Day 2

Je fixais les deux robes que je tenais devant moi, essayant de choisir une à emporter.

-"T'es sure de toi [t/p] ?"

-"Tu me demandes sérieusement si je suis sure de vouloir superviser ce projet qui va nous ramener une petite fortune ?"

Sasha me fixa avant de souffler et de se jeter sur mon lit, près d'une valise grande ouverte, à moitié remplie.

Le grand miroir qui servait de porte pour mon placard me permit de la voir grignoter quelque chose qu'elle avait volé de la cuisine. Je me recoiffais rapidement et fixais avec regret mon bas de jogging gris et mon pull à capuche blanc.

Qui avait décidé que ce n'était pas une tenue approprié pour le boulot ?

En me voyant attraper un énième blazer, Sasha haussa un sourcil.

-"T'en as combien au juste ? "

-"Euh... Beaucoup ? "

-"Et bien je pense que tu peux te passer de tous ces blazers pendant ton séjour là-bas. Tu peux toujours venir chercher quelque chose ici non ? "

-"Il y'aura des camps d'entraînement et des déplacements. Je ne veux prendre aucun risque. "

-"Mais dis, vu que tu vas les côtoyer un sacré bout de temps, t'es vraiment obligée de porter que des trucs classes en permanence ? Parce que j'imagine que c'est chiant à la longue. "

-"On en a pas réellement discuté, mais c'est un peu un truc qui va sans dire non ? Et puis, c'est uniquement pendant les journées de travail. "

-"Ouai... Je pense toujours pas que c'est une bonne idée. "

-"Et bien moi, je trouve que si, parce que je vais enfin pouvoir vous prouver que je n'en ai plus rien à foutre de Livaï. "

-"T'en as parlé à Hanji ? "

Sujet sensible à l'horizon.

-"Ouai, mais comme tout ce qui touche à cette histoire, on ne s'est pas réellement arrêtées sur le sujet. "

Ma rupture avec Livaï, ou plutôt ce qui a entraîné ceci a créé une bulle de malaise entre ma meilleure amie et moi. D'un côté, elle était révoltée et peut-être plus remontée que moi à propos de ce qu'il avait fait, mais de l'autre, elle n'avait pas cessé de le côtoyer pour autant, et je comprenais un peu cela. C'était son ami de toujours, alors je n'avais absolument pas le droit de lui dire de prendre ses distances, mais ce n'est pas pour autant que cette situation ne me blessait pas, alors on est arrivées à un compromis : Notre amitié continuait comme avant, mais on ne parlait plus de lui.

C'était loin d'être la meilleure solution, mais la plus simple. Je ne sais pas ce qui se disait entre eux, mais une fois sa phase de colère passée, elle essayait un peu de calmer les tensions, d'étouffer ma colère.

Sauf que ce qu'il a fait est à mon avis impardonnable. Surtout que monsieur n'a jamais tenté de s'excuser ou de s'expliquer.

-"Et qu'est-ce qu'elle t'a dit ? "

-"La même chose qu'à chaque fois. Qu'on devait tenter de discuter, que je devais entendre ce qu'il avait à dire, qu'il devait y avoir des choses que j'ignore... Et avant que tu ne le demandes, elle prétend de rien insinuer, elle dit juste le connaître assez bien pour savoir que cette histoire cachait quelque chose. "

Après la première fois où Hanji avait parlé de "Choses que j'ignorais" sans vouloir m'en révéler plus, j'avais explosé de rage. J'étais toujours émoustillée, à fleur de peau et je sentais bien qu'elle ne me disait pas tout. Ce fut peut-être même ça, la principale raison qui a fait qu'au fil des années, tout n'allait pas à la perfection entre nous deux.

-"Et... Tu comptes faire ça ? "

-"Pas vraiment. Au-delà, d'une relation professionnelle, je n'ai pas la moindre envie de me rapprocher de lui, ne serait-ce que pour redevenir amis. Quoi qu'il dise, ce qui est fait est fait. Et puis ce n'est pas comme si sa présence me manquait spécialement. J'ai un job que j'aime, une famille qui me soutient et des amis merveilleux. "

Sasha tenta de dire quelque chose, mais je commençais vraiment à en avoir marre de ce sujet. J'avais l'impression d'avoir plus parlé de lui pendant cette dernière semaine que durant les dix ans qui ont précédé.

-"Si tu comptes continuer à squatter mon appartement et prendre d'assaut mes réserves de nourriture, tu pourrais au moins m'aider à organiser tous ces vêtements. "

Elle s'exécuta, l'air perdue dans ses pensées.

-"Au fait, tu as décidé de quand tu allais annoncer la nouvelle à Connie ? "dis-je en retenant mal mon excitation.

-"Je sais pas, je voulais le faire aussitôt que possible, mais... Je ne sais pas. J'ai envie que ce soit quelque chose d'original. Et puis il y'a aussi votre projet pour lequel il part aussi."

-"On n'a qu'à organiser un truc là-bas alors, une surprise ! Oh je suis toute excitée ! Je vais devenir tante ! "

Sasha caressa doucement son ventre qui ne laissait toujours rien paraître de la grossesse et soupira.

