Chapitre 7
~ Madeleine ~
Je replongeais les mains dans mon baquet, mortifiée. Il ne manquerait plus qu'il ait tout entendu et j'allais mourir sur place de honte... Verhoeven l'accompagnait. Ils se rapprochèrent, à mon plus grand désarroi. Jeanne releva les yeux sur moi en apercevant mon agitation et fronça les sourcils. Puis se tourna. Et revint me lancer un regard narquois.
- Ben voyons..., murmura-t-elle. Quel intérêt soudain pour la lessive, n'est-ce pas ?
- Mais tais-toi ! Répondis-je sur le même ton.
Elle retint son rire en se redressant, faisant face aux deux militaires presque près de nous. Je reposais mon savon et sortis le tissu pour ne pas l'oublier puis m'essuyais les mains sur mon tablier. Des doigts se tendirent devant mon visage, me faisant relever la tête avec confusion. Verhoeven me sourit en arquant un sourcil. J'acceptais son aide d'un léger signe avant de me tourner vers Jeanne en relâchant la main de l'officier.
- Colonel, capitaine, les salua-t-elle brièvement. Avez-vous besoin de quelque chose ?
- Disposez-vous d'autres baquets ? Attaqua aussitôt Jäger. Nous allons devoir laver nos tenues également mais je ne veux pas entraver vos tâches quotidiennes. Surtout que nous risquons de mettre plus de temps que vous.
- Nous n'avons que ces deux-là, secoua-t-elle la tête. Mais si vous mettez deux de vos hommes avec nous, nous pourrions leur montrer comment faire.
Jäger lança un regard narquois au capitaine qui se mit aussitôt à râler, me faisant hausser les sourcils. Les deux hommes avaient l'air de deux amis plutôt que deux collègues de travail. Ou plutôt d'un supérieur et de son subalterne.
- Quoi ? Claqua son colonel.
- Mais envoie Franz !
Ma respiration s'accéléra malgré moi alors qu'une onde de panique me glaçait le corps. Jäger s'en aperçut mais s'abstint de tout commentaire. Je repris la parole, masquant mon angoisse naissante.
- Nous pouvons nous en occuper.
- Vraiment ? Osa le colonel. Nous sommes une cinquantaine. Cela représente une charge de travail supplémentaire.
Jeanne fit volte-face, me fusillant du regard.
- Et on n'a pas le temps. A moins que ton emploi du temps ne se soit mystérieusement libéré ? Appuya-t-elle délibérément.
- Scheiße ! (merde !) Jura soudain Verhoeven.
Le colonel lui renvoya un regard explicite sans se départir de son air impassible.
- Et mon colonel se joindra-t-il à moi ? Le provoqua-t-il alors.
J'écarquillais les yeux en regardant Jäger qui arqua un sourcil dans ma direction. J'entrouvris les lèvres mais les refermais presque aussitôt. Il délaissa Verhoeven pour me faire face.
- Mais je vous en prie, Madeleine... Vous vouliez dire ?
- Rien, colonel.
- Vous me mentez ouvertement ? S'amusa-t-il à mes dépens.
- Mais non ! M'écriais-je en rougissant. Je ne vous vois... juste pas faire la lessive. Pardonnez-moi, mon colonel mais vous êtes... vous, lâchais-je en désignant son grade d'un signe de main.
- Et moi ?! S'offusqua soudain Verhoeven.
Devant l'air boudeur du capitaine, je manquais d'éclater de rire en me mordant la lèvre. Et déclenchais une vague de douleur qui me força à redevenir sérieuse.
- Vous aussi, capitaine. Je peux m'en charger, je vous assure.
- Je ne crois pas, coupa court Jäger. Deux de mes soldats vous seconderont. Comme cela... nos grades seront saufs.
La même lueur amusé revint danser dans son regard alors que je me forçais à ne pas rougir en me tournant vers Jeanne. Mais cette traîtresse leva aussitôt les mains, sans dissimuler son amusement.
- Ton colonel, tes problèmes ! Ricana-t-elle.
- Ich war nur berechtigt, "Hauptmann", mein oberst (je n'ai eu droit qu'à "capitaine", mon colonel), s'amusa soudain Verhoeven.
Je faillis le fusiller du regard à son tour mais me retins en continuant de dévisager Jeanne.
- Weil du mein Untergebener bist (Parce que tu es mon subalterne), ricana Jäger en me fixant toujours. Mon infirmière, mes problèmes aussi, je suppose ? Rajouta-t-il pour Jeanne.
- Vous supposez bien, s'amusa-t-elle encore.
