Chapitre 3

  La soirée dura jusqu'à à peu près deux heures trente du matin, assez pour que Lucas soit trop alcoolisé pour rentrer directement à son époque.

Le garçon quitta Tom et Tanya en leur donnant rendez-vous le week-end même pour passer un peu plus de temps avec eux. Il salua les amis du roux d'une façon un peu trop amical, comme s'ils se connaissaient tous depuis plusieurs années déjà. Le brun reçut même un câlin de la part d'Alex avant que Tom ne le tire au loin.

Le jeune homme avait retrouvé son garage en faisant attention de ne pas être suivit par un des membres du groupes, puis il s'était affalé dans le canapé sans attendre, s'endormant dans les secondes qui suivirent.

Il était aux environs des six heures du matin quand Lucas se réveilla à la sonnerie criarde de son téléphone. Un mal de tête lui arracha une grimace alors qu'il essayait de se lever avec un peu de difficulté. Lucas voulut se redresser directement, mais il comprit rapidement que son corps n'était pas encore prêt à le suivre. Alors il resta en position assise quelques instants avant de se frotter le visage de ses mains et de lâcher un long soupir.

Le brun savait qu'il devait partir même si son corps lui hurlait de se recoucher.

Il essaya à plusieurs reprises de se lever et finalement il réussit à se mettre debout. Il prit soin de placer de nouveau ses papiers, l'argent et le téléphone dans le casier avant de le fermer à clef, puis il régla sa montre avec mécanisme.

Et en quelques instants il était parti.

Le jeune homme dut s'assoir immédiatement en arrivant de 2079, une envie de vomir le prenant tout à coup à cause de l'alcool ingurgité il y avait moins de 4 heures, ainsi que les secousses dues au voyage. Il fit un énorme travail sur lui-même avant de pouvoir ouvrir les paupières.

Yuki était assis sur la table basse, elle regardait son maitre d'une drôle de façon, se demandant sûrement pourquoi il était assis sur le sol. Puis finalement le chat blanc sauta vers son maître pour lui demander des caresses.

Lucas caressa son chat quelques instants avant de regarder l'heure : 6h15.

L'une des choses qui pouvaient être bien avec le voyage dans le temps était qu'on pouvait se balader dans le temps même à notre époque. Sur le papier cela semblait assez bien, or cela pouvait vite causer des problèmes avec l'histoire des trois jours par semaine, car se décaler du temps actuel était considéré comme un voyage dans le passé ou dans le futur. Plusieurs personnes s'étaient vues retirer leur montre à cause de ça. Donc Lucas préférait ne pas prendre de risque, il revenait à chaque fois à l'heure actuelle, celle correspondante à 2019. Il suivait l'heure mais en reculant de 60 ans.

Cela avait été complexe au début, mais Lucas s'était habitué au fonctionnement, même si cela signifiait de ne pouvoir rattraper ses nuits de sommeils.

Il était encore tôt, mais le jeune homme savait qu'il ne pouvait pas aller se rendormir, au risque de ne vouloir se réveiller par la suite. Donc il se contenta de se lever du sol pour aller se préparer pour sa journée de travail.

Lucas secoua la tête, ses cheveux encore mouillés de sa douche, puis il sortit de la salle de bain, Yuki se précipitant pour venir se frotter à ses jambes.

Le brun essaya d'éviter son chat puis se saisit de son téléphone avant de s'assoir dans son canapé. Il eut d'ailleurs la mauvaise surprise de voir tous les messages incendiant de sa sœur, ses nombreux appels manqués et ses menaces. Mais encore une fois Lucas n'y porta pas plus d'attention et préféra abandonner son téléphone sur le canapé.

Or tout à coup quelque chose attira son attention.

Sur un petit meuble posé à côté de son canapé se trouvait plusieurs photos dans des cadres représentant plusieurs personnes. Mais une photo en particulière attira son attention. Il tendit le bras et s'en saisit, puis il se laissa de nouveau s'enfoncer dans le canapé en soupirant péniblement alors que ses yeux détaillaient la photo.

Sur cette dernière se trouvait un petit garçon d'environ 12 ans, il riait à gorge déployée alors qu'une personne âgée le soulevait du sol d'une façon amusée.

