chapitre 13- Sens de la vie.
Cela serait erroné de dire que la jeune McKindon était à présent seule. Aussi erroné que de dire qu'elle ne l'était pas. Marlène avait le cœur en miette depuis plusieurs heures maintenant. Les cours n'avaient rien changé, les rires et les potions n'avaient pas atténuées le creux au sein de son coeur. Il y avait eu l'échange avec Karl, la déception et l'absence de remord de ce dernier. Il y avait eu Tom, la plus stricte et réelle représentation de ce dernier, la tristesse de cette dernière. La poufsouffle n'acceptait pas le chagrin qui se développait dans son être, elle ne voulait pas de cette souffrance. Elle comprenait autant ses sentiments intérieurs qu'un athée comprends l'amour qu'on possède pour Dieu. Elle ne saisissait pas l'intensité des émotions qui la traversaient. Elle avait si mal.
La jeune femme s'assit alors au seul endroit qui possédait encore son bonheur. Elle s'assit doucement sur l'herbe réchauffée préalablement par le soleil. Elle profitait de la seule chaleur qu'elle eut connu en ce jour paraissant si terne. A cet instant de son existence, Marlène semblait avoir perdu le seul homme qui l'avait un jour aimé. Et celle-ci n'arrivait pas à expliquer ce qu'elle ressentait. Elle avait tellement de ressentiments, une avalanche de souvenirs éclatants s'écroulaient devant elle, impuissante. Elle ne pouvait rien faire, si ce n'est observer son seul avenir se dérober. Elle avait tellement besoin d'aide, d'explication. Qu'on lui donne les raisons qui avaient fait qu'ils se déchirent et se séparent. Qui avait fait éclaté la bulle de bonheur qu'elle s'était forgée. Quel démon avait pris place dans leurs coeurs pour qu'ils ne sachent plus que se haïr ?
Elle ne sut si cela suffirait mais elle décida de rejoindre Marguerite. Une mère avait toujours les réponses attendues. Si ce n'est pas le cas, elle soignera la plaie béante de sa si jeune existence. Elle franchi couloirs après couloirs en s'interdisant de penser, de pleurer, de réfléchir. Elle ne souhaitait plus ressasser toutes ces choses. Elle voulait juste les oublier, faire un trait sur tout cela avec les réponses bientôt en sa possession. Elle arriva donc en un temps record dans le propre repère de sa meilleure amie, la bibliothèque. A partir de cet instant et de la porte entrouverte, elle se décida à faire le moins de bruits possible. La bibliothéquaire ne l'aimait déja pas beaucoup, il ne fallait pas être viré avant même d'avoir aperçu son but. Elle passa donc devant la mégère en retenant son souffle et franchi rapidement les quelques étagères qui la séparaient de Marguerite.
Alors qu'elle s'installait silencieusement en face d'elle, la jeune femme releva la tête et s'exclama :
- Que fais-tu là, Marla ? Je pensais que tu allais passé un peu de temps au parc ?
- J'ai besoin d'aide, je crois.
Certaines personnes ne voient jamais les lettres entres les lignes, ne comprennent pas les sentiments, les pensées ou même les paroles quand elles ne sont qu'à moitié dites. Marguerite n'était pas forte pour cela, d'un naturel plus logique et scientifique qu'émotionnel. Elle s'adonnait plus aux théorèmes, à ce qui est écrit. Mais devant elle, se tenait l'être qu'elle connaissait plus qu'elle même. Donc malgré sa faiblesse dans ce domaine, elle comprit l'urgence de cette situation ainsi que la détresse de son amie. Elle délaissa alors son devoir d'arithmancie pour se concentrer au maximum sur cette affaire.
- Explique-moi calmement, ordonne tes idées comme dans un devoir, je ne pourrais pas t'aider si tu ne t'aides pas un peu toi même, annonça la brune en attrapant la main tremblotante de Marlène.
La blonde ne savait par quoi commencer. Tout semblait si fouillis dans son esprit, rien n'allait réellement. Au fond, la jeune femme ne savait pas quel était son vrai problème. Elle voulait juste savoir ce qu'elle devait faire, ce qui était bien, juste.
- Je ne comprends pas Karl, je ne sais pas ce que j'ai fais de mal. Depuis qu'il est rentré dans ma vie, je n'ai jamais vu que lui, je l'ai toujours aimé. Tout était parfait entre nous deux, il n'y avait jamais eu ce genre de dispute, de problèmes. Il fait une fixette sur Tom et se persuade que moi je ressens des choses pour lui. Il m'insulte, me dénigre, est à deux doigts de me frapper et s'étonne que je lui en veuille. Il voudrait que je m'obstine à exécuter ses moindres ordres, que je sois à sa totale merci. Depuis un mois, j'ai l'impression que Karl n'est plus celui que j'ai connu.
