21 : Cauchemar

Un éclair vert fondit vers elle, puis la douleur la plus intense irradia chaque cellule de son corps. Livre tes souvenirs à Lord Voldemort, entendait-elle au loin. Non, je ne peux pas, il ne doit pas savoir... pleurait-elle en ne pouvant se protéger par un oubliette. Alors meurs, siffla la voix cauchemardesque.

Edith se réveilla en sursaut, les tempes pulsantes et son cœur palpitant dangereusement. Effrayée, elle observa son environnement et tenta de calmer sa respiration sifflante en se rendant compte qu'elle était chez elle, dans les bras de son non moldu.

Déglutissant, frissonnant encore de ce cauchemar qui l'avait poursuivie toute la nuit, la sorcière tenta de l'oublier en se concentrant sur l'auror endormi. Celui-ci n'avait pas bronché malgré l'agitation de la couturière. Sa respiration lente venait caresser le crâne d'Edith à chaque expiration. Cette dernière ne pouvait pas relever son visage vers le sien tant il la serrait contre lui. Elle ne pouvait qu'humer son parfum qu'aucun mot ne pouvait décrire.

Comment est-ce possible de sentir aussi bon ? désespéra-t-elle face à la douceur de cette odeur.

Elle, elle devait sentir le chacal tant elle avait transpiré cette nuit. La française n'osait même pas imaginer ce à quoi elle ressemblait : ses mèches devaient être luisantes de sueur, collées à son crâne sans la moindre forme.

Cette vision lui redonna un élan de volonté et elle tenta de sortir des bras de son non moldu. Mais à peine tenta-t-elle un mouvement qu'il grogna dans son sommeil et la serra encore plus fort contre lui.

Il dort vraiment ? Ou il fait semblant pour me garder près de lui ? se demanda-t-elle le rose sur les pommettes.

Elle avait bien simulé être tombée dans les bras de Morphée la vieille, près du lac. Elle n'en était pas fière, mais elle avait eu trop d'orgueil pour lui demander explicitement de rester auprès d'elle. C'était plus facile de s'endormir pour qu'il la ramène chez elle de lui-même. Son plan n'avait tout de même pas parfaitement fonctionné puisqu'il avait fallu qu'elle feigne l'apeurée lorsqu'elle avait senti qu'il comptait partir. Ça avait été un moment assez humiliant pour elle qui n'avait jamais hésité à demander clairement ce qu'elle désirait, mais il était resté près d'elle, le résultat était là.

Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, sourit-elle tendrement en l'observant, après avoir réussi à s'extirper de l'étreinte du grand roux.

Un mois de quiproquo leur avait empêchait de se retrouver. Elle était certes fautive : aucun élément l'ayant maintenue dans sa conviction qu'il était un mangemort n'était réellement une preuve assurée. Tout n'était que supposition et interprétation à double sens. Mais lui n'avait pas fait mieux ! Elle lui avait donné son réel souvenir, mais il avait préféré se convaincre qu'une personne faisant de la magie noire était forcément un être mauvais.

Edith se mordit la lèvre inférieure en se remémorant pourquoi il n'avait pas visionné ce souvenir. La veille, lorsqu'elle avait lu les pensées de l'auror, après qu'il lui ait assuré préférer se tuer que de servir le fou furieux, elle n'avait pas spécialement cherché à fouiller son esprit, elle avait seulement voulu comprendre comment les suppositions qu'elle avait conclu pouvaient être aussi erronées ! Mais un esprit est comme un tourbillon, on a beau tenter de suivre une ligne droite et rester dans le couloir des souvenirs autorisés, d'autres pensées balayent ce corridor et montrent d'autres réminiscences.

Sans le vouloir, elle avait été témoin de la torture de son non moldu en n'arrivant pas à visionner le souvenir de peur que ses espoirs soient réduits à néant. Elle avait assisté à l'harcèlement qu'il avait subi de la part de Lucius Malefoy et ses acolytes, avait halluciné en voyant Narcissa Black l'ignorait après quatre ans d'amitié.

Le pauvre a dû les revoir à cause de moi... s'en voulut-elle la gorge nouée, en caressant tendrement de la pulpe des doigts les mèches de feu de l'auror endormi.

