Alby et Sonya

« Pourquoi tu me regardes comme ça ? »

   Alby n'avait pas compris pourquoi Gally le fixait de cette manière. Ils discutaient depuis un moment déjà mais son pote semblait étrange depuis ces derniers jours. Personne ne s'en rendaient compte, mais lui le voyait bien.

« Rien laisse, je pensais à un truc. »

   Il s'était contenté de passer à un autre sujet. Ils ne parlaient pas de choses sérieuses entre eux, du moins pas à son sens. Il n'avait jamais vraiment essayé non plus, Gally ne lui avait jamais paru ouvert à quelconque discussion importante. Il devait se résigner, ce n'était pas avec lui qu'il pourrait parler à cœur ouvert.

   Alby n'avait jamais cessé de se sentir seul. Enfin, pas tout à fait. Au début, avec Gally et Minho, il avait eu l'impression d'avoir trouvé ses compagnons de vie. Mais bon, le temps lui avait montré qu'il pouvait vite se tromper. Quand il avait rencontré Thomas, il y avait cru. Il avait cru dur comme fer que ça pouvait marcher, c'était bien partit. Si les autres ne s'étaient pas ramenés, il aurait pu sortir de ce cercle, réussir à se séparer définitivement de ses potes et rester auprès de Thomas. Parce qu'au fond, sans Gally et Minho, Alby se sentait perdu et la peur de l'inconnu, de la solitude assumée, lui foutait un peu la trouille.

   Quand il avait vu Thomas se présenter, le jour de la rentrée, il n'avait pas pu s'empêcher de le trouver super beau. En plus il souriait doucement, comme timide de se retrouver là. Il avait réussi à l'aborder, à devenir son ami, et il avait tenté. Mais même quand sa chance avait bien voulu revenir pour la deuxième fois, elle s'était barrée en courant. Et maintenant, il n'avait plus aucune possibilité de réessayer.

   Non, Alby n'était pas tombé amoureux de Thomas. Le brun mystérieux lui avait plu, certes, mais ses sentiments n'avaient pas eu le temps de croître. Pourtant, il avait aimé ce baiser. Ce simple échange, unique et fugace. Celui-ci avait paru trop court, il n'avait pas assez profité. Si Gally et les autres n'étaient pas venus, il aurait continué à lui rouler des pelles jusqu'à ce que le soleil se couche. Mais voilà, ses vieilles angoisses avaient refait surface et il l'avait repoussé. Après, il avait fait comme si rien ne s'était passé, parce qu'il était un lâche. Un gros putain de lâche.

   Il quittait Gally pour rentrer chez lui quand il vit sa chevelure blonde. Sonya, grande impératrice du contrôle. C'était à son sens son plus gros défaut, ce besoin de tout contrôler tout le temps, horrible.

« Alby. »

   Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle lui prête la moindre attention.

« Oh, une revenante.

-Lâche-moi avec ça, c'est pas le moment. »

   Il croisa les bras. Certes, elle avait raison, mais ce n'était pas une raison pour l'admettre. Elle arriva à sa hauteur et se planta face à lui comme pour lui barrer la route.

« Je voulais te dire que... Enfin...

-Ça doit être exceptionnel pour que tu ais du mal à cracher le morceau.

-Si tu as besoin de parler, je suis là. »

   Il avait écarquillé les yeux. Sérieusement, il ne s'était pas attendu à ça. Elle voulait fuir, elle s'échappait déjà, mais Alby la retint par le poignet.

« Qu'est-ce que tu as dit ?

-Tu le sais très bien, t'es pas plus sourd que moi, répliqua-t-elle en consentant tout de même à rester.

-Alors explique. »

   Il avait employé un ton doux, il ne voulait pas qu'elle s'en aille à nouveau.

« Si tu as besoin de parler, je suis là, c'est pas si difficile à comprendre. C'est parce que... Parce que je sais que c'est dur pour toi et que les autres sont pas très attentifs à ce que tu leurs dis.

-Pourquoi t'es gentille, tout à coup ? »

   Elle n'avait pas détourné le regard et il avait su que c'était sincère.

« Vaut mieux tard que jamais. On se rend compte trop tard de nos erreurs, n'est-ce pas ? Mais crois pas que ça me fait plaisir. »

   Sonya avait ensuite pris la fuite sans un regard supplémentaire. Alby voulait bien se l'avouer, la démarche qu'avait fait Sonya l'avait touché. Ça n'avait pas toujours été facile entre eux, mais elle savait faire des efforts, enfin elle essayait.

   Il était arrivé devant son bâtiment et avait monté les étages sans même y penser. Son esprit revenait sur Terre quand ses yeux étaient tombés sur le colis, devant sa porte. Son prénom attira son attention et quand il le prit dans ses mains, il ne se doutait pas encore que la proposition de Sonya lui serait essentielle.

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