trois

Je hurle. Je défonce mes tympans. Je brise ma trachée. J'arrache mes cordes vocales. Je hurle mon identité. Ce que je suis, ce que j'étais et ce que j'espère être. Et à travers les larmes et la fureur, je ne vois rien. J'ai beau ouvrir mes paupières, je ne vois qu'un immense brouillard, juste un voile, juste la colère, qui ne cessent de couler dans mes veines, comme si tout ceci n'allait jamais s'arrêter. Juste le flou. Juste le vide. Noir. Et ma force coule, glisse, part. Elle ruisselle sur le sol et s'enfuit. C'est un ruisseau invisible que je sens pourtant sur ma chair, il pue, il est poisseux et il ne s'arrêtera jamais de couler. Et ma force a beau fuir, mes poings ne s'arrêtent pas, ils continuent de donner des coups, de saigner, car la colère, elle, reste encrée. Et je découvre une autre version de la mort à travers les cris, les poings serrés, les larmes de rage. Le sang a beau couler de mes plaies, je ne me suis jamais sentie aussi morte que maintenant. Monôme meurt, tandis que la colère déteint sur les muscles. Mon esprit meurt, tandis que les cris s'encrent dans mon cœur. Je meurs. Je ne suis plus. Mon organisme a beau être en parfait état, je ne suis pas vivante. Je ne serais plus jamais la même.

- Najade, 15 ans

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