C͟͟͟͞͞͞h͟͟͟͞͞͞a͟͟͟͞͞͞p͟͟͟͞͞͞i͟͟͟͞͞͞t͟͟͟͞͞͞r͟͟͟͞͞͞e͟͟͟͞͞͞ 1͟͟͟͞͞͞4͟͟͟͞͞͞

19 juillet 1996 : PDV Adam

J'en étais déjà à la septième ou huitième bière depuis le début de la soirée...en fait, je crois que j'avais arrêté de compter depuis bien longtemps.

Mes yeux se perdaient dans l'immensité de ce sous-sol qui faisait office de boîte de nuit. La pièce était bondée de monde, une bande de jeunes de mon âge tous en sueur, drogués et soûls dansait frénétiquement sur de la musique trop forte.

Adossé à un pilier métallique depuis près d'une heure, je m'étais lancé dans l'idée d'essayer de finir le plus ivre possible en quittant cette soirée. Alors j'avais claqué tout le fric que j'avais gagné en faisant les cours de ma vieille voisine pour me payer des bières.

Ma vision avait déjà commencé à vaciller depuis un moment et toutes les angoisses que je ressentais s'étaient envolées. Je pouvais presque sentir l'alcool couler dans mes veines tant son emprise était puissante.

- Tu m'offres un verre ?
Mon attention se détourna rapidement de la foule et vint se poser sur la jolie blonde qui venait de s'approcher de moi. J'écarquillai les yeux avant de comprendre que c'était à moi qu'elle s'adressait.

La jeune fille me souriait malicieusement, restant plantée devant moi, ses yeux bruns pétillaient. Je décidai alors d'accepter. Je hochai simplement la tête et lui intimai de me suivre. Ses doigts vinrent s'enrouler autour de mon bras et elle me suivit à travers la foule jusqu'au bar.

- Une bière pour la d'moiselle, lançai-je au barman dans la plus grande des banalités.
Sa boisson fut rapidement apportée et nous nous assîmes.

Elle me parlait d'elle, en continu. Je mimais de lui porter une oreille attentive mais mon esprit ne faisait que divaguer. Je me contentais alors d'hocher la tête toutes les trois minutes pour qu'elle continue de penser que je l'écoutais.

Suite à près de 20 minutes d'une interminable discussion au sujet de sa personne et une bonne demi-douzaine de commandes de boissons, elle commença à devenir un peu plus...insistante. Sa main venait régulièrement de poser sur mon genoux, peut-être innocemment, ou peut-être pas.

Tous deux étreints par l'alcool, il n'était finalement plus si insupportable de l'écouter parler. Elle se leva subitement et s'approcha très précautionneusement de mon oreille, comme si quelqu'un en avait quelque chose à foutre de ce qu'on pouvait bien se dire.

Son parfum floral puissant m'agressa presque immédiatement et alimenta l'euphorie dans laquelle la bière m'avait mis.

-Je ne t'ai toujours pas demandé ton nom...Un sourire étira ses lèvres pulpeuses, et ses pommettes virèrent au rose vif.
- Quelle importance ?
La blonde entreprit alors de se distraire d'une tout autre manière qu'en discutant avec moi. Ou alors y pensait-elle déjà dès le début.

Elle agrippa mon t-shirt et m'attira lentement à elle. Elle approcha son visage de mon oreille comme pour me parler mais elle lécha de manière sensuelle le lobe de mon oreille prenant soin d'éviter les multiples piercings qui s'y trouvaient.

Ce contact fut tout à fait électrisant et fit naître un brasier au creux de mon ventre. Elle implanta alors de nouveau ses yeux dans les miens comme pour me faire passer un message. J'avais à cet instant très bien compris ce qu'elle avait en tête, et je ne comptais pas m'y refuser.

Alors quand elle s'extirpa de la foule, je la suivis. Quand elle pénétra dans les toilettes de la boîte et qu'elle me lança un regard lourd de sous-entendus, je la suivis. Et quand la porte couverte de tags se referma derrière nous, je m'attelai à faire ce qu'elle attendait de moi.