La jeune femme devant elle prit le temps d'ordonner ses propres paroles, elle ne voulait pas faire d'erreurs. Elle ne souhaitait pas dicter une vision limpide à Marlène, il fallait qu'elle prenne ses propres décisions. Elle se décida alors à ne donner que son avis sur cette situation si hasardeuse.
- Je pense que Karl a une profonde inquiétude de perdre les gens qui l'entourent, il a sûrement peur d'être seul. Il cache alors tout cela derrière de l'aggressivité, de la haine et de la colère. Il ne comprends pas ton attrait pour Tom, il a peur qu'il te vole et je pense qu'il réalise des choses que même toi tu crains et repousses. Je pense que vous vous êtes aimez, plus que tout et d'une manière si douce et belle mais qu'à présent vous n'êtes plus ce dont l'autre a besoin et désire.
Le monologue de Marguerite possédait la douceur d'une histoire du soir mais le coeur de Marlène se retrouva plus bouleversé qu'endormi. Ces paroles ne lui apportaient aucune réponse mais plutôt l'avis personnel de sa meilleure amie. Elle se libéra de l'étreinte de la main de la brune et mis sa tête dans ses paumes.
- Mais pourquoi ? Je pensais finir ma vie avec lui, je l'aime tellement, murmura-t-elle, le coeur blessé.
- Je pense que parfois pour oublier et tourner la page, il faut accepter de ne pas avoir de réponses à ses questions. Et puis si un bonheur t'est enlevé, dis-toi que celui qui te comblera n'est pas encore arrivé.
Marlène ancra son regard dans celui de sa meilleure amie. Elle y vu toute la sincérité dont elle avait besoin, tout l'amour qu'elle quémandait ailleurs et qui se trouvait pourtant si près. Elle délaissa alors quelque instants son désespoir pour à nouveau serrer leurs deux mains. Cela faisait tellement du bien d'avoir une personne qui comprenait chaque chose, sans parler ni même vraiment l'expliquer. Tandis que la blonde était le relâchement et l'amusement absent en Marguerite. Pour Marlène, la brune était son plus grand pilier, sa principale chose qui la faisait tenir debout tandis que son esprit n'était plus assez fort. Elle était la force et le raisonnement, elle finirait sûrement par être jalouse de ses enfants plus tard. Un amusement se dessina dans son regard, trop faible pour être remarqué mais bien présent. Le moment n'était pas approprié pour rire, leur principale discussion n'était pas terminé et elle le savait. Elle chassa alors toute idée de mini Marguerite qui lui volerait sa place de première dans son cœur et se reconcentra.
- Je ne sais pas comment agir avec lui, je ne sais même pas ce que je devrais faire. A vrai dire, dès que cela le concerne, je ne sais plus rien du tout, soupira la jeune femme, espérant que son amie comprenne que le sujet n'était plus Karl.
La septième année prit, cette fois-ci, moins de temps pour réfléchir comme si les réponses étaient logiques et limpides. Elle garda le contact visuel avec Marlène, souhaitant que ses paroles se transmettent bien.
- Je n'aime pas Jedusor, il m'effraie. Je ne saurais expliquer cette sensation mais je sais pertinemment qu'il n'est pas ce qu'il prétend. Je ne connais pas la nature de votre relation, je me fiche bien de savoir ce qu'il pense de toi. Je me soucie de toi, je ne comprends pas ce qui vous attire inéluctablement à vous fréquenter mais je ne veux pas te perdre, je veux juste que tu fasses attention, termina-t-elle comme introduction à son devoir.
Marguerite soupira, ferme quelques secondes les yeux et n'apprécia pas ce qu'elle s'apprêtait à dire.
- Il y a parfois dans notre vie, des sentiments inexplicables, des pulsions, des envies et des romances. Notre existence n'est pas fourni avec un mode d'emploie, une paire de fois, tu te demanderas pourquoi les choses se passent comme cela, pourquoi toujours toi. Mais l'humain est fait tel qu'il cherchera toujours à trouver un sens, une raison et à gagner. Marla, toi qui croit au destin, laisse toi porter vers ce qu'il t'apporte, accepte chaque moment de ta vie. Trouve le sens que tu veux, une raison de te battre, affirma la brune, un sourire planant sur son visage, même si cette raison est un serpentard brun et trop aigris pour toi.
