Bonus St Valentin : leur rencontre
Faites comme si on était toujours le 14 et pas le 15 00:40 ; )
C'est mon petit cadeau de la St Valentin : un bonus dédié à leur toute première rencontre, en Mars 1976. J'espère qu'il vous plaira !
Pour rappel, Edith venait d'arriver à Londres. Elle comprend à peu près l'anglais, mais dans cette scène elle ne parle que français (en italique). Ce qui n'est guère le cas de Darron qui lui ne comprend pas le français...
Un alcool inconnu dans son verre, elle le faisait tournoyer lentement, hypnotisée par le mouvement du liquide ambré. Elle ne comptait même plus le nombre de verres qu'elle avait vidés, toute raison envolée. La jeune femme ne savait même plus pourquoi elle était entrée dans ce bar, sa mémoire lui faisait défaut.
–J'ai envie d'une cigarette, se murmura-t-elle dans sa langue maternelle.
Elle descendit son verre et le posa brutalement sur le bar, faisant résonner le son du verre sur la pierre de ce dernier. Si ce son lui parut distordant, nul ne l'entendit, le pub étant rempli et les conversations bien trop bruyantes.
La sorcière allait partir mais se faisant interpeler par le barman, elle lui laissa des pièces sans compter puis chercha dans la poche de son manteau sa baguette. Reconnaissant au toucher son bois familier, elle faillit la sortir mais au dernier moment se souvint de la loi sorcière ultime : nul sorcier ne devait utiliser la magie en présence de moldu.
Epuisée, un mal de crâne naissant, la jeune femme souffla et chercha à la place un briquet. La première fois qu'elle en avait vu un en action, elle avait été époustouflée, s'étant même un trop émerveillée aux yeux du moldu tenant le magasin : mais enfin, comment l'être autrement lorsque par une simple compression mécanique, une flamme en sortait ? C'était de la magie pour cette sorcière, elle qui faisait danser les flammes par un simple incendio.
Mais à présent, le briquet la contraignait plus qu'autre chose : elle passait son temps à l'oublier et se retrouvait telle une idiote devant sa cigarette intacte.
Les larmes lui montèrent aux yeux en ne le trouvant pas, comprenant qu'encore une fois elle ne pourrait profiter du bienfait immédiat de la nicotine sur ses nerfs. Toujours dans le pub, elle s'empressa de sortir, furieuse, le regard embué.
Elle heurta un roc et se retrouva au sol, un océan de frustration rugissant dans sa boite crânienne. A moins que ce ne soit les effets de l'alcool ? Elle ne savait pas, elle ne savait plus, elle voulait juste fumer... Et elle ne le pouvait pas ! Elle éclata en sanglot, elle qui n'avait pas pleuré depuis que ses parents l'avaient chassée du domicile familial, il y a de cela cinq ans.
– Excusez-moi, vous allez bien ? demanda le roc qu'elle avait heurté.
Pourquoi un menhir parlait ? Et que faisait même une pierre dans un bar ?
Reniflant, la française essuya ses larmes et leva la tête vers l'homme qui lui tendait une main, le visage tordu par l'inquiétude. Elle nota le pli entre ses sourcils, ses lèvres tremblantes, ses yeux peinés. Médusée par ce visage auréolé par une couronne de feu, elle ne put que se noyer dans ce regard bleu comme l'océan, souhaitant un court instant s'y perdre à jamais pour y chercher des trésors perdus. Chassant les nouvelles larmes qui dévalaient ses propres joues, la sorcière admira ces boucles de cuivre retombant jusqu'à ses épaules. Elle souhaita y perdre ses doigts et de ce fait tendit sa main vers cette chevelure dans un vain espoir de l'atteindre.
Le moldu ne dut pas comprendre son intention car il attrapa cette main tendue et la hissa jusqu'à lui.
L'alcool mettant à mal son équilibre, Edith tangua et il la rattrapa avant qu'elle ne retombe, la tenant fermement mais avec douceur, sa main posée au creux de son dos, l'autre toujours dans la sienne.
– Vous allez bien ? redemanda-t-il soucieux.
La jeune française se mordit la lèvre en écoutant cette voix de velours, semblant monter des ténèbres par son timbre grave mais aussi douce qu'un nuage. Elle aurait aimé l'écouter parler encore et encore, continuer de sentir son odeur sur laquelle elle ne pouvait poser de comparatif, mais elle ne devait pas oublier son besoin urgent.
–Je veux un incendie... éclata-t-elle en larmes, l'alcool la rendant bien trop émotive.
Le o du sort resta bloquée dans sa gorge dû aux sanglots.
– Pardon ? demanda-t-il encore plus confus. Un... ineceudie ? répéta-t-il soucieux de sa prononciation.
Edith le regarda en larmes et desserra sa main libre, dévoilant une cigarette intact.
Les yeux perdus du moldu s'illuminèrent alors et le plus beau des sourires étira son visage.
– Tenez, j'ai un briquet.
