13 : Interrogatoire
Bien que ce ne soit qu'une illusion, ils s'écartèrent tous, baguettes pointées vers le miniature dragon de feu. Le fantôme de leur collègue mort de cette magie noire trois mois plus tôt les hanta un bref instant, le temps que le chef d'équipe mette fin à ce sortilège.
Personne ne dit mot, trop choqué parce qu'ils venaient de voir, trop sonné pour comprendre ce que cela impliquait.
Darron refusa de traiter l'information, il ne voulait, non il ne pouvait la supporter ! Les cicatrices de son passé semblaient se réouvrir soudainement et il était trop occupé à tenter en vain de mettre fin à l'hémorragie de ses souvenirs pour penser à sa française.
– Vous, désigna le chef, retrouvez les moldus ! Vous, allez à l'infirmerie, s'adressa-t-il au groupe de Darron.
– Monsieur, qu'en est-il de Edith d'Aveyron ? osa demander Edward.
L'interpellé toussa, le front légèrement suant puis bredouilla une réponse. Un sentiment de rage circula alors dans l'armée d'aurors, qui se rendait compte qu'elle ne serait sûrement pas inculpée même avec ces preuves car sa famille la protégerait. Le sentiment d'injustice grondait dans le cœur de ces hommes qui risquaient leurs vies pour mettre fin à cette guerre civile.
Darron Shepherd le ressentait aussi. Bien sûr, il ne souhaitait pas croire que sa française soit un tel monstre et il espérait toujours qu'une explication miracle la lèverait de tout soupçon. Toutefois, si elle était réellement responsable de cette attaque, il ne voulait pas qu'elle échappe à ses responsabilités. Il la ferait tomber, pour avoir trompé le monde avec ses idéaux vides de sens et pour l'avoir trompé lui.
– Darron Shepherd, se présenta-t-il. Je vais bien, Monsieur, laissez-moi vous aider. J'ai ouïe dire que le légimentiste des cellules ne pourra pas assurer le moindre interrogatoire avant un moment, formula-t-il sa pensée avec soins puisque celui-ci était actuellement à l'hôpital St Mangouste dans un état mental instable après un doloris. S'il vous en faut un d'urgence, je suis un légimentiste, osa-t-il se proposer.
– Et il est excellent ! le soutint Edward. Sa présence est imperceptible ! Et ses attaques peuvent être violentes si la situation l'ordonne.
Darron soutint le regard scruteur du chef d'équipe, mais il remercia mentalement son collègue. Sa voix lui ajoutait une crédibilité qu'il ne pouvait avoir seul en tant que Serpentard.
– Soit, permission accordée. File rejoindre les cachots d'interrogatoire.
Darron le remercia poliment et transplana aussitôt. Au Ministère, il se hâta de retrouver l'équipe chargée d'interroger les suspects. Celui qui le mènerait n'était nul autre qu'un de ses mentors, il n'eut donc pas besoin de se justifier, le vieil auror savait qu'il pouvait s'y fier.
– Reste en dehors de la salle, il ne faut pas qu'elle puisse te jeter un maléfice si elle te perçoit. Lorsque tu auras trouvé quelque chose d'intéressant, frappe à la porte, lui ordonna ce dernier.
Ainsi, le jeune auror faisait les cents pas devant le cachot. Le groupe menant l'interrogatoire était entré et la porte fermée, Darron n'entendait plus ce qu'il s'y passait. Mettant de côté toutes ses appréhensions, doutes et espoirs, il calma son esprit et ferma les yeux. Il se visualisa tel un serpent venant s'infiltrer entre les pierres pour entrer dans la pièce, puis dans l'esprit d'Edith D'Aveyron.
Si il hésita un léger instant avant de s'y projeter, plongeant dans l'intimité même de la sorcière, le sentiment de triomphe qu'il ressentit chez cette femme y mit aussitôt fin.
