Chapitre 1 : Lucie.
~ Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j'apprends. Nelson Mandela ~
- Lucie !
Une jeune femme brune, des boucles lui tombant sur les épaules, des yeux verts émeraude se tourna lentement vers sa collègue, une aiguille dans la bouche. Elle l'enleva avant de repousser une mèche de cheveux de son visage, se relevant pour se mettre au niveau de la grande blonde qui la rejoignait.
- C'est quasiment 13h !
- Je n'ai pas fini de reprendre les coutures pour Adèle...
- Oh, laisse tomber Adèle, s'écria Emma. On va manger ! Je suis ta supérieure, je te rappelle que tu me dois obéissance ! Sourit la jeune femme.
Lucie finit par abdiquer, remettant l'aiguille sur le mannequin dont elle s'occupait depuis le matin même. Elle était devenue la main à tout faire d'une styliste de renom dans une boite de Nice. Elle avait eu son diplôme huit mois avant et aux vues de son dossier excellent, avait rapidement pu intégrer une bonne boite. Elle avait également des tâches de plus en plus importantes à chaque gala. Emma l'avait tout de suite prise sous son aile et l'avait fait transférer dans son service - soit l'organisation des défilés et autres événements - dans les mois qui avaient suivi. Son amie était chef de la section organisation depuis presque deux ans. 28 ans, blonde et 1m78 : l'idéal mannequin. Lucie s'était toujours trouvée trop petite à ses côtés. Les deux femmes se complétaient autant qu'elles s'opposaient : alors qu'Emma était à l'apogée de sa carrière, voyait son nom de plus en plus ressortir dans les organisations des rendez-vous incontournables de la mode, Lucie hésitait encore, allant pas à pas se former une carrière qui lui avait toujours tenu à cœur. Son amie l'accompagna dans les rues de Nice pour lui proposer un repas enfin tranquille, hors de la fureur de l'agence o elle travaillait.
- Alors ? Lui demanda soudain Emma. Tu comptes venir ce soir ?
- Au défilé ? S'étonna Lucie. C'est de la haute couture... Tu sais que je ne suis pas très à l'aise dans ce genre d'événement.
- Luce..., gronda son amie. Si tu veux vraiment faire de la mode ton métier, tu vas devoir t'affirmer. Je ne te comprends pas ! Tu arrives à gueuler sur ton frère, un gars te dominant autant par sa force que par sa taille et tu es incapable de tenir tête à deux trois pétasses en robe ?
- Deux, trois pétasses en robe à huit milles euros, précisa-t-elle aussitôt dans un sourire amer.
Emma se contenta de lever les yeux au ciel alors qu'elles s'installaient à l'une des tables les plus prisés au Negresco, hôtel de luxe et restaurant chic dans la ville des anges. Emma tendit une carte à sa jeune amie qui grimaça rien qu'à la vue des prix. La blonde sourit en lui faisant poser la carte sur son assiette pour croiser son regard, un sourire amusé.
- Arrête de te miner pour cela. J'ai les moyens.
- Tu sais que je n'aime pas me faire inviter, j'ai l'impression de profiter de toi.
- Considère que c'est un repas de chantage pour t'inciter à venir ce soir !
Lucie sourit en reprenant la carte. Les deux jeunes femmes commandèrent alors que le restaurant était toujours bien rempli pour l'heure. Un serveur prit leur commande au moment où deux cocktails furent déposés sur leur table. Emma fronça les sourcils en relevant les yeux.
- Nous n'avons rien commandé.
- Je sais, mademoiselle Leguellec. Ce sont les deux hommes sur votre droite, leur indiquant deux hommes d'affaire, en costume dont un qui sourit à Emma quand elle se retourna. Cette dernière se contenta d'un bref signe de tête avant de revenir sur moi.
- Et en plus, on se fait draguer... Quel privilège, railla-t-elle.
Le serveur s'éclipsa aussitôt alors que Lucie lança un regard amusé à son amie.
- C'est... sympa de leur part.
- Ce sont des hommes d'affaires surement multimillionnaires qui pensent pouvoir nous acheter avec des cocktails. C'est tout sauf sympa, chérie !
Les deux jeunes femmes partirent en éclat de rire alors qu'un homme, environ 25-30 ans finissait par se joindre à eux, prenant une chaise sur l'une des tables alentours avant de s'y asseoir à califourchon devant leur table.
- Mesdemoiselles.. Je ne vous dérange pas ?
- Si, coupa immédiatement Emma. Très gentil vos cocktails mais on est là pour manger et on a du travail après.
- Sauvage... J'adore ! Marc Thompson.
Emma lui lança un regard sans appel, amusant d'avantage l'homme. Lucie lança un regard à son ami qui s'était levé en soupirant, visiblement agacé par le comportement de son ami.
- Marc !
