31 : Vous allez goûter à de la vrai cuisine
Comme pour le quai 9 ¾, ils traversèrent la paroi de la falaise sans rencontrer la moindre résistance et débouchèrent dans une immense grotte souterraine. Elle ne pouvait être naturelle. Elle devait avoir été sculptée par magie. Elle s'élevait bien trop haut. Darron pouvait apercevoir des enfants volaient sur leurs balais, sous l'œil attentif de leurs parents. Par Merlin, il y avait des dizaines de sorciers ! Ils discutaient entre eux, leurs rires résonnant dans cette immense cavité. Du lierre habillait les parois, parsemées de fleurs argentées qui s'ouvraient pour chanter une douce mélodie. De la mousse tapissait les pierres glissantes. Un cours d'eau s'écoulait entre celles-ci, encerclant le restaurant. Ce dernier se trouvait au centre d'une petite île. L'ensemble de la caverne était éclairée par la mousse fluorescente des parois et par des lucioles... non, par des fées.
L'une d'elle s'approcha d'eux et se posa sur l'épaule d'Edith. Pas plus haute qu'un auriculaire, une lumière rose émanait de la petite créature volante. Elle ressemblait bien plus aux fées des contes moldus qu'à celles qu'il avait pu rencontrer en cours de défense. Elles ne devaient pas être de la même espèce.
Edith rit soudainement, la petite fée ayant dû lui murmurer quelque chose dans l'oreille. Darron ne put s'empêcher de sourire à son tour. La bonne humeur de cette femme était contagieuse.
Il hésita à se retourner pour englober la caverne toute entière du regard, mais il aurait dû pour cela lâcher la main de sa Française. Or il en était incapable. La chaleur de leur poigne, la douceur de sa peau, ses petits doigts entrelacés dans les siens... Il était égoïste. Elle ne devait pas savoir qu'en tant qu'élève à Poudlard, il avait l'habitude de foncer dans des murs pour rejoindre le quai 9 ¾. Elle avait dû le croire effrayé et lui avait tendu la main pour l'encourager. Il ne l'avait pas détrompée.
La petite fée s'envola de l'épaule d'Edith et se posa sur la tête de Darron. L'Auror tenta de la chasser avec sa main libre mais sa Française rattrapa cette dernière à temps, ramenant son poignet vers la terre. Menotté par la sorcière, il ne put faire grand-chose contre la créature magique qui semblait danser sur sa tête.
— Qu'est-ce qu'elle fait ? osa-t-il demander.
Les yeux rivés sur ses boucles rousses, Edith se mordit la lèvre comme toute réponse pour retenir un rire.
J'ai envie de l'embrasser, se maudit Darron en ne pouvant quitter sa bouche des yeux.
Seul le rire taquin de la sorcière le sortit de sa contemplation. Ses yeux noisettes toujours rivés sur ses cheveux, leur vision semblait la délectait. La fée virevolta devant Darron puis s'en alla plus loin.
— Je devrais peut-être m'en inspirer pour mon prochain défilé, murmura Edith sans quitter du regard le crâne de l'Auror. Quel dommage que ce soit celui d'automne et d'hiver et non celui de printemps...
Ne comprenant pas, le roux passa une main dans sa couronne de feu et butta sur un bouton soyeux. Il le décrocha, s'arrachant quelques cheveux, et ses yeux s'écarquillèrent en découvrant une fleur bleue.
— Qu'est-ce que...
Il se regarda dans le reflet de la petite rivière et murmura un juron. Voilà pourquoi la châtain était si amusée. La petite fée lui avait accroché des dizaines de fleurs dans les cheveux. On y retrouvait tous les tons de bleu.
Darron jura une nouvelle fois en tentant d'en décrocher une autre mais les racines de la fleur avaient été tressées à une de ses mèches.
— Laissez, je m'en occupe, se moqua gentiment Edith.
Elle put décrocher les plus basses assez rapidement, mais bien vite elle ne fut plus assez grande. Elle se mit sur la pointe des pieds mais les plus hautes fleurs restaient toujours hors de portée. L'Auror se pencha donc vers la sorcière. Nullement perturbée, elle démêla les racines des fleurs dans une caresse délicate. Darron avait lui du mal à se concentrer. Le parfum de lilas de sa Française et ses doigts dans ses cheveux... C'était une douce torture, un avant-goût de ce qu'il ne pourrait jamais connaître. Il ne pouvait que la désirer en silence. Mais il saurait s'en contenter. Du moins il l'espérait.