- Mais c'est toi l'infirmière en second ! L'accusais-je.
- D'accord, me provoqua-t-elle du regard. Alors personnellement, si votre capitaine s'approche de nous, je le noie dans le baquet.
- Pardon ? S'étrangla Verhoeven. Je tiens à ma vie !
- Pas vous ! S'excusa-t-elle sans se départir de son air amusé. L'autre.
- Jeanne ! M'écriais-je soudain. Elle plaisante !
- C'est ça, ricana Jäger. Je vais poursuivre avec vous, alors ?
- Il vaudrait mieux, s'esclaffa Jeanne.
Un sourire échappa à Jäger qui se tourna vers le visage désinvolte de mon amie.
- Vous savez que l'armée recrute ?
- Des femmes ?
- Vous passerez aisément pour un homme, s'amusa-t-il.
Je ne pus m'empêcher de rire, accentuant le sourire de l'officier. Pourtant, ni Verhoeven ni Jeanne ne comprirent. Je détournais les yeux pour ne pas m'attirer les foudres de l'infirmière qui me balança pourtant une salve d'eau du pied. Je protestais d'un cri en désignant le colonel de la main.
- Mais je n'étais pas la seule à rire !
- Lui, il souriait, me moucha-t-elle. Et avec toi, je peux me le permettre !
Je secouais la tête sans perdre ma bonne humeur. Imaginer Jeanne en uniforme allemand, les cheveux encore plus courts que le carré qu'elle arborait était décidément une consolation à toutes les tâches que pourraient me donner Jäger. Il me renvoya d'ailleurs un dernier regard avant de partir.
- Privilège du grade, certainement. Je reprendrais cette discussion, Madeleine, dit-il en retrouvant son sérieux. J'ai encore beaucoup de points à éclaircir sur le fonctionnement de l'hôpital. Mais pour l'instant, je dois voir mes hommes, nous en discuterons plus tard, abrégea-t-il en retrouvant son autorité naturelle. Infirmière Jeanne...
- Colonel, le salua-t-elle d'un signe de tête.
Lorsque les deux hommes se furent éloignés, je fusillais mon amie du regard qui se contenta d'un sourire énigmatique.
- Traîtresse ! La devançais-je.
- Rabat-joie ! Sourit-elle. Votre complicité est criante.
- N'importe quoi !
- Fais l'autruche, se moqua-t-elle en me renvoyant de l'eau du pied. On en reparlera !
La bonne humeur resta une longue partie de l'après-midi et je pus enfin effectuer mes tâches correctement. Lorsque la nuit tomba, mes uniformes étaient reprisés et le linge des infirmières nettoyé. C'était au moins ça de gagner...
~
La journée passa rapidement. Et apprendre à des hommes à laver leur uniforme de manière conventionnelle fut la grande distraction de mon après-midi. Ils s'appelaient Karl et Günther. C'étaient des soldats de première classe. Les deux seuls. Ils étaient jeunes. Mais disciplinés, nous avions dû le leur reconnaître. Karl était le parfait cliché de l'aryen voulu par Hitler : un soldat au cheveux de blé et aux yeux bleus. Günther avait une tignasse brune hirsute et des yeux oscillant entre le marron et le vert.
C'était des adolescents à peine sortis de l'école militaire. Ils semblaient soulagés d'avoir été nommés pour venir nous seconder sans - qu'avec Jeanne - nous comprenions pourquoi. Mais ils avaient été attentifs. Et leurs gestes devinrent assurés au bout de plusieurs heures. Lorsque nous regagnâmes le réfectoire, les infirmières avaient quasiment toutes disparues. Il ne restait qu'Elisabeth et son binôme du jour. Elle me fit un petit signe de main, attirant mon sourire. Au contraire, les allemands étaient là dans leur ensemble. Une vingtaine de soldats mangeait encore, dans des discussions plus ou moins animées.
Sur l'une des tables, le carré des officiers s'était constitué : Jäger, Hoffman, Verhoeven et un autre militaire s'animaient sans que je ne parvienne à comprendre. Mais en même temps, le bruit omniprésent m'empêchait d'entendre quoi que ce soit, que ce fut du groupe le plus proche ou le plus éloigné. Une main se posa sur mon épaule, me faisant relever les yeux vers le grand blond.
- On vous va... va vous laisser, se reprit-il avec un fort accent allemand. Guten... Scheiße ! (bon... merde !), jura-t-il en fronçant les sourcils.
- Bon appétit, l'aidais-je d'un sourire.
