« Dimitri !! »

Le jeune homme soupira profondément en levant les yeux au ciel.

« Dimitri ! Arrête ton cinéma ! Dis moi ce qui va pas !! S'il te plaît ! »

Le jeune homme lâcha un claquement de langue explicite, bien qu'un peu étrange, étant donné la féminité de la chose. La jeune femme lui jeta un regard éberlué. Elle soupira, dépitée par son mutisme. Elle aurait cru qu'il se serait confié à elle, mais comme toujours, elle avait surestimé son pouvoir sur lui.

Elle laissa son ami pour se diriger vers une autre pièce. Elle entra.

À l'intérieur, elle retrouva l'intégralité du groupe.

Elle passa son regard sur les quatre hommes assis en face d'elle. Sa voix retenti dans le silence.

« Il sait. Mais il ne veut pas le dire.

-Il te l'a dit ? Parce que, c'est quand même bizarre qu'il ne veuille rien nous dire alors qu'il sait pourquoi il est bloqué ici comme un con ! Surtout qu'on peut pas partir en tournée sans lui ! » s'exclama un grand blond. Autour de lui, les autres hochèrent la tête d'un air entendu. Ce fut au tour de la grande blonde de soupirer.

« Mais vous êtes con ou quoi !! S'il ne veut pas nous en parler, c'est que c'est pas glorieux ! Si ça se trouve, il est impliqué dans un truc grave, et c'est pour ça qu'il a pas de visa, et que personne ne veut lui en donner !

-C'est toi qui est conne ! Si c'était vraiment grave, il ne serait pas avec nous ! Il serait en prison ! »

La discussion continua des heures et des heures, sans que les jeunes gens ne trouvent de réponse. Ils chuchotaient, de peur d'alerter leur ami.

Il étouffait ses gloussement comme il le pouvait, tellement les suppositions de ses « amis » étaient loin de la réalité. 

Au bout d'un long moment, il sorti de sa poche une photo abimée. Il se mit à caresser le visage de la fillette. Il semblait perdu dans ses pensées, lorsque la conversation s'arrêta subitement. Le jeune homme eut, de sa cachette, un mouvement de recul. Il était découvert ? Non... Ils avaient juste décidé de partir dormir.

Le jeune homme jura mentalement en les entendant partir, avant de se diriger silencieusement vers sa chambre. Il évoluait avec souplesse, comme si ses pied ne touchait pas ce plancher habituellement grinçant. Pas un bruit ne trahissait ce déplacement rapide.

Arrivé à sa chambre, il se glissa tout aussi silencieusement dans son lit. Quiconque l'aurait vu à ce moment là aurait été fasciné par la fluidité de ses gestes. Sa grâce rivalisait avec les plus danseurs les plus doués du monde, et sa délicatesse lui donnait un aspect félin.

La blonde ouvrit discrètement la porte, et glissa sa tête dans l'entrebâillement. Elle contempla tendrement le visage de son meilleur ami profondément endormi. Il semblait si paisible, si calme... Comme le ciel avant la tempête. Elle ne lui en voulait pas de lui cacher son passé, de lui mentir sur les raisons de son cas. Elle le découvrirait bien un jour...

Arrivée dans sa chambre, elle enfila sa chemise de nuit, et se mit dans son lit. Avant d'éteindre les lumières, elle embrassa le pendentif en cristal accroché à son coup.

Elle courait. En ligne droite. Elle ne pouvait rien faire d'autre. Alors elle courait. Jusqu'à être épuisée, jusqu'à tomber de fatigue.

Elle courait pour oublier sa souffrance.

Elle courait pour oublier sa solitude.

Elle courait pour oublier la trahison de celui qu'elle chérissait plus que tout...