— J'ai presque fini, promit-elle.
Darron retint un soupire de déception, ayant voulu rester ainsi encore quelques temps ainsi. Edith se détacha et lui sourit.
— Ces fées ont beau être adorables d'apparence, elles ne restent pas moins de petites pestes, expliqua-t-elle. A Beauxbatôns, il y en a beaucoup. Il ne faut pas hésiter à les complimenter. Et il faut accepter son destin une fois qu'elles ont décidé quoi que ce soit. Elle m'a dit qu'elle vous trouvait trop froid, avec vos vêtements noirs. Elle voulait rajouter un peu de vie.
— Elle m'a surtout emmêlé les cheveux... maugréa Darron.
— Parce qu'ils étaient coiffés ? s'enquit Edith.
Insulté, l'Auror arrêta sa marche et analysa son visage. Elle le regardait avec de grands yeux innocents. Mais il commençait à lire en elle et il notait bien la légère plicature des commissures de ses lèvres. Elle se moquait de lui.
— Vous avez les cheveux raides, vous ne pouvez pas comprendre, tenta-t-il de défendre sa touffe. Les cheveux bouclés, c'est bien plus difficile à entretenir.
— C'est vrai... je pourrais faire une crème magique pour les démêler, réfléchit-elle en reprenant leur marche.
Devait-elle sans cesse penser à sa maison de couture et sa ligne de cosmétique ? C'était sûrement un honneur d'être sa muse, mais Darron préférait qu'elle se concentre sur lui.
— Vous voulez être mon cobaye ? demanda-t-elle subitement. Je testerai mes futures formules sur vos adorables boucles.
Darron faillit refuser pour conserver son honneur : il était un Auror, pas un rat de laboratoire. Puis, il se rendit compte que c'était une occasion pour qu'elle replonge ses doigts dans son cuir chevelu... et puis elle disait trouver ses boucles adorables...
— Contre cinq pour cent des recettes, plaisanta-t-il.
Mais il était si rouillé qu'elle le crut sérieux et commença à négocier.
— Contre un chèque !
— Je n'étais pas sérieux, bredouilla-t-il.
— Mais il vous faut quand même une compensation ! Imaginez que je vous brûle les cheveux !
— Ça... repousse, tenta-t-il de relativiser.
— Certes, mais c'est un échange de bons procédés, il faut un juste retour.
Elle le regarda de la tête aux pieds puis sourit.
— Je sais comment je vous rembourserai.
Puis elle ouvrit la porte du restaurant et l'entraina à l'intérieur. Rustique, le bâtiment semblait sortir du XVI siècle. A moins qu'il ne soit ici depuis tout ce temps. De nombreux clients étaient attablés à la lumière de bougies.
— Bienvenue à La Taverne des Merveill... Mademoiselle d'Aveyron, s'inclina respectueusement un serveur.
Edith s'inclina à son tour, glissant sa jambe droite derrière sa gauche et pliant le genoux. Tout en élégance, elle se releva.
— Nous aimerions une table pour deux, sourit-elle au serveur.
— Le plus loin des autwes clients, ordonna Darron en s'appliquant à bien prononcer. Comme là-bas.
Il désigna de la tête un petit salon, séparé de la grande pièce par un rideau. Lors de son inspection, il avait pu apercevoir des clients en sortir. La table devait être libre.
Voyant l'air étonné du serveur et la surprise d'Edith, il sortit son insigne d'Auror et aussitôt le serveur s'empressa de prévenir son collègue de préparer le salon.
— Nous aurions pu prendre une table ici... murmura la Française à Darron.
Mais celui-ci nia de la tête.
— Il y a trop de monde. Et je pense que vous serez plus à l'aise à l'abri des regards.
Edith ne put le détromper, mais tenta quand même de se défendre.
— Je ne sais pas ce que Philipe vous a dit, mais je suis sociable contrairement à ce qu'il a pu laisser entendre. Je peux très bien...