Je n'avais pas facilité leur apprentissage cet après-midi. Et Jäger avait oublié ce léger détail : ses soldats parlaient très peu ou très mal français. Nous avions donc improvisé, ce qui avait parfois provoqué des quiproquos qui nous avaient fait rire. Il me remercia et retira sa main en faisant signe à Günther de le rejoindre. Avant que je ne puisse faire de même, Anne entra dans le réfectoire. Son air sombre ne m'annonçait rien qui vaille. Elle fondit presque sur le colonel et ce dernier eut un mouvement de recul avant de la reconnaître. Jeanne se rapprocha aussitôt et j'en fis de même.
- ... faut agir et vite, finit-elle en fixant l'officier. La gangrène gagne du terrain.
- Vous n'avez pas d'autres solutions, infirmière Anne ?
- Non, colonel. C'est soit ça, soit votre homme mourra.
- Quoi ? Siffla Hoffman en se redressant.
Anne lui lança un regard glacial qui fit grincer des dents l'officier. Jäger se contenta de soupirer en faisant un signe vers l'infirmière.
- Faites ce qui vous semble nécessaire. Mais ne procédez à l'amputation qu'en dernier recours.
- Alors j'ai besoin d'un traducteur, poursuivit-elle. Pour l'instant, amputer au-dessus du genou devrait le sauver. Mais je ne vous garantie rien si je patiente encore une nuit.
Le colonel la sonda un long moment avant d'hocher simplement la tête. Anne se tourna vers son binôme et me la renvoya avant de faire signe à Jeanne.
- J'ai besoin de mon infirmière en second.
Jäger se contenta d'un nouveau signe de tête. Hoffman jura copieusement en allemand avant de désigner la salle d'un signe de main.
- Et qui sera la responsable pendant ce temps ?!
Anne planta son regard dans le sien, le dos droit. Elle lui en voulait toujours. Et elle n'était pas prête de le lui pardonner. Sauf qu'après elle et Jeanne, la responsable...
- Madeleine, coupa-t-elle court. Colonel, pouvons-nous y aller ?
- Je vous rejoins tout de suite.
Les deux femmes partirent sans attendre, me laissant seule avec trois jeunes infirmières. Hoffman se précipita dans ma direction, faisant claquer ses talons.
- Et vous vous dites compétentes ! S'énerva-t-il. Allez me chercher du vin ! Et pour tous mes hommes ! Précisa-t-il. Ce service est déplorable !
Il continua à vociférer alors que je faisais signe à Elisabeth de s'exécuter. Lorsque les bouteilles arrivèrent, Jäger n'avait toujours pas quitté la pièce mais ne s'interposa pas. Son officier continua de me hurler dessus pour tout et rien. Pour mon uniforme humide par endroit. Pour les coiffes absentes des infirmières encore présentes. Pour les panières de pain vides. Pour les tables non nettoyées et pourtant vides.
- Et le sol est dans un état déplorable ! Jura-t-il encore en m'attrapant le bras. Vous n'avez rien à dire, nom de Dieu ?!
Il m'entraîna vers sa table et me poussa sans ménagement vers sa place, manquant de me faire tomber. Je me rattrapais au mobilier en me forçant à conserver mon calme.
- Je m'en occupe, capitaine.
- Tout de suite !
Son hurlement me fit grimacer. Le colonel avait retrouvé son masque d'impassibilité. Lorsque je me redressais, il s'apprêtait à sortir de la pièce. Je posais alors mes yeux sur Verhoeven qui soutint mon regard sans non plus intervenir. Evidemment... Ils ne pouvaient pas contrer leur collègue et subordonné devant leurs hommes. Alors valait mieux le laisser faire. Je pinçais les lèvres en faisant volte-face mais Hoffman me tombait à nouveau dessus. Sa main s'abattit sur mon poignet, me le serrant avec force.
- Je vous jure que vous ne sortirez pas d'ici avant que ce soit immaculé ! Siffla-t-il.
Je le laissais faire, sachant qu'une réponse entraînerait encore plus de colère. Et qu'essayer de me dégager ne me ferait que souffrir davantage. Des soldats quittèrent rapidement les lieux, désertant le réfectoire aussi vite qu'une retraite à peine prononcée. Je subis l'humiliation en silence, donnant des ordres lorsque l'une des trois infirmières revenait vers moi. Hoffman se rassit enfin lorsqu'il eut sa bouteille de vin, me lâchant par la même occasion. Je m'éloignais de la table sans un regard pour les militaires et allais chercher de quoi nettoyer les tables et les chaises.