Lucas laissa son regard observer le petit garçon et il eut un tic de mécontentement. En effet le petit garçon n'était personne d'autre que Lucas lui-même, il semblait insouciant à l'époque et le jeune homme regretta de ne pas ressentir ce sentiment de joie intense.

Puis rapidement il détailla le vieil homme, il laissa son pouce trainer sur le visage souriant de son grand-père avant qu'un sourire triste ne vienne apparaitre sur ses lèvres.

Son grand-père était la raison de ses voyages dans le temps. En effet le vieil homme avait été la personne la plus importante pour le brun. Les parents du jeune homme étaient décédés dans un accident de voiture alors que Lucas n'avait que 8 ans et sa sœur 14 ans. Après ce tragique évènement, lui et Mathilde avaient été pris en charge par leur grand-père, ils avaient été élevés par lui, aimés par lui, il les avait aidé à devenir les personnes qu'ils étaient aujourd'hui. Mais le vieil homme avait succombé à la vieillesse il y avait de ça 5 ans. Et Lucas ne s'en était jamais remis.

Du moins jusqu'à ce qu'il ait l'opportunité d'avoir accès à une montre à voyager dans le temps.

D'abord Lucas avait voulu voyager 5 ans en arrière pour pouvoir dire au revoir à son grand-père, mais il avait compris que ça n'aurait fait que d'augmenter sa peine, de le rendre plus malheureux qu'il ne l'était déjà. Surtout qu'il aurait dû faire face à son lui du passé, qui aurait rendu les choses bien plus compliquées.

Donc un soir, il avait pris la décision d'aller beaucoup plus loin, son grand-père lui ayant toujours dit qu'ils se seraient bien entendus en tant qu'amis dans le passé, et il avait eu raison.

Tom était le grand-père de Lucas, de 65 plus jeune.

Lors de son premier voyage le brun avait pensé que cela ne servait à rien, que le Tom du passé serait différent de celui que Lucas avait connu. Il avait pensé que ça ne lui aurait rien fait de le voir plus jeune, mais il s'était trompé.

En effet le jeune homme avait reconnu son grand-père dès sa première rencontre avec le Tom du passé, il avait reconnu sa façon de s'exprimer, ses gestuels, son rire et sa grande attention pour les personnes qui l'entouraient. Certes il était un peu plus extraverti que son grand-père, plus vulgaire et dévergondé, mais Lucas avait pu relier un lien avec le vieil homme, ce qui l'avait fortement apaisé.

Bien qu'au début il voyait en Tom que le regard vert de son grand-père, une forte émotion s'élevant avec force dans sa poitrine, Lucas avait fini par le considérer comme un ami, un meilleur ami et depuis il ne pouvait plus se passer de ces petits temps passés avec lui.

Cela pouvait être étrange vu de l'extérieur, mais le brun n'en avait rien à faire, il savait seulement qu'il pouvait continuer de voir Tom malgré sa mort, peu importait qu'il soit plus jeune et que leur relation ne soit pas la même. Car même si cela n'était qu'une forte amitié, Lucas savait qu'il tenait autant au Tom du passé que lui tenait à lui.

C'était complexe mais Lucas s'était habitué à cette relation depuis un an déjà, ce qui ne plaisait pas particulièrement à sa sœur.

Son grand-père avait été tout pour lui, donc avoir l'opportunité de le voir un peu plus longtemps était le plus beau cadeau qu'il avait reçu après la mort de Tom. Et Lucas comptait bien en profiter.

Le jeune homme soupira en regardant encore le visage de son grand-père, puis décida de remettre la photo à sa place, sachant que ce n'était pas le moment de devenir trop sentimental. Donc il se leva du canapé et rangea son appartement qui n'avait en aucun cas besoin d'être rangé ou bien lavé.

Puis finalement l'heure arriva pour le brun de partir en direction de son travail, malgré la fatigue qui peignait ses traits mais aussi le mal de crâne insupportable qui comptait bien l'accompagner pour une bonne partie de la journée.

