Chapitre 5

~ Madeleine ~

Mon souffle se coupa lorsque l'impact me toucha. Mais ce ne fut pas la douleur que j'attendis. Ma joue ne chauffa pas. La gifle n'arriva pas. Mais une violente pression m'étreignit la poitrine. Je rouvris brusquement les yeux sans comprendre. L'uniforme était encore dans mon champ de vision. Le bras de l'officier s'était tendu pour parer le coup et m'avait percuté de plein fouet, pour me protéger d'Hoffman. Enfin protégée... Cela restait à voir ! Mais en attendant, Hoffman semblait livide et l'officier était maintenant entre lui et moi. Sauf que je déchantais rapidement lorsqu'Hoffman reprit la parole, en effectuant un salut militaire. Sainte mère de Dieu....

- Oberst Jäger...  Wir haben Sie nicht so schnell erwartet ! (Colonel... nous ne vous attendions pas si tôt). 

- Und ist das ein Problem ? (Et est-ce un problème ?) Siffla l'officier en le fixant toujours.

Son bras retomba le long de son corps, faisant raidir le capitaine Hoffman. 

- Nein aber... (non mais...)

- Wie ? (Comment ?) Demanda-t-il sèchement. 

Le capitaine ne trouva rien à répondre, faisant hocher sèchement la tête de son supérieur. 

- Wunderbar (merveilleux). Infirmière... Conduisez-moi dans mes quartiers. Si bien entendu, vous aviez fini avec le capitaine ? 

L'ironie de la situation manqua de me faire rire de nervosité. Je me forçais à relever les yeux sur son visage impassible. Il attendait ma réponse. I n'avait pas d'accent. Ou alors, très léger que je perçus pas. J'entrouvris les lèvres avec perplexité avant de froncer les sourcils. Il haussa les siens, inclinant la tête sur le côté. Je me forçais à déglutir en lui désignant le second bâtiment. 

- Oui, monsi... Colonel ! Me repris-je avec panique. Si vous voulez bien me suivre... 

Il hocha la tête sèchement et les quatre soldats qui l'accompagnaient, le suivirent sans discuter. Ma bouche s'assécha lorsque je passais la porte du bâtiment. Cinq soldats dont un officier haut gradé. Et j'étais toujours dénudée. Je montais rapidement les volées de marche, replaquant une main contre mon uniforme. Une silhouette manqua de me percuter, me faisant tressaillir violemment. Des yeux verts percutèrent les miens, accentuant un peu plus ma détresse. 

- Capitaine Verhoeven..., murmurais-je. 

- Madel... Oberst Jäger ! Schön Sie wieder zu sehen ! (Colonel Jäger ! Ravi de vous revoir !) 

Il salut militaire son supérieur, une réelle joie sur le visage. Puis revint sur moi en fronçant les sourcils. Je resserrais mes doigts sur le tissu de mon uniforme, restant le plus impassible possible. 

- Colonel... Je peux vous conduire à votre chambre, si vous voulez, se proposa-t-il aussitôt. 

- Faites donc installer mes hommes. Deux chambres suffiront. Qu'ils rejoignent l'infirmerie après, pour un contrôle de routine. L'infirmière s'occupe de moi. 

- Bien, mon colonel. 

Il me jeta un regard d'excuse mais je me contentais d'un bref sourire, la respiration difficile. Si j'avais affaire à un Hoffman 2.0, j'allais me jeter de la fenêtre la plus proche... Les soldats disparurent à la suite de Verhoeven, me laissant seule dans le couloir avec Jäger.

- Est-ce que... Enfin, le capitaine Verhoeven m'a dit de vous réserver le lit dans la même chambre que lui. Mais je... Si vous désirez être seul... 

Il reposa son regard azur sur mon visage, m'échaudant les joues. 

- Oui, répondit-il enfin. Mais à côté du capitaine Verhoeven. 

- Bien-sûr, murmurais-je en me remettant en marche. 

Heureusement, les couloirs semblaient déserts. J'ouvris une porte juste avant la chambre du capitaine où une grande chambre attendait d'être remise en état. Un lit y trônait, attendant seulement des draps. Le reste de la chambre était poussiéreuse. Le bureau en face du lit n'avait pas été nettoyé depuis des mois et il en allait de même de la chaise. Sans parler du sol. J'ouvris aussitôt la fenêtre en étouffant un éternuement. Jäger resta debout au centre de la pièce et arqua un sourcil lorsque je me retournais. Je le devançais, toujours aussi mal à l'aise. 