Peut être que dans d'autres oreilles, ces paroles n'auraient eu aucune signification mais pour Marlène elle avait pris sens. Les mots de sa meilleure amie avait fait renaître une certaine joie en elle. Elle avait désormais des réponses à ses questions et des indications sur son futur. Les larmes ne débordaient plus de ses yeux. Alors elle claqua un baiser sur la joue de Marguerite et partit de cet endroit de malheur. Rien ne la retenait ici et tout l'attendait ailleurs.
La jeune blonde était assise au coin du feu chaleureux de sa salle commune et rédigeait son journal avec enthousiasme. Tout semblait s'être arrangée dans sa vie pourtant elle savait bien que ce n'était pas tout à fait vrai. Tandis qu'elle terminait son petit dessin de rose sur le côté de sa page, un raclement de gorge lui fit attirer son attention ailleurs. Elle releva donc la tête vers cet appel à sa personne et rencontra la face contrariée de Karl Abernathy. Marlène n'était pas spécialement ravie de devoir interagir avec lui aussi tard le soir. Mais après tout, elle pourrait tourner la page plus facilement. Elle haussa donc les sourcils pour l'intimer à lui expliquer sa présence.
- Je pensais que tu viendrais me parler aujourd'hui, mais tu m'as tout bonnement ignoré toute la journée, annonça le blond comme une reproche fondé sur de réelles raisons.
Son interlocutrice réprima un ricanement devant tant d'audace. Elle n'aimait pas être arrogante ou même exprimait la moindre méchanceté de ce type mais cette situation devenait trop amusante.
- Oui, pardonne-moi, après ton cirque visant à enrager et ridiculiser les serpentards donc Tom en particulier, j'aurais du te sauter dans les bras et te couvrir de baisers.
Le Poufsouffle soupira alors en baissant lentement la tête. Il ne supportait plus les tournures qu'avaient chacune de leur discussion.
- Tu n'as qu' à ce prénom à la bouche, rétorqua-t-il, excédé.
- Et toi, tu n'as que l'idiotie dans la tête. Comment pouvais-tu penser que toute cette mascarade arrangerait les choses ? Je suis désolée de te dire que tu n'es pardonné de quoi que ce soit, ni de tes paroles mauvaises, ni de tes colères infondées.
Elle avait dit cela d'un ton cassant, qui se voulait le plus blessant mais elle comprit que cet agissement ne mènerait à rien. Ce n'était pas comme cela qu'elle souhaitait terminé sa plus belle histoire d'amour. Elle devait rester elle-même. Elle ne voulait pas détruire une romance datant de plusieurs années en paroles blessantes et idiotes.
- J'ai beaucoup pleuré, tu sais, parce qu'intimement je croyais en nous plus que tout, en notre amour. Mais je pense que nous nous sommes apportés mutuellement assez de choses et que je ne serais jamais ce qui te rendra vraiment heureux. Marguerite m'a aidé à voir la fin avec plus de douceur quand je ne voyais que l'effondrement de mon existence. Je ne t'appartiendrais jamais comme tu le désires et tu ne seras jamais pleinement ce que je veux. Mais je veux juste que tu saches une dernière chose, annonça-t-elle en se redressant de son fauteuil pourtant si agréable.
Une fois qu'elle fut placée tout proche de son ami, elle put lui sourire de toutes ses dents. Devant elle, Karl était abasourdi, de sa vie, il n'avait jamais vu Marlène faire preuve d'une aussi grande maturité. Malgré la tristesse qui bordait son cœur, la haine s'estompa rapidement devant la fille heureuse tout prés de lui.
- Je t'aime, Karl et je sais que je t'aimerais toujours.
C'est suite à ces mots et cet instant qui restera à jamais graver dans le cœur des deux adolescents, que sur la pointe des pieds, la jeune McKindon se dressa. C'est de ses lèvres rosées qu'elle déposa un doux baiser sur la bouche de son ami. Elle scella leurs promesses, leurs amours et leurs secrets dans cet instant marqué dans le temps. Elle se laissa ensuite porté par les lignes de son journal et termina une nouvelle page pour rendre heureux son but dans la vie.
——
Bonjour jeunes gens, ravie de vous revoir !
Clairement je pense qu'on veut tous une meilleures amie comme Marguerite qui a réponses à tout nos problèmes de cœurs !
Alors, avez-vous aimé ce chapitre ?
Qu'avez vous pensé de la discussion entre ces deux meilleures amies ? Des états d'âmes de notre chère Marlène, bouleversée par trop de sentiments?
Et la fin, cette discussion ultime sur le sort de la relation entre Karl et Marlène, des avis ?
Merci d'avoir lu, au revoir.
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