La nuit se fait à présent bien avancée, et Chan ne parvient pas à trouver le sommeil. Il se tourne et se retourne dans ses draps propres, en vain. Et le temps passe, les minutes filent, mais rien à faire ; il n'arrive définitivement pas à dormir.

Après un long moment, il lâche un soupire agacé tout en allumant sa lampe de chevet. Il passe avec une lassitude certaine une main dans ses cheveux tout en se redressant, et ses yeux cernés balayent la pièce avec l'espoir désespéré de trouver une quelconque occupation pouvant l'aider à s'endormir.

Chan finit pourtant par s'emparer d'un des innombrables bouquins qui traînent sur la petite table de nuit, un de ces livres qu'il doit lire mais n'a jamais pris le temps d'ouvrir. Fut-il un temps où le coréen était un grand lecteur, il ne faisait pratiquement que ça de son temps libre ; lire, lire et lire encore. Il adorait ça. Mais il a grandi et avec sa vie d'adulte sont venus les responsabilités, les remords et les regrets. Chan n'a tout simplement plus le temps de lire (plus envie de prendre le temps), trop concerné par ses études, et les petits (ou gros) tracas du quotidien.

Il commence à parcourir la première page, puis la deuxième. Bien vite, il dévore le premier chapitre, cette vieille sensation qu'il appréciait tant autrefois commençant à lui revenir. Pourtant, en arrivant un peu plus loin, sa lecture se voit interrompue par un post-it couleur ciel d'été.

Ces derniers temps, je reste éveillé la nuit, tout en me demandant si je dois te le dire ; LM.

Il hausse un sourcil, curieux. Étrangement, il ne se souvient pas de cette note-ci. Mais il est vrai qu'en y repensant, le manuscrit qu'il tient entre ses mains n'est pas le sien. Ça le fait doucement sourire, un de ces sourires plein de nostalgie, un de ces sourires qui un jour fut heureux mais qui, au fil du temps qui passe, a laissé le chagrin le changer en mélancolie.

C'est vrai qu'il aimait lire, lui aussi. Peut-être même plus que Chan.

De sa main droite, le jeune homme décolle le petit bout de papier coloré et le fait tourner entre ses doigts fins. Combien de mots de ce genre peut-il encore retrouver, même de retour en Australie et des années après ? À croire qu'ils ne se sont jamais vraiment quitté. À croire qu'il n'est jamais vraiment parti.

Après quelques minutes, il le replace là où il l'a déniché : à la page neuf, au début du chapitre deux. Neuf. C'était leur chiffre préféré.

Il finit par éteindre la lumière et s'enfoncer dans son matelas dans une nouvelle tentative, l'esprit d'autant plus agité.

I've been staying awake at night, wondering if I should tell you.