8 : Lucius Malefoy


Edith d'Aveyron se délecta de la surprise teintée de fureur et douleur illuminant l'océan du regard de l'auror. Elle avait touché sa corde sensible.

Il ouvrit sa bouche, un souffle s'en échappa, mais aucun son ne suivit. La française sourit et s'approcha du britannique, lui glissant quelques mots à l'oreille.

— Je pensais que vous pourriez vous connaitre, mais elle a démenti ma supposition, l'acheva-t-elle.

Et elle le dépassa, fière de l'avoir vu tressaillir. Au même instant, la porte d'entrée s'ouvrit et la clochette tintinnabula.

Edith d'Aveyron se tendit légèrement en se retrouvant face à un nouveau client, n'ayant pas la moindre idée de son nom, n'ayant pu le vérifier au préalable. Jurant intérieurement contre l'auror qui l'avait déstabilisée, elle ne parvint pas à reprendre son masque professionnel avant que le client ait effacé la distance les séparant. Heureusement, il ne parut nullement offensé de ne pas la voir lui proposer du thé, et se présenta après une inclination respectueuse.

— Mademoiselle d'Aveyron, ravi de faire votre connaissance, je suis Gideon Prewett.

— Enchantée Monsieur Prewett, que puis-je vous servir ? Thés, cafés... hasarda-t-elle tout en lui pointant un fauteuil.

— Je vous remercie, mais j'ai tant à faire, je viens seulement récupérer ma commande.

Edith garda son sourire professionnel, et acquiesça, le dirigeant vers une des deux pièces d'essayage. Toutefois, après avoir côtoyé tant de sorciers aristocrates, elle commençait à ne plus supporter leur ton présomptueux : qu'importe qu'ils restent polis, la condescendance de leurs airs mettait à mal sa patience.

— Très jolie boutique d'ailleurs, le thème doré rappelle l'or d'un certain oiseau... murmura-t-il pour lui-même, mais assez fort pour qu'elle l'entende.

— Je vous remercie, dit-elle un instant surprise avant de comprendre.

Elle se détendit enfin à présent qu'elle savait enfin qui il était.

C'était un membre de l'Ordre du phénix. Toute trace d'animosité s'envola.

— Je vous laisse vous installer dans cette pièce, je reviens avec votre commande.

Et tandis qu'il obéissait, elle fila dans l'arrière-boutique, ignorant royalement Darron Shepherd qui était resté simple spectateur. Elle ressortit aussitôt avec une robe sorcière qu'elle emmena au résistant.

Tandis qu'il l'essayait derrière le paravent, la française ferma la porte en méprisant du regard l'auror chargé de sa surveillance. Elle jeta un sort inaudible pour qu'il ne puisse pas entendre leur conversation, puis sourit en voyant le résistant sortir vêtu correctement.

— Vous ressemblez enfin à quelque chose, si je puis me permettre, lui avoua-t-elle malicieusement.

— Je suis censé vous remercier ? rit le grand roux avec sincérité.

Edith le rejoignit dans son hilarité, heureuse de pouvoir enfin discuter librement avec un égal. Si elle se méfiait toujours des aurors britanniques, elle se sentait mieux avec les résistants : ils ne combattaient pas par obligation, contrairement aux aurors dont s'était leur métier, mais le faisaient par devoir : si par malheur, le gouvernement passait aux mains d'un despote, les résistants continueraient de lutter, contrairement aux aurors qui peut être se contenteraient d'obéir aux nouveaux ordres. Elle ne pouvait imaginer un résistant prêt à mettre sa vie en danger collaborer avec l'ennemi.

— Maintenant que j'ai votre approbation, se reprit-t-il avant de s'arrêter un instant. L'ai-je d'ailleurs ? Je vous avoue que je trouve vos tenues splendides, mais je n'ai aucune idée du rendu sur moi. Vous approuvez ?

— Bien sûr, Monsieur Prewet, vous le portez très bien. Mais pour tout vous avouer, vous n'avez même pas besoin de me poser cette question, n'importe laquelle de mes pièces sublimera quiconque, c'est un fait.