- Je vais aller chercher le nécessaire pour rendre cette pièce vivable. Et des draps. Si vous permettez ?

Il se décala pour seule réponse, me laissant sortir de la pièce. Malgré moi, un soupir de soulagement m'échappa alors que je remontais dans ma chambre, le cœur battant la chamade. J'arrachais le reste d'uniforme déchiqueté une fois en sécurité et expirais brusquement, à bout de souffle. Je retins les larmes qui revinrent perler sur mes cils en attraper une nouvelle tunique. Puis saisissant un tablier propre, je le passais rapidement en essayant de remettre de l'ordre dans mes cheveux. Je jetais les loques de tissus dans le panier de ma chambre avant de ressortir pour aller chercher le nécessaire pour Jäger. Lorsque je revins le trouver, Verhoeven l'avait rejoint et se tenait adossé au mur. Le colonel était proche de la fenêtre, un broc d'eau disposé sur le rebord. Il reprit sans m'apercevoir. 

- Cette maudite barbe... Le trajet nous a pris plus de trois jours. Je ne voulais pas m'éterniser et nous avons fait très peu de pauses. 

Il fit passer la lame sur sa peau, rasant sa barbe naissante avec agacement. La crème à raser tomba dans le broc, juste à côté du blaireau pas encore nettoyé. Je posais les draps sur le lit alors que Verhoeven attrapait le panier au-dessus en me souriant. Il hésita à le poser sur le bureau mais je le lui reprenais déjà des mains pour le poser au sol, à l'entrée de la chambre. Je ressortis avec la chaise poussiéreuse et lui en apportais une nouvelle, de la chambre de Verhoeven. Il n'en avait besoin que d'une, après tout... Lorsque je revins, ce bleu clair revint se poser sur mon visage. Je posais la chaise en retenant un frisson à l'entrée de la pièce, le malaise revenant m'étreindre. Mais avant qu'il ne puisse prendre la parole, une tornade brune se jeta sur moi en m'attrapant le bras. 

- Maddy ! Je te cherch... 

Elisabeth se figea en découvrant Verhoeven puis le colonel. Elle ne me lâcha pas le bras en leur lançant un regard de crainte non dissimulée. Puis se tourna vers moi avec panique. 

- Enfin Madeleine... Magdalena. Bonjour. 

Le colonel étrécit les yeux en entendant le prénom allemand, me faisant me raidir. Mes doigts blanchirent lorsque je resserrais le bois sous mes doigts alors que je tournais la tête vers la jeune infirmière. Je dus m'y reprendre à deux fois pour réussir à parler sous le regard des allemands. 

- Tu avais besoin de quelque chose ? 

- Non. Enfin, oui. Les bougies... Ton visage, ça va ? Osa-t-elle demander, plus bas. 

- Oui, coupais-je court. Tu peux les prendre. Répartis-les dans les chambres que nous avions noté et range le reste dans la réserve. Maintenant, appuyai-je en voyant son inertie. 

Elle hocha la tête et disparut sans demander son reste. Je relevais les yeux vers les allemands toujours aussi silencieux. Le colonel avait retrouvé une peau totalement lisse, mettant en avant sa mâchoire carrée. Il me dévisagea un court instant en me faisant signe de reprendre. Je poussais la chaise vers Verhoeven et il me la retira des mains pour la ranger lui-même. Un soldat arriva juste après, saluant le colonel. Il lui déposa son paquetage au pied du lit avant de disparaître. Le sang me battit brusquement aux tempes et je posais brusquement ma main sur le bureau, oppressée. Trop d'allemands en trop peu de temps, trop d'événements et de contraintes en moins de deux jours... Reprends-toi, Maddy ! Ce n'est pas le moment ! 

- Un problème, infirmière ? S'enquit le colonel en s'avançant d'un pas. 

- Une araignée, éludai-je. 

- Qui vous fait autant transpirer ? 

Je relevais un regard trouble sur l'officier avant de passer une main tremblante sur mon visage. Couvert de sueur. Je l'essuyais sur mon tablier en esquissant un pauvre sourire. 

- Je déteste les araignées. 

- Hoffman les harcèle, lâcha subitement Verhoeven. 

Je relevais brusquement la tête vers lui, le souffle court. Le regard azur me refit virer au cramoisie. Il garda le silence en me dévisageant toujours, me forçant à rester stoïque. 