Elle avait trouvé son protego ! Ils allaient vouloir lire son esprit ! Elle mettrait ainsi en avant son nom pour les décourager d'en leur quelconque entreprise.. Quant à leur fouille mentale, elle n'avait qu'à leur montrer ce qu'ils devaient voir !! Il n'y avait pas la moindre preuve quant à son activité , il suffisait qu'elle cache cette information derrière des milliers de pensées idiotes de femme stupide ! Ils perdraient la raison avant elle dans cette valse de réflexions sans fin ni sans début ! On disait que personne ne voulait lire l'esprit d'une femme sous risque de se perdre dans un labyrinthe, ils allaient être servis !
La grande couturière semblait convaincue qu'il n'y avait pas la moindre preuve de son activité... Darron sentit son cœur se serrer alors que cela ressemblait étrangement à un aveu. Mais il ne devait pas laisser ses sentiments intervenir dans son jugement, il garda la tête froide et tenta de remonter son raisonnement. Mais avant même qu'il n'atteigne la moindre autre pensée, un mur se dressa entre lui et ces souvenirs. Le corps de Darron hoqueta alors que son esprit restait ébahi devant la solidité de ce mur. La française pratiquait l'occlumentie ? Pourquoi une simple civile était-elle capable de protéger son esprit de tout sondage ? Avant qu'il ne puisse tenter de le percer, il se retrouva noyé au milieu de pensées diverses et variées :
Elle avait envie de se gratter l'oreille.
Sa tenue était toute froissée.
Il fallait vite qu'elle retourne travailler, elle devait à tout prix dessiner de nouveaux modèles. Ses clientes étaient si voraces.
Peut-être devrait-elle opté pour des tons noir en plein hiver ? Mais un peu de couleurs ne ferait pas de mal.
Quelles tailles les manches, plutôt courtes ? Plutôt longues ?
Mince, elle n'avait pas nettoyé sa cuisine, elle devait être dans un état déplorable.
Darron tenta de rester à flot mais dès qu'il se défaisait d'une pensée, une autre vague venait le submerger.
Le sol était froid, ils auraient pu lui donner un matelas.
C'est comme ça que l'on traite Edith d'Aveyron, la fille de la noble famille de sang pur d'Aveyron ? Elle en toucherait deux mots à ses parents.
Darron tressaillit en l'entendant se penser en tant que sang pur. Elle jugeait devoir obtenir un traitement différent parce qu'elle en était une ? Le cœur de l'auror déjà mis à mal saignait à présent. Il avait la preuve que tout ce qu'elle défendait dans les journaux n'étaient que chimères. La liberté, l'égalité, la fraternité... Tout cela ne s'appliquait qu'au sang pur pour elle. Lui, il n'était rien. Tentant de reprendre contenance, il se reconcentra sur sa fouille.
Les beaux gosses évidemment. Les beaux abdos et beaux fessiers !
S'il avait été en train de boire son thé, le britannique aurait tout recraché. Il resta seulement là, choqué, à visualiser les corps des différents amants de cette française. Le nombre le choqua, mais il fut encore plus surpris en se rendant compte qu'il espérait y figurer, tandis qu'il ne supportait pas l'idée qu'il ne soit qu'une nuit pour elle, alors qu'il ne pensait qu'à elle depuis tous ces mois. Des sentiments contradictoires s'opposaient dans son cœur et il fut finalement soulagé bien que déçu de ne pas voir ses propres abdominaux dans toute cette masse de chair.
Alors qu'il arrivait enfin à se détacher de sa sidération, une autre vague déferla et le submergea.
Beauxbattons, quelle merveilleuse école. Tout est bleu, le château, les uniformes, les affaires scolaires, le ciel, le lac, les uniformes...
Tiens, uniforme qu'elle a dessiné. Quelle fierté ! Sa grève de 1968 avait porté ses fruits ! Les filles et garçons n'étaient plus séparés, chacun dans un pavillon, mais à présent mélangés : les deux pavillons étaient devenus mixte, un pour les quatre premières années, l'autre pour les trois dernières.
