Chapitre 7

" Un avion symbolise la liberté, la joie, la possibilité de comprendre. Ces symboles sont éternels. "

" La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion, et chaque épine une réalité. "

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PDV Ace

Aujourd'hui, j'allais effectuer son troisième et son quatrième tatouage.

Je n'étais pas stressé non. Mais aujourd'hui j'étais plutôt... anxieux. Et cela ne m'était pourtant jamais arrivé pour un de mes rendez-vous.

Quatre jours plus tard j'allais la revoir et je me rappelais pertinemment que son dernier tatouage et ce rendez-vous avaient malheureusement été marqués par des larmes. Ses larmes. Son visage qui avait été tordu par la tristesse et la peine. Et c'était de ma faute, je n'avais cessé de me le répéter en boucle depuis ces derniers jours.

J'enfilais rapidement mon t-shirt, avant de me laisser tomber mollement sur mon lit à deux places. Il me paraissait déjà, depuis un long moment, beaucoup trop grand pour moi. Et ce coussin qui se trouvait sur ma droite, me paraissait totalement inutile désormais.

Mais... impossible de le jeter. Impossible, même inimaginable.

J'abattais mon poing sur le matelas, en refermant les yeux avec lassitude. Plus tard je me retournais et me plaçais sur le ventre, attrapant derrière ce coussin, ce petit bout de tissu.

Son t-shirt de pyjama, qui représentait une licorne de couleur violette. Celui qui sentait son odeur, encore.

Je l'avais gardé. J'avais fait exprès de le cacher derrière mon coussin et je ne lui avais strictement rien dit. C'était le seul truc qui me restait d'elle et que j'avais délibérément laissé avec moi dans cet appartement vide. Vide d'elle. Vide de nos souvenirs.

Je le serrais dans ma main gauche, puis me décidais finalement de me lever quelques bonnes minutes plus tard. J'attrapais mes chaussures et une bouteille d'eau, puis partais avec toujours ce vide incrusté dans mon cœur devenu bien trop douloureux.

**

– Salut Ace, intervenait Andrew de sa voix grave, tandis que j'installais mes dernières affaires sur le comptoir.

– Salut Andrew. Désolé de te prévenir que maintenant, mais est-ce que tu pourrais prendre le rendez-vous de madame Jaor ? Je dois partir plus tôt aujourd'hui, répliquais-je, avant de le voir hocher de la tête, signe de son accord.

— Pas de soucis, répondit-il, en ayant parfaitement compris rien qu'avec mon regard, pourquoi j'annulais ce rendez-vous.

C'était pour aller la voir. Encore une fois.

Je le remerciais, puis partais ensuite accueillir mes deux premiers clients.

– Hey Ace, voilà le plus beau ! s'exclamait aussitôt Charity, toujours ce petit sourire séducteur aux lèvres.

– Salut Charity. Comment vas-tu ? demandais-je sans aucune émotion dans ma voix, en l'invitant par la suite à me suivre dans ma salle.

– Excellent ! Je suis super excitée de refaire un tatouage ! Et de plus avec un superbe tatoueur comme toi ! s'exclama-t-elle toute joyeuse, en m'attrapant par le bras.

Je lui octroyais un petit sourire, faux, comme toujours, avant qu'elle ne prenne place sur le fauteuil. Elle commença à se débarrasser de son short, me laissant entrevoir une fine culotte rouge réalisée en dentelle. Je ne répliquais rien, gardais mon soupir pour moi, déjà bien habitué à ce qu'elle se mette autant en valeur malgré mes nombreuses résistances.

– Tatouage sur la cuisse droite, c'est ça ? questionnais-je, en enfilant par la même occasion mes gants.

– Oui ! Une rose rouge, c'est ça ! répliqua-t-elle toute enjouée, en me souriant encore une fois de toutes ses dents blanches et biens trop brillantes.

Je levais secrètement les yeux au ciel, puis me décidais de me mettre au travail, au plus grand bonheur de cette femme aux cheveux noirs.