Ce genre d'instant était excitant, libérateur pour l'esprit, et me donnait l'impression d'être normal, d'être exactement où je devais être. Cette jeune femme était déjà la 3ème fille avec qui je partageais « ce genre d'instant » depuis le début de la semaine. J'étais vivant, j'en étais persuadé. Et je pensais que c'était à ça qu'on reconnaissait un vrai homme, celui que mon père voulait que je sois.

Quand nous eûmes terminé, elle arrangea sa jupe, recoiffa quelque peu ses cheveux et me remercia en déposant un baiser sur ma joue. Puis, elle quitta la cabine de toilette. Je ne la revis jamais, évidement, comme toutes les autres filles avec qui j'avais couché auparavant.

Ce soir là, comme la veille et le jour encore avant, je rentrai chez moi vers 4h du matin, complètement ivre, titubant sur le trottoir et hurlant des paroles de chanson incompréhensibles. Je m'endormis alors dans mon lit sans même avoir pris la peine de prendre une douche - je ferai ça demain, me dis-je - et je m'endormis en me disant que j'avais fais du bon boulot.

25 juillet 1996 : PDV Adam

Cela faisait déjà un moment que j'y pensais. J'avais essayé de récupéré le plus d'informations possibles, de trouver des gens pour m'aider. Mais disons qu'il n'y avait pas beaucoup d'informés dans notre petite ville de l'Ontario.

Il s'était avéré assez compliqué de trouver des gens pour rejoindre le groupe de musique que je souhaitais créer. Je savais jouer de la guitare, vaguement chanter et j'avais quelques notions en basse. Mais j'avais besoin d'équipiers pour créer un groupe.

Heureusement pour moi, une occasion se présenta dans des circonstances plus qu'étranges.
J'avais entendu parlé d'une soirée qui devait avoir lieux au sud de la ville chez la fille d'un des membres du conseil municipal.

Quand j'arrivai devant la baraque, je restai pétrifié une fraction de seconde devant l'immensité de la demeure. Elle était d'un blanc immaculé, de grandes fenêtres encadrées d'un bois verni laissaient les invités entrevoir les grands lustres dorés à l'intérieur.

Je suivis la foule et m'engouffrai à l'intérieur. Les lumières étaient tamisées, même plutôt sombres. Une forte musique enivrait la pièce dans laquelle j'étais entré, résonnant à cause de la hauteur sous plafond. J'étais assez impressionné.

Des dizaines et des dizaines de jeunes déjà bien alcoolisés m'entouraient. Certains devaient à peu près avoir mon âge, mais d'autres semblaient bien plus jeunes, j'estimais leur âge à peine à 15 ans.

Une fille et un mec étaient en train de se rouler des pèles en se pelotant juste à ma gauche. Ils semblaient complètement essoufflés et passionnés, au point de ne pas remarquer le regard que j'avais jeté sur eux.

Mais ce qui me troubla le plus, ce fut de constater que mon attention s'était posée plus longtemps que prévu sur le jeune homme en question. J'avais détaillé des yeux ses traits durs mais fins, ses mains qui se baladaient sur le corps de sa compagne...

Je secouai nerveusement la tête et m'avançai d'un pas prompt dans la pièce suivante, le salon. J'essayais alors d'oublier ce qui venait de se passer dans mon encéphale, me convaincant que j'avais  sûrement jalousé qu'il ait réussi aussi rapidement à se trouver une jolie fille.

Je repérai immédiatement l'immense buffet de plusieurs tables alignées sur lequel était disposée une longue nappe bleu marine. Plusieurs bouteilles d'alcool plus ou moins forts et plus ou moins vides y étaient soigneusement disposées.

Je pris un gobelet en plastique et me servit un mélange de vodka et de je ne sais trop quoi, je ne reconnaissais même pas l'alphabet sur l'étiquette de la bouteille. La première gorgée eut l'effet escompté, me donnant un regain de confiance en moi. J'eus la force d'aller aborder la fille accoudée à la fenêtre.

