout ce bonheur était si égoïste, que son existence n'avait donc vécu réellement qu'idiotement. Son cœur déborda alors, se laissant submerger par tout cette joie transformait en désespoir. Les larmes coulaient déjà, sans le vouloir. Elle avait si mal.
Elle recula de quelques pas, hésitants et tremblotante. Elle aurait souhaité reculer dans tout cet amour, mais il semblait bien trop tard. Le main du jeune homme s'élança alors momentanément dans l'air mais se stoppa. Il lui intimait de rester, dans ses yeux, une demande lancinante frappait l'organe creux de Marlène.
- Marlène, écoute-moi simplement, intima Tom en fixant le refus de cette jeune fille.
- Nan, nan, tu n'avais pas le droit de revenir. Pas après toutes ces pages, ces mois, refusa d'accepter la blonde en agitant vivement sa tête de gauche à droite.
La tête de Tom s'orienta alors vers le ciel et il soupira. Il devait aller vite, ne pas se laisser aller. Il devait frapper fort et disparaître pour toujours. Elle devait être libre et il devait accepté la destinée de chacun. Il enfermerait tout cela dans une boîte jetée en mer et ne plongerait plus jamais dans ces hésitations.
- Je ne partirai pas sans t'avoir dit tout cela, alors pourquoi ne pas faire ça dans le calme ? Nous devons nous dire adieu.
- Mais c'est déjà fait, nous nous sommes déjà dit adieu et nous n'avons plus rien à nous dire, insista la jeune fille, parfaitement sûre d'elle malgré ses violents sanglots.
Tom n'aimait pas voir cela, tout cette souffrance n'avait rien de satisfaisant. Être la cause de ces larmes était désagréable. Mais elle ne semblait pas comprendre ses envies et son besoin de lui parler. Elle restait aussi entêtée qu'il y a un an.
- J'ai envie de te dire tout cela, arrête de pleurer. Ça ne sert toujours à rien.
Marlène laissa un éclat d'elle même sortir de sa bouche, violemment. Elle sentait son cœur se briser à l'intérieur de sa cage thoracique, sentait la douleur couler dans ses veines.
- Après tout ce que j'ai fait pour toi, tu ne te bats pas contre ta destinée. Tu n'essayes pas de vivre, de laisser le bonheur s'insinuer dans ta vie ! Dans le fond, Tom, tu es faible, peu importe le pouvoir magique et les fidèles, tu n'as rien !
Et Marlène laissa éclata sa déception. Sa colère et sa haine ne restèrent pas en place, au fond elle était simplement détruite. A quoi son existence rimait si la sienne se détruisait ? Elle n'avait plus que ces espoirs. L'espoir infime de sauver une existence mise à l'amende dès son commencement. Elle était perdue. Elle voulait hurler mais tellement se jetait dans ses bras. Sa conscience lui intimait même de fuir, toute sa raison lui disait de ne rien faire si ce n'est oublier tout cela. Mais une voix bien plus forte que tout cela trôna alors dans son esprit, se répétant à travers chaque molécule de son corps.
- Marlène, il faut que tu m'écoutes.
Et elle calma ses sanglots, elle arrêta quelques instants les battements de sa détresse pour écouter cette douce voix la charmer.
- Tu es une fille qui vit plus que la plupart des humains. Pas pour moi, pour la vie. Véritablement, tu existes pour assister à la naissance et à la destruction de tout dans une fascination que je ne comprends pas. Je ne te comprendrais jamais, il me faudrait une éternité pour comprendre tout cela...
- Alors prends tout ce temps, apprend avec moi à aimer ce monde, à t'aimer toi ! Cesse de détruire tout, d'anéantir chaque chose que tu approches ! coupa cette jeune femme si anéantie par cette fatalité.
Tom était fatigué de l'entêtement de cette sorcière. Il soupira. Pourquoi partir semblait plus compliqué que rester devant les étoiles avec elle ?
- Tu comprendras un jour qu'il n'y avait rien de lâche dans mes actions. Autant pour moi que pour toi, je n'agis que pour le meilleur. Tu aurais souffert avec moi, aurait dépérit et je ne pourrais jamais t'enfermer dans ma vie. Tu es faites pour voler et prendre des magnifiques photos, pas pour pleurer. Vis, Marlène et sois heureuse, dans une ferme loin du monde, près des fleurs et des oiseaux. Vis pour toi, pas pour moi.