Amoureuse, la française le regarda sortir le dit objet et allumer l'objet de ses désirs. Tremblante, elle porta à ses lèvres sa cigarette et inspira sa première bouffée de nicotine. Le soulagement de cette molécule miracle la détendit aussitôt et elle sourit enfin. Se dégageant de l'étreinte du moldu, elle tituba jusqu'à la porte et sortit du bar, expirant la fumée tout comme de la buée. Pourquoi faisait-il aussi froid à Londres en Mars ? Même à Paris il faisait plus chaud. La capitale française lui paraissait pourtant avoir un temps glacial en comparaison aux hivers doux qu'elle avait toujours connus en Aveyron puis dans les Pyrénées Orientales durant ses années scolaires.
La porte s'ouvrit derrière elle et elle vit l'homme roux en sortir. Détendue, l'air frais la sortant quelque peu de son émotion violente, la jeune femme lui sourit et lui tendit la cigarette. Il en huma un peu puis la lui rendit. Ainsi, pendant de longues minutes, ils partagèrent celle-ci en admirant la lune. Il ne disait rien mais cela allait étrangement à la grande couturière. Elle aimait être entourée mais n'avait jamais pour autant détestée la solitude. C'était important pour elle de pouvoir faire ainsi le point sur soi, loin des bruits des foules.
Comme une adolescente, elle observa à la dérobée ce bel inconnu, se trouvant à rêvasser en le voyant cigarette en bouche, l'aspirant avec délicatesse.
–Voulez-vous venir chez moi ? demanda-t-elle impulsivement.
Le grand roux la regarda incertain, mais commença à la suivre lorsque, sourire taquin, elle commença à s'avancer dans la rue à reculons. Ne se quittant du regard, ils continuèrent cette drôle de marche jusqu'à ce qu'elle manque de tomber. Il la rattrapa juste à temps et elle en profita pour lui attraper la main.
Poussée par un désir de liberté, elle s'élança, le trainant derrière lui, les rues du Londres endormi défilant sous ses pieds. Petite, elle aimait courir dans les grands jardins du domaine d'Aveyron, adolescente elle faisait partie de l'équipe d'athlétisme de Beauxbâtons. Courir avait toujours été une source de fuite pour elle, pourquoi ne s'était-elle plus élancée sans but dans une course folle depuis tant d'années ? Elle rit d'allégresse en sentant l'air frais gifler ses joues rosies, sourit à l'inconnu qu'elle continuait de trainer dans sa course impulsive. Celui-ci lui rendit un pâle sourire et Edith s'en détourna le rose aux joues pour des raisons bien différentes. Le charme du moldu était bien trop innocent pour elle, elle ne voulait pas le pervertir. Il ne fallait pas qu'elle pense à faire quoi que ce soit avec lui : mieux valait alors courir.
Elle continua de l'entrainer et bientôt ils arrivèrent au pont d'où on pouvait apercevoir le palais Buckingham ainsi que sa haute horloge : Big Ben. Pilant net, Edith l'admira comme chaque fois qu'elle passait devant et ferma les yeux, remerciant tous ceux qui avaient donné leur vie pour la plus belle des causes : la liberté.
Elle se retourna et croisa le regard océan du moldu posé sur elle. Il la dévisageait avec attention, quelque peu perdu, les joues rosies par leur course folle et froid. Sa respiration était lourde, sa poitrine se soulevait lentement. Edith se mordit la lèvre face à cette vision presque érotique du jeune homme, l'imaginant même respiration mais dans ses bras.
Edith, ne le pervertis pas, se rappela-t-elle.
Alors sans même réfléchir, pour calmer ses ardeurs, elle défit sa robe et sauta dans la Tamise. A peine fut-elle engloutie par l'eau qu'elle entendit un bruit mat à ses côtés : il avait lui aussi sauté. Folle de joie sans raison, elle émergea sa tête du fleuve et éclata de rire. L'eau glaciale lui rappelait les cours d'eau de Beauxbâtons, dans lesquels elle s'était bien souvent jetée par défis. Il y avait-il aussi des sirènes à Londres ? Sûrement pas.
– Vous n'allez pas bien ! s'écria l'inconnu avant de la rejoindre à la nage, une inquiétude profonde sur le visage.
La jeune femme ne voulait pas être réprimandée, cela faisait si longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi libre : l'alcool jouait sûrement pour beaucoup, mais toutes responsabilités semblaient s'être envolées. Elle fit quelques brasses et une fois à son niveau, l'attira à elle et l'embrassa.
C'était un baiser doux, si on pouvait même appeler cela un baiser : elle n'avait fait que poser ses lèvres sur les siennes. Pourtant, ce contact la retourna bien plus que tous les baisers qu'elle avait pu partager jusque-là. La douceur des lèvres de cet anglais... Elle rouvrit les yeux et lut dans son regard une confusion totale.
–Désolée, s'excusa-t-elle avec un petit sourire.
Puis elle rejoignit la berge à la nage, lui sur ses talons. En se hissant sur la terre ferme, la sorcière grelotta et se rendit compte qu'elle avait abandonné son manteau et sa robe sur le pont : elle était en simples sous-vêtements.