- J'ai cru comprendre, laissa-t-il enfin tomber. 

Verhoeven soupira brusquement, me faisant me tourner vers lui. Il me regarda avec colère, me faisant tressaillir. Il se reprit aussitôt en m'adressant un sourire rassurant, me désignant mon visage d'un signe de main. 

- Vous devriez aller vous faire soigner. 

- J'ai du travail, capitaine. 

- Je pourrais vous l'ordonner, insinua-t-il. 

Je lui adressais un petit sourire amusé, sentant la peur se dissiper lentement. 

- Du travail pour le colonel, précisais-je. 

- Comment saviez-vous que j'étais colonel ? Nous interrompit soudain ce dernier. Lors de mon arrivée. 

- Le capitaine Hoffman vous a nommé ainsi. 

- En allemand, précisa-t-il. 

Verhoeven haussa les sourcils, me mettant mal à l'aise. Foutus allemands ! Il avait fallu que je baisse ma garde une foutue seconde. Une simple seconde alors que son très cher subordonné avait essayé d'abuser de moi. Pour qu'il le relève. 

- Je connais les grades militaires..., essayai-je. 

- De la Wehrmacht ? 

- C'est un hôpital militaire, éludai-je. 

- Français, précisa-t-il encore. 

- Sous territoire allemand. 

Un bref sourire glissa sur ses lèvres avant qu'il ne le fasse disparaître. 

- Vous avez réponse à tout. 

Je haussais les épaules en glissant mes mains sur mon tablier, le lissant sans qu'il en ait besoin. Les bottes noires apparurent soudain dans mon champ de vision, me faisant redresser la tête. L'odeur de la crème de rasage m'assaillit alors que le militaire me dévisageait encore. 

- Effectivement..., murmura-t-il. Il faudra faire soigner votre visage. 

- Ce sera fait, soufflais-je, déstabilisée. 

- Pour le rassemblement de ce soir, avant le dîner, rajouta-t-il. J'aime les présentations formelles. 

- Mais je suis de garde, colonel. Je ne serais pas... 

- Si, vous y serez, coupa-t-il. Puis vous me ferez visiter l'infirmerie et les salles de soin. 

- Anne est notre référente, elle pourrait... 

- Voyez-vous un inconvénient à faire cette visite vous-même, infirmière Madeleine ? M'interrompit-il encore. 

- Non mais... C'est juste que je dois m'occuper des blessés. 

- Faites-vous remplacer, alors, éluda-t-il. Et préparez ma chambre. J'aimerais en disposer rapidement. Des questions ? 

- Non, colonel, soufflais-je en baissant les yeux.

Cet homme respirait l'autorité. Il aurait fallu être suicidaire pour lui tenir tête plus longtemps que ce que j'avais déjà osé faire. Lorsqu'il sortit, suivi de près par Verhoeven, je fus incapable de tenir plus longtemps sur mes jambes. Et m'écroulais sur la chaise à mes côtés, totalement dépassée par le court des événements. 


~ Quelques heures plus tard ~

Anne posa une compresse sur ma lèvre, me faisant tressaillir. La douleur s'intensifia lorsqu'elle recommença, attirant ma grimace de douleur. 

- Je devrais lui mettre mon pied dans les couilles, jura-t-elle. 

- Ça ne t'a pas suffit de risquer l'exécution avec Verhoeven ? La sermonnais-je pour la dixième fois. Anne...

- Non, Maddy ! Je ne supporte pas qu'il vous touche ! Toi encore, tu as pu te défendre et ce colonel est arrivé ! Mais qu'en sera-t-il pour les autres filles ?

- Je ne pense pas qu'Hoffman s'en préoccupe, ricanais-je en grimaçant encore. Mais aïe ! 

- Oh tais-toi, sourit-elle en recommençant à me désinfecter. 

J'esquissais un sourire en retour alors que la porte s'ouvrait brusquement, la faisant tressaillir. Nous étions dans le point de garde des infirmières, avant la salle commune. En théorie, personne n'aurait dû nous rejoindre. Je sursautais et manquais de me fendre à nouveau la lèvre. Je portais la main à ma lèvre en étouffant un gémissement mais Anne intercepta mes doigts dans un regard réprobateur. Puis elle renvoya un regard glacial au colonel maintenant face à moi. Verhoeven entra à sa suite, fermant la porte dans son dos. Je cherchais à me redresser mais ma tête se mit à tourner, me forçant à rester assise. Je papillonnais plusieurs fois des cils, léthargique. Mais qu'est-ce que... Jäger étrécit les yeux, s'attirant les foudres d'Anne. Verhoeven le devança, un sourire amusé aux lèvres.