Elisabeth me rejoignit bientôt mais entreprit de nettoyer le sol. Les deux autres infirmières se répartirent la vaisselle : une qui lave, une qui sèche et range. Mais à quatre, sur un espace aussi grand que la salle de repas, cela risquait de prendre beaucoup de temps. J'envoyais Elisabeth cherchais deux autres infirmières, les mâchoires serrées. Hoffman tint parole et lorsqu'il eut terminé, resta avec nous. Verhoeven en fit de même. Je continuais de nettoyer les tables en attendant le renfort, rassemblant les panières et carafes vides sur le comptoir. Lorsque j'arrivais sur la table des officiers, je levais un visage impénétrable sur Hoffman.
- Avez-vous terminé ?
Il me lança un regard mauvais tout en me faisant signe de débarrasser. Je pris leur plateau en conservant un calme olympien. Verhoeven voulut se lever mais j'attrapais le sien en lui renvoyant un regard implacable. Il hésita mais finit par se rasseoir, déstabilisé. A charge de revanche, capitaine ! Mon amertume faillit se peindre sur mon visage alors que je repartais déposer les plateaux sur le comptoir que mes infirmières récupèrent presque aussitôt. Restaient que leur verre et la bouteille de vin. Au moment où je revins près d'eux, Hoffman prit son verre et le fit lentement basculer pour en déverser le contenu au sol. Devant mes yeux. Puis il releva les siens pour me dévisager avec mépris. En attente d'une réaction quelconque. Cet homme était détestable.
- Nettoyez !
Je crispais les mâchoires mais m'abstins de paroles vaines. J'allais chercher le seau délaissé par Elisabeth et me mis au travail en silence. A peine commencé, il m'arracha la toile à pavé des mains et attrapa l'éponge et le torchon que j'avais laissé sur la table à côté de la sienne pour me les jeter dessus.
- Nettoyez correctement, appuya-t-il.
Je réceptionnais le torchon mais l'éponge rejoignit le sol. Je m'agenouillais sans le regarder, ravalant encore mon humiliation. Ce... Malapris ! Gougnafier d'officier ! Jurais-je en frottant le sol. Paltoquet de malheur ! Je continuais mes insultes en frottant la tâche qu'il avait volontairement faite alors que mes infirmières arrivèrent enfin.
- Madd...
Elisabeth trébucha sur mon prénom en se figeant. Mais le "Maddy" n'était que trop compréhensible. Je laissais tomber mon éponge dans le sceau en soupirant silencieusement. C'était reparti... Je relevais la tête lorsque Hoffman se tourna vers elle, la dévisageant avec mépris.
- Magdalena, appuya-t-il. Ça va rentrer dans vos petites têtes creuses ?! Je ne veux pas entendre de prénoms de rosbeef ici ! Hurla-t-il en se redressant.
Je me relevais brusquement, lui coupant l'herbe sous le pied. Il me regarda avec haine, détournant son attention d'Elisabeth.
- Quoi ?!
- J'ai fini, capitaine. Mes infirmières vont nettoyer le sol et nous nous occuperons de finir de nettoyer votre table. Vouliez-vous autre chose ?
Il écumait littéralement de rage. Cet homme est un chien à abattre, bon Dieu ! Il ne lui manque que la bave aux coins des lèvres ! Il me lança au même instant un sourire méprisant en me repoussant.
- Vous allez venir avec moi, vous ! Vous allez voir si vous avez fini ! Les dortoirs sont de véritables porcheries ! La chambre du colonel est encore poussiéreuse sans parler des nôtres ! Du linge traîne encore dans les paniers alors que vous avez "formé" deux de nos hommes à vos misérables tâches de faibles femmes !
Outch ! Je dus prendre sur moi pour ne pas lui renvoyer une gifle de "faible femme" en plein visage. Mais déjà, nous rejoignions le froid de la nuit tombée. Mon uniforme se plaqua contre mes cuisses, me faisant frissonner. Mais Hoffman continua de me tirer derrière lui. Un bref coup d'oeil dans mon dos me permit d'apercevoir Elisabeth. Et Verhoeven. Je montais rapidement la volée de marches menant aux dortoirs des militaires et dus une nouvelle fois me retenir lorsqu'il me lâcha brusquement. Mais mes mains rencontrèrent cette fois le mur le plus proche.
- Ramassez tout ça ! Siffla-t-il en me désignant du linge en boule.