— Je n'en doute pas, Lady d'Aveyron, mais discuter et être espionné est bien différent, la rassura-t-il avec douceur.
Ils englobèrent la pièce du regard et la gorge de Darron se noua. Comme il l'avait déjà remarqué, de nombreuses têtes les suivaient du regard, les yeux braqués sur la Française, leurs bouches murmurant des rumeurs infondées. N'étant pas à l'aise lui-même, il vérifia l'état de la châtain. Elle s'était détournée d'eux, semblant leur préférer la décoration des lieux. Son regard suivait les scènes du mythe de l'enfance de Zeus, peintes aux murs.
Un nouveau serveur arriva et les emmena jusqu'à l'alcôve, refermant le rideau sur eux. Darron nota la présence d'une fenêtre, qu'il pourrait briser en cas de danger. Discrètement, il se téléporta deux centimètres plus loin. Il s'excusa aussitôt auprès du serveur surpris et rassura du regard sa Française. Il avait simplement vérifier qu'on puisse se téléporter en cas de danger. Certains bâtiments en étaient protégés, comme Poudlard, rendant toute fuite face à un danger impossible.
— Une envie particulière pour nourrir votre estomac affamé ? le taquina Edith en s'installant gracieusement.
— Je prendrai ce que vous prenez.
— Deux lottes à l'armoricaine s'il vous plaît, demande la Française au serveur. Ainsi qu'un Alsace Pinot Gris Blanc.
Lorsqu'il sortit, une lueur de malice éclaira ses yeux.
— Vous allez goûter à de la vrai cuisine.
Darron baissa la tête, les lèvres étirées en un rictus amusé. Elle n'avait pas oublié leur concours de gastronomie de la veille.
— Bien, Darron Shepherd, prononça-t-elle chaque syllabe distinctement, le menton pausé sur ses mains jointes.
L'Auror soutint son regard, se délectant du son de son prénom dans la gorge de sa Française.
— Parlons un peu de vous. Vous ne jouez pas de cornemuse, ni d'un autre instrument. Quelles sont donc vos passions ?
Des verres de vin se matérialisèrent devant eux, ainsi que la bouteille de vin blanc commandée, enchantée pour les resservir une fois leur verre vide.
— Je ne pense pas avoir de passion particulière... réfléchit Darron les yeux dans le liquide légèrement ambré.
— Que faites-vous de votre temps-libre ?
Le grand roux se tut, tentant en vain de lui répondre. Mais il se rendait compte qu'il n'avait plus de temps libre. Depuis la fin de sa scolarité, il s'était lancé dans ses études d'Auror. Dès qu'il avait un moment, il s'entraînait à parfaire ses sortilèges, ses réactions, sa condition physique, sa legilimencie... Puis une fois diplômé, il s'était lancé corps et âme dans son métier, ne prenant jamais de vacances, se proposant pour la paperasse, faisant tout pour ne pas se retrouver seul avec lui-même. Lorsqu'il rentrait chez lui, il mangeait puis s'endormait aussitôt. Quelques fois, il allait boire une bière avec ses collègues et alors il passait devant IllumisMoa, tentant en vain de se présenter à sa française. Depuis qu'il avait été assigné à sa surveillance... il s'était encore plus surmené pour fuir ses sentiments.
Mais comment pouvait-il lui dire ça ? Elle patientait toujours, le sondant de ses yeux noisette.
— Petit, je gardais les moutons et les chèvres, finit-il par déclarer. Mon père est berger, nous avons un troupeau. Ma mère utilise leur laine pour tisser des écharpes et pull en cachemire.
Avec appréhension, il se tut pour vérifier sa réaction. Ses yeux brillaient tandis que ses lèvres s'étiraient.
— D'où le nom. Shepherd. Berger. C'est drôle comme coïncidence.
— Parce que d'Aveyron a une origine ?
— C'est un département français. Il y a fort longtemps, les sorciers nobles faisaient partie de la cour du Roi de France. Mais avec la montée de l'influence de l'Eglise Catholique, la chasse aux sorcières, ils se sont retirés de la cour moldue et se sont fait oubliés. Mais mes ancêtres ont donc régné sur cette région à cette époque. D'où le nom.