- Mon colonel, je vous présente Anne. C'est la mère infirmière. 

- Que lui avez-vous donné ? L'interrogea-t-il sans détour.  

- Un tranquillisant. 

- Anne ! Râlais-je. 

- A cause de votre homme, rajouta-t-elle sans se démonter. 

Le colonel haussa un sourcil mais l'infirmière ne bougea pas d'un cil. Verhoeven reprit en soupirant. 

- Notre mère infirmière est particulièrement... effrontée. Mes excuses, mon colonel. 

- Qui a-t-il d'effrontée à dire la vérité ? Se vexa-t-elle. 

- Vous parlez à un officier, Anne, contre-attaqua-t-il. Le plus gradé et chef de notre bataillon. 

- Et je porte à sa connaissance les faits que vous lui taisez ! S'énerva-t-elle. Soit que l'un de vos hommes s'en prend physiquement à mes infirmières ! 

- Il ne me tait rien, coupa Jäger. Cessez de vous disputer et disparaissez de ma vue, s'agaça-t-il. Capitaine Verhoeven, je vous rejoins devant la salle commune après ma visite. 

Anne chercha à me redresser mais Jäger lui fit un bref signe de main, glacial. 

- Seulement vous, précisa-t-il. 

Elle se figea, laissant sa main sur mon bras. Je voulus lui dire que tout allait bien mais Verhoeven s'avançait déjà pour la guider vers la sortie. Je me forçais à rester concentrée en regardant le colonel, sans savoir sur quel pied danser. Il attendit d'attendre les pas s'éloigner avant de revenir sur mon visage, impassible. 

- Infirmière.

- Colonel... 

- Vous sentez-vous capable de me faire visiter l'infirmerie ? 

- Oui, bien-sûr.

Je sentis pourtant mes jambes s'engourdir et eus du mal à me relever. Je dus m'y reprendre à deux fois pour retrouver une certaine stabilité. J'ouvris la porte rapidement et partis vers la salle commune sans savoir si le colonel me suivait. Ses bottes claquèrent dans mon dos, m'informant sans que je n'eus besoin de me retourner. Nous passâmes les portes ensemble et l'atmosphère jusqu'alors lourde engourdissant les blessés se métamorphosa. Ils se redressèrent plus ou moins - dans la mesure du possible et de leurs blessures - et saluèrent militairement leur chef. Des sourires fleurirent, des lueurs de soulagement et d'espoir atteignirent enfin les yeux de certains tandis que d'autres se contentaient d'une mine de profond respect. Je me tournais vers le colonel sans savoir s'il voulait s'arrêter mais son regard azur revint sonder le mien. Il arqua un sourcil en me désignant du menton le reste de l'infirmerie. 

- Ils ont juste besoin de savoir que je suis là. Poursuivons. 

Et narcissique, en plus... Je les attire ! Nous fîmes rapidement le tour avant de revenir à l'avant-poste des infirmières. Lorsque j'entrais, je manquais de percuter un uniforme et reculais vivement en reconnaissant son porteur. Et percutais Jäger. Il posa brusquement sa main sur ma taille, me stabilisant. Hoffman se recula légèrement, nous laissant entrer. J'essayais de contrôler ma respiration qui s'accéléra pourtant progressivement. 

- Capitaine..., croassais-je. 

- Magdalena... Je ne savais pas que vous n'aviez pas fini, mon colonel. Mes excuses. 

Le colonel hocha sèchement la tête en lui désignant la porte. Hoffman me lança un regard en biais qui me fit froid dans le dos. Je resserrais mes doigts sur mon uniforme, le souffle court. Il allait me tuer, c'était certain. Restait à savoir quand... Je me forçais à déglutir alors qu'il avançait pour saluer son colonel. Ce dernier referma vivement la porte, un bref agacement passant sur son visage. 

- C'est une manie de me déranger ? 

- Je... ne sais pas, colonel. 

Il me lança un regard en biais, comme s'il avait oublié ma présence. Ce qui m'aurait arrangé. 

- Avez-vous encore besoin de moi ? 

- Vous avez mieux à faire, peut-être ? 

- M'occuper de vos hommes, sifflais-je en m'agaçant à mon tour. 

- Vous osez me répondre ? 