—Vous paraissez bien sûr de vous, mais en voyant le fruit de vos travaux, je ne peux que m'incliner, rit le résistant. Soit, si vous me donnez votre approbation, je vais bien prendre cette robe. Par ailleurs, j'ai une connaissance qui m'a dit compter venir dans votre boutique pour s'habiller. Je sais que ça n'entre pas dans vos services, mais pourriez-vous lui donner cela pour moi ? lui demanda-t-il en lui tendant une enveloppe scellée. Le nom est à l'envers.

— Bien sûr, je peux le faire, approuva-elle tristement en prenant la missive et la rangeant dans une poche dissimulée dans sa jupe.

Après cela, elle sortit sa baguette.

— Faites ce que vous avez à faire, ne vous inquiétez pas pour moi, sourit-t-il gentiment.

Elle hocha la tête, et la gorge serrée, prononça l'incantation.

— Oubliettes.

Un instant, l'homme bredouilla, les yeux dans le vague. Edith d'Aveyron se sentit coupable d'un crime qui n'en était pourtant plus un en temps de guerrre : elle venait de voler des souvenirs de cet homme. L'entrevu qu'il avait eu avec l'ancien passeur, le fait qu'il ait lui-même pris les souvenirs de celui-ci, puis chaque instant lié à la missive jusqu'à le lui avoir donné, tout lui avait été pris. Il ne garderait de leur entrevue qu'elle lui expliquant à quel point ses créations étaient parfaites : si il tombait dans les mains de l'ennemi et qu'on venait à fouiller son esprit, personne ne saurait qu'IllumisMoa permettait à la Résistance de s'accorder, ni que Edith d'Aveyron y prenait part. On ne verra d'elle qu'une modiste particulièrement fière de ses créations et un temps peu présomptueuse : rien dont on n'ait à se soucier. C'était ainsi qu'on sécurisait sa boutique, elle qui voyait passer tant de missives.

— Voulez-vous garder la robe sur vous, Monsieur Prewet ? demanda-t-elle comme si de rien n'était. Ou souhaitez-vous que je vous l'emballe ?

— Je vais la garder sur moi, répondit-il moins chaleureusement à présent qu'il ne voyait plus qu'une modiste et non une résistante devant lui.

Toujours touchée malgré l'habitude, Edith d'Aveyron sourit toutefois professionnellement.

— Voulez-vous que je vous envoie par hibou votre ancienne robe ?

Le client acquiesça et elle le guida vers le comptoir. Elle réexpliqua alors au grand roux les nombreux sorts protégeant le vêtement, dont le charme de bouclier, protégeant donc le propriétaire de tout sort visant la robe. Elle nota l'adresse du sorcier, puis le raccompagnant à la porte, lui souhaitant une belle journée.

Une fois de nouveau seule, elle souffla légèrement, avant de sursauter bruyamment en sentant une ombre sur elle.

— Protego, se protégea aussitôt Darron Shepherd alors qu'elle formulait un stupéfix.

Le sortilège de la française rebondit sur le charme du bouclier et lui fut renvoyée : figée par magie, elle tomba en arrière, incapable de faire le moindre mouvement pour se rattraper. Elle vit le plafond de sa boutique défiler sous ses yeux, et pria pour qu'elle atterrisse sur le tapis pour amortir sa chute, et non le parquet : la médecine magique avait beau être des plus avancées, un traumatisme crânien restait à ce jour le type de dommage qu'on ne pouvait pas guérir.

Une main rattrapa la sienne, et par la traction produite, elle fut ramenée violement les pieds au sol, s'écrasant contre le corps de l'auror. Il tituba, mais parvint à garder son équilibre, la sorcière toujours figée dans ses bras.

Le cœur battant, Edith sentit celui du britannique battre tout aussi vite, et se maudit d'aimer être ainsi contre lui, le front au creux de sa gorge, la main de l'auror retenant sa taille pour ne pas qu'elle rebascule. Le cœur a ses raisons que la raison ignore, disait Blaise Pascal. C'était bien le cas de le dire, n'importe qui d'un tant soit peu raisonnable s'écarterait de ce potentiel mangemort. Pourtant elle s'en sentait incapable : elle avait besoin de ressentir la force de cet homme l'enlaçant ou encore son souffle caressant ses cheveux. Ainsi, toutes ses peurs semblaient s'envoler : il n'y avait plus de seigneur des ténèbres, plus de fous à traquer, plus de potentiels taupes dont il fallait se méfier ; ce n'était qu'elle et son non moldu, ainsi que leurs souvenirs passés.