Darron déglutit en se rendant compte de leur différence de statut social. Il avait bien compris qu'elle n'était pas n'importe qui, mais pas à ce point.
— Vous avez des frères, des sœurs ? tenta-t-elle de dégeler l'atmosphère.
— Fils unique.
— Moi aussi.
Darron prit une gorgée de vin, torturé par une pensée. Puisqu'elle était d'un tel statut, se pouvait-il que ses parents veuillent...
— Vos parents choisiront votre futur époux ? trouva-t-il le courage de demander.
Les yeux de la sorcière s'écarquillèrent avant d'éclater de rire.
— Non, la société a évolué. Mon père a épousé ma mère malgré les craintes de ses propres parents. Ma mère leur avait affirmé qu'elle n'arrêterait pas de travailler. Heureusement puisque c'est une alchimiste accomplie. Mais c'était difficile de l'accepter dans les années 50.
— Mais vous ne pouvez pas épouser n'importe qui...
Edith fronça des sourcils, ne comprenant pas.
— Vos parents doivent vouloir préserver votre lignée...
— Avoir un petit enfant ? Je suppose que oui, haussa-t-elle des épaules.
— Je voulais dire qu'ils ne voudraient pas de n'importe qui comme gendre...
— C'est sûr qu'ils ne voudront pas d'une ordure, mais tant que c'est un sorcier accompli... Oh, vous parliez d'épouser un moldu ? comprit-elle enfin. Leur réaction serait à coup sûre assez drôle, mais la question ne se pose pas. Ma vie m'appartient, j'épouserai qui je veux, si je choisis de me marier. C'est dur de confier son avenir à une autre personne, de le partager à deux. J'admire ceux qui ont ce courage. Faire des concessions... je ne pense pas être faite pour ça.
Darron finit son verre, ne sachant quoi lui répondre. Ces derniers mots résonnaient en lui douloureusement. Faire assez confiance pour confier son avenir à une personne... lui non plus ne pensait pas en être capable. Pourtant, il avait prononcé un Serment Inviolable pour la protéger. Qu'est-ce que cela signifiait ?
— Et vous, vos parents voudraient vous marier ?
— Ils veulent me voir heureux, souffla-t-il.
Aussitôt, il se mortifia, réalisant le double sens de ses propos. Ses parents ne lui souhaitaient que le plus pur bonheur, il le savait. Mais on pouvait aussi croire qu'il était malheureux. Ce n'était pas le cas, il allait mieux, il riait de nouveau... C'était bien la preuve qu'il était de nouveau heureux ?
Il leva les yeux vers la châtain qui le regardait avec tristesse. Son cœur se serra.
Les plats apparurent soudainement. La délicieuse odeur lui mit l'eau à la bouche et réveilla son estomac qui ne manqua pas se faire entendre. Certes gêné, il remercia cette intervention intestinale car elle chassa la pitié des yeux de sa Française.
— Bon appétit, lui sourit celle-ci.
Il répéta cette formule magique française, puis se lança dans la dégustation. Le poisson fondait sous son palais, la sauce tomate ajoutait une saveur unique. Il n'y avait pas comparaison, la gastronomie française méritait sa réputation.
Edith le regardait d'ailleurs avec fierté, victorieuse. Amusé par cet orgueil mal placé, il l'interrogea à son tour.
— Et vous, vos passions ?
— J'en ai beaucoup, avoua-t-elle entre deux bouchées. La mode évidemment. L'alchimie bien sûr. Mais j'apprécie aussi la pâtisserie, bien que je n'y excelle malheureusement pas. J'aime les ballades en pleine nature mais aussi les bals. Je peux inclure ceux sorciers, mais mes préférés restent les bals populaires des moldus. L'ambiance est indescriptible, avec tous leurs danseurs endiablés, l'atmosphère et leurs musiques. C'est bien plus vivant.
Et elle continua à énumérer ses différents intérêts, noyant l'Auror sous toutes ces informations. Il souriait, heureux de la voir si enthousiaste et si pleine de vie. Mais son cœur devenait de plus en plus lourd. Pourquoi lui était incapable d'apprécier ainsi les petites choses ? Il ne vivait plus, il ne faisait que survivre depuis toutes ces années.
