37 : Je ne suis pas... ça
— Tiens, lui tendit Albert un papier à grain satiné.
Curieuse, Edith le prit délicatement. Son cœur rata un battement en découvrant la scène peinte par son grand-père de cœur. L'aquarelle immortalisait le bal populaire, où danseurs virevoltaient au gré de la musique. Mais ils ne servaient que de décor puisque leurs ombres mettaient en lumière un couple au centre de ce bal : Darron et elle-même. Bien loin des esquisses des autres parisiens, Albert les avait immortalisés dans leurs détails : les quelques taches de rousseur sur le nez de l'Auror, la densité de ses boucles mais surtout l'intensité de son regard. Sur cet aquarelle, elle et le grand roux valsaient comme s'ils étaient seuls. Elle était de dos. Et lui la regardait tel le plus précieux trésor. La douceur de son expression facial contrastait avec le masque froid qu'il revêtait bien trop souvent pour se protéger. Edith sentit son cœur s'accélérer en se perdant dans ses prunelles bleues. L'avait-il réellement regardé ainsi ? Comme si elle était la huitième merveille du monde ? Si une part d'elle trépignait à cette idée, une autre s'en inquiétait. Elle ne lui convenait pas, elle le blesserait forcément. Elle n'était pas intéressée, elle...
Edith cligna des yeux, surprise. L'aquarelle semblait prendre vie, les formes s'étirant et les couleurs se mélangeant. Elle et Darron semblèrent virevolter sur la papier, il la fit tourner sur elle-même avant de réceptionner sa taille dans sa main et de la ramener à lui. L'aquarelle se figea à nouveau. Mais à présent, Darron était de dos. Elle, de face. Edith se figea. Elle reconnaissait ses traits, sa tenue, sa posture. Mais l'expression de son visage lui était inconnue. Ce n'était pas le visage noble, ni le sourire agréable qu'elle travaillait devant le miroir. Non, elle rayonnait. Elle était accrochée au cou de l'Auror, riant gorge déployée. Ses joues étaient légèrement rosées. Était-ce dû à la caresse du froid ou à l'étreinte de son non moldu ? La réponse importait peu puisque le plus inquiétant restait ses yeux. Plantés sur le visage de l'Auror, elle semblait le dévorer du regard. En somme, l'aquarelle renvoyait l'image d'une femme amoureuse.
Je ne suis pas... ça, tenta-t-elle de se convaincre.
Obsédée par sa voix, son parfum, son regard, son sourire, ses joues rouges, ses oreilles roses, ses boucles de feu dans lesquelles elle voulait perdre ses doigt et les tirer pour avoir accès à son cou et dévorer chaque parcelle de sa peau... Ça, oui.
Désireuse de panser toutes ses blessures, d'embrasser chacun de ses doutes pour qu'il prenne enfin conscience de son courage, de sa loyauté, de la beauté de son âme... Cela aussi !
Se languir de son attention, de ses petites gestes, de ses bras et de ses lèvres... évidemment.
Mais amoureuse ?
La sorcière chercha le vrai Darron du regard. Celui-ci avait lui aussi reçu une aquarelle de la part du peintre. Il la regardait avec mélancolie, un air défaitiste sur le visage. Était-ce la même scène peinte ? Ou une autre ? Quelle image pouvait le priver ainsi de sa lumière ?
Narcissa...
Mais c'était impossible, Albert de ne la connaissait pas. Il ne pouvait pas la lui avoir peint... Voilà qu'Edith espérait qu'il l'ait peinte, elle. Que Darron garde un souvenir de ce bal improvisé et non celui de ce monstre aux cheveux dorées...
La femme de Malefoy lui avait pourtant paru respectable la première fois qu'elle l'avait vue. Certes, elle était légèrement hautaine , mais Edith ne l'était pas elle-même ? Ne leur avait-on pas inculpé dès leur plus tendre enfance ce port altier et ces convenances strictes ?
