Chapitre 16

~ Wilhem ~

Prendre le risque de m'aimer... Ses mots continuaient de se répercuter autour de moi sans que je n'arrive à réagir. Pouvais-je lui faire ça ? Elle avait raison sur un point : j'étais allemand. Et nous étions en guerre. Une guerre qui me harcelait de responsabilités depuis quatre années... presque cinq. Une guerre dont je ne voyais plus la fin. Une guerre qui pouvait me l'arracher, à tout moment et par n'importe quelle armée. La mienne. La sienne. Mais elle était prête à prendre ce risque... L'étais-je aussi ? Ses mains glissèrent lentement de mes joues, me faisant réagir.

Une fureur sans nom m'étrangla. Pour tout ce qui nous séparait. Pour tout ce qui pourtant nous rapprocher. Pour la tristesse et le déchirement que je lisais dans ses yeux. Un désir incontrôlable me transperça. Je resserrais mes mains dans son dos en la faisant reculer à nouveau. Elle percuta la chaise du bureau mais n'y fit pas attention, le regard rivé au mien. Je la soulevais dans mes bras, le corps embrasé mais aussi douloureux. J'avais bridé mon désir pour elle, la petite française innocente.... mais tout me ramenait à Madeleine ! De douleur parce que je sortais de jours épuisants à lutter contre la douleur, contre les plaies occasionnées par les Lancaster.

Son souffle s'accéléra. Le combat qu'elle menait me renvoya durement le mien en plein visage. Avais-je le droit de lui faire ça ? Si cela se savait... Elle parut comprendre et s'étrangla une nouvelle fois avant de reprendre, repositionnant ses mains contre mes joues. Je n'étais pas fait de pierre. Je n'avais pas non plus partager la couche d'une femme depuis bien trop longtemps... et Madeleine ne me laissait pas insensible. Si elle ne me stoppait pas, je serais incapable de le faire. J'en avais une conscience aigüe.

- Madeleine, je suis...

- Je sais que tu es allemand, m'interrompit-elle brusquement. Mais toi et moi n'y pouvons rien.

L'entendre me tutoyer m'échaudait plus que je n'aurais voulu l'admettre. Elle n'avait rien de ce que le IIIè Reich prônait : elle était brune. Elle avait des yeux marron. Elle était française. Elle était l'ennemi. Succomber maintenant pourrait mettre ma mission en péril. J'en étais aussi conscient. Elle ne serait pas simplement une femme que je coucherais dans mes draps... Je ne l'avais jamais envisagé ainsi. Pourtant si je le faisais... tôt ou tard, je la blesserais profondément.

- Ne me rejette pas, souffla-t-elle avec fragilité.

- Je n'en ai pas envie, lui assurais-je. Mais tu dois savoir... Je pourrais partir du jour au lendemain. Je te laisserais seule, Madeleine.

- Je sais, murmura-t-elle.

La douleur traversa ses traits, me donnant un coup de poing en plein estomac. Mais je devais poursuivre et formuler la suite.

- Je pourrais mourir et ne jamais te revenir, ma douce...

Un sourire résigné lui échappa alors que la douleur s'agrandissait dans ses yeux, dévastatrice et indomptable.

- J'ai déjà perdu un soldat dans cette guerre, Wilhem...

- Prendrais-tu le risque insensé d'en perdre un deuxième ?

Sa réponse tarda, me broyant le cœur. J'avais abandonné bien plus que ce qui m'était permis de le faire à cette infirmière. Dès les premiers jours, son regard m'avait captivé, hanté... J'avais eu toutes les peines du monde à lui montrer mon indifférence alors qu'elle m'attirait plus que de raison. J'avais eu toutes les peines du monde à ne pas me dévoiler alors que mon officier la maltraitait, parfois sous mes yeux. J'avais eu toutes les peines du monde à ne pas prendre sa bouche insolente quand elle était venue, plusieurs fois, dans ma chambre. Mais j'avais été faible aussi. En allant dans la sienne. En la choisissant pour me soigner en cas de problème. En lui faisant toutes ses confidences....

- Oui.

Sa réponse me sortit de la torpeur qui me maintenait jusqu'alors sous tension. Je la fixais sans comprendre puis lentement, interprétais ces trois petites lettres. Je fermais les yeux une fraction de secondes, désorienté. Elle met en péril ma mission. Elle sera en danger ! Je ne peux pas prendre ce risque...