Non, je ne peux pas bouger parce que je suis sous l'emprise d'un sortilège, se convainquit-elle.

Elle avait lancé le sortilège de stupéfix par réflexe, sort visant à figer la personne. Malheureusement, le charme de bouclier qu'avait lancé l'auror lui avait renvoyé son propre sortilège, d'où son incapacité à se défaire de ses bras. Elle était quelqu'un de raisonnable, libre de ses mouvements, ça ferait longtemps qu'elle se serait défait de son étreinte !

— Enervatum... souffla dans ses cheveux le britannique, la délivrant du sortilège.

Il la serra heureusement encore plus fort, alors qu'elle se défigeait, ses muscles la lâchant un court instant après cette tension permanente.

Je ne suis donc pas quelqu'un de raisonnable, se moqua-t-elle d'elle-même, alors qu'elle restait dans ses bras, incapable de se défaire de son soutien.

Elle se souvint d'elle-même plus jeune, assurant que l'amour n'était qu'une construction sociale, que la quête de chaque être humain était de trouver le bonheur, et si par cela, côtoyer quelqu'un nous rendait heureux, on le faisait. L'amour n'était pas une finalité pour elle, mais un simple moyen, une utilisation de l'autre avant de s'en lasser et de s'en détourner pour un autre.

La petite Edith d'Aveyron l'aurait incendiée si elle se voyait ainsi, plus vieille, et incapable de la moindre raison. Elle la traiterait de stupide femme donnant raison aux préjugés qui suivaient encore et toujours le genre féminin, celui du besoin impérieux d'aimer.

Aimer... mais à quoi je pense moi ? Je n'ai qu'une attraction physique pour lui !

Dégoutée de sa confusion, elle s'écarta brusquement de l'auror et le fusilla du regard, se défoulant sur lui.

— Eh ! l'interpella en français. Vous êtes là pour me « protéger », pas m'envoyer à l'hôpital Pasteur ! s'énerva-t-elle tant qu'elle oublia de parler anglais. Ne m'approchez pas, ne me parlez pas, ne me touchez pas ! Ne respirez même pas, vous polluez déjà mon espace vital !

Le grand roux ne dit mot, mais son attitude ne montrait en rien qu'il lui obéirait. Il avait à présent les bras croisés, le visage imperturbable, se contentant de la fixer du regard. Elle nota toutefois que sa mâchoire était contractée, il avait l'air de serrer les dents. Pour autant, il ne comptait pas se battre avec elle, à son plus grand regret.

S'il pouvait au moins tenter de s'expliquer, je pourrais continuer ! Mais là, je m'énerve simplement bêtement toute seule, sans que ça ne l'impacte en quoi que ce soit. J'ai juste l'air stupide, se désola-t-elle alors que l'agacement prenait le dessus.

Elle se retient de hurler de frustration et se détourna simplement de lui, lissant automatiquement sa robe et ses cheveux pour paraitre présentable au prochain client. Elle sentit toutefois le regard du britannique la transpercer et fut encore plus exaspérée, ne sachant si c'était lui ou elle-même qui l'insupportait.

La jeune modiste tenta de reprendre contenance en vérifiant le nom de ses prochains clients, s'assurant de ne pas être de nouveau si peu professionnelle, mais malgré cela, la bataille entre son cœur et sa raison ne cessa pas à un seul instant.

Lorsqu'elle partit accueillir sa prochaine cliente, elle ne put s'empêcher de se noyer un court instant dans l'océan des yeux du grand roux, et ne put contenir un frisson lorsqu'il lui empêcha un court instant de suivre sa cliente dans la salle d'essayage.

— Plus de silencio, lui dit-il simplement.