Mais lorsque l'Auror lui avait laissé accès à ses souvenirs le soir de l'attaque pour lui prouver qu'il n'était pas un Mangemort et qu'elle avait aperçu des brides de souvenirs ... elle était tombée des nues. Cette femme avait détruit l'estime d'un adolescent et l'avait laissé à la torture sans état d'âme. Quel monstre était-elle ? Et pourquoi Darron pensait encore à elle ? Edith supposait que son moment d'égarement plus tôt alors qu'il dansait avec une femme blonde était lié à Narcissa. Même dans un environnement chaleureux, elle continuait de le hanter.
La vision de toutes ces femmes ayant défilé dans les bras de l'Ecossais lui revint. Edith sentit son sang bouillir. Elle l'avait invité à danser et il avait refusé. Il avait promis qu'il la surveillerait, qu'il n'aurait de yeux que pour elle ! Mais au bout de plusieurs danses, alors qu'elle l'avait cherché, il n'était plus là. Inquiète, elle avait même arrêté de danser et l'avait retrouvé dans les bras d'une autre, tout sourire, pas le moins du monde intéressé par la sorcière . Sa partenaire avait croisé le regard de la sang pur, y avait forcément lu son envie. Et pourtant elle s'était accrochée au cou de l'Auror et l'avait séduit devant ses yeux ! Et lui, innocent, il n'avait rien vu ! La jalousie avait incendié le cœur de la sorcière en voyant ses mains sur d'autres tailles, ses sourires à d'autres femmes, lui qui lui avait tout refusé... Mais en le voyant rire avec insouciance, elle avait fini par se calmer et par se contenter de l'observer de loin, de respecter qu'il soit heureux loin d'elle... Mais lorsque cette pimbêche blonde lui avait mis le grappin dessus, elle ne l'avait plus supporté ! Non seulement elle lui rappelait de mauvais souvenirs, en plus elle s'en fichait et préférait profiter de sa faiblesse pour se coller à lui ! Mais avant qu'Edith n'ait pu intervenir, Darron s'en était déjà détaché et avait rejoint le bar. Inconsciemment, les pas d'Edith l'y avait dirigée. Mais en notant son regard dans le vide, elle s'était arrêtée à une dizaine de mètres. Elle voulait respecter son espace vital. Mais lorsque ces jeunettes de parisiennes avaient commencé à piailler, Edith s'était enflammée et elle l'avait rejoint. Puis ils avaient dansé et la magie s'était exercée.
Edith sentit son cœur battre de manière anarchique en repensant à leur slow, collés l'un à l'autre, son souffle dans ses cheveux, ses mains sur son corps.
Était-ce ça l'amour ? Une envie de protéger son homme de toute douleur et de le garder pour elle seule ?
Merde, je crois que oui... Moi, amoureuse, qui l'aurait crue ? se rendit compte la sorcière avec appréhension.
Elle allait tomber sacrément de haut lorsqu'il ne serait plus à ses côtés. Mais si elle arrivait à le garder auprès d'elle... Mais comment faire ?
Elle se reperdit dans la contemplation de l'Auror, qui regardait une nouvelle aquarelle, le rose aux joues. Une nouvelle aquarelle ? Pourquoi en avait-il deux ?
— Albert ! s'offusqua-t-elle avant de baisser la voix. Pourquoi je n'en ai qu'une, moi ?
— C'est une discussion entre lui et moi, sourit malicieusement le vieil homme.
Edith fit une petit moue pour la forme, le regard de nouveau tourné vers son non moldu qui n'arrivait pas à quitter des yeux l'aquarelle. Elle était curieuse à présent. Quel était l'objet de leur discussion et que représentaient ces aquarelles ?