Elisabeth voulut se précipiter mais je la devançais en m'emparant de la panière. Je lui posais le linge dans les bras et reposais l'objet au pied du lit de l'officier avec calme. Ce qui eut pour effet de l'horripiler. Et sa rage explosa. Sa main me cingla la joue avec violence, me forçant à me retenir à Elisabeth. Mais déjà, il me repoussait contre le mur et abattait ses mains de part et d'autre de la pierre. Trop près de mon visage.
- Quittez cet air hautain, Magdalena avant que je ne le fasse moi-même ! Grinça-t-il entre ses dents. Et je vous assure que je ne me limiterais pas à votre joli petit visage !
J'acquiesçais sans me départir de mon air impénétrable. Il jura sans que je ne comprenne. Puis s'éloigna juste assez pour me pousser vers la chambre de Verhoeven. Ce dernier sembla retrouver un semblant de vie et voulut se rapprocher. Mais je levais les mains pour l'empêcher de me toucher, sans retenir mon pincement de lèvres.
- Ma chambre est très bien, osa-t-il pourtant.
- Ça va, murmurais-je. Je m'en occupe. Elisabeth, occupe-toi du linge.
Elle hocha la tête et disparut sans demander son reste. Après tout.... C'était mon rôle de la protéger. Elle était tellement innocente. Et nous l'avions préservé de tant d'horreurs.... Je ne voulais pas laisser les allemands briser cette petite bulle. Verhoeven reprit en levant les mains à son tour, me barrant l'entrée de sa porte.
- Madeleine, je vous assure que...
- Contredisez-vous l'ordre du capitaine Hoffman ?! Sifflais-je soudain.
Il entrouvrit les lèvres, déstabilisé. Je me tournais vers Hoffman, toujours immobile dans mon dos. Je revins donc sur Verhoeven, les battements de mon cœur explosant dans ma cage thoracique. Je lui désignais sa porte d'un geste rageur, le souffle commençant à me manquer.
- Si vous n'avez rien à dire, capitaine Verhoeven... Laissez-moi passer.
Il hésita encore mais finit par baisser les mains. Je me contentais de regarder droit devant moi, sans fixer de point précis. Et au bout d'une interminable minute, il finit par esquisser un pas sur la droite. Je poussais sa porte sans attendre, le cœur au bord des lèvres. Son comportement me révulsait. Mais je ne pouvais rien dire. Alors je me contentais d'exécuter les ordres d'Hoffman. Entre les trois chambres des officiers, j'en eus pour une large partie de la nuit. Lorsque je refermais la porte de celle du colonel, il n'était toujours pas revenu de l'infirmerie. Mon ventre se rappela à moi, grondant de faim.
Je fermais brièvement les yeux, luttant contre le manque de sommeil. Dormir ou manger ? Telle est la question... Je me retrouvais comme l'âne de Buridan, à hésiter à cet instant. Quelle charmante conclusion ! Je secouais la tête en quittant cet étage de malheur, les idées confuses. Et voilà que tu te prends pour Apollinaire ! Je rejoignis le réfectoire pour seulement prendre une pomme et croquais dans le fruit sans réelle envie. J'étais dépitée. J'étais sale. J'étais épuisée. Et je n'avais qu'envie de retrouver mon lit et de ne plus en sortir.
Je chassais les larmes de fatigue qui glissèrent sur mes joues en regagnant les dortoirs. Lorsque le vent re-plaqua l'uniforme contre mes jambes, je lançais un bref regard vers les grilles ouvertes de l'hôpital. Si seulement je pouvais partir... Mais pour aller où ? Et que feront les filles ? Laquelle d'entre elles paiera le prix de mon départ ? Non merci ! Autant rester pour surveiller les dires de ces mufles ! Je ravalais ma colère en passant la porte du second bâtiment et rejoignis ma chambre au pas de course. La porte claqua dans mon dos dans un bruit sec sans que je ne m'en soucie. La seule lumière de la fenêtre m'aida à me repérer jusqu'à mon lit.
Je me jetais dessus sans prendre le temps de retirer mon uniforme. Je maudis le colonel et ses capitaines une bonne partie de la nuit, incapable de trouver le sommeil. Lorsque enfin, j'eus droit à quelques heures de repos, elles furent particulièrement agitées...
~ Et voilà le chapitre 7 !
A vos claviers et vos souris pour me dire ce que vous en pensez ! Hoffman va-t-il continuer de s'acharner sur nos jeunes infirmières ? Jager ou Verhoeven réagiront-t-ils ? Rien n'est moins sûr !
Mais alors comment vont réagir nos infirmières préférées ? Vont-elles se rebeller ou subir en silence ? Des sanctions vont-elles avoir lieu ? A vous de me le dire ! Des bisouuuus ~
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