C'était elle qui avait mené les élèves à la révolte sur ce sujet, mais aussi les filles quant à l'uniforme : il était inconcevable qu'elles seules fassent face à tant de restrictions : telle taille la jupe, été comme hiver, alors que les garçons n'en avaient quasiment pas. A présent, eux aussi étaient contraints par l'uniforme, avec leur costume trois pièces. Quelle belle invention de torture, aussi bien que la jupe qui empêche d'ouvrir les cuisses une fois assise.
L'auror roux aurait ri s'il ne devait pas être indétectable. Voilà pourquoi il l'avait pensée différente de ses camarades de Poudlard : comment une femme s'étant battue pour la mixité entre les genres pouvait ne pas penser de même pour les questions d'origine ? La vérité le blessa encore plus, mais il s'était fait une raison.
Personne ne parle donc français ? Quels rustres ! Comment peut-on vivre sans maitriser la langue de l'amour et de la diplomatie ? Devait-elle vraiment s'abaisser à l'anglais ?
Darron fut amusé dans sa douleur de se rendre compte que son combat pour maitriser la langue française ne servirait pas à discuter avec le jeune femme mais à l'inculper devant la justice.
La tension qui émana de la sorcière indiqua à l'auror que l'interrogatoire commençait réellement. Il put alors intercepter des brides de souvenirs, bien cachés derrière le flot de souvenirs qu'elle entretenait sans cesse. Mais le roux avait appris depuis à nager et n'avait plus peur de plonger en profondeur, plutôt que de survoler respectueusement la superficie de ses souvenirs.
Il vit Big Ben, Londres sous la pluie, des moldus se pressant pour rentrer chez eux. Il fut assez surpris de savoir que la sorcière se fondait parfaitement dans cette foule, ne détonnant pas contrairement à tant de sorciers.
Puis il vit un homme qui lui souriait, aussitôt chassé par un verre d'alcool. Elle maitrise ses pensées, elle veut cacher des choses, pesta l'auror en tentant en vain de retrouver le souvenir de cet homme. Mais il perdit sa trace. Pourquoi le cachait-elle ? Etait-ce une preuve qu'elle ne pouvait pas confier au Ministère puisque ça l'inculperait ? Était-ce une de ses victimes, l'aurait-elle torturé avant d'aller au bar ?
Il vit alors un groupe de mangemorts se téléporter dans le bar selon les souvenirs de la jeune femme. Il l'observa se lever, tenter de discuter promptement avec eux sans grand effet. Certains mirent alors le feu à l'établissement avant qu'ils ne repartent. Puis il se vit lui et son groupe transplaner et tomber ridiculement au sol. Puis quelques instants plus tard, elle tomba à son tour, stupéfixiée par la nouvelle vague d'aurors.
Darron grinça des dents alors qu'il comprenait qu'elle avait modifié son souvenir. Elle cachait forcément des choses ! C'était elle qui était à l'origine de l'incendie avec son Feudeymon. Elle mentait aussi bien qu'elle respirait ! A présent qu'il en avait la certitude, comment pouvait-il distinguer le vrai du faux ? L'origine de l'incendie n'était qu'invention, qu'en était-il des mangemorts ? Etaient-ils ne serait-ce que venus dans ce bar ? Ne serait-elle pas la seule responsable de cette attaque ? Et si il y avait bien eu des fidèles du seigneur des ténèbres, comment s'assurer qu'elle n'était pas arrivée avec eux ?
Si seulement il pouvait avoir accès au véritable souvenir pour le confirmer.... Pestant contre la qualité de la défense mentale de la française, il continua de s'engager dans la cascade de pensées celle-ci. L'avalanche de réflexions inutiles l'assomma presque, mais il tint bon et continua son avancé. Alors, il entraperçut la muraille qui l'avait surpris plus tôt. Il tenta de le rejoindre, courant à toute allure, mais tel dans un cauchemar, ses jambes ne semblaient pas lui répondre. Plus il avançait, plus il avait l'impression de reculer. Alors qu'il comptait se retirer de l'esprit de cette diablesse afin de mieux le réattaquer, un souvenir attira son attention. Il était dissimulé par d'innombrables pensées, mais l'auror avait à présent compris comment elle fonctionnait. Il les écarta et plongea dans ce qu'elle tentait de cacher. Il put apercevoir le visage des différents moldus du bar et Darron sentit son cœur se serrer en voyant la détresse peinte sur leur visage. Il ne put que comprendre la douleur de ces gens alors qu'ils ne pouvaient rien faire, tentant en vain d'ouvrir la porte d'entrée scellée par magie. La haine lui noua la gorge alors qu'il en voyait tourner dans les airs, d'autres gonfler comme des ballons. Pris au piège, ils n'avaient pu échapper à ces sorts. Tout cela à cause d'une simple porte fermée. Pourquoi la française ne l'avait-elle pas déverrouillée plus tôt, si elle n'était pas coupable ? Comment avait-elle pu supporter de voir ainsi des hommes et femmes violentés, sans leur permettre de s'enfuir ?