Simon était toujours aussi enjoué qu'à son habitude, il riait sans cesse, faisant des blagues à Lucas, même si ce dernier n'était pas trop actif ce jour-là. Le métis finit même par trouver cela étrange et interrogea le jeune homme.

- Ça ne va pas ?

Le brun leva des yeux fatigué à l'intention de son collègue, puis sourit doucement avant de lui répondre d'un ton las.

- Je n'ai dormi que 3 heures cette nuit.

- Comment ça se fait ?

- J'ai voyagé, et j'ai passé ma soirée dans un bar.

Simon parut surprit. Il posa le tournevis qu'il avait dans sa main, puis il posa sa tête dans le creux de sa paume en penchant légèrement la tête d'un air curieux. Puis il détailla le jeune homme au regard émeraude avant de le questionner une nouvelle fois.

- Tu sais que nous avons aussi des bars à notre époque.

- Je le sais bien. Ce n'est pas ma raison de mon voyage, mais le fait est que j'ai beaucoup bu et que la soirée a duré assez longtemps.

- Ah. Je ne savais pas que tu étais un grand buveur.

Simon se concentra de nouveau sur la montre qu'il essayait de réparer, puis il enchaîna d'une voix un peu plus légère.

- On devrait sortir un soir toi et moi. C'est vrai, cela fait longtemps qu'on bosse ensemble mais on ne s'est jamais vu à l'extérieur.

Lucas réfléchit un instant.

A vrai dire il ne sortait pas beaucoup à cette époque-là, il n'avait pas de vrais amis, de personne avec qui passe du temps. Certes il avait quelques connaissances du lycée, mais aucun d'eux n'était un réel ami. Donc la personne qui se rapprochait le plus de la définition d'amitié était Simon.

Le jeune homme haussa les épaules en souriant doucement, puis répondit avec une grande franchise.

- Pourquoi pas, ça pourrait être sympa.

Le regard du métis s'illumina tout à coup il se mit à rire d'une façon enjouée, puis il claqua ses mains sur ses cuisses en s'exclamant avec un réel bonheur.

- Tu ne le regretteras pas, je suis quelqu'un de très drôle, mais ça tu le sais non ?

- Oui je connais ton humour, je ne doute pas que tu dois te lâcher encore plus à l'extérieur.

- Si tu savais !

Simon accorda un clin d'œil au garçon, puis les deux revinrent sur une conversation un peu plus banale, parlant de l'actualité.

Lucas ressentit une joie immense quand vers sa fin de journée il réussit à faire fonctionner la montre.

Cela faisait des semaines qu'il travaillait dessus, essayant de trouver ce qui n'allait pas, réparant chaque partie avant de réaliser qu'une autre était aussi endommagée. Il semblait ne jamais voir le bout des réparations, comme si les problèmes étaient infinis et que la montre était finalement irrécupérable.

Mais le jeune homme avait réussi, il avait tout réparé, du moins concernant sa branche. Il savait qu'il devait l'envoyer à d'autres services avant qu'elle ne puisse être totalement réutilisable, mais le garçon avait fait sa part de travail.

Alors il poussa un long soupir de soulagement avant d'envelopper soigneusement la montre en s'exclamant à l'attention de Simon.

- J'ai enfin réussi à trouver ce qui n'allait pas !

- Sérieusement ? Je pensais que cette montre était détruite, je pensais même que tu te lançais dans une réparation impossible.

- Je sais que tu doutais de moi.

- Mais non...

Lucas roula des yeux en étirant ses lèvres en un sourire malicieux, puis il reprit d'un ton léger.

- Je plaisante. Mais je suis content d'en avoir fini avec elle. Je vais l'amener à Paola pour qu'elle la donne au service suivant.

- Très bien, bon courage.

Le jeune homme remercia le métis puis sortit du bureau.

Paola était une personne assez spéciale, elle était du genre réservée mais tout en affichant une attitude assez menaçante. Elle était toujours froide avec les employés, elle s'adressait à eux d'un ton mauvais et clairement agacé. Personne ne voulait avoir affaire avec elle, mais elle était le point obligatoire pour que la montre puisse passer à un autre service.

Lucas s'avança à travers le couloir, saluant poliment quelques employés de la tête même si ces derniers ne lui portaient pas plus d'intérêt que ça.

