Mia Travis & Béa Kylie - Part 3
Béa se mordit la lèvre inférieure alors que le vent lui fouettait le visage. Elle le savait. Elle le savait qu'elle avait merdé, qu'elle avait encore fait une gaffe, qu'elle avait été trop loin à nouveau. Elle le savait, mais ne voulait pas l'accepter. Elle ne voulait pas non plus l'entendre, encore moins de la bouche de quelqu'un d'autre que celle de sa conscience qui la tiraille de l'intérieure. Elle le savait mais elle ne pouvait pas accepter une telle éventualité. Elle n'y arrivait, c'était bien trop dur pour elle, bien trop insupportable que son cœur s'écrasait dans son estomac –comme du haut d'un building- dès qu'il battait dans sa poitrine.
Béa était si proche de celui qu'elle avait constamment cherché, de celui dans lequel elle avait essayé mainte et mainte fois de tomber dans ses bras. Elle était si près du but, mais elle n'y arrivait pas. Elle n'arrivait pas à s'élancer dans le vide, parce que quelque chose la retenait encore. Elle s'était promise que même si elle tombait amoureuse de Mia, qu'elle ne s'attacherait pas à elle mais elle avait fauté et maintenant, elle était attachée à cette brunette et en plus elle se rendait compte qu'aimer c'est à peu près équivalent à l'attachement et que donc, elle n'aurait pas pu y échapper.
Béa avait perdu le goût de la vie assez jeune, même beaucoup trop jeune. Même s'il n'y avait pas d'âge pour perdre le goût de la vie, pour penser au suicide, pour passer à « l'acte » ; il y a des fois où c'est vraiment trop jeune, trop tôt parce qu'il y a beaucoup trop de choses qui restent encore à vivre pour chacun de nous, tous autant que nous sommes. Elle n'aimait plus la vie, elle n'aimait plus que la mort. Elle aimait tellement la mort qu'elle en est carrément tombée amoureuse. Elle aimait tellement la mort qu'elle y pensait tous les jours sans exception jusqu'à en avoir mal au crâne.
Béa était une personne détruite, brisée, cassée émotionnellement et mentalement parlant. Elle était constamment dans le blues, dans une chute libre et elle se demandait couramment si, un jour peut-être, elle toucherait enfin le sol. Elle s'était même plusieurs fois demandé s'il ne fallait pas tomber de haut et toucher le sol physiquement que pour que cela fasse de même au plan psychologique. Son morale était toujours au plus bas, toujours plus enfoncée dans le sol alors que son cœur saigne encore d'une hémorragie vieille de quelques années déjà.
Béa sentait le vent lui fouetter le visage alors qu'elle était au bord du vide –dans tous les sens du terme- et que ses cheveux voltigeaient tout autour de son visage, la frappant parfois. Elle se sentait bien, même si la douleur qui logeait en elle n'était toujours pas partie. Elle était si proche de la mort physiquement mais elle avait la nette impression d'en être loin moralement. Quelque chose la retenait et ce « quelque chose » était « quelqu'un ». Ce « quelqu'un » n'était rien d'autre que Mia, qui avait littéralement changé sa vie parce que même si elle n'osait pas l'avouer, cette brunette avait réussit à la rendre heureuse et à lui redonner, de temps à autre, de l'espoir en l'humanité ainsi que le goût de la vie.
-Béa ! Cria une voix féminine au loin.
La blonde était déjà en train de s'élancer mais on la rattrapa à temps. Elle tomba dans les bras d'une autre jeune femme et elle reconnut l'odeur de celle-ci. Elle n'avait pas à croire qu'elle soit de retour, qu'elle soit quand même revenue après tout ce qu'elle lui avait fait. Elle ne voulait pas l'accepter. Elle ne voulait pas se l'avouer, que malgré tout, Mia était quand même revenu jusqu'à elle. Elle ne voulait pas, parce qu'elle préférait la mort au bonheur, qu'elle préférait le vide à l'amour, qu'elle préférait le vent dans ses cheveux que les larmes de la brunette qui coulent dans son coup.
Mia serra la blonde fermement dans ses bras, profitant de sa présence comme jamais. Elle avait eu l'impression que son monde allait sombrer, allait se casser en un rien de temps. Elle avait l'impression que son cœur allait tomber en chute libre si le corps de celle qu'elle croyait être la femme de sa vie tombait au fond de ce viaduc. Elle ne pouvait pas laisser une telle chose se produire. Elle ne pouvait pas laisser le mal, la douleur, la souffrance gagner la bataille sur Béa. Elle ne pouvait pas cautionner une telle chose, si bien qu'elle l'avait attrapé à la dernière seconde avant qu'il ne soit trop tard.
Leurs cœurs battaient follement dans leurs poitrines respectives. Et pour une fois, c'était à l'unisson qu'ils le faisaient. Ils battaient comme jamais ils ne l'avaient fait tandis que l'adrénaline et la peur redescendaient petit à petit. Le vent se calmait petit à petit, après qu'une derrière grande bourrasque ait fait voltiger les chevelures brune et blonde des deux adolescentes. L'une aimait trop la vie que pour laisser celle qu'elle aimait gâcher la sienne encore plus longtemps –surtout en se donnant la mort. L'autre détestait trop la vie que pour continuer à la supporter, mais l'amour semblait être une bonne échappatoire face à toute cette merde qui constitue sa vie et son monde.
L'amour de Mia semblait ce qui allait pouvoir sauver Béa. Elles s'écartèrent légèrement l'une de l'autre, sûrement pour pouvoir se donner de l'oxygène. Elles se regardèrent dans les yeux, respirant fortement et rapidement par la bouche. Tout commençait doucement à se calmer, à revenir « à la normale ». Mais plus rien ne serait plus jamais à la normale, parce que le cœur de Béa battait pour la première fois comme il le fallait et que le cœur de Mia était en trop plein d'amour que pour ne pas en donner à quiconque. Elles s'aimaient trop que pour se gâcher, que pour s'ignorer, que pour s'attarder encore plus longtemps sur des futilités qui créaient des tensions entre elles.
Mia voulait sauver Béa, tandis que la blonde voulait préserver la brune. C'était contradictoire, mais leurs cœurs ne pouvaient faire autrement que de s'emballer à la vue de l'autre. Elles ne savaient pas attendre plus longtemps encore, parce qu'elles en avaient besoin plus que d'un seul homme, alors leurs lèvres se scellèrent dans un ultime pacte et promesse d'essayer de vivre pour Béa et d'essayer de se sauver toutes les deux pour Mia. Elles avaient besoin l'une de l'autre, c'était inévitablement. C'était même une fatalité, que personne ne pourrait contredire. Parce que même si Mia souffrait à cause de Béa, elles ne pouvaient pas vivre l'une sans elles ni sans leurs cicatrices.
-Je t'aime, murmurèrent-elles en chœur avec un sourire sur les lèvres.
Elles s'aimaient et s'était sûrement tout ce qui comptait en ce mois de janvier frileux, où des nuages sombres menaçaient le ciel et où une pleine lune –avec l'aide de quelques étoiles- éclairaient la terre. Les lampadaires du pont surplombant le viaduc ne servait pas à grand-chose et gâchaient même le paysage aux yeux des deux jeunes adolescentes mais elles s'en foutaient à présent. Parce qu'elles étaient l'une avec l'autre et qu'elles venaient de se sauver, encore une fois.
***
Musique ; The City - The 1975
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