Sachant qu'elle n'aurait pas la réponse, elle se retourna vers le peintre. Celui-ci la regardait avec malice, comme s'il était parfaitement conscient de son émoi. Après tout, n'était-ce pas son aquarelle qui lui avait fait ouvrir les yeux ? Mais d'ailleurs, comment l'aquarelle avait-elle ainsi pu se métamorphoser ? Edith jeta un coup d'œil à l'esquisse qui avait retrouvé sa première version, avec le regard de l'Auror sur elle. Avait-elle rêvé ? Elle s'était vue à l'instant !
Le peintre sifflota joyeusement, lavant ses pinceaux et commençant à les ranger. L'un d'eux attira l'attention d'Edith. Il ne ressemblait pas aux autres : il semblait taillé dans de l'ébène, de fines veines courraient tout le long. Loin des autres manches lisses et homogènes, celui-là ressemblait à une fine branche légèrement retravaillée... comme une baguette.
Perdue, Edith perdit sa main dans sa poche pour tâter la sienne. Sa théorie se confirmait : les mêmes imperfections couraient le long de sa propre baguette magique.
— Albert... murmura-t-elle, n'osant y croire. Tu...
Comment pouvait-elle formuler cela à voix haute ? S'il était un simple moldu comme elle l'avait pensait, il la prendrait pour une folle !
— Tes aquarelles sont... magiques, accentua-t-elle le dernier mot.
Le vieil homme releva enfin la tête de sa tâche et ricana.
— Deux ans que tu as vécu avec moi, gamine, et c'est maintenant que tu comprends.
Le choc coupa le souffle à la sorcière. Albert était un sorcier ? Comment était-ce possible ? Elle ne l'avait jamais vu faire preuve de la moindre magie, il ne lui avait jamais parlé de leur monde !
— Mais... comment...
— Aide-moi à ramener tout ça chez moi, gamine, et je t'explique tout.
Edith acquiesça vivement et l'aida à remballer ses affaires.
— Il ne faut pas tarder, lui rappela Darron qui était enfin sorti de sa contemplation, Philipe...
— Phil attendra ! le coupa-t-elle.
Puis en se rendant compte de son ton sec, elle se rapprocha de lui et lui murmura :
— Albert est un sorcier !
L'Ecossais écarquilla des yeux. Il regarda à son tour le vieil homme au béret qui finissait de plier son chevalet. Sous ses ordres, les deux sorciers portèrent ses affaires jusqu'à chez lui, un appartement sous les combles. Nostalgique, Edith retourna dans son ancienne chambre. Comme le temps avait filé en cinq ans... Mais bien vite elle s'assit à table et confronta son grand-père de cœur. Loin d'être pressé, il remplit sa pipe et inspira quelques bouffées.
— Sit, boy, ordonna-t-il à Darron encore en retrait.
Ce dernier obéit et ils écoutèrent respectueusement l'histoire du peintre.
— Je n'avais aucune idée de l'existence de la magie, petit. A mes 11 ans, donc en 1911, un homme a sonné à notre appartement : il prétendait être un sorcier. Mes parents l'ont pris pour un fou, ils lui ont fermé la porte au nez. Mais pour prouver ses dires, l'inconnu l'a ouverte par magie, a même fait apparaître une lettre devant nos yeux. C'est ainsi que je me suis retrouvé embarqué pour Beauxbâtons, entouré d'inconnus. C'était plus de l'enlèvement qu'autre chose, le sorcier a dû jeter un sortilège de confusion à mes parents pour qu'ils me laissent partir. Et moi j'étais trop effrayé pour faire quoi que ce soit. Je me suis donc retrouvé propulsé dans ce monde de magie. Mais l'époque était bien différente. Lorsque je suis arrivé, sang-purs et né-moldus n'étaient pas mélangés. On avait des dortoirs différents, des classes par niveaux. Beaucoup d'enfants de sorciers nous prenaient de haut, on ne cherchait donc pas à s'intégrer. Nous vivions comme des parias dans cette société qui nous tolérait de loin. On nous expliquait en cours que l'école était obligatoire pour tous les sorciers, quels que soit leur origine, pour éviter qu'en cas de nouvelle chasse aux sorcières les né-moldus se fassent tuer. Mais la ségrégation était telle que presque toute la promo de né-moldus arrêtaient leurs études après le diplôme obligatoire de quatrième année : avec ça, on savait maitriser les sortilèges de base, on nous avait bien inculpé la doctrine de la supériorité sorcière et bien rappelé l'importance de dissimuler notre existence aux moldus. Mais ça ne nous permettait certainement pas de rejoindre la société sorcière. Bien que je n'en avais pas la moindre envie.
