C͟͟͟͞͞͞h͟͟͟͞͞͞a͟͟͟͞͞͞p͟͟͟͞͞͞i͟͟͟͞͞͞t͟͟͟͞͞͞r͟͟͟͞͞͞e͟͟͟͞͞͞ 6͟͟͟͞͞͞
9 septembre 1998 : PDV Ramona
J'avais essayé de ressembler à peu près à quelque chose. La fête à laquelle j'avais été invitée n'étais pas une simple fête de lycéens, je devais donc faire un effort, aussi minim soit-il.
Jason ne m'avait pas donné de précision sur un quelconque dress code, j'optai donc pour une tenue plutôt basique mais efficace. J'avais revêtu une petite robe noir Vans à bretelles avec une veste en cuire et des doc' Martens. J'avais attaché mes cheveux en un chignon assez simpliste en espérant que ça suffirait.
Je m'observai une dernière fois dans le miroir de l'entrée et ajoutai la dernière touche de mascara qui manquait pour compléter ma tenue. Je souris dans le miroir, imitant quelques poses, pour analyser le rendu de mon outfit pour la soirée.
Après approbation et recommandations de ma mère, je pus quitter la maison, prenant soin de prendre un double de clefs. Je voyais mon domicile s'éloigner peu à peu de moi alors que je marchais vers l'adresse donnée par Jason.
Je marchais de longues minutes, presque 25, pour être précises. Mais lorsque j'arrivai devant l'adresse, face à moi ne se trouvait qu'un arrêt de bus, semble-t-il, abandonné depuis bien longtemps. Il était sal, vieux et dépourvu de tout éclairage.
Je m'adossai donc à la parois vitrée, les bras croisés attendant que Jason daigne arriver pour me sortir de ce sordide endroit.
La légère brise de ce début de soirée effleurait mes jambes, me faisant frissonner. Je commençais à m'impatienter alors que cela faisait maintenant près de 10 minutes que Jason aurait dû être là. Je me préparais à repartir quand des pas se firent soudain entendre.
Essoufflé d'avoir couru, Jason m'attrapa le bras pour m'empêcher de partir, toujours posté derrière moi.
-Attends ! Excuse moi...
- T'es pas foutu d'être... Avais-je commencé avant de me retourner. Mais je m'arrêtai net lorsque je fis face à son visage, meurtri.
Je le détaillai du regard. Une nouvelle blessure était présente sur son visage, celle-ci était clairement récente. Et un large hématome couvrait le côté gauche de son cou. Je restai stupéfaite face à cela.
-Putain, Jason...
Il me regarda intrigué. Il ne semblait pas avoir compris le sujet de ma stupéfaction.
-Bordel, quand est-ce que tu comptes me dire ce qu'il t'arrive ?!
Sans que je m'en rende compte, de l'eau commença à s'accumuler dans le creux de mes yeux, les larmes devenant de plus en plus dure à retenir. Je ne comprenais pas pourquoi je me mettais dans cet état. Comme si je ne contrôlais plus mon corps.
Une peur envahissante s'était nichée au creux de mon estomac. Toutes sortes d'hypothèses atroces faisaient surface dans mon esprit vis à vis de ses blessures.
-Ce n'est rien, Ram'. Je te le jure !
Il approcha lentement sa main de mon visage et essuya délicatement la première larme qui avait coulé sur ma joue avec son pouce.
-Je sais que tu me mens...lui soufflai-je. Même si l'entendre dire que ce n'était rien m'avait d'abord procuré un minime réconfort, je savais au fond de moi qu'il mentait.
-Je t'en parlerai...un jour. Mais pas ce soir...s'il te plaît.
Ses yeux étaient suppliants, comme s'il ne pourrait se sentir bien que si j'acceptais d'abandonner cet interrogatoire.
Je ravalai alors mes angoisses et lui souris maladroitement. Je regardai mes pieds, puis Jason, puis cet arrêt de BUS.
-Très bien. Emmène moi à cette soirée alors.
Il sembla plus à l'aise et repris confiance. Un sourire discret l'illumina et il m'indiqua le chemin que nous allions emprunter.
Nous marchâmes quelques instant, à distance raisonnable, mais suffisamment proches pour que je puisse remarquer le frisson qui le parcourait lorsque je lui faisait un compliment quelconque.
Ce petit jeu me faisais rire et me fit presque oublier que j'avais, près de 5 minutes auparavant, essayé de cacher ses blessures avec la poudre que j'avais dans mon sac.