— J'ai fait de la danse classique. Je voulais à tout prix en faire car j'étais amoureuse des costumes des danseuses. J'ai aussi fait de l'équitation. Mais mon sport préféré, je l'ai découvert à Beauxbâtons. Je ne sais pas comment fonctionne votre école sur ce point, mais nous avons des horaires dédiés au sport. Nous étions jeunes donc nous râlions beaucoup. Nous faisions assez de sport ne serait-ce que pour rejoindre le château et pour le traverser. Nos dortoirs se trouvent à une bonne dizaine de minutes des portes du château. C'est agréable puisque nous marchons au milieu de nos splendides jardins, mais c'est une autre histoire lorsque nous sommes en retard.
Légèrement perdue dans son récit, Edith s'arrêta un instant avant de reprendre.
— Oui, j'ai donc découvert l'athlétisme en deuxième année et j'ai décidé d'intégrer le club les années suivantes. C'est tellement libérateur comme sport, courir jusqu'à l'épuisement...
Elle releva les yeux vers lui et fit une moue en voyant son air sceptique .
— Vous ne pouvez pas comprendre, vous êtes un homme. Vous préférez la vitesse à l'endurance.
Puis elle se mordit la lèvre, fière d'elle. Mais Darron ne comprenait pas pourquoi. Qu'il y avait-il de drôle à préférer la vitesse ? En tant qu'Auror, il fallait attraper le criminel le plus rapidement possible, la vitesse était primordiale !
— Soit, si l'endurance ne trouve pas grâce à vos yeux, qu'est-ce que vous pratiquiez comme sport ?
— Quand j'étais jeune, je faisais du rugby, se rappela-t-il, un léger rictus sur les lèvres. C'est un sport très important pour les Ecossais. J'ai arrêté quand je suis entré à Poudlard. Nous avons des cours de balai en première année, mais rien d'autre. Ça ne m'a pas manqué puisque j'ai tout de suite accroché au balai, puis au Quidditch...
— Vous avez été gardien, non ? demanda-t-elle.
— Oui, sourit-il simplement.
Sa gorge se noua et il chassa la tristesse qui l'envahissait. Ce sport lui manquait tant. Pourtant il se sentait incapable de remonter sur un balai, pas après ce que Malefoy lui avait fait. Lors de son premier match en tant que capitaine, son balai s'était soudainement brisé. Il avait chuté d'une dizaine de mètres, perdant connaissance à l'impact avec le sol. Grâce à la magie et la patience de l'infirmière, il avait pu être sauvé. Mais jamais il n'oublierait le son du craquement de ses os.
Un mouvement l'interpella et il pointa aussitôt sa baguette vers l'intrus. Mais ce n'était que le serveur qui venait d'entrer. Terrorisé, il leva les mains en l'air. Aussitôt, Darron s'excusa et se rassit, sous le regard amusé de sa Française.
— Voulez-vous un dessert, un café ?
— Deux cafés serrés, s'il vous plaît, commanda Darron en français. Et l'addition.
Le serveur s'empressa de quitter la pièce. L'Auror le suivit du regard puis se retourna vers Edith qui souriait le regard dans le vide. Quand elle leva ses yeux vers lui, elle tenta de cacher son rictus en se pinçant les lèvres. Mais elle ne trompait personne.
— C'est votre accent, c'est mignon, se justifia-t-elle.
Darron sentit ses oreilles rougir.
— Sinon, comment saviez-vous que je voulais un café serré ?
— Je vous ai surveillée pendant un mois, j'ai eu le temps de le remarquer. Après le déjeuner, vous prenez votre café serré en feuilletant les catalogues de la concurrence.
Edith sourit, amusée. Les tasses apparurent.
— Je savais bien que vous me surveilliez, j'avais raison. Comme toujours, nota-t-elle.
Darron ne sut quoi répondre. En effet, il l'avait surveillée. S'il avait visualisé son souvenir plus tôt, il l'aurait directement protégée. Elle n'aurait jamais été torturée. Tout était de sa faute.
— Ce n'est pas une critique, j'aurais fait de même à votre place, s'empressa de le rassurer la couturière.
Mais le grand roux resta muet, incapable de la regarder dans les yeux. Il l'avait abandonnée. Il ne méritait pas sa gentillesse.
La sorcière finit son café puis se leva.