- Mon Dieu, Madeleine...

Mon désir prit le contrôle. Mon uniforme me comprimait douloureusement la bas-ventre. Je fondis sur ses lèvres en la ramenant contre moi, galvanisé par cette simple affirmation et tout ce qu'elle impliquait. Je la soulevais dans mes bras pour la poser sur le bureau à ses côtés, le souffle déjà court. Elle laissa glisser ses mains dans mon cou alors que je glissais mes doigts dans ses cheveux, savourant le goût de ses lèvres. C'était à chaque fois insensé, à chaque fois plus irréel. Elle me faisait perdre la raison. Elle m'en faisait oublier ce que nous vivions. Elle levait presque l'interdit de notre situation...

J'avais toujours refusé de toucher les femmes des villes où nous nous arrêtions. Certaines ne voyaient en nous que les allemands que nous étions, envahisseurs tyranniques au service d'Hitler. D'autres ne voyaient en nous que le pouvoir et la force avec laquelle nous faisions ployer nos ennemis. Jusqu'à ce que je croise Madeleine. Elle avait été terrifié dès notre première rencontre et pourtant... une irrésistible attraction s'était tout de suite opérée. Sa seule présence avait suffi à me détourner de mes objectifs pour ne penser qu'à la protéger malgré ce que j'avais pu lui dire.

Je glissais les mains sur ses cuisses déjà dévoilées en grognant, mon membre douloureusement comprimé. Un hoquet de surprise l'arracha à ma bouche. Je poursuivis mon ascension vers ses sous-vêtements, le souffle court. Elle s'agrippa à ma chemise avec force avant d'entreprendre d'en défaire les boutons. La fièvre du désir me refit la soulever dans mes bras pour l'emporter vers le lit. Il était hors de question que je lui fasse l'amour sur le bureau. Je délaçais mes rangers sans les retirer, l'impatience l'emportant sur le pragmatisme. Son uniforme remonta considérablement sur ses cuisses quand elle s'effondra sur le matelas, les lèvres rougies par nos baisers.

- Dis-moi d'arrêter, la suppliais-je.

J'espérais pourtant le contraire. Je ne voulais pas arrêter mais je le ferais si elle me le demandait. Mon corps protesta à l'idée d'éloigner le sien mais je restais immobile, au-dessus d'elle. Ses cheveux s'étalaient de part et d'autres de ses épaules, lui donnant un air ingénu qui me mit au supplice. Ses mains revinrent sur ma chemise et elle finit de la déboutonner. Elle tira sèchement sur le tissu pour le retirer de mon pantalon. Je me raidis en resserrant les draps sous mes doigts. Elle tourna la tête vers la main que j'avais à côté de son visage puis revint fixer mon torse encore couvert par mon tricot de peau.

- Tu ne sais pas ce que tu risques, murmurais-je.

Elle fit glisser ma chemise sur mes bras sans s'attarder dessus. Ses doigts glissèrent alors sur mon torse, puis mon ventre. Sa douloureuse descente se poursuivit jusqu'à ma ceinture. Je contractais les mâchoires pour ne pas me laisser emporter par l'envie sauvage qui me broyait de plus en plus de l'intérieur. Elle se redressa sur un coude pour pouvoir attraper mon haut et le retira à son tour de mon pantalon. Ses doigts me frôlèrent alors la peau... Je me redressais brusquement pour me débarrasser de ma chemise et passais la main dans mon dos pour retirer le dernier rempart entre nous. De mon côté, du moins...

- Je crois savoir, croassa-t-elle.

- Tu seras l'ennemie de ton propre pays, arguais-je.

Elle inspira brusquement et je fixais son visage avec tension. Ne me laisse pas... Pas maintenant ! Pourtant, chaque mot qui sortait de ma bouche l'y incitait. Mon instinct protecteur redoubla lorsqu'elle reposa les mains sur mes épaules nues. Ses joues se colorèrent aussitôt, me faisant définitivement succomber. Je jurais en allemand avant de plonger à nouveau sur ses lèvres. Mon corps bascula contre le sien et nous rejoignîmes les draps. Madeleine émit un petit son que j'étouffais contre mes lèvres. Son uniforme remonta encore, me donnant accès à son entre-jambe. Ma main s'abattit durement sur sa cuisse où je crispais les doigts. Madeleine tressaillit et je desserrais aussitôt la pression, tendu.