Elle comprenait à présent pourquoi il s'était volatilisé lorsque ce couple de tortionnaires était entré dans sa boutique, pourquoi il était en pleurs... Et elle, elle l'avait humilié en le reniant car sang de bourbe, alors même qu'il était venu lui prêter main forte, vainquant sa terreur pour elle.

Plus personne ne te prendra de haut et ne te fera de mal, lui promit-elle silencieusement. J'arracherai la tête du premier qui oserait.

Elle n'était pas française pour rien. Les têtes coupées, son pays les connaissait bien.

Au-delà des souvenirs douloureux que portait son non moldu, son absence de confident l'avait le plus bouleversée : il ne s'était jamais confié à qui que se soit. Elle le savait mieux que quiconque, porter un fardeau seul était épuisant et effrayant.

J'espère que tu te confieras à moi, pensa-t-elle en admirant ses tâches de rousseur.

Mais pour ça il faudrait qu'il lui pardonne toutes les blessures qu'elle lui avait infligées.

Pleine de remords, Edith d'Aveyron se fit violence pour arrêter sa contemplation et partit se préparer pour sa journée de travail. En découvrant sa tête dans la salle de bain, elle crut défaillir tant le choc était grand : adieu la descente d'Aveyron, à la posture fière et soignée, elle ressemblait à un épouvantail avec ses cheveux semblables à de la paille, le visage tuméfié à force d'avoir pleuré, des cernes violacées sous les yeux et un teint cadavérique à faire jalouser un mort.

Embarrassée à l'idée que Darron l'ait vue ainsi, elle s'empressa de camoufler tout cela, appliquant les nouvelles potions et lotions magiques qu'elle testait depuis quelques mois. Bien que la mode soit l'une de ses plus grandes passions, l'alchimie gardait une place très importante dans son cœur : elle avait donc décidé d'ouvrir très prochainement une filiale de cosmétique sorcière. En vue du résultat, son visage de nouveau présentable, au teint de pêche et éclatant, elle continuait d'exceller dans ce domaine.

D'Aveyron un jour, d'Aveyron toujours, rit-elle doucement en se revoyant dans les laboratoires de ses parents.

Son sourire se fana aussitôt et elle tenta de chasser la vague de nostalgie qui la submergeait. Elle attacha ses cheveux en un chignon soigneux puis rejoignit la cuisine. Pendant que des couteaux tranchaient du pain et du fromage par magie, la sorcière décrocha son téléphone fixe. Bien plus pratique que les hiboux, elle avait convaincu plusieurs proches de l'utiliser, un exploit pour des sorciers. Hallucinant toujours face à la magie de cet objet moldu, Edith écouta les messages vocaux enregistrés.

Son sang se glaça aussitôt en entendant la voix de Philipe.

— Bordel Edith ! Tu es sous morphine, avec un inconnu, volatilisée dans la nature, et je n'arrive même plus à trouver ton appart ! T'a-t-il raccompagnée chez toi ? T'a-t-il tuée ? Je n'en sais rien ! se lamentait le français angoissé. J'ai lancé nos Aurors français à ta recherche. Si je n'ai pas de nouvelles, je vais devoir annoncer ta disparition aux journaux. Imagine les emmerdes que tu vas avoir ! Rappelles moi !

Tétanisée, la jeune femme s'effondra en affrontant la scène de la veille, en revoyant ce regard rubis inhumain, en ressentant la douleur irradier chaque parcelle de son corps sans répit.

Il ne pouvait pas être revenu, elle devait revivre son souvenir, rien de plus. Mais la terreur était si réelle qu'il lui fallut plusieurs minutes pour revenir à la réalité. Essuyant ses larmes rageusement, la sorcière se pinça plusieurs fois, enfonçant ses ongles dans son derme douloureux. Une fois maitresse d'elle-même, elle se releva et tenta de se distraire en lisant les journaux.

