Nous improvisons en permanence
À la fin du précédent chapitre, je disais que j'avançais dans le noir - ce qui était évidemment une métaphore. Mais cette métaphore était pertinente, parce que, c'est toujours le cas. Je veux dire par là que nous sommes en improvisation permanente, ainsi, en cet instant, je sais à peu près ce que je veux dire, du moins j'en ai une assez bonne idée, mais pas dans le détail. Certains points de ma réflexion vont probablement m'apparaître au moment où j'écrirai.
Ce que j'entends par : « nous improvisons en permanence» c'est : nous ne savons pas à l'avance ce que nous allons faire, ou dire. On parle en philosophie de la liberté fondamentale - dans la pensée occidentale classique en tous cas. Cette liberté implique que l'Homme est imprévisible. Mais même pour lui-même, elle l'est. Il est impossible de prévoir tout ce qui va nous arriver, ce que nous allons faire ou dire, parce que l'extérieur et les autres influent sur moi.
Je peux dire : À 16 heures je vais prendre mon bus, puis mon train, puis rentrer chez moi. Mais je ne peux pas prédire chacun de mes actes à l'avance. Et même, si je tentais de le faire, que je calculais tout ce que je comptais faire et que je réussissais à tout planifier, l'imprévu resterai. Un retard de train, quelqu'un qui me bouscule : je tombe dans l'imprévu et l'improvisation.
Partant de là, on se rend compte que ce qui est dépaysant, nouveau, nous sort plus encore de notre schéma habituel, de ce qui est connu. Donc, nous devons improviser à partir d'une situation étrange et nous serons moins assurés. Il n'y a pas de réelles statistiques, mais il est probable que nous avons plus facilement des réactions stupides dans les situations étrangères. Et parfois, nous n'arrivons pas à réagir réellement et ne réagissons pas oralement ou physiquement. C'est plus particulièrement vrai dans des situations effrayantes, mais par exemple, si un inconnu dans la rue me met une baffe sans raison, je n'ai pas peur. Je suis simplement surprise (et j'ai mal à la joue).
Et bien il y a des chances pour que je reste là, immobile et figée. La situation me sort de mon schéma habituel et je ne sais pas comment réagir, donc je ne réagis pas. Ou je peux le frapper en retour, dans un geste réflexe. Ou je peux réagir raisonnablement. En fait j'ai des millions de possibilités devant moi, et aucune n'est prévisible ni par moi ni par quelqu'un d'extérieur. Oui, il y'a des probabilités plus fortes. Il y a très peu de chances que je me mette à danser la Macarena en pleine rue si on me frappe. Mais on ne peut jamais être sur que je ne le ferai pas.
Ce que je veux signifier, c'est que nous ne savons jamais où nous allons. Même ceux qui se pensent "avec une voie toute tracée". Et bien je pense que ces gens devraient plus souvent se montrer imprévisibles, se détacher de leurs habitudes et oser aller vers l'inconnu. Parce qu'ils restent des êtres humains, libres malgré les déterminismes. Et c'est plutôt beau.
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