Mais alors qu'il se torturait l'esprit avec ces questions, une nouvelle vague de pensées le submergea et lui fit perdre sa prise. A la place, il se retrouva dans un jardin à la française, en pleine montagne. Au loin, il pouvait apercevoir un château semblable à ceux de la Renaissance en France, tout de bleu avec des moulures en or. Il était dans une foule d'élèves, les plus petits devant avoir onze ans, les plus grands dix-huit. Il n'en fallut pas plus pour que l'auror comprenne où est-ce qu'il se trouvait : il avait l'honneur d'être l'un des premiers britanniques à découvrir l'école de magie française Beauxbatons. Emerveillé par la beauté du paysage mais aussi par la chance qui lui était offerte, il admira la lune éclairer les jeunes adolescents, tous vêtus de leur plus belle tenue et de leur plus beau loup : ce devait être un des bals masqués qu'organisaient cette école, la modiste y avait fait référence dans un article. De minuscules boules lumineuse de toutes les couleurs voltigeaient dans les airs et il comprit que c'étaient des fées des fleurs, une espèce très proche de la nature et plus que bienveillante. Il en vit créer des pétales par magie, avant de les tisser en une couronne de fleur qu'elles posaient avec élégance sur la tête des étudiants. Mais en croisant un masque de fer intimidant, ne dévoilant rien du visage de la personne en question, Darron Shepherd frissonna : il avait en face de lui un mangemort. Que faisait-il dans le bal masqué d'une école fran...
Soudain il comprit et faillit rire d'amertume. La française le menait par le bout du nez depuis le début : il n'y avait jamais eu de mangemort à Beauxbatons, elle ne faisait qu'en visualiser un dans un bal masqué, comme si il n'y avait rien d'étonnant à cela. Surement qu'elle voulait se faire passer pour idiote, comme elle l'avait prévu plus tôt, et quoi de mieux que d'imaginer un tueur dans un bal d'étudiants, pour le simple fait qu'il soit masqué ?
Que cherche-t-elle à nous faire croire ? Qu'elle ne sait pas que les mangemorts sont des assassins ? se moqua Darron, faisant toutefois bien attention à ne pas se trahir auprès de la française. Il savait qu'elle avait perçu sa présence sinon elle ne l'aurait pas ainsi malmené. Mais elle ne savait pas qui il était et il fallait que cela reste ainsi le plus longtemps.
S'il pense encore que je suis un danger, je ne sais plus quoi inventer.
Cette pensée qu'elle n'avait sûrement pas souhaité partager trahit son intention et confirma bien l'hypothèse du jeune homme.
Dépité, déçu, meurtri, Darron se laissa malmener par les flots, visualisant ce qu'elle souhaitait seulement qu'il voit. Il put donc découvrir son imagination débordante, associant les mangemorts à des cannibales, puis à de simples nécrophages. La gymnastique d'esprit à toute épreuve qu'elle avait impressionna tout de même l'auror, qui n'en fut que plus blessé en se rendant compte qu'il continuait d'admirer cette femme qui ne méritait que le pire.
Mentir ainsi au Ministère, elle ne pouvait être que du côté du seigneur des ténèbres.