-"Tu sais... J'ai peur. C'est tellement de responsabilité un gosse... Imagine que je ne sois pas à la hauteur ? "

-"Tu rigoles j'espère ! Tu es une humaine formidable, une amie exemplaire, et je suis sûre que Connie peut nous assurer que tu es également une partenaire de vie géniale. Crois-moi, tu seras une maman tout aussi superbe. "

-"Et... Et s'il ne réagit pas bien ? "

-"Alors là, tu commences vraiment à divaguer ma belle. J'ai jamais croisé un homme qui veut autant devenir père que Connie, et il est fou amoureux de toi. Tu te rappelles de votre mariage, quand il a passé je ne sais combien temps à pleurer de joie après la cérémonie ? Le mec ne t'appelait plus que "chère épouse" pendant les deux mois qui ont suivi. "Soudain, une réalisation me frappa, "Oh puta*n, il va recommencer... Tu crois qu'il t'appellera "Mère de mes enfants" ? Car s'il fait ça, je vais pas pouvoir me retenir longtemps avant de le gifler. "

Elle éclata de rire, m'assurant qu'elle-même ne le laisserait pas faire, et pendant une bonne demi-heure, nous oubliâmes la valise qui devait encore être remplie pour discuter de tout ce qu'il y'avait à acheter et à préparer. J'essayais de noter toutes les choses que Sasha disait vouloir dans un coin de ma tête. Quand les trente minutes de base s'allongèrent en deux heures et que nous commençâmes à parcourir les sites sur mon ordinateur, posé entre nous deux, elle perdit un peu de son excitation. Sasha était critique gastronomique. Elle avait peut-être assez d'argent pour satisfaire toutes ses fantaisies de future mère sur le papier, mais la situation était différente dans la vraie vie.

La brune était le soutien financier principal de sa famille, et une grande partie de son salaire servait à les aider. C'était elle qui prenait soin de ses parents et qui contribuait partiellement au frais d'études de ses frères et sœurs.

Mais un détail qu'elle oubliait était que j'avais de l'argent qui n'attendait que d'être dépensé. L'enfant de mes deux amis allait être gâté, pour dire le moins. Surtout avec Eren et Mikasa et leur petite fortune qui allait m'aider dans cette tâche.

Quand Sasha s'en alla vers la fin de la journée, je me retrouvais seule face au désastre qu'était devenue ma chambre. Poussant un grognement, je me mis à mettre de l'ordre en lançant tel ou tel vêtement sur le lit, avec l'idée de les emmener avec moi.

J'avais beau agir comme si la situation ne me secouait pas, la réalité était tout autre. Je croyais que le retour de Livaï dans ma vie ne voulait rien dire, mais au moment où mon cœur s'est affolé à sa vue, je sentis mes certitudes s'effondrer.

Je n'étais pas encore amoureuse de lui. Je ne sais même plus si je suis réellement capable d'avoir ce genre de relation avec quelqu'un. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé de tenter quelque chose. J'ai beau faire de mon mieux, rien ne semble marcher pour moi. Alors après quelques tentatives, j'ai perdu espoir.

J'imagine que c'est les conséquences de ma bêtise de l'époque. J'imagine que j'aurais dû apprendre à m'aimer sans avoir besoin de passer par les yeux de quelqu'un d'autre.

Mais là, après ces années d'acharnement et les fruits que j'en cueillis, j'ai réussi à sauver une partie de moi, à restaurer un peu de ma confiance et à avouer qu'il y'avait des choses dans lesquelles j'étais douée.

Sauf qu'il y'avait cette part qui cherchait toujours l'approbation et la validation du public, d'autrui. Il y'avait toujours cette voix sournoise qui me rappelait que je n'avais pas était suffisante pour quelqu'un auparavant, et que je devais y remédier.

Super.

Une tornade ravageait le cœur de la fille de dix-huit ans que j'étais. Livaï est venu, l'a calmée, est parti en laissant derrière lui un cyclone, et j'ai la terrible intention qu'il compte à nouveau venir troubler la paix que j'ai rudement acquis. 

Au fond, ce n'est plus lui qui me hante, mais le désastre qu'il a laissé derrière lui.

Après je ne sais combien de temps que je passe en relisant mon planning pour les jours avenirs et en tentant de m'immerger dans ma lecture actuelle, je me plonge enfin sous les draps.

Tout va bien, me répétais-je en fixant la vue sur la mer que m'offrais ma fenêtre, Tu vas bien. Tout ira bien.

Puis mon téléphone vibra, et plus rien n'allait.

Loiset :

Voici quelques numéros à garder dans ton répertoire, on ne sait jamais.

Parmi la liste, un numéro était annoté le connard. Quand j'appuyais dessus pour l'ajouter à mes contacts –devinant sans mal à qui il appartenait–, je l'enregistrais sans nom, ne souhaitant pas avoir un rappel de son existence à chaque fois que je cherche un numéro.

Sa gueule dans ma face pendant les semaines à venir était suffisante.

ALORS ALORS 

(Je tiens à préciser que j'ai dû me retenir pour ne pas faire une référence à Bigflo & Oli là (ce fut partiellement un échec)).

Un peu plus d'infos, un peu plus de sous entendus, et une vue sur ce qu'il se passe dans la vie des autres. J'espère que ça suffira en attendant le prochain chapitre ;).

Comme toujours, des remarques ? des questions ?

SEE YOU BIENTOT J'ESPERE !

~Caporal Neko

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