- Wilhem...

Je m'écartais pour percuter son regard, le désir me consumant avec une lenteur effroyable. Ses doigts reprirent leur exploration, incitant les miens à faire de même. Lorsqu'elle descendit sur mon torse, je rejoignis ses hanches. Puis ses mains s'aventurèrent sur mon ventre, frôlant ma peau avec douceur. Je remontais sur sa taille pour venir frôler la courbe de ses seins. Son uniforme m'y bloquait l'accès et elle eut ces deux mots libérateurs.

- Enlève-le.

Je m'exécutais sans attendre, avide de découvrir sa peau nue. J'entraînais les différentes couches de tissus pour la laisser en sous-vêtement entre mes bras. Elle rougit furieusement et je rabattis aussitôt le drap sur nous pour préserver sa pudeur. Elle eut un sourire incertain qui manqua de me faire plier. Cette femme est une véritable sorcière...

- Nous pouvons toujours arrêter, grinçais-je entre mes dents.

Elle haussa les sourcils en bougeant légèrement et mon érection frotta contre sa cuisse. Son sourire se fit taquin. Je laissais tomber mon front contre sa poitrine, à bout de nerf.

- Tu me tueras !

Elle frissonna dans mes bras et je repris mon exploration. Ma bouche se posa entre ses seins, juste au-dessus du tissu qui couvrait sa poitrine. Elle se cambra aussitôt, me permettant de glisser une main dans son dos. Je me débarrassais de l'ultime tissu qui me séparait de sa peau et emprisonnais immédiatement la pointe de son sein entre mes lèvres. Du bout des doigts, je l'emprisonnais en même temps dans ma main et le regrettais aussitôt. Il était ferme et rond. Parfait. Exactement comme je n'arrêtais pas de les imaginer chaque nuit que je passais à penser à elle et surtout, son corps... Un cri étranglé lui échappa avant qu'elle ne se couvre la bouche. Je repoussais sa main d'un grognement en lui mordant la peau.

- Mon ange, mes hommes savent que tu es là...

Elle s'étrangla à nouveau à cette mention et je me maudis de ma franchise. Mais c'était le cas. Mes doigts encore libres glissèrent sur sa hanche. Elle entreprit de glisser ses mains sur ma ceinture mais mon corps serré contre le mien l'en empêcha. Je me soulevais légèrement et d'un mouvement, défis l'ensemble pour la laisser me dévêtir presque entièrement. D'un geste impatient, j'envoyais valser pantalon d'uniforme et rangers au sol. Je lui retirais sa culotte d'un geste lent, faisant glisser le sous-vêtement tant bien que mal le long de ses jambes. Son souffle se bloqua alors que je l'observais comme le fruit défendu qu'elle aurait dû rester. Ma sexe se gonfla à nouveau. Je contractais mes mâchoires en la découvrant, glissant mes doigts sur ses jambes pour remonter sur son entre-jambe.

Plus je parvenais entre ses cuisses, plus je sentais la tension raidir ses membres. Un regard me permit pourtant de comprendre que son désir n'avait pas diminué. Bien au contraire. Je me soulevais pour libérer enfin mon membre du dernier vestige de mes habits et revins au-dessus de ma douce infirmière. Je n'en avais pourtant pas fini avec elle.... D'un mouvement, j'écartais ses cuisses et glissais mes doigts entre ses jambes. Un couinement surpris lui échappa alors que j'atteignis ses chairs déjà sensibles. Elle se cambra à nouveau et se mordit furieusement les lèvres en me fixant. L'appréhension gagna son regard et je me rappelais ce qu'elle m'avait confié.

Son défunt fiancé avait été engagé dès le début de la guerre, quatre ans auparavant... et à voir la difficulté qu'elle avait eu d'accueillir mon étreinte, je ne doutais pas qu'elle lui avait été religieusement fidèle jusqu'à aujourd'hui. Une pression supplémentaire me tomba sur les épaules. J'avais perdu l'habitude d'avoir des femmes entre mes bras. J'avais perdu l'habitude de la douceur et de la passion charnelle. Je ne m'étais contenté depuis quatre ans que de deux ou trois étreintes, la veille de nos départs... C'était pratique. C'était sans attache. Mais là, avec elle... c'était différent.