Il reprit sa respiration et inspira plusieurs bouffées de tabac. Edith resta muette, sous le choc. Elle n'avait jamais imaginé que cette ségrégation sorcier-moldu française soit si récente. Qu'aux siècles derniers il y en ait eu... mais en 1910 ? Quand ses grands-parents étaient à Beauxbatôns ?
— J'ai eu mon diplôme en 1914, quand la Grand guerre a débuté. J'ai retrouvé ma famille à Paris, j'ai aidé au mieux ma mère tandis que mon père était au front. Qu'est-ce que j'étais en colère contre les sorciers qui n'ont pas levé leur baguette pour protéger leur nation ! Mais qu'importe. En 1917, je me suis enrôlé dans l'armée. Dû à mon jeune âge, je n'étais pas dans les tranchées, mais je servais de messagers. J'ai vu des horreurs, des hommes défigurés, amputés, des vies gâchées et perdues. Puis la guerre s'est terminée. On se promettait que ça n'arriverait plus jamais. Et voilà qu'Hitler pointait le bout de son nez. En 1939, j'ai combattu cette fois-ci, mais la guerre s'est vite terminée. J'ai donc caché des juifs chez moi, tenté de travailler ma magie pour contribuer à l'effort de résistance. Mais je n'avais que le niveau de base, je maitrisais très mal mon pouvoir. Je puise dans mes émotions quand j'y ai recours.
Il souffla quelques ronds de fumée puis se redressa sur son dossier, perdu.
— Excusez-moi, je me perds dans les méandres de mes souvenirs. En somme, je suis sorcier par mon don magique, mais je ne le suis que de nom. Dans les faits, je n'ai jamais adhéré à cette société parallèle et n'ai jamais cherché à la rejoindre. A mon époque, elle n'était pas faite pour nous. Mais je sais d'amis qu'elle a évolué, que tu y as contribué, Edith. La première fois que je t'ai vue, c'était à quelques rues d'ici, à Montmartre, alors que tu accordais une interview à des journalistes. En les voyant, j'ai tout de suite compris que c'étaient des sorciers, et par extension toi aussi. Tu étais toute jeune, mais déjà sûre de toi et vectrice de belles idées. Ça m'a étrangement réconforté. Je pensais que la société avait enfin muri. Mais quand mon ami m'a prêté le Sorcier Français, que j'ai lu l'article qu'un journaliste t'avait consacré, j'ai compris que tu avais compris que nous étions tous égaux, sorciers, moldus, français, allemands, mais pas encore ta société. Je me demandais ce que tu devenais. Puis je t'ai revue à Montmartre, petite serveuse. Je t'entendais à ta pause demander à une collègue si elle pouvait te loger. J'ai entendu ta détresse. Puis quand j'ai pris conscience de ta gentillesse, que tu m'as servie de modèle sans demander de contrepartie, que tu m'as aidé à ramener mes affaires chez moi... J'ai su qu'il te fallait juste un coup de pouce pour prendre ton envol et peut-être faire évoluer les choses. C'est pour ça que je t'ai hébergée.
Ayant fini son explication, il reprit ses ronds de fumée. Edith se passa une main sur le visage, comme pour émerger de sa stupeur. Elle ne savait même plus quoi penser : l'indignation, l'admiration, la compassion, la gratitude, tout se mêlait.