— Retournons sur la plage. Avec ce beau temps, c'est un gâchis de rester enfermés.
L'Auror acquiesça et il tira le rideau. Ils débouchèrent sur la pièce principale où des dizaines de tables entouraient un bar circulaire. Edith s'y dirigea et avant même qu'il ne puisse la devancer, paya leur repas.
— Pour pouvoir vous utiliser comme cobaye, lui rappela-t-elle.
Puis elle se tourna vers le serveur qui pianotait nerveusement sur le bar. Les joues légèrement roses, il semblait lutter contre lui-même.
— Je... est-ce que vous pourriez me signer un autographe ? risqua-t-il finalement.
Edith le regarda surprise, puis rit légèrement et acquiesça. Tout sourire, le serveur fit apparaitre une feuille et un stylo. Mais la Française avait déjà matérialisé sa propre plume, à l'encre bleu roi. Tandis qu'elle demandait son nom au serveur, Darron surveillait les autres clients. De nombreuses femmes semblaient hésiter à se présenter. Des jeunes hommes l'admiraient, certains murmurant à leurs collègues avoir trouvé leur femme idéal. Darron ne pouvait que les comprendre.
Sa française rayonnait. Sa robe lui serrait la taille dans un corset bleu pâle drapé d'un voile en tulle transparent recouvrant le haut de sa gorge et ses bras. Une volée d'oiseaux brodés parsemait le bustier jusqu'à la taille, descendant le long de sa jupe longue. Une parure d'argent habillait son cou. Ses cheveux étaient relevés en un chignon soigné, dans lequel une broche en argent était plantée. Quelques saphirs pendaient à son extrémité.
Vous auriez préféré que ce soit un saphir ?
Le grand roux cligna des yeux face à ce souvenir. Il y avait une dizaine de jours, Philipe Lebeau avait offert un collier avec une pierre d'ambre à sa Française, puis lui avait murmuré que c'était pour lui rappeler la couleur de ses yeux... Darron n'avait guère apprécier ce bijou. Et Edith lui avait cruellement demandé s'il aurait préféré un saphir, de la même couleur que ses yeux à lui.
Il se retrouva à sourire bêtement, ayant l'impression d'avoir gagné une bataille contre le prince charmant. Il avait remarqué que la grande couturière portait presque toujours du bleu. Il y avait donc bien plus de chance qu'elle s'apprête avec des saphirs qu'avec ce stupide collier.
Une enfant s'approcha et Darron se crispa. Mais Edith posa une main sur son avant-bras pour le rassurer puis s'agenouilla face à la petite.
— Bonjour Madame, est-ce que vous pourriez signer un notogaffe s'il vous plait ? C'est pour ma maman, précisa la fillette.
Sous le charme, la couturière accepta et signa le papier qu'elle lui tendait, puis fit apparaitre un foulard vert empire aux lys argentés qu'elle enroula autour du cou de la petite.
— C'est un cadeau, couvre-toi bien pour ne pas tomber malade.
— Merci Madame, répondit la petite avant de galoper vers sa mère, n'ayant pas conscience du prix de ce cadeau.
Face à sa gentillesse, les craintes tombèrent et de nombreuses femmes se levèrent pour aller à sa rencontrer, trop heureuses de remercier cette femme qui les habillait si bien.
Darron pensa à s'interposer mais, de nouveau, sa protégée le rassura. Il se contenta donc de surveiller les clients, vérifiant qu'aucune photographie n'était prise ni qu'on porte atteinte à l'intégrité physique de sa Française. Celle-ci souriait, entourée d'une vingtaine de femmes de tout âge, toutes excitées de lui parler. La châtain rosissait de plaisir en entendant leurs compliments et signa de nouveaux autographes.
— Où allez-vous faire votre prochain défilé, Lady d'Aveyron ? demanda une jeune femme, les yeux brillant.
— Quand retournez-vous en France ? Vos conseils nous manquent...
— Les collections anglaises sont-elles différentes des françaises ?
— Peut-on prendre rendez-vous à Londres ?
— Pourquoi avez-vous été attaquée par des Mangemorts ?
Qu'en avez-vous pensé ? ^^
Est-ce que l'épisode avec la fée est de trop ou c'est mignon ?
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