- Tu t'ennuies ?
Elle releva ses yeux scintillants vers moi et un sourire timide se dessina sur son visage angélique.
- J'attends mon frère, il devrait pas tarder à arriver.
Elle détourna de nouveau son regard vers la fenêtre qui reflétait son faciès, la nuit étant déjà bien avancée. Elle attendait sûrement que je m'en aille mais je n'en fis rien. Je n'avais de toute façon rien d'autre à faire.

Je m'assis alors à ses côtés, à un mètre de sa position pour qu'elle ne me trouve pas bizarre ou insistant. Je regardait la foule danser, la foule se soûler, la foule s'aimer.

Je sentais parfois les quelques coups d'œil qu'elle lançait vers moi mais je préférais faire comme si je ne le remarquais pas. Je me rendis compte que je n'avais finalement pas tellement envie de taper la discut'.

- Sasha ?! Mais qu'est-ce que tu fous là bon sang ?
Mon attention fut immédiatement happée par cette voix masculine qui venait d'apparaître. La fille se tourna vers le détenteur de cette voix. Ses traits auparavant doux s'endurcirent quand elle remarqua le regard lourd que lui lançait le jeune homme.

- J'ai bien le droit de m'amuser ? Si je t'ai dis de venir c'était pour que tu en fasses de même, pas que tu me maternise.

Il leva les yeux au ciel. Je compris alors qu'il s'agissait du fameux frère en question. Je l'observai de haut en bas. Ses cheveux blonds presque châtains se battaient sur sa tête lui donnant un air négligé qui ne collait pas à son attitude paternelle vis à vis de sa sœur.

Son visage rond mais bien sculpté était contracté et il semblait se mordre la joue pour s'empêcher de pester contre Sasha. Il était vêtu simplement, habillé d'un large t-shirt noir et d'un cargo gris. De nombreuses chaînes en métal pendaient à son cou et un percing était accroché à son sourcil gauche.

- Pourquoi tu tiens tant à rester ici ? Tu connais personne.
- Mais si imbécile ! la jeune femme m'attrapa subitement le bras et me tira vers elle un peu trop familièrement à mon goût, Je te présente mon ami...
Elle me supplia du regard de l'aider.
- Adam.
Je tendis la main à l'intention du frère de celle-ci. Il me toisa de haut en bas puis accepta de me serrer la main.
- Neil, enchanté.

Sasha sourit de toutes ses dents à son frère, presque en le défiant de la faire quitter cette soirée à présent qu'elle avait un « ami ».

- On se connaît ? Je sursautai quand je remarquai que Neil s'adressait à moi.
- Euh...il ne me semble pas, je déglutis difficilement, t'étais au lycée d'Ajax ?
- Oui ! C'est ça ! son visage s'était adouci et il affichait à présent un sourire franc, on a dû déjà se croiser dans le bahut mais jamais avoir été dans la même classe.

Cela faisait à peine une minute que Sasha était partie se servir à boire. Alors Neil et moi avions entrepris de « faire connaissance ».

- Je te préviens, pas touche !
- Hein ?
- Ma sœur, il était très sérieux.
- T'inquiète j'avais compris.
Il rit pour lui-même du coup de pression qu'il venait de me mettre et je ris avec lui.

- C'est vraiment de la soupe cette musique, avais-je déclaré.
- Tu l'as dis...il marqua une pause, Ça fait pas longtemps que je joue mais je te parie que je peux faire mieux que cette merde.

Le jeune homme venait de titiller ma curiosité.
- Tu joues d'un instrument ?
Il me jeta un regard interrogateur avant de répondre.
- Yep. De la batterie. Pourquoi ?
- Je cherche des gens pour créer un groupe.
Une étincelle s'illumina dans le regard de Neil.
- C'est une invitation ?
Je ne pensais pas ce jeune homme capable d'autant d'enthousiasme.

Je lui souris et nous en conclûmes mutuellement qu'il s'agissait d'un accord allant mener à une belle amitié. Enfin, tout dépendait de la définition d'amitié.

