Janvier 2019
La danseuse aux rubans
Il fut un temps lointain, un royaume habité par d'étranges créatures sans visages. Un monde si grand et si légèrement peuplé qu'il était rare de rencontrer quelqu'un qui ne faisait pas partie de sa propre famille. Mais ils étaient heureux.
Comme tout bon royaume, l'on pouvait trouver une princesse. Elle était plus gracieuse et plus délicate que toute autre créature. Ses pas légers n'étaient qu'harmonie et rythme. Toute sa vie était réglée autour de cet art si beau qu'était la danse.
Mais un jour, son père si doux entra dans une colère folle et sa mère riposta de cris de rage pure. La si belle entente qui autrefois assurait la prospérité de leur royaume fut détruite, et leur paradis commença à se fissurer. La seule protection de notre petite princesse fut ses pas légers qui lui permettait de s'échapper de sa prison de tristesse.
Un jour, alors qu'elle dansait dehors accompagnée de ses beaux rubans colorés, la lumière l'entoura. Ses accessoires d'appart se mirent à luire et le monde à ses côtés commença à retrouver sa splendeur. Étonnée mais heureuse, elle parcourue alors le monde, réparant le désespoir à travers ses gracieux mouvements.
Elle finit par se retrouver face à ses parents, la tension dévastatrice toujours présente, détruisant encore et encore cette partie du royaume. La vue de leur fille ne sembla pas les sortir de leur transe, pas même que la chorégraphie qu'elle entama.
Et pourtant...
Une douce musique sembla emplir l'air quand son corps se mouvait, entouré de ses fidèles rubans. Les cris se turent et les visages silencieux se tournèrent vers le spectacle. Avec toute l'harmonie dont elle était capable et tout l'amour qu'elle avait à donner, elle s'efforça de réparer les liens détruits.
Bien qu'aucune expression n'est visible sur leur visage, on pouvait sentir leur sourire. Les rubans voletaient dans l'air, entraînés par l'inépuisable princesse tournoyant dans le vent.
Peu à peu, dans tout le royaume, le calme et la sérénité revint. Le sol cessa de se briser et les violentes bourrasques se dissipèrent. Quand, épuisé, la jeune fille tomba à genoux, leur monde avait retrouvé sa splendeur d'antan.
Il y eut milles excuses, milles pardon, milles merci. Il y eut des pleurs puis de rires. La jeune fille devint gardienne, et grâce à ses petits pas rythmés plus aucune colère ne réussi à venir à bout de leur bulle.
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Camille referma le livre, constatant au passage que son jeune frère s'était endormi contre elle. Délicatement, elle l'allongea sur le lit et sorti en silence pour rejoindre sa propre chambre. En passant devant la cage d'escalier, elle ne pût s'empêcher de descendre quelques marches afin d'observer ses parents. Tous deux étaient sur leurs ordinateurs, face à la télévision tournant dans le vide, et la jeune fille soupira.
Nous étions le 29 janvier. Pendant tout le mois, les enfants avaient réclamé leur histoire, mais chaque demande était repoussée : "Vous avez école demain" ; "J'ai du travail, on verra plus tard" ; "Vous n'avez pas été sage aujourd'hui"... Camille finissait par se demander si leurs parents allaient honorer leur promesse ou si elle continuerait à jouer les conteuses de belles histoires qui, elles, finissaient bien...
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