Les rues de Paradise étaient sombres, calmes et dépouillée de vie à cette heure de la nuit. Et Levi continuait de s'éloigner de la petite beuverie en supportant un Eren semi-conscient dans les bras. Ils descendirent la grande rue et entrèrent dans un parc où seul le rayon de la lune éclairait leur route.

« - T'es tellement condescendant ! Dit subitement Eren.

- Tu continues d'employer de grand mot même bourré. S'amusa Levi tandis que l'autre se retirait de son attache afin de marcher de lui-même.

- Je ne crois pas. Rétorqua celui-ci en trébuchant sur l'herbe fraîche et se relevant instantanément l'air de rien.

- Ok... Conclut Levi en observant le triste spectacle qu'il lui offrait.

- Pourquoi tu fais ça ?

- Je te l'ai déjà dit : tu peux avoir une commotion.

- Tu t'en contrefiches même si je venais à claquer !

- Au contraire ! Objecta Levi.

- Pourquoi ? Interrogea Eren tandis qu'ils arrivaient devant une balançoire.

- Bien parce que sinon je vais devoir commencer à chercher une autre personne qui m'aime.

- Comme si tu pouvais en trouver une ! Se moqua le plus grand.

- Tu vois c'est ça que j'adore en toi : ton sens de l'humour si particulier !

- Laisse-moi m'asseoir un moment. » Dit Eren, groggy, en se laissant tomber sur une des nacelles avant de placer ses mains sur les cordes la maintenant de part-en-part.

Une fois assit, il zieuta le brun avec un sourire, puis il chavira en arrière, se voyant de nouveau rattraper de justesse par son sauveur.

« - Bon sang ! C'est bon, tu ne projettes pas de retomber ? » Signala le brun avant de prendre place sur la nacelle voisine.

Puis, il se balança légèrement, frottant ses boots sur la terre humide tandis qu'Eren admirait le ciel étoilé. Ce n'est qu'après quelques minutes d'accalmies que le brun se retourna sur l'autre pour lui demander :

« - Au fait, pourquoi tu l'as laissé t'avoir ?

- De qui ? Par qui ? Répliqua Eren, l'esprit embrouillé.

- Erwin.

- Je le déteste !

- En tout cas tu t'es bien vengé : avec la tequila ! »

Eren s'esclaffa et Levi qui le scrutait, sourit.

« - Ben, tu sais ce qu'ils disent...

- Non. Qu'est-ce qu'ils disent ? » Répondit Levi qui attendait la suite de la phrase de l'autre en reportant son regard sur le ciel.

Toujours sans réponse, il se retourna et vit Eren inconscient, la tête reposée contre la corde de la balancelle. D'un bond, Levi se releva et se pressa à son chevet.

« - Non ! Non ! Non ! Non ! Eren ! Allez, réveille-toi ! Regarde-moi ! Ecoute-moi, Eren ! Ouvre tes yeux ! » Beugla celui-ci en lui assénant des minis claques sur la joue.

Progressivement, Eren rouvrit ses yeux, et fixa Levi intensément en déclarant, fasciné :

« - Hey ! Il y a du bleu dans tes yeux ! »

Soulagé, le petit brun soupira et sourit.

Ensuite, tous les deux restèrent figer à se dévisager pendant plusieurs longues secondes jusqu'à ce qu'Eren ne brise leur contact visuel en vomissant au pied de Levi.

Chez les Bott, la fête commençait à s'essouffler et tout doucement, les gens désertaient les lieux, laissant l'endroit sens dessus dessous.

Près de la porte d'entrée, Mikasa, elle, était en pleine hésitation. Elle voulait aller à la soirée chez Reiner mais elle avait aussi bien conscience que son couvre-feu, qui arrivait à son terme, l'en empêchait.

« - Je ne sais pas si on devrait y aller... Rumina-t-elle à son amie Sasha.

- Hey ! Les interpella tout à coup Erwin en s'amenant vers elles. Alors vous avez décidé ? Vous venez avec nous ? Je vous emmène volontiers !

- Hum... Je dois être à la maison dans vingt minutes... Dit la belle brune, déçue.

- Tu sais... Moi je n'ai pas de limite de temps donc... Annonça joyeusement Sasha à Erwin en se pressant à ses côtés.

- Dernière chance... Adressa-t-il à l'asiatique.

- Non, je ne peux pas ! Merde ! S'énerva celle-ci.

- C'est pas de chance... Bon ? S'exclama Sasha.

- On y va ? Interrogea Erwin à Sasha.

- Carrément !

- Sasha ! Tu ne vas pas m'abandonner ! Tu dois me ramener ! Proclama Mikasa.

- Hey ! T'as passée ton tour ! Débrouilles-toi ! S'écria sa copine avant de disparaître avec Erwin et sa bande en lui tirant la langue.

- Pétasse. » Souffla Mikasa, mais trop tard sa meilleure amie s'était déjà fait la malle.

C'est alors que Jean, s'apprêtant lui aussi à quitter la soirée, la remarqua statufiait sur place, seule.

« - Tu t'es bien amusé ? Interrogea-t-il, acerbe en passant près d'elle.

- Parfait. » Répondit faussement la jeune fille.

Contrarié, Jean continua sa marche et la dépassa.

« - Jean ? » Appela soudainement Mikasa.

Surprit, il se raidit et se retourna sur elle, qui lui envoyait son plus beau sourire.

« - Tu penses que tu peux me reconduire chez moi ? »

Aussitôt son cœur s'accéléra, et il se vit obligé de détourner son visage, afin de camoufler son air ravi.

Finalement, l'espoir était encore de mise.