**

Quelques heures plus tard.

– Ace, quelqu'un t'attends au salon, intervenait soudainement Andrew à travers la porte, tandis que je retirais mes gants.

– Fais la venir ici. Elle a le droit de me rejoindre, répondais-je, en sachant pertinemment que c'était elle qui venait d'arriver.

J'essuyais mon front, inspirais un bon coup, avant de sentir mon cœur se compresser quand j'eus senti cette douce odeur se répandre dans l'air. Mes muscles se contractaient et je fermais mes yeux un court instant, me laissant le temps de bien tout assimiler.

– Salut... intervenait finalement cette voix, un peu d'appréhension se faisant ressentir dans celle-ci.

Je me retournais et comme à chaque fois, mon cœur s'accélérait quand je croisais son magnifique regard océan.

– Salut, Vanylle, dis-je d'une voix basse, en lui montrant déjà le fauteuil du doigt.

Elle me regarda un court instant, puis s'avança ensuite vers celui-ci. Mais, je remarquais tout de suite que quelque chose n'allait pas. Pas du tout, même.

Elle boitait légèrement. Mais elle boitait quand même.

– Tu as mal à ton pied droit ? C'est à cause du tatouage ? demandais-je rapidement, essayant de ralentir cette vague d'inquiétude qui montait en moi.

Vanylle secoua sa tête de droite à gauche, faisant valser ses cheveux blonds. Elle ne comptait rien me dire. Je ressentais une certaine colère s'immiscer en moi, très irrité de ne pas connaître la réponse. Cependant je ne disais rien, laissant mes doutes au fond de ma tête ; ma colère et mon inquiétude se mêlant secrètement ensemble et se bloquant au fond de ma gorge.

Je remettais en place tous mes appareils, puis me rapprochais de nouveau de Vanylle.

– On commence par le bras droit et ensuite je ferai ta cuisse gauche, déclarais-je, en m'asseyant de nouveau sur ma chaise noire.

– Oui...

– Ça va être rapide. Alors ne recommence pas à pleurer, s'il te plaît, répliquais-je, l'entendant souffler.

– Tu es habitué aux tatouages, mais moi non. Pas encore. Ça fait mal, poursuivait-elle, tandis que j'attrapais avec délicatesse son poignet droit.

– Tu le seras bientôt, désormais, murmurais-je, en la fixant.

– Hum... Peut-être mais j'aurai toujours mal, soupira-t-elle, alors que j'essayais de cacher mon début de sourire.

– Peut-être pas, non...

À peine mon aiguille venait chatouiller sa peau blanche, que déjà le corps de Vanylle se raidissait. Je commençais à lui trouver les bons mots pour la réconforter, la rassurer. Et elle était bien une des seules à avoir autant besoin de mes mots pour se rassurer...

– Pense au beau temps dehors, dis-je spontanément, toujours très concentré sur ma tâche.

– Et ça va m'aider, peut-être ?

– J'en sais rien moi. T'as qu'a penser à un bon restaurant japonais et à un bon film que tu te taperas ce soir.

– Tu es sérieux ? me questionna-t-elle subitement.

– Évidement... repris-je, un sourire en coin venant enfin dessiner mes lèvres.

– N'importe quoi. Comme si toutes les filles aimaient le japonais. Je n'aime pas ça et tu le sais très bien, ronchonna-t-elle, en ne sentant visiblement plus sa douleur que je continuais pourtant d'exceller sur sa peau diaphane.

– Hum.

– Pourquoi faisons-nous toujours une généralité sur les femmes ? Ce n'est pas parce qu'une ou deux femmes aiment le japonais, que tout le monde les aime ! Regarde par exemple, prenons ce cas de figure très simple...

Et c'est comme ça qu'elle me faisait une thèse sur les femmes et les sushis, pendant près de trente longues minutes.