— Allez, gamine, mes vieux os ont besoin de dormir, se redressa le peintre. Va, vis ta vie, fous moi la paix.
— Albert ! Tu peux pas me chasser après ces révélations ! s'indigna Edith.
Mais son grand-père de cœur avait récupéré sa canne et lui tapait – doucement – sur les tibias. Darron était déjà debout, attendant ses ordres.
— Je dois y aller mais... je pourrais revenir ? demanda-t-elle hésitante.
Elle ne voulait pas embêter le vieil homme mais elle détestait les adieux, encore moins aussi brutaux.
— Ma porte t'est toujours ouverte, gamine. Allez, dégagez de ma maison.
Mais avant qu'il ne leur retape les tibias, il se figea un instant. Puis un sourire suspicieux étira ses lèvres.
— J'ai eu quelques fuites récemment, j'ai peur qu'une tuile soit tombée. Puisque vous transplanez, vous pouvez vérifier que tout est en place en haut avant de partir ? Pas besoin de me prévenir si tout va bien.
Edith fronça des sourcils mais tendit tout de même son bras vers Darron. Son grand-père de cœur souriait un peu trop pour ne pas avoir une idée derrière la tête. Mais elle pouvait bien vérifier l'état de sa toiture après tout ce qu'il avait fait pour elle.
— You'll see, it's très romantic ! prévint le vieux peintre au couple.
Edith voulut répondre, mais ils s'étaient déjà dématérialisés. Ils atterrirent sur le toit, Darron enroula aussitôt son bras autour de sa taille pour s'assurer qu'elle ne bascule pas. Loin de l'en empêcher, elle se laissa ramener contre son torse.
— Merci, souffla-t-elle en relevant son visage vers le sien.
Celui-ci acquiesça, vérifia sa stabilité puis s'écarta prudemment.
— Je vais vérifier la toiture, ne bougez pas.
La sorcière voulut le retenir mais déjà il se déplaçait précautionneusement sur les plaques d'ardoise. Il lança un lumos pour y voir dans la nuit. La Française assise le mata à la dérobée. Lorsqu'il commença à se rapprocher, elle dévia son regard vers les toits de Montmartre. D'ici, ils dominaient le Paris nocturne illuminé. Les cris des bars plus bas ne les atteignaient pas. Seule la brise rompait parfois le silence apaisant.
— Tout est en ordre, revint au rapport l'Auror.
— Asseyez-vous, l'encouragea Edith en tapotant une place à ses côtés.
Docilement, il la rejoignit et se perdit dans sa propre contemplation du Paris nocturne. Les minutes passèrent et chacun sombra dans ses réflexions. Machinalement, Edith invoqua une cigarette et commença à la consommer.
— Vous en voulez ? demanda-t-elle en la lui tendant.
— Non, merci. J'essaye d'arrêter.
— Tout à votre honneur, murmura la sorcière en reprenant sa consommation.
Elle savait que le tabac était mauvais pour la santé. Mais ce n'était que temporaire. Lorsqu'elle reprendrait son travail, elle arrêterait. En songeant à la reprise, sa respiration s'accéléra.
— Tout va bien ? s'inquiéta Darron.
Piégée, Edith se contenta d'hocher de la tête. Une fois son angoisse calmée, elle s'expliqua.
— Je pensais à ma prochaine reprise, à toutes les emmerdes que j'allais devoir gérer.
Le silence accueillit sa confession. Mal à l'aise, Edith se retourna vers l'Ecossais, cherchant son avis. Mais elle ne devinait que sa silhouette dans la nuit.
— Que prévoyez-vous de faire ? demanda-t-il finalement. Quand ?
Edith inspira une nouvelle bouffée de nicotine.
— Je ne sais pas. Je ne veux pas reprendre tout de suite. J'ai besoin de prendre du recul.
Quelques secondes qui parurent une éternité à la sorcière s'écoulèrent avant que Darron ne réponde.