- Mais je vous suis inutile ! M'exclamais-je. 

- C'est moi qui juge qui m'est utile, cassa-t-il. Pas vous. Vous voulez partir, Madeleine ? Et revenir plus amochée ou terrorisée parce que mon capitaine n'aura pas aimé ma façon de le congédier ? C'est ça que vous voulez ?! Parce que cela ne changera rien pour moi ! Siffla-t-il. Mais qu'en sera-t-il de vous ? 

Je gardais le silence en détournant le regard. Je me forçais à me calmer en soupirant lentement mais profondément. Foutus allemands ! Sans que je ne l'entende approcher, sa main m'enserra le visage pour me forcer à le regarder. Je voulus me dégager mais il resserra les doigts, m'en dissuadant. 

- Vous attirez sa haine, petite inconscience. Mais je n'ai pas le temps de m'occuper de ce foutoir ! Alors tenez-vous éloigner de lui et c'est un ordre. 

- Mais c'est lui qui... 

- Ne m'interrompez pas ! S'agaça-t-il. Si vous faites ce que je vous dis, il ne vous arrivera rien. 

Les larmes me brûlèrent les cils sans que je ne puisse baisser les yeux. Jäger resta impassible. Cet homme était l'autorité même. Et cela suscitait autant l'administration que la peur. Il me relâcha lorsque j'acquiesçais sans être convaincue de ses paroles. Il me désigna alors la porte sans s'éloigner. 

- Je l'ai dit à votre supérieure... Ludwig - le capitaine Verhoeven, précisa-t-il - ne me dissimule rien. Et je sais pour la nuit dernière. Je ne peux pas demander votre confiance mais au moins votre obéissance. Nous avions un rassemblement de prévu, il me semble. 

- Oui..., soufflai-je. 

Il s'éloigna enfin, me faisant signe de le précéder. Et encore une fois, je m'exécutais. Les infirmières étaient toutes rassemblées à l'exception des deux de garde. Jäger se présenta, rappelant l'obéissance due à ses soldats pour une cohabitation la plus sereine possible. Il rappela également le respect mutuel et les punitions qui découleraient de la moindre rébellion. Son regard se porta particulièrement sur Anne à la fin de la phrase. Lorsqu'il revint dans la foule, ses officiers l'entourèrent. Je me pressais de rejoindre la mère-infirmière mais le colonel m'intercepta. 

- Madeleine ! Apportez-moi une lampe dans ma chambre après le dîner. J'ai des rapports à rédiger qui ne peuvent pas attendre. 

Je hochais la tête sans poser de questions et courus presque rejoindre Anne. Nous partîmes rapidement prendre notre tour de garde alors que les battements de mon coeur manquaient de me rendre sourde. Nous eûmes pas mal de travail et peu de temps pour parler. Lorsque je relevais la tête pour souffler, 22h15 s'affichait sur l'horloge de la salle commune. J'écarquillais les yeux et informais Anne de ma petite escapade à venir avant de courir dans les couloirs. Je quittais la chaleur du bâtiment principal pour rejoindre les dortoirs, frigorifiée en l'espace de trois secondes. 

Je montais au deuxième étage pour attraper une lampe à pétrole et quelques bougies. Je repartis tout aussi vite au premier et frappais un petit coup à la porte du colonel. Après quelques secondes sans réponse, je poussais doucement la porte et entrais silencieusement dans la pièce... vide. Je déposais mon fardeau sur le bureau et disposais la lampe sur l'un des côtés puis l'allumais. Je fis de même avec l'une des bougies mais la positionnais devant la fenêtre pour éclairer le reste de la pièce. J'allais faire demi-tour lorsqu'une silhouette se dessina sur le mur, m'annonçant une présence dans mon dos. Je fis volte-face au moment où la porte se refermait. J'inspirais brusquement en plongeant dans ce regard que je commençais à haïr plus que je ne m'en pensais capable. 

- Comme on se retrouve... Que faites-vous là ?! 

- Le colonel voulait une lampe. 

Un ricanement lui échappa alors qu'il s'avançait, rompant le peu de distance qu'il restait entre nous. Je suffoquais lorsque sa main vint m'enserrer le cou, me forçant à reculer jusqu'au mur. 

- Si tu penses que tu vas me faire tomber en disgrâce à ses yeux... 

Je voulus parler mais il m'en empêcha en resserrant ses doigts. Je manquais de m'étouffer alors qu'un léger filet d'air m'emplissait encore les poumons. 

