Cela faisait un an maintenant que Théo était parti, que tous vivaient avec.

Il y a deux ans, quand avait été offert ce livre d'histoire du soir, personne ne pouvait s'imaginer comment se déroulerait le noël suivant ; ils ne pouvaient imaginer que ce serait leur dernier cadeau...

Oh, comme ils avaient été abattu ! Le soir de noël, les trois membres de la famille, seuls, avaient passé des heures et des heures dans les bras les uns des autres, à fixer l'emplacement qui aurait dû accueillir le sapin décoré.

Ils en avaient versé, des larmes, tant et tant qu'on aurait pu croire leurs yeux secs.

Et la vie avait reprit son cours. Doucement, ils avaient repris le goût des choses, la famille avait d'abord reprit contact avec les amis, puis ils retournaient voir leurs proches qui évitaient d'aborder le sujet en premier.

On pourrait presque croire qu'ils s'étaient habitués à l'absence du petit garçon, mais tout était matière à souvenir : un ballon traversant la rue, une publicité à la télé, des enfants qui riaient... Chaque souvenir était douloureux, et ils ont eu bien des misères sur les premiers mois.

Puis, peu à peu, avec l'aide de tous, ils avaient pu relever la tête et ramasser les fragments de bonheur qu'ils avaient laissé tomber.

Camille avait appris à se souvenir des moments heureux passés avec son frère, de ne se souvenir que des rires et des moues insatiable d'un enfant. La psychologue qui la suivait lui disait toujours qu'il fallait penser aux sourires à travers les larmes, que ce n'était pas facile mais que c'était un pas vers le deuil.

Carla avait compris qu'elle n'était pas responsable de cette mort, qu'elle n'avait pas été puni par un dieu pour être une mauvaise mère. On lui avait expliqué qu'elle avait tout fait pour le bonheur de son fils, qu'il avait toujours été reconnaissant envers elle bien qu'il ne sache l'exprimer.

Nathanaël avait réussi à sortir de sa dépression refoulée, avec des séquelles qu'il n'avait jamais pu imaginer et qui le marqueront encore pendant des mois, voire des années. On lui répétait toujours qu'il n'était pas seul, et qu'il ne le serait jamais dans ces épreuves.

Et des épreuves, ils en ont connu cette année, cette année si étrange, où ils n'auraient pas pu plus compter les uns sur les autres. Tous ces obstacles les ont rapproché, plus qu'ils n'auraient pu l'imaginer, et aujourd'hui ils se retrouvent au pied d'un sapin richement décoré. Au milieu des branches épineuse, une photo illuminé de couleur au cadre soigné observait la scène de famille.

Sous le regard de leur enfant disparu, les six personnes gardaient une minute de silence pour ce petit bout-en-train  qui animait tant cette soirée. Les larmes brillaient aux coins des yeux, mais de doux sourires ornaient les visages, les lèvres réanimant silencieusement des souvenirs dissimulés.

"Théo, un fils, un frère, un ami, un enfant qui savait donner le sourire à tous, et qui ne perdait jamais le sien, même dans les moments les plus difficiles. Théo, une âme que l'on n'oubliera jamais, qui sera toujours auprès de nous, à veiller et à protéger notre bonheur chaque jour."

Joyeux Noël à tous, aux solitaires comme aux grands bavards, à ce qui sont heureux comme à ce qui aimerait l'être un peu plus. Joyeux Noël à tous, qui que vous êtes, où que vous êtes.