- Je ne veux pas te faire mal, soufflais-je.

- Je sais, m'assura-t-elle.

C'était trop tôt. Je ne pouvais pas faire ça. Mon retour en arrière était-il pourtant possible ? Madeleine sembla s'en apercevoir et écarquilla les yeux en m'attrapant le bras que j'avais repositionné à ses côtés.

- Je le veux et toi aussi, non ?

- Ce n'est pas ça, grognais-je.

- Tu préférerais que je rejoigne l'un de tes officiers ? Me provoqua-t-elle.

Je la fusillais du regard en attrapant fermement sa hanche pour la faire glisser un peu plus sous moi. Elle couina en s'accrochant davantage à mon bras. Je ramenais brusquement son visage vers le mien, sentant la jalousie me mordre férocement rien qu'à l'idée qu'elle finisse dans les bras d'Hoffman. Ou pire : de Ludwig. Et je plongeais à pieds joints dans sa provocation...

- Je t'interdis de sortir de cette chambre, Madeleine...

- Donne-moi une bonne raison d'y rester, poussa-t-elle le vice.

Je la fusillais encore du regard en plongeant sur sa bouche. Elle enroula aussitôt ses bras autour de ma nuque et ses mains vinrent agripper mes cheveux. Ma main entre ses cuisses reprit aussitôt ses mouvements, impatients. Elle ne se formalisa pas de mes gestes peut-être trop brusques et se cambra à nouveau contre moi. Sa moiteur n'attendait que mes doigts, que mon sexe... Je grognais furieusement contre ses lèvres en la pénétrant lentement de mon majeur. Le contraste de ma lenteur volontaire avec mon état survolté fut des plus dur à contrôler. Pourtant, le gémissement de Madeleine m'indiqua que j'y parvenais encore.

Lorsqu'elle fut suffisamment prête pour m'accueillir, je retirais ma main et me plaçais entre ses cuisses. Elle se tendit immédiatement et amorça un mouvement de bassin vers le mien. Je relevais la tête pour apercevoir son visage. D'un coup de bassin, je la pénétrais et me figeais. Elle tressaillit et se contracta avant de fermer les yeux. Je restais parfaitement immobile, pourtant à bout de mes forces, de ma patience et de mon désir. Ce fut elle qui bougea la première et me fit reprendre mon souffle. Ses mains toujours autour de mon cou revinrent plonger dans mes cheveux.

Un feu nouveau vint me consumer alors que je reprenais lentement, amorçant un premier mouvement vers son bassin. Le désir devint plus brutal, animal. Madeleine se mordit furieusement la main mais une nouvelle fois, je l'empêchais de se réfréner. Sa main emprisonnée dans la mienne et l'autre dans mes cheveux, je replongeais en elle avec délectation. Le plaisir vint s'inviter à la confusion de sens qu'était mon esprit et me brouilla le peu de logique qu'il pouvait me rester. Un grognement m'échappa lorsque je replongeais encore entre ses cuisses. Cette fois, son cri se répercuta contre les murs de la pièce et m'électrisa. Son corps se colla au mien dans un ultime sursaut et je l'observais basculer dans la jouissance avant moi.

Sa gorge fut soudain à ma portée et j'y plongeais aussitôt les lèvres, goutant à sa peau autant que je le pouvais. Deux coups de bassin suffirent à me faire rendre grâce à mon tour. J'aurais aimé lui faire l'amour encore et encore mais mon abstinence prolongée eut raison de moi. Une autre fièvre prit possession de mon corps et je m'écroulais, à bout de souffle. Madeleine inspira brusquement mais je m'écroulais déjà à ses côtés, à demi inconscient. Je ne fus pas capable de lui répondre quand elle me parla, pas même quand sa voix s'affola légèrement. A bout de force, je sombrais dans le sommeil en ramenant le corps de mon infirmière entre mes bras...

Lorsque je me réveillais, Madeleine avait sombré dans mes bras que j'avais refermé sur son petit corps encore nu. Le linge qu'elle avait visiblement mis sur mon front pour faire baisser la fièvre qui s'était emparé de moi après mon étreinte, était tombé sur son dos. Elle grommela quelque chose que je ne compris pas alors que je rejetais le linge mouillé loin de nous. Puis je pris le temps de l'observer avant de me lever lentement, m'efforçant de ne pas la réveiller. Je ne sus comment je fis pour m'extraire du lit sans qu'elle n'ouvre les yeux. Elle protesta pourtant à plusieurs reprises, les sourcils froncés. Je déposais un léger baiser sur ses lèvres avant de me pencher pour rassembler nos affaires.