Il arriva devant le bureau de Paola avec un peu d'appréhension. Mais alors qu'il s'apprêtait à ouvrir la porte, celle-ci s'ouvrit avec fracas, venant claquer contre le mur, causant un léger choc dans le plâtre.

Une jeune femme en ressortit, le visage rouge de colère, sa voix marmonnant des insultes en boucle. Cette dernière leva des yeux foudroyant vers Lucas, puis elle plissa le nez de colère avant d'exploser brusquement de colère.

- Quoi ? Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ?

Le brun écarquilla les yeux de surprise, puis il se recula d'un pas avant de répondre d'une voix incertaine, ne comprenant pas pourquoi il recevait une telle haine tout à coup alors qu'il n'avait rien fait ou dit.

- Rien, je veux juste al-

- Je m'en fous de ta vie, bouge de là.

La jeune femme donna un coup d'épaule au brun puis s'avança à grandes enjambées à travers le couloir.

Lucas resta quelques instant bouche-bée, totalement sous le choc de la scène qui venait de se produire devant lui. Il n'avait rien compris, il ne savait même pas qui était cette femme, ni même la raison de sa colère.

Le brun resta figé durant quelques secondes avant d'une voix ne s'élève, venant de l'intérieur du bureau.

- Qu'est-ce que tu veux ?

Lucas tourna la tête vers la source de la voix. Il y vit une femme aux cheveux noire comme de la suie, un regard assez sombre avec une peau hâlée couleur caramel. Paola était très belle, mais son air toujours en colère lui donnait un côté effrayant qui forçait à détourner rapidement le regard.

Le jeune homme fut de nouveau brusqué par cette violence non méritée. Il finit tout de même par rentrer dans le bureau puis à s'exclamer d'une voix hésitante.

- J'ai fini de m'occuper de cette montre. Je voulais savoir si vous pouviez la transmettre au prochain service.

- Je ne peux pas le faire maintenant, revenez plus tard.

- D'accord.

Lucas hocha la tête puis tourna rapidement les talons pour sortir du bureau.

Or tout à coup la voix de Paola s'éleva de nouveau, un peu plus calme cette fois, bien que toujours irritée.

- Attends.

Lucas s'arrêta puis se tourna en jetant un air un peu curieux à la jeune femme. Celle-ci le regarda droit dans les yeux, elle croisa ses bras contre sa poitrine d'une façon autoritaire. Puis elle lui accorda un léger signe de la tête en s'exclamant d'un ton directif.

- Donne-moi la montre.

- Vous êtes sûre ? Si vous êtes occupée je peux revenir plus tard.

Paola secoua la tête puis tendit le bras en indiquant clairement à Lucas de lui donner la montre. Le jeune homme l'observa quelques secondes puis finit par revenir sur ses pas pour lui donner la montre.

La jeune femme la posa ensuite dans une boite puis reprit la parole d'une voix un peu plus posée qu'auparavant.

- Je suis désolée, je n'aurais pas dû être aussi désagréable avec toi. Tu n'étais pas la source de ma colère.

- Ce n'est pas grave, on a chacun nos limites. Je suppose que la personne avant moi vous a forcé à la franchir.

La jeune femme aux cheveux corbeau plissa légèrement les yeux, observant avec un peu plus d'attention le jeune homme. Puis elle reprit la parole avec hésitation.

- C'est ça.

Lucas lui accorda un sourire poli, puis s'exprima de nouveau avant de sortir du bureau.

- En tout cas merci de prendre la montre.

Paola ne répondit pas. Au contraire elle haussa un sourcil curieux, avant de finalement tourner le dos au brun, indiquant à ce dernier qu'il était temps pour lui de quitter le bureau, ce qu'il fit.

Lucas retourna ensuite à son poste, il expliqua brièvement la situation à Simon. Et ce denier prit un malin plaisir à se moquer, puis les deux continuèrent leur travail, Lucas s'occupant d'une nouvelle montre.

Le jeune homme était exténué, il avait lutté pour ne pas s'endormir dans le métro durant son trajet du retour, et il ne rêvait à présent que de son lit et ses heures de sommeil à rattraper. Il se faisait une joie de pouvoir dormir un peu. Mais ses espoirs de tranquillité moururent rapidement quand il arriva en bas de son immeuble.