Elle aurait voulu protester, mais elle ne pouvait se permettre d'inquiéter sa cliente si celle-ci entendait l'auror parlait de protection. Il ne manquerait plus qu'une rumeur sur l'origine de celle-ci se propage chez les sorciers : elle ne souhaitait pas attirer l'attention ainsi. Les ragots la concernant, elle les maitrisait, et était souvent même à leurs origines : comme il était facile de contrôler l'avis de la population avec quelques simples informations croustillantes. Mais l'attaque des mangemorts ne pouvait en faire partie. L'image de la modiste devait rester aussi neutre que possible sur le plan politique.

Voilà comment elle avait laissé passer cette fois-là l'ordre de l'auror, et qu'à présent elle devait encore plus que jamais faire attention à ses paroles : ce n'était plus ses clients qu'il ne fallait pas brusquer, mais surtout l'homme du Ministère à qui il ne fallait pas donner de quoi enquêter.

Les heures puis bientôt les jours passèrent, et elle finit par s'habituer à ce froid qui régnait à présent dans sa boutique pourtant si chaleureuse autrefois. Ils s'ignoraient les deux, et il restait dans l'ombre pendant qu'elle brillait à la lumière. Quelques clientes le remarquèrent et, le rose aux joues, demandèrent à la modiste son identité. Mettant Darron devant le fait, elle leur confia qu'il était l'un de ses énièmes prétendants, et qu'ayant l'air d'avoir un cœur si fragile, elle n'osait pas l'évincer donc le laisser ainsi trainer dans ses pattes. Ce ragot ne pouvait lui faire de mal, aux yeux de tous, il ne serait qu'un parmi tant d'autres cœurs fragiles tombés sous le charme de la sorcière, quant à elle, il la montrait comme une femme sûre d'elle et charmante, ce qui ne pouvait être que bon pour les affaires.

Pourtant, l'auror ne semblait guère apprécier le rôle qu'elle lui avait prédéfini sans le consulter : dès que les clientes le regardaient en gloussant ou que des clients le jugeaient du regard, il semblait vouloir se faire tout petit, même disparaitre. Il avait d'ailleurs tendance à se mettre le plus loin possible de ces clients, ce qui arrangeait bien la modiste : plus il était loin, mieux elle se portait.

Elle en était même presque venue à oublier l'existence de l'auror lorsque Narcissa Malefoy revint dans sa boutique, au bras de son mari.

La grande blonde était toujours aussi impeccable dans sa tenue. A ses côtés, un homme à la chevelure blond platine se tenait tout aussi droit, ses yeux hautains jugeant la modiste tout entière.

Celle-ci se félicita d'avoir domptée ses longs cheveux châtains en un chignon travaillé, mettant en valeur son visage tout en lui donnant une prestance digne de son propre rang. Car elle sentait, en voyant cet homme, qu'elle n'allait pas simplement être Edith, mais l'héritière d'Aveyron.

Elle garda toutefois son professionnalisme, et sourit à sa cliente.

— Madame Malefoy, vous êtes toujours aussi resplendissante, la complimenta-t-elle avant de se tourner vers le sorcier. Monsieur Malefoy, son mari, je présume ?

Les narines du dit Malefoy frissonnèrent alors qu'elle le reléguait à la simple position social de mari et non d'homme. Dans une société patriarcale comme l'était celle sorcière, il semblait toujours normal de cataloguer une femme comme celle d'un autre, mais jamais un homme comme le mari d'une autre.

Qu'il redescende un peu sur terre, pensa-t-elle non sans garder son masque professionnel.

— Lord. Je suis Lord Lucius Malefoy, répliqua-t-il dans une colère froide.

— Oh, s'exclama-t-elle à la française. Vous avez le même nom que celui qui aurait demandé la main de la reine Elisabeth première ! Une histoire très drôle que nous avons vu en histoire de la magie, se délecta-t-elle en voyant le rouge monter aux oreilles au descendant de ce dit Lucius Malefoy.

— Ce n'est qu'une rumeur, siffla-t-il entre ses dents.

— Heureusement, vous imaginez un sorcier demander la main d'une moldue, qu'importe quel soit reine ? Quelle belle plaisanterie ! rit-elle.

Elle se nourrit de la fureur du blond platine, mais retrouva vite son professionnalisme en se tournant vers sa cliente.