Dans un soupir, je rendossais l'uniforme militaire qui l'avait effrayé la veille et boutonnais les derniers boutons quand un léger coup fut frappé à ma porte. Un bref coup d'oeil sur ma montre m'indiqua qu'il était un peu plus de six heures trente. J'entrouvris le battant pour découvrir Ludwig et lui fis les gros yeux avant de tourner la tête vers mon lit. Il eut un sourire taquin qui me fit lever les yeux au ciel.

- Epargne-moi tes remarques sarcastiques.

- Il va bien falloir que tu me laisses rentrer, pourtant.

Je le regardais avec plus d'intensité et au même moment, du bruit se fit entendre à l'autre bout du couloir.

- Tu ne voudrais pas que la moitié de notre garnison voit Madeleine entre tes draps, me provoqua-t-il.

J'ouvris plus grand la porte en le fusillant du regard et refermais le battant avant que les voix ne passent devant ma porte.

- Réveil de nos troupes, m'informa Ludwig. Tu ne pourras plus me mettre dehors.

- Pas si fort ! Sifflais-je en lui désignant la chaise dos au lit.

Il s'y assit sans protester, le sourire toujours aux lèvres. Je grognais en m'asseyant à ses côtés, les yeux rivés sur Madeleine.

- Alors.., commença mon officier.

- Si tu m'avais laissé un peu plus de temps, j'aurais pu savoir si elle décidera de me fuir ou pas à son réveil.

- Madeleine, te fuir ? Ricana-t-il. Cette femme t'ait dévoué corps et âme, Wilhem.

Je regardais à nouveau vers le lit avant de fixer mon officier, les traits tendus.

- Tu es venu me trouver à six heures trente pour parler de ma relation avec mon infirmière ?

- Tout doux, dit-il en levant les mains en l'air. J'aurais bien aimé mais.. j'ai surtout reçu une copie des ordres de l'officier SS qui est venu nous rendre une petite visite. Mais pas Franz... n'est-ce pas ?

- Non, claquais-je. C'était ma volonté, admis-je.

- Donc... si on perd, je pars avec toi. Brûler Paris.

Je posais un regard grave sur son visage, apercevant son hésitation.

- Oui.

Il hocha lentement la tête, assimilant l'information.

- D'accord. Et... que feras-tu ? Avec Madeleine.

- La même chose que toi pour Anne, soulignais-je.

Mon officier eut un sourire rêveur en pensant à son infirmière qui, je savais, avait succombé à ses charmes le lendemain du bombardement. La nostalgie se glissa sur le visage de Ludwig avant qu'il ne redevienne impassible.

- Ce n'est pas pour tout de suite, n'est-ce pas ?

- Tu as lu les ordres, Ludwig. Tu sais quand cela sera. C'est une mission hypothétique.

- Qu'elle le reste... grogna-t-il.

Je hochais la tête pour lui faire comprendre que je partageais sa position. Puis mon regard retomba sur le lit. Sans le vouloir, je fis grincer ma chaise et Madeleine sursauta dans son sommeil. Elle se redressa brusquement et je posais une main autoritaire sur l'épaule de Ludwig.

- Wenn du dich umdrehst... (si tu te retournes), le menaçais-je.

- Sie versteht Deutsch (Elle comprend l'allemand), ricana-t-il.

Je relevais les yeux sur le visage encore endormi de Madeleine qui me jeta un regard affolé en entendant la voix de mon officier. Je le lâchais pour m'avancer vers elle et posais un genou sur le lit pour basculer vers son visage. Elle releva les yeux avec fatigue mais m'adressa un sourire hésitant. Le soulagement me fit soupirer avant que je ne lui vole un baiser.

- Bonjour..., murmura-t-elle avec gêne.

Un sourire m'échappa alors que je glissais une main sur sa joue pour lui voler un nouveau baiser. Elle me laissa l'approfondir et en oublia de tenir le drap contre son corps nu. Avant qu'il ne tombe, je l'attrapais et la couvris à nouveau en grognant.

- Ich werde dich dafür bezahlen lassen ! (Je vais te le faire payer) m'informa mon ami et officier avec humour.