**

Je lançais une bouteille d'eau à Vanylle, qui était encore en pleine admiration devant ce nouveau tatouage. Il était simple, mais je savais que c'était ce qu'il l'a représenté le plus. Vanylle avait toujours eu cette envie de voyager, de découvrir le monde. Et ce dessin, cette écriture à l'encre était donc une très bonne représentation.

Comme elle aussi, d'ailleurs...

– Tu n'as pas mal ? questionnais-je.

– Non étrangement ça va, répondit-elle de sa douce voix, en reposant par la suite la bouteille d'eau.

J'acquiesçais de la tête, fixant encore son pied. Ce pied droit. Tout à l'heure, Vanylle s'était levée du siège et immédiatement j'avais pu le constater ; elle boitait toujours. Et cela me dérangeait, je l'avoue.

– Nous commencerons le deuxième tatouage dans une heure environ, déclarais-je plus tard, en la regardant de nouveau dans les yeux.

– Pas de problème.

Je décidais de prendre place en face d'elle, mon regard n'arrivant plus à se détacher le sien. Vanylle attachait ses cheveux blonds en une queue de cheval, me laissant entrevoir son cou où j'aimais tant, avant, déposer des tendres baisers. Mon cœur commençait à battre de plus en plus vite et mes muscles se tendaient une nouvelle fois. J'essayais de détourner mon regard, mais cela en était impossible désormais.

– Ton travail fonctionne toujours aussi bien ? me demanda-t-elle, en brisant le silence.

– Oui.

– Tu as... Tu as trouvé une nouvelle assistante ?reprit-elle l'air assez gêné, en reposant ses mains sur ses cuisses.

– Non, répondais-je.

Vanylle voulut répliquer quelque chose, mais je l'en empêchais de suite en me levant de ma chaise.

– Allons faire ce deuxième tatouage, finalement, repris-je d'une voix pressée, en me dirigeant déjà vers ma salle de travail.

Vanylle échappa un soupir, mais je ne me retournais pas. Elle voulait avoir d'autres réponses à ses questions, mais moi je n'étais pas encore prêt. Et je voulais davantage les repousser, les chasser, en sachant pertinemment que ce jour allait bientôt arriver.

Notre jour. Notre anniversaire.

**

– C'est bien. Tu n'as pas beaucoup pleuré, intervenais-je sous ses légers reniflements, en lui tendant après un second mouchoir.

Hum... ça va. Elle aurait pu pleurer plus.

Mais c'est vrai que ce tatouage, cette petite rose noire, ne ressemblait en rien à celle que j'avais faite ce matin ; elle était beaucoup plus délicate, petite, ce qui encore une fois, la représentait.

– Merci, dit-elle sous le tissu blanc, en commençant à se moucher.

Je souriais discrètement, amusé de la voir pleurer pour si peu. Ce ne sont que des petits tatouages et aussi, ce ne sont que les premiers. Pourtant, elle ne peut s'empêcher de verser quelques larmes. La suite promettait donc d'être intéressante...

Vanylle se leva beaucoup plus tard de son fauteuil, et je remarquais tout de suite qu'une nouvelle chose n'allait pas. C'était pire qu'avant.

– Pourquoi tu te reposes continuellement sur ton pied gauche ; que se passe-t-il ? questionnais-je, en fronçant mes sourcils.

– Oh c'est rien. Il est juste engourdi, dit-elle avec un
faux sourire aux lèvres.

– Tu as mal ? répliquais-je, ne la croyant pas du tout.

J'ai toujours su quand elle mentait.

- Non c'est bon... continua-t-elle, avant que son visage ne se crispe quand elle s'appuya soudainement sur son pied droit.

– Prends ta veste et on y va, continuais-je, en attrapant mes clés de voiture.

– Quoi ? dit-elle d'une voix perdue, en se tenant contre un meuble.

Je m'avançais vers elle, attrapais sa veste qui se trouvait sur le porte manteau, et le lui faisais enfiler sans délai. Je passais une main autour de sa taille et Vanylle prenait enfin appui sur moi. Je la resserrais contre mon torse, essayant de faire abstraction de mon cœur qui recommençait à s'accélérer.

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