Day 45

-"Euh... Vous pouvez vous rapprocher un peu ?"

J'avais sous-estimé à quel point cette histoire de photos allait être gênante.

Quand l'heure du premier faux shooting de paparazzi était arrivée, je m'étais préparée à ce que le sentiment d'inachevé qui m'accompagnait depuis le dîner de la veille ne face tâche dans nos interactions, mais ce fut très vite éclipsé quand le photographe nous montra les poses qu'il s'attendait à ce qu'on prenne. Non seulement elles ne convenait pas à nos personnalités publiques et à l'image que les fans avaient de nous, mais en plus, elles étaient horriblement intime et malaisante, ce qui se reflétait horriblement sur le rendu final. Pourtant, il semblait déterminer 

-"Alors je me disais que comme c'est supposé être une escapade en amoureux, on pouvait partir sur des photos plus chaleureuses."

Pour être chaleureuses, elles l'étaient, ses propositions.

Entre l'absence d'espace personnel et les bras entrelacés, je sentais déjà mes muscles crispés à l'idée de devoir participer à cette mise en scène. Livaï, bien qu'aussi imperturbable que jamais, ne manqua pas de montrer son mécontentement après le premier round. 

-"Mais tu veux que je lui rentre dans la gueule ou quoi bord*l."

-"C-c'est juste que... Vous savez, là, on essaye de... Mais on peut toujours changer !" se précipita de dire le photographe. Encore une autre victime de la brutalité de Livaï.

-"On peut prendre une pause ?" demandais-je. J'avais enfin eu ma grande réunion avec le client que j'étais venue voir ce matin, et maintenant que le contrat était signé, la fatigue revenait m'envahir par vague et je n'avais qu'une envie, dormir.

-"Je me disais qu'on pouvait peut-être en reprendre quelques unes avant."

Alors que je m'apprêtais à capituler, n'ayant même pas l'énergie de dire que ça faisait deux heures qu'il cherchait à capturer une complicité inexistante entre Livaï et moi que mon collègue d'une journée prit la parole.

-"ça fait deux heures qu'on fait les clowns. Si elle veut se reposer, elle part se reposer."

Sans attendre de réponse, Livaï se mit en route pour un banc à proximité dans le parc où le shooting avait lieu. Ne sachant pas trop où me mettre et sans vouloir attiser les soupçons en m'éloignant dans l'autre sens, je le suivis et m'assis à l'autre extrémité, le regard figé devant moi.

-"C'est con. Tu es crevée, on ne devrait pas être là à faire les guignols pour leur bordel."

En évitant de trop m'attarder sur son insistance sur mon état de santé, je me frottais les mains dans une tentative de me réchauffer ne serait-ce qu'un peu.

-"Ce bordel, c'est un peu le nôtre. C'est pour notre image."

-"Tu crois vraiment que j'en ai quelque chose à foutre de mon image publique ?"

-"Arrête avec tes airs de je-m'en-foutiste. C'est avec cet image que tu te fais de l'argent aussi."

-"Mon job, c'est de bien jouer, pas de faire ça."

A mi-chemin entre la curiosité et l'agacement, je me tournais vers lui.

-"Si tu détestes à ce point, qu'est-ce que tu fous là ?"

-"Pour toi."

Sans me laisser le temps de réagir ou de dire quoi que ce soit, il tendit le bras et réajusta mon écharpe, couvrant la moitié de mon visage lors du processus.

-"T'as toujours l'écharpe pour ne pas montrer que tu rougis, tu sais ?"

En me retenant avec peine de l'attraper par le col et de le secouer comme un cocotier, je réajustais ma position sur le banc, tournant mon corps entier vers sa direction et donnant par la même occasion le dos à l'équipe. Il était temps de mettre une fin à toute cette histoire. Parce que là, une autre référence à notre amourette et j'allais lui mettre mon poing dans la face. Ou pas. Il a un joli visage, probablement plus d'assurances pour son corps que tous mes biens, et surtout, ça n'allait même pas lui faire mal. Tant qu'à me ridiculiser, autant y aller mollo.

-"Et bien tu sais quoi ? On ne va pas se lever de ce banc tant que tu ne m'as pas tout expliqué."

-"Tu dois te reposer, ce type d'histoire va juste te prendre la tête p-"

-"N'essaie même pas."

Il soupira, son expression de marbre fondant une fraction de seconde en quelque chose de plus vulnérable, de plus humain, avant de redevenir un mur qu'aucun orage ne pouvait faire vaciller.

-"It's not really straightforward, or rather it is, just... Fucking shit man..."

-"Ce n'est pas vraiment clair, ou plutôt ça l'est, mais... Putain de merde..."

-"Ouai, ça ne répond pas vraiment à ma question."

-"C'est pas comme si tu en avais posé."

C'était bizarre de voir Livaï tourner autour du pot de la sorte, surtout quand ses traits ne laissaient rien transparaitre, ou que j'ai perdu les clés pour déverrouiller ses secrets en essayant de me retrouver dans le bordel qu'était devenu ma vie à l'époque. Ce temps me semblait si lointain, tellement que j'avais du mal à assimiler que ce n'était pas arrivé à une autre personne, une version de moi de laquelle je m'étais dissociée plusieurs années auparavant. Et pourtant, assise devant lui, je redevenais la même lycéenne un peu paumée, oubliant que le monde existait et pendant à ses lèvres, en quête de confessions ou de réponses. 

J'avais changé, grandi et appris, et pourtant, j'avais cette impression que même en essayant de me convaincre que ce qu'il allait me dire n'allait rien faire si ce n'était calmer une ancienne tempête, le désespoir que je ressentis dans les secondes qu'il pris pour parler me fit requestionner mes convictions. Je doutais, pendant un instant fatal, de la stabilité des fondements que j'avais trouvé après lui.