- Je vous présente Christopher Miller ! Sourit aussitôt son ami en l'ignorant. Il a choisi le cocktail pour... vous, dit-il en souriant à Lucie. Et moi, le vôtre très chère inconnue.
- Et vous avez joué à laquelle vous coucherez dans votre lit en premier pour savoir quel cocktail et quelle fille choisir ? Ricana la blonde.
- Vous me brisez le cœur ! S'amusa-t-il encore. Allez.. On peut s'asseoir avec vous ?
- Chérie, soupira aussitôt Emma, notre repas romantique est visiblement terminé !
Les deux jeunes femmes éclatèrent à nouveau de rire tout en finissant par abdiquer, sachant qu'elles ne gagneraient pas à ce petit jeu. De plus, le temps continuait de passer, raccourcissant leur pause. Le fameux Christopher s'assit par la force des choses à côté de Lucie alors que Marc avait déjà sauté sur la place aux côtés d'Emma. Il se tourna alors vers Lucie, le regard incandescent.
- Vous ne buvez pas ?
- Je travaille après, s'excusa-t-elle. Je ne peux pas me permettre de boire.
- Et quel genre de travail faites-vous pour ne pas pouvoir boire ? Demanda-t-il avec un léger sourire narquois.
- Nous sommes organisatrices de défilé, la coupa Emma avant que Lucie ne se rabaisse.
- Oui enfin... Ce n'est pas tout à fait... J'arrange les tenues, je prépare les mannequins. L'organisation, c'est Emma.
L'homme acquiesça dans un vague intérêt alors que Marc reprenait la conversation avec Emma. Lucie se laissa porter par leurs enfantillages alors que Christopher se tournait une nouvelle fois vers elle.
- Vous vous appelez comment ?
- Lucie.
- Vous êtes toujours aussi silencieuse ou ce sont nos présences qui vous perturbent ?
- Vous êtes toujours aussi direct ? Contre-attaqua-t-elle aussitôt.
- Quand je veux quelque chose, je suis toujours direct, laissa-t-il tomber dans une lenteur délibéré.
Son regard s'accrocha au sien, faisant tressaillir la jeune femme.
~ Lucie ~
Je soutins son regard en essayant de me persuader que son allusion n'était que le fruit de mon imagination. Pourtant, le sourire qui se glissa ensuite sur son visage me confirma qu'il ne plaisantait pas. Mon visage dut se crisper car son expression amusée s'accentua.
- Vous pouvez préciser ?
- Vous savez très bien de quoi je parle.
- Parfois, je préférerais ne pas comprendre justement, le rembarrai-je sèchement.
- Vous finirez par céder, affirma-t-il en jouant avec son verre.
Depuis quand il avait un verre, d'abord ?! Je remarquais pourtant que son ami en avait également un. Tellement attentive, Martinez... Je revins pourtant sur son visage alors qu'il ne me regardait plus.
- Tellement prétentieux. Finalement, vous êtes comme tous ces gosses de riche, laissai-je tomber. Un délicieux con qui ne sait pas parler aux femmes, ricanai-je.
Mais sa réaction ne fut pas exactement celle que j'espérais. Il se contenta de ricaner tout en faisant tourner les glaçons dans son verre avant de planter une nouvelle fois son regard noir de geai dans le mien.
- J'ai construit mon empire seul. Ma réussite n'est que le fruit de mon travail, Lucie. Quant aux femmes... Je ne les veux pas. C'est vous que je veux. Et je vous aurais.
Une nouvelle fois et sous mon air abasourdi, il retourna jouer avec ses glaçons. Je voulus quémander pitoyablement le soutien de mon amie mais cette dernière semblait bien trop absorber par ce que lui disait Marc pour faire attention à ma conversation avec le seul psychopathe de la table. Evidemment...
- Vous semblez tellement si certain, m'exaspérai-je.
- Parce que je le suis. Vous êtes une jeune styliste en manque de confiance en elle et en son talent. Vous débutez visiblement votre vie professionnelle. Quoi de mieux qu'un soutien financier indéniable ?
- Je suis pas à marchander, tranchai-je.
- Tout le monde est marchandable, très chère. Tout le monde à son prix. Il me suffit juste de savoir le vôtre, reprit-il en revenant chercher mon regard.
- On va y aller, coupai-je en parlant un peu plus fort pour attirer l'attention d'Emma.
- Quoi ? Déjà ? Mais tu n'as rien mangé !
- J'ai du travail. Puis je n'ai pas très faim de toute façon.
Je me levais pour couper court à toute protestation. Christopher se leva à son tour, en parfait gentleman. Et à mon plus grand malheur, je constatais qu'il me dominait de plus d'une tête. Il devait faire dans les 1m85. Il était particulièrement beau. C'était indéniable. Sa chevelure impeccable semblait en même temps particulièrement sauvage. Le brun de ses cheveux tirait considérablement vers le noir de ses yeux. Tout chez cet homme appelait à l'argent, au sexe et aux emmerdes. Son aura m'enveloppa, me rappelant que pour l'instant j'étais la biche qu'il voulait piéger et que ses phares étaient bien allumés. Je me retournais finalement, en lui tendant la main. Il l'accepta dans un sourire amusé.