Cela lui fit mal, il sentait encore une fois tout son souffle le quitter, tout l'oxygène partir de ses poumons pour qu'il asphyxie. Car c'est ce qu'il se passait quand on était trahi. Il l'avait déjà vécu, il ne devrait pas être aussi peiné. Mais lui qui n'avait plus ouvert son cœur à qui que ce soit depuis tant d'années... Lui qui avait tant cru en cette femme semblant être l'incarnation de la Liberté et du Respect... Tout n'était que chimère. Et lui n'était qu'un auror misérable, incapable de faire la part des choses. Alors qu'il devrait continuer sa fouille, il se pliait devant la souffrance que lui assenait la dissipation de l'illusion. Il ne serait toujours qu'un simple sang de bourbe, soit rien. Il n'était rien.
Il avait cessé de prêter attention aux appâts qu'elle lui tendait depuis tout ce temps, il tenta d'y prêter attention une dernière fois. Soufflant intérieurement, l'auror plongea dans le souvenir qu'elle lui présentait : il se vit lui.
Pourquoi se voyait-il ? Il n'était pas face à un miroir !
Il se vit ainsi allongé, stupéfixié, ses cheveux roux en bataille, ses yeux bleus écarquillés. Comme il était étrange de se voir dans les yeux d'un autre...
Si la gêne l'avait pris à première vue, une émotion toute autre le fit rougir en se rendant compte qu'elle pensait à lui. Dans les yeux de sa française, il s'approcha de lui-même, et de la main de cette femme, il s'essuya le sang coulant de son nez. Avant qu'il ne puisse réfléchir à cet acte de douceur, il fut glacé par un torrent froid se déchainant sur lui : il put revisualiser leur passion de cette nuit de Mars 1976, alors qu'ils se découvraient dans l'appartement de la jeune femme. Il sentit la chaleur de son propre corps contre celui de sa française, put comprendre ce qu'elle avait ressenti lorsqu'il avait posé ses lèvres contre sa peau, il croisa son propre regard alors qu'il l'admirait, eut droit à un plan séquence de sa musculature et puis le regard de la française descendre plus bas vers son aine et ...
Il réintégra son corps à la seconde et frappa contre la porte. Le visage rouge, les tempes battantes, une légère pellicule de sueur sous ses boucles de feu et un trop plein de sang dans son bas ventre, le jeune homme espéra de tout cœur que son mentor mettrait fin à l'entretien. Mince, il pria que personne d'autre ne lisait son esprit à cet instant. Il n'était pas rare qu'il y ait plusieurs légimentistes dans une salle, chacun vérifiant la version de l'autre. Si le fait qu'elle pensait en français pouvait les avoir perdus, l'image elle était universelle. Si l'un d'eux lisait l'esprit de cette française plus tôt, il ne devait pas avoir du mal à comprendre ce qui avait suivi.
Embarrassé au plus haut point, il n'en resta pas moins flatté par la vision qu'avait eu cette française de lui. Visiblement, il n'avait pas été le seul à avoir apprécié cette nuit, et elle aussi devait en garder un bon souvenir.
Il ne devait pas se laisser guider par ses sentiments, non.
Calmant son cœur, il se cacha derrière la porte lorsque celle-ci s'ouvrit et ne chercha pas à rattraper la propriétaire de l'odeur de lilas qui s'en allait, guidée par un autre.
Il resta plus que professionnel lorsqu'il entra et ne releva pas les regards mi-taquins, mi-gênés de ses collègues. Il vit bien que son mentor avait du mal à le regarder dans les yeux, préférant étrangement prendre des notes lui qui avait une mémoire auditive des plus compétentes, mais Darron ignora tout cela et commença son compte rendu.
