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11 septembre 1998 : PDV Jason

Dès lors que j'ouvris les yeux, je fus pris d'une violente poussée d'adrénaline qui redescendit aussitôt quand je m'aperçus qu'il ne s'agissait que de Ramona penchée au dessus de moi. Ses yeux inquiets me sondaient gravement alors qu'elle n'était qu'à une demi douzaine de centimètres de mon visage.

Elle recula quelque peu quand elle remarqua que je m'étais réveillé, un petit peu surpris. Je ne compris pas tout de suite pourquoi ce regard inquiet. Je n'avais rien fait de plus pendant la nuit, j'avais tout simplement dormi.

Fort heureusement pour moi, elle répondit à ma question presque immédiatement sans que j'eus à la poser.
- En me levant ce matin, je t'ai entendu marmonner des appels à l'aide dans ton sommeil.

Je n'étais pas vraiment étonné d'entendre cela. Ma mère me l'avait déjà fait remarquer au paravant mais en me balançant un cal-porte au visage pour que je la ferme à la place de me le dire gentiment.

- Je me suis inquiétée, reprit-elle, Ça t'arrive souvent ?
- Non, c'est la première fois, mentis-je, je faisais probablement un cauchemar.

J'avais envie de lui dire que tout allait bien, que j'étais heureux, mais je n'y arrivais pas. Les mots restaient coincés au fond de ma gorge, m'étranglant presque. Une affreuse douleur m'étouffait, compressait ma poitrine dès que je voyais ses yeux. Ce regard si compatissant qu'elle posait sur moi alors que je ne le méritais absolument pas.

- Si tu as besoin de la salle de bain, vas-y. On prend le petit déjeuné dans la cuisine d'ici 10 minutes. M'informa-t-elle finalement en se levant pour rejoindre le sombre couloir qui reliait le salon au reste de la maison.

C'est alors que je constatai qu'elle était toujours en pyjama et donc que venir me voir fut la première chose qu'elle fit en se levant.

.............

- Tu ne penses pas qu'il serait judicieux d'appeler la police, mon garçon ? Suggérera le père de Ramona à mon intention tout en se saisissant d'une tranche de bacon.
Dans un sens il n'avait pas tord. Il est vrai que c'était la solution la plus sage. Mais je ne me sentais pas prêt à me retrouver sans famille.

- Non...je ne pense pas...lui répondis-je timidement, les yeux encrés dans le vide. Ma mère ne le supporterait pas. Et puis je ne veux pas être placé en famille d'accueil.
Un long silence pesant enchaîna mes paroles pendant de longues secondes avant que le petit frère de Ram' ne change de sujet en parlant de ses prouesses scolaires.

Le regard rivé sur mon assiette, je réfléchissais à un moyen de justifier mon absence auprès de ma mère une fois de retour à la maison. J'allais prendre chère.... Face à cette effroyable idée, je déglutis difficilement tout en jouant avec les œufs dans mon assiette du bout de ma fourchette.

Tout cela me coupait totalement l'appétit. Déjà que je n'étais pas bien musclé, je voyais mes joues se creuser de jour en jour et mes côtes apparaître un peu plus à chaque fois que je relevais mon t-shirt.
Voyant que je n'avais presque pas touché à mon assiette, Ramona adressa un regard interrogateur à mon égard. Je lui souris maladroitement et cela sembla la contenter.

Une fois prêts, de toute façon je n'avais pas grand chose à préparer vue mon arrivée imprévue la veille, nous pûmes prendre la route du lycée d'un entrain modéré. Ramona avait revêtu une chemise à carreaux ouverte sur une brassière de sport, ainsi qu'une jupe accordée à sa chemise et ses Dr Martens. Je me surpris à la contempler un peu plus longtemps qu'escompté, la trouvant très jolie.

Quand elle le remarqua, elle rougit et sourit légèrement, rendant son visage d'autant plus angélique. Je détournai alors les yeux espérant vainement qu'elle n'ait pas remarqué la raison de mon interêt à son égard. J'avais du mal à l'assumer mais j'avais l'impression qu'à chaque regard que je posais sur elle, elle était encore plus belle que la dernière fois.

Cette soudaine vérité me prit aux tripes, me secouant violemment. Ramona était vraiment une personne incroyable. Elle me soutenait malgré mes problèmes, elle restait solaire et souriante en toute situation... elle me paraissait si joyeuse et innocente.

Elle marchait d'un pas décidé en direction du bahut, tout en veillant à ce que je la suive toujours.
L'idée qu'elle puisse porter un minimum d'affection à mon égard et non seulement de la pitié me réchauffa le cœur et apaisa quelques instants mes plais intérieures.

Mais encore une fois, je fus rattrapé par mes angoisses. Et si ma présence à ses côtés en arrivant au lycée la dérangeait ? Et si les gens se mettaient à l'éviter ou mal lui parler à elle aussi juste parce qu'on trainait ensemble ? Je me surpris à inconsciemment m'écarter d'elle lorsque nous atteignîmes la route principale nous menant au lycée.