- A très vite, Lucie.
- C'est cela, ricanai-je. Comme quoi, vous ne pouvez visiblement pas tout avoir, monsieur Miller, rajoutai-je plus bas à sa seule intention.
Un sourire persista sur son visage, moqueur et en même temps sauvage. J'avais allumé son instinct de chasse. Je sortis rapidement du restaurant, sentant encore son regard dans mon dos sans savoir si ce n'était qu'une impression ou la réalité. Emma me rejoignit sans comprendre après avoir réglé, me faisant lever la main en signe d'arrêt de toute protestation. Sur le chemin du retour, je lui racontais en quelques phrases ce qu'elle avait raté, la faisant éclater de rire.
- Ces mecs ! Un peu de fric et ils ne se sentent plus pisser !
- De toute façon, je ne le reverrais jamais, tranchai-je. Je dois aller bosser, on se retrouve à 19h ?
- 18h, m'avertit-elle. Rejoins-moi chez moi, je te passerais une robe et on ira ensemble à Monaco ! Tu me dois ce défilé !
Je finis par lever les yeux au ciel en lui confirmant ma présence malgré mon envie de réfuter sa proposition.
~ 20h30, le défilé ~
Nous descendîmes de nos voitures, laissant les voituriers les placer dans le parking. Le jeune à l'accueil me tendit un ticket que je glissais aussitôt dans ma pochette. J'étais de plus en plus mal à l'aise. J'avais enlevé mes talons tout le long du trajet, Monaco étant à environ une heure de route de Nice pour les remettre à l'entrée du parking. Emma m'avait prêté l'une de ses robes : dorée, elle couvrait intégralement mes jambes mais son dos nu était plus que suggestif. Le décolleté du devant laissait seulement deviner les formes de mes seins alors que mon dos, complètement nu révélait ma peau jusqu'à la chute de mes reins. Des fines lignes dorées s'entrecroisaient sur le bas du dos, voilant légèrement ma peau. C'aurait pu être vulgaire... Mais vu la soirée, cela ne faisait que me plonger dans le décor de Monaco. Emma avait fait appel à l'une de ses amies coiffeuses qui m'avait ébouriffé les cheveux, de sorte à les faire tenir dans une coupe branchée et classe. Cela faisant ressortir mon visage tout en mettant mes cheveux bouclés en lumières. J'avais seulement une pochette noire en guise d'accessoire. Le défilé commençait normalement à 21h. Je suivis Emma de groupe en groupe, la laissant me présenter à un tas de personnes. Nous finîmes par rejoindre nos sièges alors que les mannequins commençaient à défiler. Mon portable sonna au bout d'un certain temps, faisant vibrer ma main. Le sortant, je regardais le nom qui clignotait sur l'écran avec une sorte d'appréhension : "Maxime".
Je m'excusais auprès d'Emma en lui faisant comprendre que c'était important et sortis dans le hall où nous avions été accueilli. Je décrochais, m'attendant à toutes les conneries à venir de la part de mon frère.
- "Oui ?"
- "Mademoiselle Martinez ?" Me répondit une voix inconnue.
- "Euh... oui."
- "Vous êtes bien la sœur de Maxime Martinez, c'est cela ?"
- "Oui, oui. Mais vous êtes qui ? Et pourquoi vous avez le téléphone de mon frère ?"
- "Mademoiselle, votre frère a été placé en garde à vue. Il est au commissariat de Nice. Vous pouvez venir le chercher ? Vous êtes la seule personne qu'il a voulu appeler."
Je baissais mon téléphone un quart de seconde, la mine décomposée. Je lançais un bref regard au défilé derrière mon dos avant de partir en direction de la sortie en soupirant, remettant le téléphone contre mon oreille.
- "D'accord.. Je vais venir. Je suis à Monaco, je risque de mettre un moment à vous rejoindre. Qu'est-ce qu'il a fait ?"
- "Il vaudrait mieux qu'on en parle au commissariat. Nous vous attendons."
Je tendis mon ticket au même jeune qui envoya l'un de ses employés chercher ma voiture.
- "Mais il va bien ? M'inquiétai-je tout de même."
- "Il est légèrement sonné mais rien de grave, ne vous en faîtes pas. Un médecin est déja passé le voir."
- "D'accord... D'accord, j'arrive".
Je raccrochais juste après cela, ma voiture arrivant devant moi. Je quittais à toute hâte le parking après avoir écrit un rapide message à Emma.
~ Et voilà enfin le premier chapitre de 134 faveurs sur wattpad !
Je transfère la suite dans les jours à venir, avec les quelques modifications apportées à l'histoire et attends toujours vos commentaires, vos votes et tout ce qui va avec ! ~
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