-"Tu étais en danger avec moi."

Hein ?

-"Hein ? Tu te fous de moi là ? Tu m'as laissé mijoter sept ans pour me sortir une connerie pareille ?"

-"Je trainais dans des trucs pas nets. J'avais des personnes à dos qui voulaient se venger et-"

Une myriade de souvenirs noya les quelques pensées cohérentes qui persistaient dans mon esprit. Tous les moments où j'avais douté de ce qu'il me cachait et où je me demandais si je le connaissais réellement. 

Et il semblerait que non.

J'étais tellement surprise que je ne remarquais pas instantanément qu'il s'était tu, ses doigts traversant ses mèches de jais et y semant un désordre semblable à celui qui me frappait de plein fouet.

-"Tu... Tu avais quand même largement le temps de trouver une excuse plus crédible. Un meilleur mensonge. Sérieusement, je suis presque déçue d-"Dis-je, incapable d'admettre qu'il pouvait y avoir un fond de vérité dans ce qu'il disait. 

-"Le frère d'un mec était entré en prison à cause d'un de nos gars et quand il a compris que j'avais quelqu'un dans ma vie il s'est dit qu'il avait trouvé la vengeance parfaite et il a commencé à envoyer ces messages de merde et raconter ces conneries et il y'avait cette nuit et putain."

Livaï Ackerman, champion national d'éloquence.

-"Arrête. Juste... Arrête." J'essayais de chercher du sens dans ce qu'il disait, de décortiquer ses paroles, et pourtant, la seule chose que je parvins à dire fut "Putain." 

Après un moment de silence, où je faisais semblant d'être perdue dans mes pensées dans une réflexion profonde alors que c'était le néant dans ma tête, je retentais ma stratégie de lavage de cerveau pour le convaincre qu'il ne comprenait pas ses propres motivations. Ou qu'il se payait ma tête.

Mais même si Livaï avait certainement changé, son sens de l'humour centré sur la merde et le faciès blasé était intact. 

Ou peut-être qu'il faisait juste des blagues de très mauvais goût.

-"On est bien d'accord que je ne suis pas supposée te croire là."

-"Je sais pas, vérifie avec l'autrice."

Je confirme, elle n'est pas supposée le croire.

-"Tu réalises à quel point ce que tu dis est tiré par les cheveux."

-"Pourquoi tu penses que je n'ai rien dit pendant tout ce temps ?"Tenta t-il avant qu'un doigt accusateur, que je retenais depuis le début de cette conversation avec peine, ne lui saute au visage.

-"N'essaie même pas. Tu ne vas pas juste tout faire passer sur le compte d'une excuse pourrie parce que tu es incapab-"

-"Allez Messieurs dames, on reprend !" Lança l'un de nos assistants de son coin. J'étais totalement à côté de la plaque que je pu même pas discerner à qui appartenait la voix.

Loin de m'épauler cette fois, Livaï fut le premier à se lever et s'en aller, me laissant encore une fois perdue dans une marée indiscernable de mensonges et de vérités. 

La seconde partie du shooting ne fut pas plus conclusive que sa précédente, entre la nouvelle gêne qui s'était installé et le froid autant figuré que propre qui s'était abattu sur nous. Réalisant qu'il n'était probablement pas suffisamment payer pour traiter des cas aussi désespérés que nous deux, le professionnel annonça qu'il pensait avoir tout ce dont il avait besoin pour aujourd'hui, il clôtura la pseudo séance. Tout le monde savait qu'il racontait n'importe quoi, mais nous en avions tellement marre que personne ne le contredit.

Que des menteurs.

Si j'avais initialement envie de poser plus de questions au brun, je ne savais même plus où j'en étais à la fin de la séance que je suivis presque aveuglement Clara vers le véhicule où nous étions venus avec Livaï et grâce auquel nous allions repartir, histoire de poursuivre jusqu'au fond la mascarade au cas où quelqu'un nous remarquait, même si le parc avait était stratégiquement choisi pour ne nous exposé qu'au strict minimum de personnes. Le faux paparazzi avait quand même pris le soin de réaliser sa tâche à l'abri des regards curieux et ne nous parlait directement que quand c'était nécessaire, prenant à chaque fois la guise d'un fan un peu trop investi.

C'est entouré de ce beau monde et des mes mille questions que mon corps décida de me lâcher, que le noir m'envahit et que mes jambes se dérobèrent. 

Et ben, quand on a un flair pour le dramatique.

Hola !

Cette histoire, c'est un peu l'ex toxique que je n'arriva pas à laisser. Je sais même plus combien de temps s'est déroulé depuis que je l'ai commencé, mais ça doit faire un paquet d'années. Cette fois, je n'ai encore pas la moindre idée de ce que je fais. Est-ce que Madame reader était supposée s'évanouir à la fin ? Non. Mais comme quoi un chapitre écrit à 1h30 du matin donne ça. Je laisse la moi du futur gérer le reste incha Allah. 

Sur ce, si vous lisez toujours, de un, CHAPEAU, de deux JE VOUS AIME, et de trois non mais sérieusement, je vous aime vraiment, c'est fou. Mille mercis.

Tchus Amigos et au prochain chapitre qui, je l'espère (Si ma moi du futur trouve comment se sortir de cette nouvelle tournure d'évènements) ne tardera pas trop. En même temps dur de faire pire. Vous excuserez les fautes car encore une fois, il est 1h41 et mes yeux se ferment d'eux mêmes. LOVE YOU.

N'oubliez pas de parler de la Palestine, du Soudan, du Congo, des Ouïghours et de toutes les minorités autour de vous !

~Caporal Neko

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