— Je vous en prie, Lady Malefoy, suivez-moi. Votre robe vous attend dans la salle ronde. Quand à vous, Lord Malefoy, que puis-je vous offrir pour patienter ? l'interpella-t-elle. Du thé ? Du café ? Du chocolat ? hasarda-t-elle.

— Rien, je vous remercie, la coupa-t-il dans un sifflement méprisant.

Elle s'accorda de rouler des yeux une fois dos à lui, et regarda par automatisme vers le coin dans lequel se trouvait son non moldu. Elle fut étonnée de ne pas l'y voir. Fronçant les sourcils face à son absence -elle était sûre de l'avoir vu entrer dans la boutique ce matin-, elle retrouva son masque professionnel en dépassant l'encadrure de la salle ronde.

— Voulez-vous de l'aide, Lady Malefoy ?

Elle vint l'aider à enfiler la robe, noyant ses réflexions dans les tâches manuelles automatiques. Elle laissa la grande dame s'admirait et alla lui chercher dans la réserve un châle suite à sa demande.

Elle sursauta en y retrouvant l'auror, assis à même le sol, le regard dans le vide. S'en méfiant toujours, elle voulut l'ignorer. Mais son instinct maternel lui soufflait que le grand roux n'allait pas aussi bien qu'il souhaiterait le montrer.

— Tout va bien ? brisa-t-elle le silence.

Il sursauta comme émergeant de souvenirs lointains et lui jeta un regard ennuyé.

— Allez donc retrouver votre cliente, grogna-t-il.

— Qui, Narcissa Malefoy ?

Elle le vit alors se crisper tout entier, et s'en voulut pour la première fois. Cela avait l'air d'être une plaie réellement profonde et elle ne cessait dernièrement de remuer un couteau dedans.

— Son mari est un sombre crétin, tenta-t-elle de changer de sujet comme si cela allait l'aider. A péter plus haut que son cul, grogna-t-elle en français. Dommage pour lui, à vouloir péter plus haut que son cul, il n'a qu'une tête de constipé.

Un hoquet souleva le corps de l'auror, et elle crut un instant l'avoir fait rire. Mais très vite, elle se souvint de la menace qu'il était et elle ressortit de l'arrière-boutique le cœur battant. Elle allait finir par avoir des problèmes cardiaques à force d'être soumise à de si grands stress, se convainquit-elle.

— Toujours pas de thé et biscuits, Lord Malefoy ? l'interpella-t-elle.

Il nia toujours aussi agacé, mais Edith d'Aveyron se figea, en voyant qu'il se tenait à côté de son livre dans lequel elle notait tous ses rendez-vous avec des clients. Elle l'avait laissé sans faire exprès sur le comptoir, mais elle était sûre de l'avoir laissé ouvert. Il était à présent fermé, comme si par réflexe, on avait voulu se déresponsabiliser de toute recherche.

— Je peux vous aider en quoi que ce soit alors ? hasarda-t-elle quelque peu déstabilisée.

Mince, devait-elle lui jeter un sortilège d'oubliette ? Il avait peut être vu ses clients. Ce n'était en apparence pas bien grave, mais l'aura malveillante de l'homme ne lui inspirait pas la moindre confiance. Si on lui disait qu'il était mangemort, elle n'en serait pas le moins du monde étonné. Or un mangemort ne pouvait avoir accès aux noms de ses clients, alors que tant de résistants y figuraient.

Elle croisa alors son regard, et y vit de la cruauté. Lorsqu'il lui répondit, elle n'entendit pas les mots prononcés, mais une phrase entendue la nuit de l'attaque : aussi gros qu'un porc, il serait mieux rôti. C'était l'exacte même ton dédaigneux et moqueur.

Elle manqua trébucher en faisant le rapprochement. Cette nuit-là... Elle l'avait écarté de ses souvenirs... Mais il y avait eu un grand homme aux cheveux blonds.

Elle tenta de se concentrer, mais son inconscient bloquait le reste de ses souvenirs. Elle n'arrivait pas à bien se rappeler. Toutefois, elle était sûre d'y avoir entendu ce ton trainant et méprisant.

Oubliettes, lança-t-elle sans prononcer le moindre sort.

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