Epilogue.

Louis ?

Louis...

Aide moi !

Au secours Louis !

Louis tu m'entends ?

T'es là ?

Louis je suis tout seul j'ai peur du noir j'ai peur des bruits

Pourquoi tu n'es jamais venu me sauver ? Pourquoi tu m'as laissé ?

M'abandonne pas s'il te plait

T'as promis de me délivrer, viens me sortir de là

Louis

LOUIS !!

Paniqué, Louis se réveille en sursaut, son tee-shirt colle à la peau de son dos en sueur. Son corps tremble. Il est essoufflé, comme s'il venait de courir pendant des heures un marathon. Son coeur semble prêt à perforer sa poitrine, chaque nouveau battement est aussi douloureux que le précédent.

Contre lui, il sent le corps chaud d'Harry qui se tend aussi. Il ouvre les yeux, il lui faut quelques secondes pour assimiler les informations. Il ne fait pas tout à fait noir, les rideaux sont tirés, il est dans leur chambre, dans leur lit, dans les bras d'Harry qui se penche vers lui. Sa seule source d'ancrage. Sans vraiment s'en rendre compte, ou plutôt par réflexe, il saisit le poignet de son bras passé autour de son ventre et s'y agrippe. Fermement.

Il a l'impression d'y être encore, ça semblait tellement réel. Son corps est encore figé de peur.

– Louis... ?

Sa voix est rauque, enrouée de sommeil. Il le sent se détacher un instant, le froid envelopper son corps, alors qu'il se penche pour allumer une des lampes de chevet. Louis se tourne difficilement sur le dos et la première chose qu'il voit est le regard paniqué d'Hary.

– Qu'est-ce qui se passe ?

Lui même entend son propre souffle, trop rapide, trop lourd. Il ravale difficilement sa salive, sa gorge est nouée, sèche, sa bouche pâteuse. Mais il sent ses muscles qui commencent à se détendre dès qu'Harry pose ses doigts sur lui. Ils parcourent lentement son visage, ses cheveux, des caresses rassurantes. Puis ce sont ses lèvres chaudes qui se posent délicatement sur son front, Louis inspire, sa poitrine tremble encore, son rythme cardiaque s'emballe. Les larmes affluent à ses yeux.

– C'est encore un cauchemar, c'est ça ?

Il a besoin puiser au fond de lui même, Louis est incapable de parler. Il sent son coeur taper contre sa cage thoracique, sous sa peau et ses doigts. Les cheveux d'Harry tombent sur le haut de son front et Louis a envie de pleurer parce qu'il n'a même pas la force de tendre la main pour les mettre derrière son oreille. Puis, il semble si bouleversé.

Alors, il se contente d'acquiescer.

– Toujours le même ?

En deux ans de relation, Harry a toujours su l'aider pendant ses crises de panique après un cauchemar. Et aujourd'hui n'est pas une exception. Il peut y arriver seul, évidemment, mais la présence d'Harry est une force en plus. Une force qu'il lui prête volontiers.

Nouveau hochement de tête. Sa respiration n'est toujours pas calmée, même si l'emprise sur sa poitrine se dissipe petit à petit. Harry caresse sa joue avec son pouce, forme des cercles, il cherche son regard.

– D'accord, je suis là, ça va aller. Je te tiens, tu n'as rien à craindre.

– Je... je suis désolé H...

Sa voix est brisée, il ne la reconnaît même pas. Pendant une seconde, Louis se déteste, puis il se rappelle de ce qu'Harry ne cesse de lui répéter ce n'est pas de te faute.

Il ne peut pourtant pas retenir la larme qui s'échappe de sa paupière, ni les premiers sanglots silencieux qui menacent de déferler sur lui. Sa gorge se noue davantage, il les sent s'accumuler au bord de ses yeux. Harry le sait, il choisit ce moment pour lui demander :

– Regarde moi... Regarde moi, Louis. Tu te souviens de ce qu'on fait d'habitude quand ça arrive ?

Louis le regarde puis hoche encore la tête. Son menton tremble, Harry lui embrasse furtivement les lèvres. C'est assez doux et rassurant pour donner une dose de courage à Louis qui ne le lâche plus des yeux.

– Bien, alors suis mes mouvements. Doucement. Tu as le temps.

Ce n'est pas un exercice qui leur est inconnu. Même s'ils n'en ont pas eu besoin depuis quelques mois déjà. Louis va beaucoup mieux, il arrive à gérer, mais il lui arrive parfois de se perdre dans les souvenirs de cette soirée là.