- Jason ? Qu'est-ce qu'il y a ? Je pue c'est ça ? Me demanda-t-elle à moitié sur le ton de la plaisanterie. Je bafouillais nerveusement. Elle comprit. Ne t'en fais pas. Je m'en fiche de ce que pensent les gens. S'ils sont cons c'est leur problème. Ajouta-t-elle les mains sur les hanches et le regard confiant.
De ce fait, elle réussit à me communiquer une partie de sa confiance, me rassurant pour les dernières minutes du trajet.

Quand nous arrivâmes devant la bâtisse à l'origine de nombreuses de mes blessures, un groupe de trois garçons face à nous se mirent à courir dans notre direction. Il me sembla qu'il s'agissait des amis de Ramona. Alors j'essayai de ne pas paraître trop hostile.

- Hey les mecs ! Elle salua les trois « mecs » d'un check à chacun. Quand elle remarqua les regards interrogateurs que ses amis portaient sur moi, elle m'attrapa vigoureusement le bras et s'exclama :
- C'est Jason, un pote. Il était un peu en galère hier alors je l'ai aidé.

Un dénommé Jakob répondit alors sur un ton plus que douteux :
- Tu l'as aidé, dans le genre physique ? Un regard malicieux inscrit sur son faciès, je ne réussi qu'à éprouver de la répulsion envers cet individu.
Ramona lui lança un regard noir que je ne lui connaissais pas mais ne releva pas plus que ça la touche d'humour. Si cela en était effectivement.
Un autre garçon, le plus frêle des trois donna un léger coup de coude dans les côtes du comique pour le faire taire.

Quand la cloche sonna finalement, nous nous rendîmes tous d'un pas las vers le bâtiment scolaire. Voir autant de jeunes de mon âge dégoûtés à l'idée d'avoir cours me rassura sur ma condition de presque déscolarisé. Je n'étais donc pas seul à détester profondément le système éducatif.

........................

Les cours touchèrent finalement à leur indéniable fin. Ce grand soulagement allégea le poids de l'enclume présente au creux de mon estomac durant chaque journée au lycée. Le groupe de Ramona, Ramona et moi même, restèrent quelques instants sur un ban, devant le lycée, à discuter et faire connaissance.

Ces adolescents de mon âges n'étaient pas si effroyables que ce que j'avais imaginé, tout compte fait. Je me surpris même à les trouver sympathiques malgré leur tendance à faire des blagues que je ne comprenais pas toujours, les fameuses « private jokes ».

Mais ce qui me surpris le plus ne fut pas notre discussion mais bien la silhouette qui m'était familière qui s'avança vers nous. Je ne reconnus pas immédiatement ses traits mais il me parut assez rapidement évident qu'il s'agissait d'Adam. D'ailleurs, je ne l'avais pas revu depuis la soirée organisé par son groupe.

Je m'empressai de saluer mon ami, enfin quelqu'un qui m'était familier depuis le début de cette journée !
- Salut mec ! Quoi de neuf ? Il m'adressa un large sourire en intégrant notre cercle.
Il se tourna vers Ram' et ses potes. Salut Ramona, les gens. Les yeux de mon ami s'arrêtèrent sur Ramona et ils s'échangèrent un regard qui me parut plus qu'étrange, mêlant gêne et complicité.

Mais Adam retourna rapidement son attention vers moi.
- Mec, Neil se demande pourquoi il t'a pas vu au skatepark ces derniers temps ? J'avais complètement oublié ce détail ! Personne ne savait ce qui était réellement arrivé à ma board.
- J'ai pété connement ma board et pour l'instant j'ai pas les moyens d'en repayer une.
Cette réponse était en soit tout à fait véridique, même si j'avais volontairement omis quelques détails.

- Ah ok. Bon et bien en tout cas, si vous voulez passer un de ces quatre pendant une répèt', n'hésitez pas. Et il s'en alla d'un pas déterminé pour finalement tourner dans la rue perpendiculaire à l'avenue, sans se retourner.

- D'où tu connais ce mec, Ramona ? La question qu'Aiden posa à Ramona me fit sursauter quand elle arriva à mes oreilles. Alors elle ne leur avait pas dit.... C'était tout à fait compréhensible en même temps. Elle avait une image à préserver. Et si les Idiots du lycée étaient venu à entendre parler de notre petit rendez-vous, elle aurait été déléguée au rand de déchet du bahut, à l'image de ma personne.

- Ce sont des potes de Jason, elle se tourna vers moi pour me sourire, et Jason est mon pote. Donc j'ai été invitée à leur dernière soirée.
Un silence fracassant s'abattît sur le groupe.

Je supposai qu'ils ne s'y attendaient pas. Mais quelle importance ? Un rictus gêné se forma sur mon visage, et je devinais à travers les pupilles de Ramona qu'elle s'excusait de ne pas leur en avoir parlé plus tôt.