En effet alors que le brun cherchait ses clefs dans sa poche il entendit une voix l'appeler, et quand il leva les yeux vers la porte de son hall, un sentiment de lassitude l'envahit alors qu'il vit sa sœur l'attendre en croisant les bras.

Mathilde avait ses cheveux brun regroupé en un gros chignon fait rapidement, ses traits étaient tirés par la fatigue alors qu'elle fusillait tout de même son petit frère de ses yeux chocolat.

Lucas arriva près d'elle et grogna doucement.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

La jeune femme lui jeta un air mauvais puis elle s'exclama d'un seul coup avec colère.

- Je suis ici pour voir mon insensé de petit frère étant donné qu'il ne me répond pas au téléphone.

Mathilde posa tout à coup ses mains sur ses reins alors qu'elle poussa un soupir de grande fatigue. Lucas laissa son regard glisser sur le gros ventre de sa sœur, cette dernière étant enceinte de plus de sept mois. Puis il roula des yeux en la réprimandant.

- Tu n'as pas d'autres choses à faire au lieu de rester debout devant la porte de mon hall.

- Non. Mais si tu as pitié de moi, ouvre la porte et invite-moi à entrer.

Le brun acquiesça puis vint à la rencontre de sa sœur. Il déposa un rapide baiser sur sa joue puis se saisit de son sac à main pour la décharger.

Mais alors qu'ils s'apprêtaient à entrer, Lucas exclama une remarque.

- Je ne veux pas t'entendre me faire la morale ou quoi que ce soit Mathilde. Je suis assez grand pour prendre mes décisions, tu as compris ?

- Oui, bon ouvre.

Le jeune homme soupira de lassitude, car il savait que sa sœur n'allait pas l'écouter, qu'au contraire elle allait profiter d'avoir accès à son frère pour lui faire une avalanche de reproches.

Et cela se confirma quand ils pénétrèrent dans l'appartement.

Mathilde s'assit sur le canapé en lâchant un long soupir et d'un seul coup elle s'exclama à l'intention du brun.

- Il faut que tu arrêtes tes conneries Lucas.

Le jeune homme grommela puis s'exclama avec une grande frustration.

- Et c'est encore reparti.

- Oui c'est reparti ! Car tu agis comme un idiot. Il faut que tu arrêtes avec ces voyages dans le temps Lu, ça ne va que te faire du mal.

Le brun se frotta le visage.

C'était toujours la même chose avec sa sœur, elle lui parlait avec un air hautain, comme si elle savait à quoi elle référait, comme si elle avait elle-même déjà voyagé alors que non. C'était son attitude faussement protectrice que Lucas détestait, et c'était exactement ce qu'elle faisait à présent.

- Arrête Mathilde. Tu ne connais rien aux voyages.

- Je sais que plusieurs personnes sont devenues folles à force de voyager. Surtout celles qui voyagent pour voir un proche décédé, ce que tu fais Lucas.

Le jeune homme jeta un regard noir à la brune, puis il la pointa du doigt en s'adressant à elle avec colère.

- J'ai 25 ans, je fais ce que je veux. Mon cerveau va très bien, je ne suis pas fou, je sais ce que je fais.

- Tu fais n'importe quoi. Tu vas voir papy alors qu'il est mort ! Je ne sais pas à quoi tu joues mais ce n'est absolument pas sain.

- Je vais très bien.

La jeune femme se leva tout à coup du canapé, puis s'avança vers son petit-frère en lui adressant un regard inquiet. Elle vint même prendre son visage en coupe quand elle s'adressa à lui d'une façon attentive.

- Tu dois faire ton deuil et passer à autre chose Lucas, tu ne peux pas passer ton temps à aller voir un fantôme du passé.

- Ce n'est pas un fantôme du passé. Je passe du temps avec mon grand-père c'est tout.

- Il ne sait même pas qui tu es !

Lucas repoussa les mains de sa sœur avec attention pour ne pas la blesser, puis il se recula en croisant les bras contre sa poitrine.