Une étrange chaleur m'enivrait, et je me sentis de plus en plus rassurée en sa présence. Nous marchions tous les deux dans des ruelles sombres, et je n'avais pourtant pas peur, grâce à lui. Il me procurait un agréable sentiment de sécurité.
Après quelques instants, une maison illuminée, et devant laquelle étaient garée une dizaine de voiture, s'imposa à notre vision. Une musique assez agressive s'en dégageait et quand on s'approchait un peu plus, une odeur de barbecue pénétrait nos récepteurs olfactifs.
-Ramona, je te conseil de rester avec moi. Me chuchota-t-il quand nous entrâmes dans la demeure.
-Pourquoi ? Tu penses que je ne suis pas capable de me débrouiller toute seule ?
Renchéris-je.
Il leva un sourcil pour signifier le manque de conviction qu'il avait repéré en moi.
-Parfait ! Déclara-t-il en s'éloignant de moi, me laissant plantée dans l'entrée, bouche-bée.
-Attends ! Enfait t'as raison ! Me résolus-je finalement après m'être rendue compte qu'il avait raison et que je ne survivrais pas seule dans ce genre de fête pour la première fois. Je le rejoignis en courant, m'agrippant à son bras, au passage. Il ne me repoussa pas, à mon grand étonnement.
-Tu connais des gens ici, à part Neil ?
Il réfléchit quelques secondes.
-A part Neil et les membres du groupe, il ne me semble pas que je connaisse d'autres personnes. Cette réponse n'eu pas l'effet de me rassurer, mais je me dis que ce n'était qu'une fête, pas une cérémonie.
J'étais assez étonnée de constater que pour un groupe de Hard Rock, les musiques qui passaient en ambiance de leur soirée étaient plutôt « mainstream ». Même s'ils elles restaient agressives et de mon goût.
Je m'étais accoudée à une commode à côté de Jason. J'observais avec attention les gens autour de nous. La plus part d'entre eux représentaient le portrait typique du jeune étudiant à la fac qu'on pouvait voir dans les films américains.
Les jeunes dansaient, buvaient, se draguaient, et la soirée battait son plein. L'alcool coulait à flot grâce à, d'après ce que j'avais entendu, le grand frère d'un des membres du groupe qui avait 23 ans et pouvait donc acheter légalement de l'alcool.
Après s'être absenté même pas une minute, Jason revint vers moi, deux verres au contenu inconnu à la main. Il me sourit largement et me tendit un des verres.
- Y'a quoi là dedans ? Lui demandai-je, méfiante.
-Goûte et tu verras. Je n'essaie pas de te droguer pour coucher avec toi, au cas où tu te poserais la question.
-Ah Ah, très drôle monsieur Jason Whey.
Je reniflai la boisson et après une mince hésitation, je portai le bord du verre à mes lèvres.
A peine eu-je bu une gorgée de l'alcool, car c'en était, je me mis à tousser violemment.
-Putain ! Mais qu'est-ce que tu m'as filé, abruti ?!
Jason était mort de rire face à moi alors que je reprenait mon souffle avec difficulté.
-C'est la recette secrète du chef. Lâcha-t-il entre deux éclats de rire.
Je posai le verre à côté de moi, essayant de mimer du mépris en regardant Jason. Il bus aussi la boisson, il fit une légère grimace quand l'alcool coula dans sa gorge mais il n'eu pas une réaction aussi excessive que la mienne. Ce qui me fit comprendre qu'il avait plutôt l'habitude.
-Salut mec ! Je suis content que tu aies pu venir !
Neil, l'ami de Jason vint le saluer. Quand ce Neil m'aperçut, il me regarda longuement de haut en bas, un léger sourire en coin.
-Bah alors Jason, tu ne nous présente pas ?
-Ramona est une amie, pas un morceau de viande. Je te prierais de garder tes distances.
L'intéressé fit une moue déçue mais attrapa tout de même ma main pour y déposer ses lèvres.
-Enchanté, mademoiselle.
-Je me permet d'ajouter que je n'ai que 17 ans, il me semble que ce n'est plus ton cas.
M'étais-je empressée d'ajouter en retirant sèchement ma main.
Cette remarque fit rire le batteur et il s'éloigna après avoir fit un geste de la main à Jason.
-Tu sais, je sais me défendre face aux garçons un peu insistants...mais merci quand même Jason, j'apprécie l'attention.
Lui soufflai-je doucement à l'oreille, ce qui je le remarquai, le fit rougir.
Alors que plus le temps passait et plus les jeunes étaient ivres, je m'essayais à plusieurs types de danses un peu absurdes, hilare, avec Jason.