Harry inspire longuement et expire de longues secondes, Louis imite le rythme de ses respirations. Il gonfle sa poitrine, encore tremblante. Ils prennent leur temps. Harry lui sourit, caresse son visage, sèche ses joues, tout en continuant son exemple.

Au bout de quelques minutes, Louis est calmé. Il expire une dernière fois, puis prend la main d'Harry, posée sur sa joue. Il la serre, embrasse sa paume et la guide sur sa poitrine afin qu'il puisse sentir son coeur retrouver un rythme régulier. Harry sourit et continue de lui souffler des mots rassurants.

– Parfait, voilà. Tout va bien tu vois. Tu es ici, avec moi, il ne t'es rien arrivé. Tu te sens mieux maintenant ?

– Oui... oui, merci.

Il l'attire vers lui et ils s'enlacent, un long moment. Louis reprend son souffle, il enfouit son nez dans les cheveux d'Harry, et lui pose sa tête près de sa poitrine. Harry trace des dessins sur sa hanche, sous son tee-shirt. Leurs jambes sont, elles aussi, mêlées.

– J'ai eu tellement peur...

Ce n'est qu'un murmure, mais Harry comprend réellement. Il relève la tête et le regarde dans les yeux, Louis se met à caresser sa nuque doucement. Ses doigts sont froids.

– Je sais mon amour, je sais.

La peau de Louis frissonne à ce surnom. Deux après, il ne s'y habitue toujours pas. Il approche ses lèvres de son visage puis les dépose sur son front, elles restent là un long moment. Harry soupire, ferme les yeux. Louis sent ses muscles se détendre sous son toucher, il éloigne sa bouche et souffle :

– Je suis désolé...

Harry fronce les sourcils et secoue la tête, son ton est devenu très sérieux.

– Tu t'excuses encore une fois, et je te promets que je te coupe la langue.

– Ce serait fâcheux.

– En effet.

Ils rient, Harry relève légèrement son tee-shirt et dépose un baiser sur son ventre. Louis n'a jamais cessé tomber amoureux de lui, chaque jour il découvre quelque chose qu'il aime chez lui. Que ce soit un surnom qu'il prend l'habitude de lui donner, un geste tendre, une habitude qu'il a le matin en se levant, une autre le soir avant de se coucher.

Louis pensait qu'au bout de deux ans, il n'aurait plus le sentiment de se noyer dans son amour, mais chaque matin, il se réveille et la première chose qu'il voit est le sourire endormi d'Harry. Et il l'aime un peu plus. Quand il a le temps le matin, il reste allongé entre les draps encore chaud de sa présence et le regarde faire sa séance de yoga ou de méditation. Et même s'il a toujours refusé de se joindre à lui, malgré les nombreuses demandes d'Harry, il ne peut pas se passer de cette vue.

Harry qui prend tout l'espace. Harry qui existe, là, avec lui. Harry qui partage sa vie et son appartement. Harry qui l'aime et fait de lui une meilleure personne. Harry qui reste et lui donne toute sa personne. Harry qui le rend vivant.

Un bâillement lui échappe, il pose une main sur sa bouche ouvert puis frotte son œil droit.

– Tu veux te rendormir ?

– Non, je crois que c'est mort, je ne vais pas savoir trouver le sommeil.

Harry redresse la tête pour regarder le réveil sur sa table de chevet, il hausse les épaules.

– Il est presque huit heures trente de toute façon.

Après avoir émis un petit grognement, Louis se met à jouer avec les boucles d'Harry. Il est encore à moitié endormi, lui aurait encore besoin de sommeil par contre, mais Louis sait qu'il ne se rendormira pas si lui est debout. Ils iront se coucher plut tôt ce soir.

– C'est bête, on est Dimanche, j'aurais bien traîné avec toi au lit jusque midi.

– On peut faire ça.

Dans un mouvement lent, Harry remonte vers lui afin de l'embrasser tendrement. Louis sourit contre sa bouche, il a encore l'impression de rêver parfois. Ce genre de rêve dont il ne voudrait jamais se réveiller.

Leurs lèvres se détachent après quelques secondes, Harry passe son nez contre sa joue, et pose un baiser là, sur sa pommette rosée.

– Je voudrais juste me laver et manger un bout avant.

Harry se recule pour le regarder, le vert de ses yeux est très clair. Louis sait que ça veut dire que la journée sera belle aujourd'hui, ensoleillée.