La Marque des Ténèbres au-dessus d'IllusmisMoa

Le cœur de la sorcière rata un battement en lisant cela. Elle s'effondra sur sa chaise, sous le choc. Elle ne savait pas que ce maléfice avait illuminé les cieux ! Cela signifiait que Voldemort avait voulu la tuer avant même d'entrer dans la boutique ! Que ce serait-il passé si elle ne l'avait pas fait fuir ? Il l'aurait torturée jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'une poupée de chiffon, puis aurait lancé un kedavra ?

Prenant conscience de ce à quoi elle avait échappé, elle sentit les larmes dévaler ses joues. Reniflant, elle parcourut rapidement les autres titres de journaux.

Edith d'Aveyron attaquée, Les Mangemorts ont de nouveau frappé, Une sang pur française aux mains des fidèles de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, ...

Tous les journaux indépendants évoquaient l'attaque. Prenant sur elle, tremblante, Edith tenta vainement de lire les articles à son sujet. Mais à peine était-il mention du Seigneur des Ténèbres que tout son corps était en feu.

Abandonnant, elle arrêta sa lecture, tentant de retrouver son calme. Tous les sorciers britanniques était au courant. Cela ne faisait que plus la mettre en danger. Voldemort devait avoir un orgueil très facilement blessable et il détesterait lire de tels articles, illustrant sa défaite. Comment le Ministère avait-il pu laisser passer ça ? Ces articles allaient engendrer une panique générale, puisqu'une sang pur avait été attaquée dans un lieu aussi fréquenté que le chemin de Traverse : plus personne ne serait en sécurité.

Le regard d'Edith tomba sur la Gazette du sorcier, le journal britannique rattaché au Ministère, qu'elle n'avait pas encore ouvert. Soufflant pour se donner du courage, elle lut le titre et se mordit la lèvre en comprenant. Le Ministère avait censuré le journal le plus connu, mais les petits journaux lui avaient échappé.

Nicolas Flamel nous honorera le 18 Juin de sa présence pour une conférence sur l'Alchimie au Ministère de la Magie, pouvait-elle lire en première page. L'article du jour était consacré à la biographie de ce célèbre français, les pages suivantes aux scores des différentes équipes de Quidditch, certaines publicités hachant la lecture. Seul un tout petit article évoquait le chemin de Traverse, expliquant que des Aurors protégeraient dorénavant les lieux. Mais il n'y avait nulle mention d'elle ou de l'attaque.

Le mal était fait, elle ne pouvait plus faire jouer ses contacts pour faire taire les journaux indépendants. Le monde était à présent au courant, elle devrait s'adapter et le tourner à son avantage.

Son cœur se glaça en s'en rendant compte. Si les journaux britanniques avaient relayé l'information... les français ne tarderaient pas à faire de même !

Le sang pulsant dans ses tempes, Edith se précipita vers la pile de journaux français et défaillit en se confrontant à la réalité. Toutes les premières pages lui étaient réservées. Tous ses proches devaient être au courant à présent, la pensant peut-être morte. Après tout, tous les articles n'étaient que suppositions, aucun journaliste n'avait assisté à la scène et ne savait où elle se trouvait.

Le bourdonnement dans lequel elle était plongée depuis le message de Philipe Lebeau se dissipa et le silence lui permit de réfléchir. Elle allait d'abord rassurer ses proches. Elle ferait ensuite jouer ses contacts pour rassurer la population sur son sort. Elle ne devait pas montrer qu'elle craignait des représailles, il fallait donc qu'elle retourne dans sa boutique et accueille ses clients comme s'il ne s'était rien passé. Il ne fallait surtout pas que la confiance entre elle et eux se brisent, elle ne pourrait plus servir la Résistance le cas échéant.

Suivant son plan, la française écouta tous ses messages vocaux, répondant dans la foulée. Elle rassura ainsi ses amis de Beauxbatons, ses anciens collègues, donna ses directives à ses connaissances journalistes, puis se confronta à sa tante.

— Tout va bien, la rassura Edith pour la énième fois alors que sa parente continuait de pleurer de soulagement à l'autre bout du conduit. Je t'assure, les Aurors sont arrivés aussitôt. Et puis, les Mangemorts ne m'ont rien fait, ils venaient simplement discuter, mentit-elle.