Nous riions tous les deux en dansant comme des imbeciles. Je commençais enfin à m'amuser.
Cette image du garçon chelou et réservé que j'avais de lui devenait de plus en plus floue et lointaine au fur et à mesure de la soirée. Je voyais devant moi un adolescent comme les autres, drôle, insouciant et plutôt mignon. L'alcool commençait peut-être à agir sur mes pensées, après réflexion.
- Où sont les toilettes ? Demandai-je à Jason entre deux danses endiablées.
- Premier étage, porte à gauche. Tu veux que je t'accompagne ou ça ira ?
- Ne t'en fais pas, je saurai me débrouiller. Je reviens dans 5 minutes.
Je me dirigeai donc dans la direction qu'il m'avait indiquée, prenant soin d'essayer de ne pas bousculer les couples qui se roulaient des pèles dans l'escalier.
J'arrivai sur un palier, sombre. Les lumières n'étaient pas allumées. Je repérai la fameuse porte à gauche et l'ouvrit.
Je restai pétrifiée quelques instants et refermai très rapidement cette porte derrière moi, essayant d'analyser ce que je venais de voir. Je venais de surprendre Adam, le garçon que j'avais rencontré dans la journée et chanteur du groupe One Home, en train d'embrasser très langoureusement un autre garçon.
Je voulus partir le plus vite possible pour faire comme si je n'avais rien vu. Mais il me rattrapa et se posta juste devant moi.
-Attend ! S'il te plaît. Je suis désolée, tu ne devais pas assister à ça.
-Je confirme. Je n'osais pas le regarder, trop gênée.
- Pitié, n'en parle pas aux autres. Je ne sais pas ce que tu penses de...
-Ne t'en fais pas Adam. Je n'ai rien contre les gays. Et promis...je n'en parlerai pas.
Le rouge lui était monté aux joues. Ce n'était plus du tout le ténébreux chanteur que j'avais rencontré plus tôt mais bien un jeune homme mal à l'aise et suppliant. Ce que je trouvais presque ironique, après remise en question de la scène.
- Il est plutôt minion ton copain, du peu de ce que j'en ai vu. Il sembla étonné de ma remarqua mais sourit, un peu timide, semble-t-il.
- Ouais c'est vrai, il est plutôt cool. On se connaît depuis pas très longtemps à vrai dire.
Un léger silence nous enveloppa. Puis il reprit.
-En fait, personne ne sait que je suis gay. Même pas les membres de mon groupe. Et je ne veux pas qu'ils le sachent.
- Alors pourquoi vous n'avez pas fermé la porte à clef ? Lui dis-je en riant.
Il fixa ses pieds un instant.
-Parce que...on avait oublié.
-Je vois.... Bon, désolée, je vais vous laisser tranquille.
Je commençai à repartir dans l'autre sens mais il me dit une dernière chose avant que je rejoigne l'escalier :
-Ramona, c'est ça ? Merci beaucoup.
Je lui souri et retournai dans le salon, le plus vite possible.
- Bah alors, t'en a mis du temps ! S'exclama Jason en me voyant arriver.
-Désolée, y'avait du monde qui attendait.
Nous étions tous les deux fatigués d'avoir autant dansé comme des imbeciles, donc nous nous étions assis par terre, côte à côte.
Je pouvais sentir la chaleur de son corps, près de moi. Je pouvais sentir les pulsations de son cœur.
Lentement, je posai ma tête sur son épaule, et fermai les yeux. Il ne bougea pas, me laissant faire.
Il murmura seulement quelque chose.
- Ça te dirais d'aller ailleurs pour finir la soirée ?
Je ne voyais pas de quoi il parlait mais je répondis à la positive. Il se releva donc et me tendit la main pour m'aider à faire de même.
Nous sortîmes de la maison, et je le suivis sur quelques centaines de mètres.
- On va où ? Questionnai-je en riant aux éclats, intriguée, et un peu bourrée aussi.
- C'est une surprise ma chère. Un rictus plein de malice s'était dessiné sur son faciès alors que je continuais de le suivre aveuglément.
-Ta da !
- Un skate park ! J'étais ravie ! J'avais trop envie d'en refaire avec Jason, subitement. Euh...mais vous oubliez un détaille mon chère Jason, nous n'avons pas de planche.
Il ne répondit rien et se dirigea vers un buisson duquel il extirpa deux planches de skateboard, plutôt abîmée.
-Prête ?
- Plus que jamais !
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