– Qu'est-ce que tu dirais si je te fais couler un bain et que pendant que tu te détends je vais acheter des croissants à la boulangerie ?

Entre chaque mot de sa question, Harry pose des baisers dans son cou et contre sa mâchoire. Sa peau frissonne. Le sourire de Louis s'étire, il replace une boucle derrière son oreille dans un geste délicat et le regarde.

– Je dis que tu es l'homme de mes rêves, Harry.

– Toi, tu veux que je ramène une tasse de thé dans ton bain, c'est ça ?

– Et en plus tu lis dans mes pensées, j'en ai de la chance de t'avoir.

A nouveau, leurs rires légers se mêlent harmonieusement dans la pièce. Et après un ou deux autres baisers entre les draps, ils sortent du lit. Louis ôte son tee-shirt et son caleçon qu'il jettent dans le panier de linge sale. Il fait attention de bien trier les couleurs, il sait qu'Harry est très méticuleux sur ces détails là. Mais ça le fait toujours sourire. La manière dont leur personnalité assez disparates arrivent à cohabiter harmonieusement.

Il se brosse ensuite les dents, nu, et étire ses muscles en observant Harry dans le miroir dont le regard coule déjà sur son corps. Ses courbes fines et sa peau gorgée de soleil, le reflet de Louis lui sourit. Le haut des joues d'Harry rougit, il se mord la lèvre en détournant les yeux.

Pendant ce temps, Harry lui fait couler un bain moussant. Il lui prépare une serviette et un gant sur le côté, Louis revient avec des vêtements propres et confortables dans l'idée de passer la journée au lit. A ne rien faire. Sauf se câliner, regarder des films, observer Harry plongé dans sa lecture, se perdre corps et âme en lui quand ils feront l'amour.

Il remercie Harry d'un long baiser, avant de retirer son sous-vêtement et d'entrer dans l'eau. Harry suit les formes de son corps qui disparaissent sous la mousse parfumée à la lavande. Un lourd soupir sort de sa bouche lorsque l'eau chaude entre en contact avec l'intégralité de sa peau, sauf sa tête qui reste à la surface. Il jette un regard amusé à Harry.

– Ne sois pas trop long.

– Tu es impatient de me retrouver moi ou de goûter les croissants ?

Louis hausse un sourcil et le regarde terminer de se brosser les dents à son tour. Il s'attarde sur les muscles de son dos, les tatouages qui parsèment ses bras, le short de pyjama qui épouse le creux de ses hanches, puis répond peu de temps après :

– Harry, ne fais pas attendre un homme affamé.

Ce dernier se rince la bouche, redresse la tête et essuie son visage avec une serviette. Il lui sourit dans le reflet du miroir. Ses yeux pétillent d'amusement.

– Dans ce cas, tu verras, je serai de retour avant que l'eau du bain ne devienne tiède.

Sur ces mots, Harry se retourne et s'apprête à sortir. C'est sans compter sur Louis qui se redresse légèrement dans le bain et l'appelle une dernière fois.

– Harry ?

– Oui ? J'ai oublié quelque chose ?

Il se tourne vers lui, son regard parcourt la salle de bains puis s'arrête sur Louis qui lui dit en le fixant droit dans les yeux :

– Je t'aime.

Un instant passe. Peut-être deux ou trois secondes.

Puis Harry traverse la pièce en quelques enjambées et se penche pour l'embrasser. Sa grande main chaude se pose sur sa nuque, Louis pourrait se laisser couler sous l'eau tant la sensation est enivrante, unique. A chaque fois.

Louis voudrait que ça dure une éternité. Mais déjà, Harry se détache, lui sourit et répond sur le même ton :

– Je t'aime aussi.

Cette fois, Harry s'en va. Louis profite de la chaleur du bain, il ne somnole pas tout à fait, il repose ses yeux. Quand Harry revient, il termine de se sécher. Il l'entend bouger de la vaisselle en cuisine.

Une fois dans la chambre, il ne peut retenir son sourire. Harry a ramené un plateau dans la chambre avec une tasse de thé chaude, des croissants, du jus d'orange et du café. Il tend la télécommande à Louis lorsqu'il s'installe confortablement dans le lit.

– Tu choisis le film ?

En guise de remerciement, Louis embrasse sa joue puis parcourt la sélection de titre à l'écran. Harry boit une gorgée de son café, sa jambe se glisse au-dessus de celle de Louis et il se blottit contre lui, sa tête retombe doucement sur son épaule.