– Elle maitrise l'Occlumentie, sa défense était trop bonne pour que je puisse voir ce qu'elle nous cache : mais le fait qu'elle y ait eu recours dévoile bien ce fait, elle nous cache quelque chose. De plus, j'ai intercepté certaines de ses pensées dévoilant son plan : pour camoufler ce qu'elle ne veut pas que nous sachions, elle a fait en sorte de me noyer dans un flot de souvenirs inutiles et d'aberrations vivantes, tout cela dans le but de se faire paraitre stupide pour que nous n'enquêtions pas plus. J'ai aussi la preuve qu'elle nous a livré un faux témoignage, puisque sa version des faits est une version modifiée : dans ses souvenirs, les mangemorts sont à l'origine des incendios ayant brûlé le bar, mais il n'est nul mention du Feudeymon que nous avons vu sortir de sa baguette lors de l'examen de celle-ci. Pour conclure, elle est à mes yeux plus que suspecte, de par son absence totale de panique puisque n'importe qui ayant été attaqué par des mangemorts serait terrifiée, de par son caractère cachottier, de par ses mensonges. Nous ne pouvons la laisser libre de ses mouvements tant que nous n'en saurons pas plus. Cependant sa maitrise de l'Occlumentie nous empêchera de gagner contre elle si on la rappelle pour un nouvel interrogatoire, conclut-il.
Son supérieur se gratta le menton, pensif, réfléchissant à toute vitesse.
— De ce que tu me dis, elle est plus que suspecte et extrêmement dangereuse... Mais nous ne pouvons la coincer sans plus de preuves, et ce n'est pas un nouvel interrogatoire qui aidera à cela en vue de ce que tu me dis. Il ne faut pas non plus qu'elle ait l'impression d'être traquée, sinon elle fera plus attention à ses prochains mouvements. Il faudrait que quelqu'un l'approche, mais non en tant qu'homme du Ministère en mission...
Un auror toussa en regardant Darron et bientôt tous les regards convergèrent vers lui.
Ils avaient donc bien vu les souvenirs de la jeune femme, les maudit l'auror le rouge aux oreilles.
— Elle nous a demandé avant de partir qui était le roux aux yeux bleus... Et tu as des yeux bleus et tu es roux, entama maladroitement son ancien professeur.
Darron soutint son regard mais sa mâchoire était crispée, alors qu'il sentait arriver la demande de son supérieur.
— Elle a l'air de t'apprécier... C'est une femme... L'amour la fera sûrement parler... ?
Quelques rires fusèrent, vite camouflés par des quintes de toux. Le rouge gagna tout le visage du roux mais il accepta sa mission avec sang-froid et fut donc libéré de toute obligation pour le reste de la nuit.
Il se retrouva donc devant la cabine téléphonique, sortie du Ministère de la Magie pour les visiteurs, tentant de garder une expression des plus neutres. Mais caché sous sa redingote, son cœur battait à toute vitesse dans sa cage thoracique. Il allait la revoir. Elle allait de nouveau lui sourire et ses yeux noisettes ne le regarderaient que lui. Mais à cet émoi se mêlait la colère. Il ne l'attendait pas en tant qu'homme mais en tant qu'auror en mission. Ce n'était pas pour retrouver sa française qu'il patientait dans la nuit hivernale, mais pour coincer une criminelle.
Il fallait qu'il mène à bien sa mission pour s'assurer qu'elle ne puisse plus mener de telles attaques dans le futur. Il allait devoir être le plus professionnel possible et oublier cette soirée de Mars 1976.
La cabine téléphonique s'ouvrit alors et il la vit en sortir, le visage tourné vers les étoiles, humant l'air en souriant doucement.
Toutes ses résolutions s'envolèrent alors qu'il n'avait plus envie qu'une chose, qu'elle le regarde et lui sourit ainsi pour le reste de sa vie.
Maudissant ces pensées, il déglutit en croisant ses yeux noisettes.
Elle l'avait vu.
Il ne pouvait plus fuir.
Est-ce que j'ai adoré écrire ce chapitre ? Evidemment que oui !
Et vous, vous avez aimé ^^?
Darron réussira-t-il à garder son professionnalisme à ses côtés ? (spoiler : il rougissait déjà beaucoup, alors si on plonge dans ses pensées... niark niark)
N'hésitez pas pour patienter à relire le début de 1977, afin de comparer la vision de choses d'Edith et celle de Darron.
Pour plus d'anecdotes, vous pouvez me retrouver sur insta ou tik tok au compte edenemontagnol_auteure
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