27 juillet 1996 : PDV Adam

- Waw ! Mec, ça tue !
Je souris fièrement. Cela faisais des mois que j'essayais de rendre mon garage viable. J'avais installé de la mousse sur les murs pour l'insonorisation, un système de chauffage plus que sommaire et plusieurs instruments que j'avais mis des mois à acheter à l'aide de mes économies sur plusieurs années.

Neil se rua immédiatement vers la batterie que je n'avais jamais utilisée, située au fond de la salle. On pouvait s'admirer dans les caisses tant elles brillaient. Son sourire étaient éclatant, il inspecta l'immense instrument sous toutes ses coutures, d'un regard de connaisseur.

- Pas mal du tout...tu as bien choisi.
Inconsciemment, j'étais carrément rassuré qu'il ait approuvé mon choix.

Les mains dans les poches, il s'avança nonchalamment vers moi. Il me scruta de haut en bas, comme s'il me rencontrait une nouvelle fois. Le regard qu'il posait sur moi me donna un frisson quelque peu perturbant.

- Tu chantes, c'est ça ? j'acquiesçai d'un hochement de tête, Tu me montres ?
Je déglutis nerveusement. Je n'avais jamais osé chanter devant quelqu'un.

Je m'approchai du micro, prenant ma guitare en main. Je branchai l'instrument et le micro à mon ampli bon-marché et un son sourd et désagréable commença à résonner dans la pièce.

Puis mes doigts commencèrent à danser sur les cordes, le son à peu près mélodieux qui s'échappa de l'ampli fit vibrer l'air autour de nous. Et comme naturellement, je me mis à chanter des paroles qui me vinrent aléatoirement.

Ma prestation ne dura pas plus de 30 secondes mais elle suffit à me faire virer au rouge vif. Je souris, gêné, attendant les remarques de mon invité.

- Tu m'as filé la chair de poule mec !
Une dalle de plomb venait de quitter mes épaules. Je n'étais pas aussi nul que ce que j'avais imaginé.

Sans que je ne m'en soit rendu compte, Neil s'était malgré moi beaucoup rapproché de là où j'étais. Je fus plus que déstabilisé, mon cœur était en train de s'emballer... pour un mec ?!

J'essayai de contrôler ma respiration, de penser à une fille au hasard, mais rien. Seul Neil face à moi.

Il était à présent assez proche pour que je puisse sentir son odeur, son souffle contre mon visage et...ses lèvres sur les miennes ?! Je reculai brusquement d'un grand pas, et le fixai les yeux grands ouverts, comme outré. Mais je pris conscience que je n'étais pas réellement outré parce qu'il venait de faire mais par le fait que j'avais aimé ça.

Alors je fermai les yeux une fraction de seconde, pour me laisser le temps de prendre une décision. Quand je les rouvris, j'avais à mon tour plaqué ma bouche à celle de mon « nouveau pote ».

Cette fois, je ne reculais pas. Au contraire, je me collait un peu plus à lui. Je pus sentir un sourire se dessiner sur ses lèvres en même temps que nous nous embrassions un peu plus langoureusement à chaque seconde.

Neil commença à passer sa main dans mes courts cheveux bruns, ce qui fit dresser les poiles de ma nuque. J'avais de plus en plus chaud, je découvrais de nouvelles sensations, ça n'avait rien à voir avec tout ce que j'avais vécu avec des filles, alors qu'on ne faisait que s'embrasser.

Mon dos venait de s'écraser contre un des murs recouvert de mousse insonorisante. Je ne savais pas vraiment quoi faire de mes mains, il le sentit alors il les prit et les plaça sur son dos, le rapprochant encore plus de moi, si tel était possible.

Je crois que je ne comprenais pas vraiment ce qui était en train de se passer. Mais ce dont j'étais sûr, c'était que Neil avait quelque chose que les autres n'avaient pas. Tout mon corps était en ébullition, tous mes sens aux aguets, et j'avais l'impression de vivre quelque chose dont je n'imaginais même pas l'existence il y a encore de ça une heure.

Mes mouvements étaient hésitants, j'étais quelque peu perdu, mais lui, il savait. Lui, il me guidait. Lui, il m'a ouvert les yeux sur qui j'étais.

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