Le bruit des clefs dans la serrure de sa porte d'entrée a toujours eu le don de le relaxer plus que de raison. Peut-être est-ce simplement l'idée de rentrer à la maison, en sécurité et surtout en toute tranquillité, ou peut-être est-ce le fait que ce son est synonyme de journée terminée (sans doute les deux à la fois), quoi qu'il en soit, lorsqu'il abaisse la poignée et pose le pied dans sa demeure, un énorme poids semble sans cesse s'enlever de ses épaules.

Et aujourd'hui ne fait pas exception.

Bang Chan sort d'un cours particulièrement long et éprouvant (probablement que le simple fait qu'il s'agit trois heures aussi intenses après une journée si chargée peut expliquer à lui seul la nature éprouvante de cette fin d'après-midi), et tout ce qu'il souhaite à présent, c'est se poser tranquillement devant une série quelconque avec un plat réchauffé des plus basiques. Lui qui ce matin-même se demandait s'il serait en mesure de réviser une petite heure en rentrant, à présent il sait que c'est peine perdue ; son corps tout entier réclame un peu de repos.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, les chaussures sont balancées dans un coin de l'entrée, son sac lâché à proximité de son bureau, et sa veste rapidement posée sur le dossier de son fauteuil. Il ouvre les rideaux qu'il avait oublié au petit matin, et se presse dans sa cuisine pour s'accroupir devant son mini-réfrigérateur.

Peut-être serait-il temps de retourner faire les courses, qu'il se met à penser, tout en extirpant un plat de lasagnes végétariennes à mettre au micro-ondre. Quelques minutes plus tard, le voilà installé dans son canapé, l'ordinateur posé sur la table basse, son plat juste à côté. Après plusieurs minutes à chercher en vain sur Netflix quoi regarder, pourtant, Bang Chan soupire et s'enfonce dans son assise ; depuis qu'il a fini sa dernière série en date, il ne sait définitivement plus quoi commencer, et il se contente d'errer sur la plateforme sans parvenir à trancher.

Tentons le disque-dur, se dit-il. Il se lève péniblement, se dirige vers le meuble à roulette placé sous son bureau, et ouvre le dernier tiroir, dans lequel il range un tas de matériel électronique en tout genre ; du chargeur supplémentaire au clavier Bluetooth, en passant par son stock incalculable de clefs USB, tout est là. Son disque-dur également.

Ou plutôt, ses deux disque-durs : celui qu'il utilise actuellement, et un autre, plus vieux, plus ancien, qu'il n'a pas touché depuis un certain temps. Il faut dire aussi, que celui-ci a cessé de fonctionner il y a de cela deux ans (lorsqu'il vivait encore en Corée du Sud). Chan sait qu'il peut le réparer, et pourtant, il ne s'est jamais donné cette peine.

En ouvrant le tiroir ce soir-là, l'Australien a noté la présence d'un petit post-it jaune fluo, qui, lui non plus, n'a pas bougé malgré que le temps ait passé.

Ne t'énerve pas ; LM.

Voilà ce qu'il y a écrit sur le petit bout de papier.

Un sourire vient étirer les lèvres de Chan à la vue de ces quelques mots. Chan, qui s'empare finalement de ce qu'il était venu chercher, pour aller reprendre sa place initiale, dans le canapé.

Dont freak out.