Il détestait parler de ça avec sa sœur, car elle ressortait toujours les mêmes arguments. Elle aimait dire que c'était malsain d'aller rendre visite à un mort, de passer du temps avec une personne qui ignorait qui était vraiment Lucas, de passer autant de soirée avec son grand-père 60 ans plus jeune était mauvais et dérangé.

Mais à vrai dire le jeune homme n'en avait rien à faire, il ignorait sa sœur au maximum car il n'aimait pas son air supérieur, le fait qu'elle juge son frère sans même essayer de comprendre à un seul instant les raisons qui le poussaient à aller voir Tom le mettant souvent hors de lui.

Alors il soupira une énième fois en murmurant sa réponse.

- Tu ne comprends rien.

- Non je ne comprends rien. Je ne vois pas pourquoi tu t'obstines à vivre avec un fantôme du passé alors que tu n'essayes même pas de vivre ta vie maintenant. Tu n'as pas d'ami ou de petite amie.

- Je n'en ai pas besoin.

Mathilde se passa les mains sur son visage puis tira sur ses cheveux avec frustration alors qu'elle s'exprimait sans réfléchir à ses mots.

- Tu vas finir par te perdre dans le passé Lucas. Tu passes à côté de ta vie, tu es seul et bientôt tu verras à quel point tu n'as rien.

- J'aime ma vie.

- Non. Tu aimes la vie que tu mènes dans le passé, c'est tout.

Lucas fronça les sourcils et plissa le nez de colère. Puis il montra sa sœur du doigt, ce dernier venant s'enfoncer dans sa poitrine alors qu'il s'exprimait avec une intonation clair et bien distincte.

- En même temps je préfère revoir mon grand-père, la personne qui a vraiment pris soin de moi toute ma vie. Avec qui j'ai passé les meilleurs moments de mon existence, au lieu de passer du temps avec une personne qui me juge depuis que je suis enfant.

- Tu parles de moi là ?

La brune menaça son frère de son regard, lui faisant comprendre de bien réfléchir à sa réponse avant de parler.

Cependant Lucas n'y fit pas attention et hocha la tête en répondant d'un ton dur.

- Oui je parle de toi. Tu n'as toujours fait qu'attention à toi seule. Continues comme tu faisais, ignore moi, fais comme si je n'existais pas. Je ne veux pas être la cause que tu essayes de sauver seulement parce que je suis ton frère.

Lucas exagérait, clairement. Il ne pensait pas tout ce qu'il disait, mais il était trop fatigué pour essayer de contrôler son débit de parole.

Mathilde resta muette un instant, puis elle attrapa son sac avant de s'adresser à son frère d'un ton dur mais attentionné à la fois.

- Appelle-moi quand tu seras moins con. Quand tu auras compris que je ne veux que prendre soin de toi et t'éloigner de la folie que la montre t'apportera.

- Je veux que tu arrêtes de vouloir contrôler ma vie. Occupe-toi déjà de la tienne qui est assez chaotique comme ça.

Lucas pointa le ventre rond de sa sœur puis ajouta quelques mots d'un ton lourd de sens.

- Occupe-toi de l'avenir de ta fille au lieu d'essayer de me sauver. Essaye de te débarrasser de ton connard d'ex petit-ami avant de vouloir prendre soin de ma santé mentale.

Mathilde ferma les yeux, fatiguée, puis elle tourna les talons.

Or elle s'arrêta une nouvelle fois avant de murmurer quelques mots à l'intention de son frère, avec une honnêteté déconcertante.

- Je serais toujours là pour toi Lucas. Arrête de me repousser tout le temps.

- S'il te plait Mathilde, laisse-moi vivre.

La brune ne répondit pas. Elle quitta l'appartement du jeune homme, le laissant seul avec un sentiment énorme de frustration et de colère.

Puis finalement il partit se coucher sans même manger, trop exténué pour tenir encore debout après cette longue et épuisante journée.



Désolée pour l'attente, mais me voici de nouveau avec le troisième chapitre ! Je pense pouvoir écrire cette semaine et donc publier un nouveau chapitre, soit jeudi ou vendredi !

Je vous embrasse, 

AudreyPh18

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