Je ne lui en voulais pas. À sa place, j'aurais probablement agis de la même marnière. La situation semblait être plus désagréable pour elle que pour moi, même si elle ne le montrait pas vraiment en cet instant.

...................

Il était près de 18h et cela faisait déjà un moment que nous discutions devant le bahut tous ensemble. Suite au blanc, Lenny avait enchaîné sur une blague bancale qui relança immédiatement la conversion. Ceci eu le dont d'alléger la masse qui pesait sur mon cœur.

Nous riions déjà depuis un moment. C'était tellement agréable. J'avais l'impression de faire partie de leur groupe, d'être intégré, d'avoir des amis. Cette sensation était tellement plaisante. Et puis je découvrais une nouvelle facette de Ramona.

Cette fille était si belle quand elle riait, quand elle s'amusait, quand elle souriait et même quand elle s'énervait contre les remarques idiotes de ses amis.
J'avais l'impression de vivre un moment coupé du temps.

Mais lorsque j'eus le malheur de jeter un œil à ma montre, un frisson désagréable me traversa quand je m'aperçus que je devais rentrer chez moi si je ne souhaitais pas être considéré comme « en fugue » par ma mère.

J'avais peur de sa potentielle réaction. Avait-elle même remarqué mon absence hier soir ? Elle était peut-être tellement déchirée ou avait un nouveau plan cul qu'elle ne s'en était même pas aperçu. Cette idée me noua la gorge mais je réussi à reprendre contenance en me rappelant que cela ne pouvait pas être pire que la dernière fois.

Je saluai les autres et commençai à quitter le groupe pour prendre le chemin qui allait me ramener chez moi. Mais la douce voix féminine de Ram' m'interpella :
- Jason ? On se revoit au skatepark demain, pas vrai ? Je la regardai bizarrement. Elle avait oublié ? Ne t'en fais pas, je vais en acheter une.
Elle me lança un léger clin-d'œil amical et s'en retourna à sa discussion.

Je ne pu m'empêcher de sentir le chaud me monter aux joues, les faisant, je le supposais, devenir rouges écarlates. Heureusement qu'elle ne pouvait pas le voir, me dis-je alors.

Mes pas me dirigèrent tout naturellement vers chez moi alors que mes pensées étaient inondées d'idées futiles. Le paysages défilaient sous mes yeux mais je n'y prêtais aucunement attention. Son visage, son sourire, ses yeux, sa détermination, sa gentillesse...

- Maman ?!
- Bonsoir mon chéri. On va devoir s'expliquer tous les deux.

...............

Quand je repris conscience, je me sentais tout engourdi. J'essayai péniblement d'ouvrir les yeux mais cela m'était très difficile. Une violente douleur m'accabla à la tête et je me rendis alors compte que j'étais allongé par terre. Un liquide étrange me rentra désagréablement dans l'oreille. Il s'agissait de...mon propre sang !

Je commençai alors à paniquer mais j'avais l'impression de ne pas pouvoir bouger. Quand j'entre-ouvris enfin mon œil droit, je reconnus alors le carrelage de notre cuisine, j'y étais étalé...et je ne savais depuis combien de temps.

Je bougeai légèrement le bout de mes doigts contre le sol dessinant involontairement des formes abstraites dans la marre de sang dans laquelle j'étais. J'avais comme le sentiment que certains de mes nerfs ne répondaient plus, que chaque mouvement m'était insupportable et que la douleur resserrait son emprise sur moi de plus en plus.

J'essayai alors de me souvenir de ce qui m'avait plongé la tête la première dans cette délicate situation. Mais j'avais beau forcer, rien ne me revenait. Je tentais par tous les moyens de me triturer le cerveau, mais rien. Rien du tout. Seul un affreux mal de crâne tambourinait dans ma boîte crânienne.

Comment j'avais réussi à me retrouver dans cette merde ?! Avions nous été attaqués par un cambrioleur et cela avait mal tourné ? Était-ce une mauvaise chute, un accident domestique ? Était-ce ma mère ? Cette idée me glaça le peu de sang qui coulait encore dans mes veines et non sur le carrelage. Je la savais violente et perturbée mais pas au point de me faire...ça.

Ma réflexion fut abruptement interrompue par une violente nausée qui m'assénât un acide coup dans tout l'œsophage. Mais rien ne sortait de ma bouche à part un peu de sang. Une nouvelle peur s'installa alors en moi : m'étouffer avec mon propre sang.

Comme si ce n'était pas suffisant, je ressentais une abominable douleur dans le dos, et c'était ce qui m'inquiétait le plus. Je ne pouvais bouger plus qu'un doigt et chaque micro-mouvement réalisé avec mes jambes me donnait envie de hurler.

Ma vision commença à se troubler, mes extrémités à me picoter, je ressentais comme des fourmillements. Mon souffle était d'autant plus saccadé et je n'avais plus la force de garder les yeux ouverts plus longtemps. Une seconde fois, je retombai net dans l'inconscient.

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