Minho
Ses larmes dévalaient ses joues sans ralentir. Le creux de ses mains accueillait ses pommettes et sa bouche formait une grimace. Minho pleurait, les yeux fatigués, la gorge déchirée, le corps tremblant.
Un peu plus tôt, il avait vu Paige se tirer une balle, il avait fixé le sang de Rachel sur le sol du couloir, il avait dit aux policiers que Chuck était venu assister au match de basket. Il leur avait dit qu'il était venu le chercher avec les autres, profitant de la mi-temps. Ils n'avaient pas cherché plus loin.
Certains souvenirs venaient traverser son esprit, rapides, éphémères. Il se revoyait assis à côté de Newt, serrant les poings dans la voiture d'Alby, lui mettant la pression avec Gally pour qu'il garde le silence. Il se revoyait croiser les yeux du blond dans ce couloir, ce jour où il recevait les cassettes de la part de Teresa. Teresa, avec lui elle laissait tomber la défense de son regard. Il se revoyait découvrir la boîte sur le paillasson, bien emballée. Il se revoyait se baisser pour la prendre, la porter avec précaution. Quelques jours plus tôt, il avait vu Gally et Alby se disputer...
« Tu aurais dû me le dire !
-Et ça aurait changé quoi ? »
Gally n'était pas si impulsif que sa réputation le laissait paraître, Minho le connaissait suffisamment, alors le voir en colère l'étonnait un peu. Mais le plus surprenant, c'était Alby. Lui qui faisait tout pour échapper aux engueulades, il venait d'en provoquer une.
« C'est dégueulasse de m'avoir rien dit. »
Minho n'avait fait aucun commentaire sur les yeux rougis d'Alby. Il s'était contenté de demander, d'un ton très calme :
« Qu'est-ce qu'il se passe ?
-Il se passe que Thomas a laissé des cassettes. »
Le ton ferme du garçon l'avait fait se concentrer.
« On m'explique ? »
Et ils lui avaient tout dit. Depuis cette discussion, il avait attendu de recevoir la boîte à son tour. Thomas avait vu juste quand il lui avait dit qu'il écouterait les cassettes avec les deux autres. Ils s'étaient mis dans le garage, Minho avait déjà écouté celles d'avant. Il attendait sa cassette, il l'écoutait en compagnie de Gally et d'Alby, fermant les poings. Mais Thomas s'était trompé en affirmant qu'il ne regrettait rien, car Minho regrettait tout.
« De toute façon, y'a que Sonya qui comprend. »
Il avait relevé la tête. Si entre eux trois il y en avait bien un qui n'aurait jamais pu dire ça, c'était bien Alby. Et pourtant, il venait de le faire. La colère de Gally s'était amplifiée et la dispute avait doublé de volume, laissant Minho perdu dans ses songes. Sonya avait été leur amie, pendant un temps. Mais juste avant le lycée, elle s'était tellement embrouillée avec Alby qu'elle était partie. Depuis, ils n'avaient plus le droit à un regard. Sauf lui. Il avait gardé contact avec la petite blonde, soucieux du rôle qu'elle avait. De par leurs positions, ils pouvaient se rendre mutuellement service. La place de la jeune fille dans l'association des élèves l'avait sauvé plus d'une fois, autant pour réparer ses conneries que pour les faire, et il le lui rendait bien en faisant ce qu'elle lui demandait. Eux s'entendaient bien, mais il se disait que si Sonya était prête à aider Alby, elle devait en avoir gros sur la patate.
Ils avaient tous les deux le point commun de ne pas aimer Alby. Et pour les mêmes raisons. Minho le supportait, mais ça s'arrêtait là. Alby revenait toujours vers eux, comme une bouée de sauvetage. Il se faisait remarquer dès qu'ils se trouvaient tous les trois, avec Gally, et il était d'une mauvaise fois hallucinante. Et pour couronner le tout, il était gay, mais, encore pire, il ne l'assumait pas. Thomas lui, même s'il avait été l'être humain le plus influençable qu'il ait connu, il avait toujours tout assumé. Et puis c'était admirable de réussir à mettre fin à sa vie. Minho n'aurait jamais pu. Il n'aurait jamais eu cette force et quand il le disait à Teresa, elle lui disait que ça la rassurait. Lui, ça le désespérait.
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