— Vous ne voulez pas ou ne pouvez pas ?
Edith sourit, amusée. Il la comprenait bien mieux qu'elle-même.
— J'ai peur de replonger dans ce cauchemar... finit-elle par avouer.
La gorge nouée, elle n'arrivait même plus à finir sa cigarette. Sur les nerfs, elle l'éteignit et se laissa sombrer dans ses angoisses. Son cœur s'accéléra soudainement. Mais ce n'était pas dû à ses souvenirs. Darron venait de lui prendra la main. Sans rien dire, il lui caressa le pouce, les doigts entrelacées aux siens.
Edith se força à respirer. Elle laissa la chaleur de sa paume la réchauffer, sa caresse la faire frissonner. Elle ferma les yeux et laissa toutes ces sensations l'envahir, électriser chacune de ces cellules et réveiller ses couillons de papillons. A présent, elle n'en était plus effrayée. Elle trouvait presque agréable que ces misérables insectes valsent en elle. Elle les avait acceptés.
Les minutes lui offrirent le temps de réfléchir, de trouver une solution à son problème : s'assurer qu'elle ne fasse pas de crise face à ses clients. Or si elle revivait sans cesse les souvenirs de la nuit maudite... il suffisait de les oublier.
— Je peux vous emprunter votre pensine ? murmura-t-elle, se détestant d'interrompre ce moment.
La caresse sur son pouce s'interrompit, puis il retira sa main de la sienne quelques secondes après. Le froid transit la Française qui regrettait déjà son impulsivité. Mais si elle oubliait sa torture, qu'elle ne faisait plus de crises, elle pourrait enfin revivre. Sa survie devait passer avant ses pulsions romantiques.
— Prenez ma main, se positionna devant elle l'Auror.
La sorcière obéit et il la tracta vers lui. Légèrement déséquilibrée, et n'ayant pas la moindre envie de l'éviter, elle se rattrapa à son cou, son front contre son torse. Elle se laissa le droit d'inspirer une fois son odeur.
— Je... je vais nous transplaner, la prévint-il.
Edith acquiesça dans son cou, se collant à lui. Les bras autour de la taille de la Française, Darron les rematérialisa sur son pallier. Les deux restèrent un instant dans leur étreinte parfaitement accidentelle, puis se séparèrent simultanément. Se mordant la lèvre inférieure, Edith regarda avec tristesse l'Ecossais se détourner d'elle et lever les sortilèges protégeant son appartement. En silence, ils y entrèrent et il la mena à son bureau. Edith se remémora leur confrontation il y a un mois, lorsqu'il l'avait chassée après qu'elle ait découvert qu'il était un Serpentard. Elle qui prenait de haut l'organisation de Poudlard et ses quatre maisons, elle était tombée elle-même dans les clichés associés à celle-ci. Lamentable.
Darron sortit la pensine avec précaution, puis l'invita à s'approcher. Un peu tendue, la sorcière avança, sa baguette à la main.
Bonne année tout le monde ! Meilleurs vœux ! Sachez que dans mes bonnes résolutions de cette année 2025, j'ai décidé de finir ce roman (enfin me direz-vous !) J'aimerais le finir dans les deux prochains mois. On verra si je réussirai ce challenge !
En tout cas pour vous souhaiter la bonne année, je vous donne ce chapitre (bon on est le 2 Janvier mais il est minuit trente, c'est pareil XD). Comme dit plus haut, j'ai le prochain chapitre de prêt. Vous préférez l'avoir dans les prochains jours ou dans une semaine, pour me laisser le temps d'écrire la suite XD ?
Sinon qu'avez-vous pensé de l'histoire de notre cher Albert ? (personnage qui a vraiment pop up dans mes songes une nuit) Et de la petite prise de conscience d'Edith sur ses sentiments ? (moi obsédée par Darron, oui oui oui, mais amoureuse ? IM-PO-SSIBLE !)
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