- S'il vous... plait, suffoquais-je. Vous.. 

Mais l'air me manqua. La panique me submergea alors qu'il se plaquait contre moi, m'écrasant contre son torse. Il me força à me retourner et me plaqua sans délicatesse contre le mur, les mains en évidence au niveau de mon visage. Une quinte de toux me déchira la gorge sans qu'il ne s'en soucie. Il me força à rester immobile en commençant à glisser ses mains le long de mon corps. 

- Donnez-moi une excuse pour vous attacher, Magdalena... Vous entrez dans la chambre d'un chef de bataillon. Je me vois dans l'obligation de vous fouiller ! 

Ses mains glissèrent sur mes jambes avec lenteur, ramenant la détresse et la panique qu'il provoquaient inlassablement chez moi. Lorsqu'il remonta sur mes cuisses, je tressaillis violemment et étouffais mon cri en fermant brusquement les yeux. Mais il glissait déjà sur mon postérieur et revint au niveau de mon entre-jambe.  

- Imaginez s'il mourrait par ma négligence..., grinça-t-il. Parce qu'une petite catin s'est introduite dans sa chambre sans autorisation !

- Mais il m'a demandé de... 

Il me plaqua brusquement au mur en m'attrapant par la nuque. Un cri terrorisé m'échappa alors qu'il continuait son inspection d'une main. Ses doigts se refermèrent sur ma poitrine sans délicatesse, me molestant. Mon uniforme se déchira, laissant mon sein à découvert. Il recula soudain brusquement. Je ne réalisais pas tout de suite qu'il ne me touchait plus. Lorsqu'une main revint m'attraper la taille, un cri étranglé m'échappa. Il me fit faire volte-face en m'attrapant les poignets, me faisant haleter. Mais ce ne fut pas son regard que je croisais. Ce fut celui de Verhoeven. Puis celui de Jäger. Et sans pouvoir me contrôler, je me mis à pleurer. Verhoeven dut me soutenir lorsque mes jambes cédèrent sous mon poids. Je m'accrochais à son uniforme, seule chose encore tangible. Lorsqu'il chercha à me relever la tête, je la secouais brusquement en relevant les yeux sur Jäger. Je plaquais alors brusquement une main sur mon uniforme, le maintenant contre ma peau.

- Je... venais juste... vous apporter... la lampe et les bougies, articulais-je à travers mes sanglots. Je suis désolée... Je pensais que... Vous.. m'aviez dit de... 

Verhoeven me força à me redresser mais j'étais incapable de tenir debout. Je m'essuyais les joues en continuant de pleurer, les mains tremblantes. Jäger se tourna vers Hoffman en haussant un sourcil. 

- Colonel, elle était dans votre chambre ! Se défendit-il aussitôt. J'ai seulement vérifié qu'elle ne tenterait rien contre vous ! 

- Parce que je l'y avais autorisé, précisa-t-il. Mais qu'est-ce que vous voulez qu'elle me fasse, capitaine ?! Siffla-t-il sans plus dissimuler sa colère. Vous croyez que j'ai que ça à faire ?! Et qu'est-ce que vous foutiez dans ma chambre, nom de Dieu ?! 

- J'apportais les cartes, colonel... 

- Et ça ne pouvait pas attendre que je finisse avec Verhoeven ?! 

- Je ne voulais pas vous offenser, s'excusa-t-il encore. J'avais un doute. Elle s'est débattue comme à son habitude, cette garce ! 

Il me cracha aux pieds, me faisant sursauter. Verhoeven retint un soupir agacé en m'asseyant sur la chaise de bureau, les mâchoires crispées. Mais cette fois, Jäger prit la parole en premier, mettant fin à cette réunion improvisée. Il sortit alors son arme de son étui, la gardant à la main. 

- Sortez, cingla-t-il. 

- C'était juste un doute, colonel, tempéra-t-il soudain. Elle n'avait rien sur... 

- Je vous ai dit de sortir, capitaine, gronda-t-il. Vous aussi, Verhoeven. 


~ Et voilà pour le chapitre 5 ! 

A vos claviers et vos souris pour me dire ce que vous en pensez ! Que va-t-il se passer ? Pourquoi Hoffman tempère-t-il soudain ses propos ? Que risque Maddy avec lui ? Va-t-il la faire fusiller ? 

Comment va réagir le colonel ? Et que peut faire Verhoeven ? A vous de me le dire ! Des bisouuuuus ~

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top