Son inconnu se hissa lui aussi et elle admira l'eau goutter de ses cheveux de feu, sa chemise trempée dévoilant une musculature que beaucoup envierait. Lorsqu'il se releva, il essora sa crinière puis la rejeta en arrière, laissant Edith sous le charme. Mince, cet homme n'était pas seulement beau avec un petit air innocent, il était en plus de cela l'image même de la tentation.
En la voyant ainsi peu vêtue, il rougit brusquement et se retourna précipitamment, comme si cela allait changer la situation. Il resta ainsi quelques instants, puis fit passer sa chemise par-dessus ses épaules. Il l'essora puis, tout en se cachant les yeux, la lui tendit.
– Mettez ça, je vais chercher vos vêtements.
Edith ne put qu'acquiescer, le souffle coupé par ce tronc dévoilé. Lorsqu'il commença à courir vers le pont, elle put voir la lumière des lampadaires jouer sur ses muscles dorsaux.
Tentant de calmer ses battements de cœur, la jeune femme se força à calmer sa respiration, luttant par ailleurs contre le froid. Quelle idée avait-elle eu de se jeter dans la Tamise par un froid pareil ? Elle enfila le vêtement prêté et rougit en voyant que ça lui en faisait une robe. Elle avait bien vu qu'il était grand lorsqu'elle s'était retrouvée logée dans ses bras, dans le bar. Toutefois, porter un de ses hauts rendait la situation bien plus concrète.
Le rouge aux joues, elle se retrouva à humer son odeur une nouvelle fois, sous le charme de ce parfum indescriptible. Elle qui pouvait décrire n'importe quelle coupe de vêtement, elle était incapable de poser le moindre mot sur cet arôme masculin : elle savait juste qu'elle n'avait jamais autant aimé une odeur.
Le grand roux revint et lui posa galamment sa robe sur son propre manteau afin de ne pas la salir.
–C'est une pièce de haute couture, je ne peux pas la mettre dans cet état. Il faut que je me douche d'abord, expliqua-t-elle dans sa langue maternelle.
Le moldu la regarda confus, le regard dérivant sur son corps comme si cela allait l'aider à la comprendre. Lorsqu'il se rendit compte qu'elle portait sa chemise, il se mit à rougir et Edith sut qu'elle ne pouvait plus lutter.
–Voulez-vous venir chez moi ? demanda-t-elle la voix légèrement tremblante.
Elle frissonna, l'eau de ses cheveux dégoulinant dans son cou, mais soutint ce regard saphir cherchant dans le sien une explication. Finalement, il expira et elle se rendit compte que tous deux étaient en apnée depuis tout ce temps.
– Je vous suis.
Un sourire aux lèvres, elle ramassa sa robe et lui tendit sa main. Il la regarda immobile un instant, puis lui prit son vêtement encombrant et attrapa cette main. Sa raison définitivement envolée, ne réfléchissant plus, la française l'entraina dans une dernière course folle avant de le faire monter chez elle. Là, il déposa sa robe et tous deux se regardèrent un long moment, nul n'osant briser le silence de l'autre. Les gouttelettes qui s'écoulaient le long de leurs membres les firent frissonner plus d'une fois, mais d'autres frissons parcouraient leur échines : ceux de l'appréhension mais aussi du désir.
Finalement, ce fut la française qui franchit le dernier pas les séparant. Elle se hissa sur la pointe des pieds, enroula ses bras autour de son cou et posa ses lèvres contre les siennes. Une de ses mains à lui trouva sa place dans le creux de ses reins, une autre sur sa hanche. Edith perdit les siennes dans sa couronne de feu, approfondissant leur baiser par la même occasion. Si ça avait été un doux baiser, le feu qui les consumait tous les deux avait laissé place à la passion, et sentant qu'il n'avait pas toute l'expérience qu'elle avait, elle le guida correctement le reste de la nuit.
Au petit matin, l'aube éclairant la pièce d'un rose tendre, Edith entrouvrit les yeux un bref instant et se retrouva dans un cou d'homme. Elle huma son odeur et retrouva le parfum de la veille. Au chaud dans ses bras, leurs jambes entrelacées, elle se rendormit, ayant l'impression d'avoir enfin trouvé sa place.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, il n'était plus là. Un froid glaça son échine lorsqu'elle se couvrit d'une simple couverture pour le chercher, mais elle ne trouva pas la moindre trace de son inconnu. Il s'était volatilisé, laissant derrière lui un vide froid dans la poitrine de la française. La tête légèrement tournante, elle en vint à se demander si elle n'en avait pas rêvé. Toutefois, en se regardant dans le miroir, les marques dans son cou lui prouvèrent le contraire. Les caressant avec douceur, elle sourit bêtement en se souvenant de la veille. Elle n'avait pas rêvé, elle avait vraiment rencontré un homme la faisant vibrer ainsi. Elle qui aimait la solitude, le silence de son appartement lui pesait soudain. Elle voulait réentendre sa voix.
La grande couturière se fit alors une promesse : elle allait le retrouver. Qu'importe le temps qu'il lui faudrait.
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