— Reviens en France, Edith, la supplia sa tante. La Grande Bretagne est dangereuse, tu n'as pas besoin de prouver quoi que ce soit en y restant ! Le monde t'appartient déjà !

La couturière grimaça, refreinant son envie de confronter sa tante. Cette dernière pensait-elle vraiment qu'Edith était à Londres seulement pour le profit ? Comment pouvait-elle aussi mal la connaitre ? La sœur de sa mère avait pourtant été la seule à la soutenir lorsque la jeune fille alors âgée de dix-huit ans était montée à Paris. Elle était donc son seul contact la reliant encore à sa famille.

— Je ne risque rien, je te promets.

— Tes parents menacent de monter te chercher si tu ne reviens pas, murmura sa tante.

— Bonne chance à eux pour me trouver, répondit glacialement Edith avant de raccrocher.

Ses parents pouvaient penser et faire ce qu'ils voulaient, elle, elle ferait de même. En colère, elle but d'une traite son café, se brûlant la gorge. Son téléphone sonna alors et la voix de Philipe résonna après qu'elle ait décroché.

— Edith, c'est toi ? demanda celui-ci après un instant d'hésitation.

— Oui, je suis vivante, personne ne m'a tuée, railla la couturière encore en colère contre ses parents.

— Tant mieux.

Edith fut assez surprise de le voir si calme et, lorsqu'il s'emporta quelques instants plus tard, elle le retrouva fidèle à lui-même.

— Putain, Edith, tu sais que tu m'as fichu une sacré frousse ? J'ai perdu la descendante d'Aveyron, en plus tout sauf maitresse d'elle-même ! Je risquais mon poste !

— Je ne craignais rien, j'étais avec Darron, soupira Edith en croquant dans son chèvre.

— Ce n'est pas comme si tu me disais il y a quelques jours que c'était un mangemort !

— Phil, honnêtement ? Tu penses qu'il correspond au profil ?

Le silence qui suivit démontra la réflexion de l'auror français qui nia finalement.

— Le pauvre était tétanisé en voyant la Marque des Ténèbres, mais il s'est élancé sans réfléchir dès qu'il a vu Voldychou, se souvient-il.

— Voldychou ? releva Edith, retrouvant un peu le sourire.

— C'est mignon, non ? rit Philipe à l'autre bout du téléphone avant de reprendre d'un ton grave. On le soupçonne d'avoir ensorcelé son prénom : plusieurs de nos Aurors sont tombés alors qu'aucune de leurs activités ne pouvait éveiller de soupçons. Peut-être que dorénavant, quiconque prononce son nom se retrouve localisé. Au cas où, on le surnomme ainsi à présent.

Edith perdit son sourire, la réalité la frappant une nouvelle fois : combien d'Aurors étaient morts à cause de ce fou ? Combien de sorciers, combien de moldus ? Il fallait absolument l'arrêter.

— Tu es où ? demanda son mentor.

— Chez moi. Mais je vais bientôt aller à IllumisMoa, j'ai des clients à habiller.

— Edith... Tu n'es pas en état de travailler...

— Ne me couve pas, Philipe, le menaça-t-elle, ne souhaitant pas entendre de nouvelles remontrances. Je me connais et ce n'est pas un couillon mal dans sa peau qui va me briser.

Mais bien que son ton soit ferme, ses mains tremblaient en tenant le combiné.

— Je raccroche, se précipita-t-elle un peu trop pour fuir la confrontation.

— Je t'attends à IllumisMoa, alors.

La jeune femme raccrocha et se mordit la lèvre d'anxiété. Elle était forte, elle pouvait très bien retourner dans sa boutique, tenta-t-elle de se convaincre en vain. Elle y serait en sécurité...

— Tout va bien ? entendit-elle derrière elle.

J'espère que l'histoire vous plait toujours ! 

Si oui, n'hésitez pas à commenter et à liker, pour faire monter l'histoire dans l'algorithme wattpad et que d'autres personnes la découvrent ! 

Merci pour votre soutien, ça m'aide beaucoup <3 (je suis la seule à trouver que cet emoji "<3" ressemble plus à un cul qu'à un coeur ? XD)


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