X ~ Entretien ~

Le métro était peu rempli à cette heure-ci, me permettant d'être plus ou moins à l'aise dans cette tenue que je ne portais jamais. Le trajet me parut tellement court, si bref, tandis que le nœud qui me tordait l'estomac avait considérablement enflé. La marche jusqu'à l'entreprise fut également trop rapide : je souhaitais plus que tout ne jamais y arriver, ralentissant inconsciemment mes pas.
Je mis les pieds dans un endroit totalement inconnu, et ce fut perdue que je me dirigeai vers le secrétaire pour demander mon chemin. Il m'indiqua une porte devant laquelle attendaient quelques personnes ; je pris place sur une chaise accolée au mur du bureau, celui-ci étant fin puisque des bribes de conversation me parvenaient mais je tentais de les ignorer.
La porte s'ouvrit finalement sur un jeune homme qui salua le propriétaire du bureau avec un fin et léger signe de main, puis partit en roulant des hanches.
Porte à peine close, j'entendis peu après les éclats de rire d'une voix masculine en provenance de la pièce :
- Celui-là, tu peux le rayer... c'est dommage, il avait les bonnes compétences ! Il était efféminé... ajouta-t-il d'une voix plus basse, ça doit être un homo, alors...
J'aurais préféré ne jamais entendre de telles paroles. Comme j'aimerais me lever, briser cette conversation téléphonique et dire tout ce que je pensais ! Quelques uns seraient déjà en train de mettre leurs chances d'être retenus à néant, mais je faisais partie du grand groupe des égoïstes : d'abord penser à son poste, tant pis pour notre morale.
La bulle de mes pensées éclata lorsque l'homme appela mon nom : j'entrai avec un grand sourire malgré les horreurs précédentes.
Je finis par ressortir, toujours avec mon plus beau sourire, l'entretien étant terminé. Celui-ci s'affaissa immédiatement au bout de quelques mètres parcourus et je me dépêchai de prendre le métro pour rentrer chez moi. Je délaissai rapidement ces talons qui me blessaient, cette jupe qui me serrait, ce chemisier qui compressait ma poitrine, pour porter des vêtements plus amples.
Reposée sur le lit, je ne pouvais m'empêcher de songer à la situation de plus tôt : cet homme n'avait jamais mérité d'être recalé à cause de qui il était. Cela reviendrait à renier une partie de soi pour s'accorder aux pensées des autres.
Par ailleurs, pourquoi n'existait-il pas "l'hétérophobie" ? Car ils étaient une majorité parmi l'Humain ? Que détestaient-ils chez ces personnes s'aimant, comme tant d'autres ? L'Amour était présent, plus sincère et bénéfique parfois que pour des couples hétérosexuels, alors pourquoi leur jeter des pierres et les empêcher de vivre comme chacun d'entre nous ? !'Humain était répugnant : renier ses semblables revenait à renier son humanité.
Quant à la loi qui prônait l'égalité et la liberté de tous les Hommes en droits, ce n'était qu'un mythe.

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