- Geh zu deiner Krankenschwester (Va chez ton infirmière) ! Le rembarrais-je aussitôt.

Madeleine écarquilla les yeux, me faisant froncer les sourcils. Elle rougit furieusement en me reprenant les draps des mains. Je lui saisis le menton entre les doigts pour la forcer à me regarder à nouveau et l'interrogeais du regard. Elle déglutit péniblement avant d'entrouvrir les lèvres.

- Je... voulais te.. vous...

Elle paniqua en regardant Ludwig mais je lui bloquais la vue et fis un geste agacé vers mon officier.

- Il est au courant.

- Je ne m'en serais pas doutée..., grommela-t-elle.

Ludwig retint difficilement son rire alors que je soupirais devant mon infirmière.

- Donc, repris-je, tu parles allemand.

Mon affirmation la fit tiquer mais elle finit par hocher lentement la tête puis me fixa avec inquiétude.

- Je voulais t'en... te le dire, m'avoua-t-elle en rougissant.

- Et toi, tu le savais ! Accusais-je Ludwig du lit.

- Bon, je peux me retourner ou pas ? Râla ce dernier.

- Non ! Claquais-je sèchement.

Madeleine se leva prestement et attrapa ses sous-vêtements puis son uniforme. Alors qu'elle s'avançait à mes côtés pour rejoindre Ludwig, ses joues reprirent leur teinte rosée. Ludwig lui adressa un clin d'œil taquin avant de me fixer. Je posais les mains sur le dossier de la chaise de Madeleine en lui lançant une œillade meurtrière.

- Donc Anne..., reprit Madeleine.

Le regard de mon officier brilla aussitôt à la mention de la mère infirmière et Madeleine gesticula sur sa chaise. Ludwig sourit à nouveau en inclinant la tête vers Madeleine.

- Je lui ai promis de me taire... mais je suis sûr qu'elle comprendra, sourit-il avec confiance.

Il me lança un bref coup d'œil, faisant relever le regard de Madeleine sur moi.

- Je...

Elle hésita sans savoir comment poursuivre. Je hochais seulement la tête en la fixant intensément.

- Reviens ce soir.

Mon ton impérieux lui fit froncer les sourcils.

- Je dois voir avec Anne si elle n'a pas besoin de moi. Je me suis absentée un moment. Les filles ont peut-être besoin de...

- Je comprends, la coupais-je en m'assombrissant.

Madeleine hésita aussitôt et regarda Ludwig qui arqua un sourcil, un air suffisant au visage.

- Ca lui passera, ricana-t-il. On se voit plus tard ?

Mon infirmière écarquilla les yeux en se redressant pourtant puis se tourna vers moi. Je pris la décision pour nous deux et la ramenais dans mes bras avec possessivité. Une main sur sa nuque, j'emprisonnais ses lèvres contre les miennes pour un dernier baiser. A bout de souffle, elle finit par quitter la pièce et je me laissais à nouveau tomber sur ma chaise en regardant Ludwig avec mauvaise humeur.

- Je sais, m'affirma-t-il. Elles font de nous ce qu'elles veulent...

- Anne a-t-elle eu des problèmes avec les autres infirmières ?

Ludwig grimaça en détournant le regard.

- Anne n'est pas restée quatre jours enfermée avec moi, Wilhem... Alors, je te répondrais non. Pas que je sache. Mais si elle me dit quoi que ce soit sur Madeleine, je t'en tiendrais informé.

Je hochais lentement la tête avant de me tourner vers les papiers sur mon bureau. Il était temps de reprendre le travail. Je devais me concentrer et faire tomber de nouveaux ordres, notamment pour fortifier l'hôpital... Et cela ne pouvait pas plus attendre.

~ Et voilà pour le chapitre 16 !

Un peu plus rapide que le précédent, il apporte enfin ce tournant attendu sur la relation de Wilhem et Madeleine ! Mais qu'en sera-t-il pour la suite ? Qu'en sera-t-il pour Anne et Ludwig ? Madeleine va-t-elle parler à la mère infirmière ? Va-t-elle réussir à composer avec la présence de Wilhem ? A vous de me le dire !

A vos claviers et vos souris pour me dire ce que vous en avez pensé ! Quant à moi, je reviens très bientôt avec le chapitre 17 ! Des bisouuuus ~

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