Aujourd'hui était un jour très particulier pour Jean Kirchtein, et pour cause ; celui-ci venait d'emménager à Paradise avec ses parents et il entamait officiellement sa première journée dans le lycée Reiss.

Anxieux et déboussolé dès ses premiers pas dans les immenses couloirs de l'établissement, le futur élève de seconde se présenta à l'accueil, et demanda à voir la directrice. Aussitôt, il se fit prendre en charge par l'assistant de celle-ci, qui se présenta à lui sous le nom de Moblit Berner.

En chemin, l'homme d'apparence juvénile, crut bon d'aviser Jean que sa supérieure était connue pour avoir un comportement assez ''atypique'' -selon ses propres termes- et tandis que l'adolescent souhaitait approfondir ce qu'il voulait insinuer par là, Moblit se stoppa devant une porte où le jeune garçon vit inscrit le nom d'''Hanji Zoé''. L'assistant toqua, abaissa la poignée et tapa le haut du dos du petit nouveau, histoire de lui dire "tu verras bien par toi-même", avant de repartir l'air de rien. 

Intimidé, Jean prit une grande inspiration et entra à l'intérieur. Immédiatement, ses yeux marron atterrirent sur une femme d'âge mûre à l'imposante queue de cheval auburn ébouriffée assise derrière un large bureau en bois massif camouflée par le désordre.

Celle-ci, qui était totalement absorbée par ce qu'elle venait d'écrire sur son écran d'ordinateur, lui fit signe de s'asseoir sans même daigner lui adresser un regard. 

Sans un mot, Jean obéit et vint prendre place sur une des deux chaises déjà disposée face à elle. Il attendit alors nerveusement que la directrice ne consente enfin à lui accorder son attention en se grattant le haut de son crâne brun décoloré.

Ce n'est que de longues minutes plus tard qu'Hanji appuya enfin sur une dernière touche de son clavier et qu'elle retira ses grosses lunettes de vue blanche rectangulaire pour les poser dans le coin de son bureau. Cela effectuée, elle baissa l'écran de son ordinateur portable et prit plusieurs papiers disposés près d'elle avant de se mettre debout. 

« - Alors... Jean Kirchtein... Tiens, voilà. » Dit-elle en lui tendant une des feuilles qu'elle avait dans les mains.

Le jeune garçon hocha poliment de la tête tout en agrippant le papier qu'il rangea dans son sac posé à ses pieds. Hanji en profita alors pour commencer à lire son dossier scolaire tout en déambulant sans véritable but dans la modeste pièce. 

Elle finit par s'approcher de la fenêtre donnant sur la cour de récréation du lycée, puis, de dos, elle réfléchit quelques secondes et lui demanda : 

« - Neuf écoles en dix ans... Fils de militaire ?

- Oui mon père est...

- Ok, ça suffit. La coupa-t-elle au grand étonnement du jeune garçon. Je suis sûre que tu trouveras dans ce lycée pas différent de tes anciennes écoles... »

Tout à coup, au beau milieu de sa phrase, un projectile en papier mâché vint s'écraser sur le carreau de sa vitre, faisant sursauter Jean au passage. 

« - ...Les mêmes petits détails emmerdeurs qu'il y a partout ailleurs. » Conclut-elle d'un charmant sourire envers son nouvel élève tout en faisant un superbe doigt d'honneur en direction de l'extérieur.

- Excusez-moi... Vous avez bien dit ''emmerdeur'' ?! » S'étonna celui-ci, bouche-bée.

Médusé, Jean inspecta partout autour de lui, se redressant et se tortillant sur son siège en fronçant les sourcils.

« - Je suis dans le bon bureau ? Demande-t-il alors, toujours autant étonné.

- Non plus maintenant. J'ai des pervers à voir et un roman à finir alors file. »

Mais Jean ne bougea pas, il était trop occupé à ressasser les dires de Moblit et force est de constater qu'il lui avait bien dit vrai : Hanji était vraiment une directrice des plus singulières.

D'ailleurs, celle-ci qui s'impatientait devant la non-réaction du jeune garçon, brandit sa main en l'air en la secouant frénétiquement.

« - File !

- Euh... Ok... » Se reprit Jean en prenant ses affaires.

Décontenancé, il se leva et marcha à reculons, n'osant quitter des yeux cette étrange femme. Toutefois, n'étant pas familier du lieu, il se heurta contre un mur et prit la sage décision de se retourner face à sa route afin de trouver au plus vite la porte de sortie. 

Dans son empressement, il ne réalisa pas que la porte s'était ouverte, et lorsqu'il voulut la franchir, il se retrouva nez-à-nez avec un élève beaucoup plus petit que lui, au teint très pâle en parfait contraste avec ses cheveux noirs corbeau. 

Les deux garçons se sondèrent intensément avant que Jean, terrifié par son regard glacial, ne décide de briser le contact visuel en baissant la tête pour prendre ses jambes à son cou. 

De son côté, la principale reposa le dossier de Jean à la recherche d'un autre document. Une fois qu'elle mit la main dessus, elle l'éplucha rapidement et releva ses yeux sur le nouvel arrivant adossé à la porte.

« - Levi Ackerman, nos entrevues sont devenus un rituel hebdomadaire on dirait. Dit-t-elle en lui lançant un regard désapprobateur.

- Je tiens à ses petits moments entre nous. Rétorqua celui-ci en lui envoyant un de ses sourires de tombeurs dont lui seul à le secret.

- Très amusant. A ce que je vois tu t'es exhibé à la cafétéria. Exposa-t-elle sans montrer le moindre étonnement.

- Je blaguais avec la serveuse. En fait, c'était un salami.

- Un ''salami'' ? » Interrogea-t-elle en se rapprochant dangereusement près de son élève, l'analysant de haut en bas d'un air dédaigneux.

Puis, finalement, elle ajouta :

« - C'est toujours permis de rêver. La prochaine fois garde-le dans ta poche. File. »

Levi entrouvrit la bouche, totalement prit au dépourvu. Mais il préféra ne pas riposter et repartit sans demander son reste tandis qu'Hanji se réinstallait tranquillement sur sa chaise de bureau en enfilant ses lunettes de vue. 

Enfin en paix, elle rouvrit l'écran de son ordinateur, toujours ouvert sur la page d'écriture de son futur roman érotique. Une idée de génie germa alors dans la tête de la romancière en herbe. Inspirée, elle approcha ses deux mains de son clavier et tapa ses quelques mots :

"Quand il mit sa main sur elle et caressa ses cuisses, elle pouvait sentir son énorme salami palpiter de désir."