Un sourire aux lèvres, Louis s'arrête sur le film qui l'intéresse et le lance. Harry redresse son visage vers le sien en fronçant les sourcils.

– Mais Louis..

– Chut, il pose un doigt contre ses lèvres, passe moi un croissant. Je meurs de faim.

Harry lui sourit, contre ses lèvres qu'il embrasse doucement. Louis ne peut pas être plus heureux qu'à cet instant.

La première scène du Voyage de Chihiro commence à l'écran, alors que Louis savoure la première bouchée de son petit déjeuner. Et même si Louis ne peut s'empêcher de lever au ciel dès qu'Harry regarde ce film toutes les deux semaines, sans exagération, il ne voudrait changer cette vie pour rien au monde.

Cela fait deux ans que la maison a brûlé. Deux ans qu'ils ont communiqué avec Léo. Deux ans qu'ils l'ont libéré.

En réalité, sur l'espace d'une vie, ce n'est pas une longue période. Mais il s'en est passé des choses depuis cette soirée là. Louis et Harry ont emménagé ensemble après un an de relation. Leurs amis, bien que surpris de les voir arriver un jour main dans la main, n'ont pas trouvé ça étrange qu'ils finissent en couple, parce qu'au final ils sont fait l'un pour l'autre. Ils cherchent à adopter un chat. Harry est devenu archiviste à la bibliothèque. Louis s'épanouit dans son travail d'aide social à l'enfance. Après tout ce qu'il a vécu avec Léo, il ne se voyait pas faire autre chose. A son échelle, il veut sauver des vies, sauver des enfants maltraités. Se sentir utile. Harry lui répète toujours qu'il n'est pas un héros et qu'il ne peut pas sauver le monde entier, mais Louis n'a jamais cessé de battre pour sauver autant d'âmes que possible.

Pourtant, le souvenir de Léo ne s'efface jamais vraiment. Louis fait souvent des cauchemars, où il n'arrive jamais à le sauver à temps. Où il ne le trouve pas. Où il échoue. C'est angoissant, mais c'est aussi très loin de la réalité.

Finalement, plus tard dans la journée, vers la fin d'après-midi, ils décident d'aller là-bas. A l'emplacement où se trouvait la maison avant. Il n'en reste plus rien. Presque comme si elle n'avait jamais existé. Juste un bout de terrain sombre au sol, au milieu de l'herbe et de la terre, la trace subsistante de l'incendie qui a tout ravagé.

Mais Louis a encore l'impression de la voir, le fantôme de la maison. S'il ferme les yeux et puise assez loin au fond de lui, il a presque la sensation qu'une partie de Léo est là. Comme un effleurement sur sa peau. Il sait que c'est faux, que c'est seulement ce qu'il voudrait, mais il s'en contente.

Les autorités n'ont pas cherché à enquêter sur l'incendie, ils en sont venus à la conclusion que c'était probablement un acte criminel, mais n'ont pas voulu s'attarder dessus. Louis a appris qu'ils allaient construire des commerces à la place, dans quelques années, il se sent un peu triste.

Il inspire lourdement, ses épaules tremblent un peu. Harry prend sa main et lie leurs doigts ensemble. Ils regardent l'horizon, perdus dans les souvenirs de cette nuit là. Quand ils ont communiqué avec Léo.

– On reviendra encore, même quand il y aura les magasins ?

Harry tourne la tête vers lui, Louis ne pleure pas, mais c'est tout comme. Il serre sa main dans la sienne et répond dans le même murmure :

– Bien sûr. Et on pourra acheter une autre bougie demain et la faire brûler pour lui.

– Tu penses que ça lui fait quelque chose ?

– Je ne sais pas, honnêtement, mais ça compte pour nous.

Louis ne répond pas, mais il attire Harry contre lui, dans ses bras et le serre de toutes ses forces. Parce qu'il l'aime comme ça aussi, de toute sa personne. Harry caresse le dos de sa main et enlace Louis davantage quand celui-ci le remercie d'une voix légèrement tremblante d'émotions.

Il sait qu'il ne pourra jamais totalement oublier Léo. C'est une histoire qui l'a marqué à vie, qui le suivra jusqu'à son dernier souffle. Elle fait partie de lui.

Mais quand il regarde au-delà, quand il baisse la tête pour observer Harry blottit au creux de ses bras, il n'a aucun doute. Parce que cette histoire là est aussi la plus belle chose qui ait pu lui arriver.

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