« Je suis en colère »

J'étais gamine quand j'ai appris que mon père souffrait d'une maladie dégénérative.
Et qu'il n'y aurait aucune issue possible.

Seulement voilà, j'ai beau atteindre la majorité, je ne me suis toujours pas remise de cette « nouvelle ».
Une fois que mes parents me l'ont avoué, ou plutôt que je suis sortie de la phase du déni,
Il y a eu pleins de sentiments qui se bousculaient dans mon corps,
Sentiment de tristesse, d'incompréhension, d'injustice.

En gros mon corps était un champ de bataille où divers sentiments contradictoires ne se mettaient jamais au garde-à-vous.
Non, ils préféraient se la jouer soldats, en combattant encore et encore, même si un sentiment dominait clairement la guerre : cette fameuse boule de feu, signe de ma haine, de ma colère.

Car oui, comment être dans l'acceptation d'une maladie ?
Ou comment entendre et accepter que votre père va crever, un beau jour, alors qu'il n'aura pas vécu le tiers de ce qu'il aurait dû vivre ?
L'envie de donner des claques, de casser des meubles, de crier, hurler au monde votre non-acceptation.
Et putain, cette envie de frapper le médecin qui vous a donné ces résultats, lui répéter qu'il s'est trompé, que c'est un incompétent, qu'il n'aurait jamais dû faire ce métier.
Rêvant de vous réveiller au milieu de votre lit, et de constater que cela n'est qu'un rêve, ou plutôt un cauchemar.
Ecchymose du cœur grandit, osmose avec votre boule de feu qui grossit, vous vous rendez compte qu'il s'agit bien de la réalité, et que vous avez bien envie de tout casser.

- Athénaïs, 18 ans