Marlène resta subjuguée devant un trop plein de sentiment. Contradictoires, destructeurs. Elle avait besoin de tant de choses, de lui et de liberté. De se retrouver mais sans le perdre. De vivre, avec moi, à pas sans lui. Elle lui voyait rien d'autre, elle avait les yeux si fermés devant une tristesse trop profonde.
Elle avait besoin qu'il lui donne quelque chose. Elle voulait être heureuse. Une dernière fois, une ultime dernière fois. C'est tout ce qu'elle souhaitait. Qu'encore une fois, elle le voit regarder le ciel de ses yeux sans que le néant accompagne les siens.
Alors elle avança, doucement, jusqu'à se planter devant ses iris sombres. Devant son corps et devant son cœur. Elle attrapa sa manche, une dernière fois. Fixa l'obscurité et demanda son reste, sa dernière demande :
- Je t'en supplie, embrasse-moi.
- Donne moi simplement cela, et après pars répandre le malheur et l'obscurité. Mais je t'en supplie, éclaire mon cœur, lui intima-t-elle en serrant sa manche.
Tom fixa les yeux en amande de cette jeune fille si perdue. Il soupira intérieurement, expira profondément. Cet oiseau avait les ailes si brisées, le cœur en miette. Comment pouvait-il lui mentir ? Lui faire d'autant plus de mal ?
D'un balancement de tête de droite à gauche, il refusa sa dernière demande. Mais sa main s'agita soudainement dans l'air, il attrapa doucement le poignet de la jeune fille. D'un pressement doux, d'une caresse habile. Il attrapa une dernière fois cette jeune fille entre ses crocs. Il se saisit de la dernière nuance d'amour qu'il n'apercevrait jamais.
- Je ne peux pas, Marlène. Je ne te donnerai jamais rien de faux, je ne te ferai jamais cela. Si jamais il existe, je te donne uniquement ce qui peut provenir de lui.
- Alors, tu vas partir, murmura Marlène.
Tom ne voulait plus voir ce désespoir. Il devait partir, vite. La laisser redevenir elle, suivre cette stupide destinée.
- Oui, je vais partir mais toi tu vas vivre, véritablement, comme la pleine humaine que tu as toujours été. Tu aimerais sainement et vivras longtemps. Tu seras pour toujours la petite fille idiote qui aurait pu me garder.
Une dernière pression sur son poignet, un dernier contact de leurs cœurs collés et le jeune homme se détacha. Il coupa le lien qui les avait un jour unis. Arracha l'existence de Marlène McKindon de la sienne. Pour son bien, à elle.
Il partit, ensuite.
Et elle rentra, dans son appartement. Détruire et si réparée. Pleinement vivante, car il existait encore un espoir dans son cœur. Un espoir vivant encore dans les souvenirs, dans l'avenir de son amour. Tout était vivant dans le regard de cette jeune fille, grâce à Tom. Elle ne s'enfermerait pas dans un désespoir et une solitude constante ce soir.
Et un épais journal en cuir noir était posé sur sa commande, une jolie pâquerette et un grand sourire de Marlène. Elle le prit dans sa main et le regarda attentivement. Dans son dos était inscrit ce nom :
Marlène Jedusor
En son sein, en sa première page, était inscrit ces mots :
Car si le monde était juste, tu seras mienne et je serais tiens.
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Bonjour, bonsoir les gars, on se trouve pour le dernier chapitre ! Ça fait bizarre mais ça fait du bien de finir cette histoire. Elle fut très satisfaisante à écrire et développer et à finir. Je suis heureuse de vous voir arriver jusque là, que vous soyez venu suivre les aventures de Marlène et Tom.
Alors, avez-vous aimé ce chapitre ?
Toute cette dispute et cette conversation entre les deux protagonistes, des avis ?
Cette fin, satisfaisante ou êtes-vous déçus, tristes ?
Merci encore infiniment d'avoir été là et on se retrouve pour l'épilogue.
Merci d'avoir lu, au revoir.
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