Chapitre 2

Il était parti.

Tout à changé, désormais...

**

PDV Ace

Je me réfugiais avec une sombre colère dans les toilettes. Mon poing s'abattit contre le mur en pierre, faisant voler les quelques affiches de tatouages qui se trouvaient dessus. Un juron mauvais s'échappa d'entre mes lèvres, tandis que je ramenais avec lenteur mon poing contre mon torse.

C'est pas vrai...

Je ne dois pas me blesser. À quoi bon le faire. J'ai besoin de mes mains pour mon travail. Et je ne dois plus lui accorder de l'importance. Pas à elle, non.

Pas après ce qu'il s'est passé.

Notre histoire est désormais passée. Terminée, achevée, oubliée. Oui. Elle a tout été pour moi. Une amie, une meilleure amie, ma petite amie. Et même, elle aurait dû devenir plus... Mais du jour au lendemain, la colère et la haine avaient réussi à troubler ce sentiment d'amour et finalement réussir à le gâcher. L'enlever et le supprimer pour de bon.

Je ne peux pas l'aimer. Je ne dois pas. Je ne peux pas. Tout est de sa faute et cela le restera tant qu'elle ne se réveillera pas.

Désormais je ne peux que l'a considérer comme ma cliente. Je ferai ces dix foutus tatouages, sans broncher, sans lui accorder de l'importance. Seul mes aiguilles seront l'unique et douloureux contact sur sa peau blanche et pure.

Mais... la revoir m'a bouleversé. Comment le nier...

Cela va bientôt faire une année depuis notre rupture. Dans un mois, tout juste. Presque une année où je l'ai quittée, lâchement abandonnée et laissée. Mais après tout, ne l'avait-elle pas mérité ? Oh que si.

Tout est, et restera de sa faute.

Son visage qui symbolise cette innocence et cette douceur ne m'aura plu, désormais. Ses longs cheveux blonds ondulés non plus. Et son regard représentant un océan clair, pétillant de magnifiques reflets, ne me bernera plus jamais. Je sais bien que certains sentiments sont encore là. Comment ne pas le comprendre en ressentant son cœur battre à toute allure juste en croisant son regard.

Mais désormais, tout est bel et bien terminé. Je ne ferai que ses tatouages. Ses dix tatouages. Et elle ne sera plus que ma cliente à présent.

Rien de plus, rien de moins.

**

– Ce tatouage est vraiment chouette, merci beaucoup Ace, me remercia-t-il, en me serrant la main, le sourire radieux aux lèvres.

– Pas de problème Chris. Et range moi ce porte-monnaie. Mes amis ne payent pas, répliquais-je très sérieusement.

– Un petit billet de cinq, au cas où tu voudrais aller te payer une barre chocolatée, continua-t-il moqueur, en m'adressant un clin d'œil.

Je levais les yeux au ciel, mais attrapais cependant son billet. Après tout, il aurait encore pu me forcer pendant une bonne heure. Je le rangeais donc rapidement et dès que j'eus relevé les yeux sur lui, j'apercevais aussitôt un mélange de tristesse accaparer ses yeux noirs.

Ça commence...

– Je vous ai entendu tout à l'heure, dit-il, tandis que je laissais échapper un grognement.

– Il n'y a rien à dire, marmonnais-je.

– Tu l'aimes encore et elle aussi. Arrêtez de vous cacher, s'enquit-il, toujours aussi sérieux.

– Je m'en fiche. Tout est du passé maintenant. Elle n'est plus rien pour moi ; juste une cliente banale.

– Tout n'est pas de sa faute, Ace. Elle doit aussi se sentir très mal. Comme toi aussi, reprit-il d'une voix plus calme, en venant poser sa grande main tatouée sur mon épaule.

– Je m'en fiche. Le mal est fait. Et dans cette histoire, il y a bien deux personnes qui souffrent le plus. Celle qui ne se réveillera probablement jamais, et moi, répliquais-je froidement.

– Elle se réveillera bientôt. S'il te plaît... Garde espoir Ace, me souffla-t-il, avant que je ne me retourne une nouvelle fois.

Je ne répondais plus rien ; mon cœur se serrait de tristesse, venant encore une fois me rappeler ce terrible accident.

– Et ne sois pas si dur avec Vanylle. Elle est encore fragile et tu le sais très bien.

– Hum... dis-je dans un murmure, avant de repartir dans l'arrière de la boutique.

Je prenais place sur un fauteuil, en laissant échapper un long soupir rempli de mélancolie. C'est vrai. C'est réel.

Elle est finalement revenue.

Pour se faire tatouer, en plus. Je ne sais même pas quelle idée ai-je eu d'accepter cela. Je ne sais même pas pourquoi je n'ai pas été plus dur avec elle. Car après tout, je devrai la détester et lui faire savoir.

J'ouvrais brusquement le tiroir, puis attrapais par la suite tous ces fameux croquis. Je laissais traîner mon pouce sur ses esquisses, aucun sourire ne venant étirer mes lèvres. Je les observais, les détaillais, les analysais encore une fois. La douceur de son trait fin, unique et n'appartenant qu'à elle ; les couleurs vives que j'aimais tant regarder, apprécier. Mais soudainement, cette satané imagé de l'hôpital me revenait en tête.

Directement je jetais tous ces papiers à l'intérieur du tiroir et le refermais de nouveau.

Oublier, oublier, oublier.

Je me levais ensuite, puis partais attraper mes clés et ma veste.

– Andrew je te laisse trente minutes et je reviens, dis-je à haute voix, en passant ensuite par le couloir.

– Pas de problème ! l'entendais-je s'exclamer, avant de refermer la porte et de me dépêcher de monter dans ma voiture.

Je démarrais ensuite, puis enclenchais la deuxième. Roulant à une vitesse plutôt excessive, c'était grâce à cela que j'arrivais en à peine quelques minutes sur le parking. De l'hôpital. De ce fameux et foutu bloc de béton. Je retirais ma ceinture, puis sortais de la voiture en moins de deux. J'accélérais ensuite le pas, rentrant déjà à l'intérieur de ce bâtiment. L'infirmière de l'accueil se leva immédiatement, commençant à me faire son petit sourire que je connaissais déjà très bien maintenant.

– Bonjour monsieur Yle ! s'exclama-t-elle aussitôt, en venant s'approcher de ma personne.

Je levais les yeux au ciel, puis la contournais ; je me dirigeais par la suite vers cette chambre, en espérant que cette maudite brune cesse finalement de me suivre. Plus tard j'ouvrais donc cette porte, inspirais, en sentant mon cœur se perdre. Se perdre, se noyer, se lamenter.

Elle était encore là, allongée sur ce lit, toutes ces foutues machines reliées à elle.

Je refermais avec douceur la porte, puis m'approchais lentement jusqu'au lit. Une main légèrement tremblante se posa sur sa joue froide, l'autre venant écarter quelques mèches de ses cheveux bruns.

– Réveille toi Maëlys. Ce sera bientôt notre anniversaire et tu le sais bien que je hais le fêter sans toi... murmurais-je d'une voix presque cassée, en caressant avec douceur sa petite joue rebondie que j'adorais embêter avant.

– Monsieur Yle, content de vous revoir ! s'exclama soudainement une voix masculine, avant que je ne me retourne brusquement.

– Bonjour docteur Fley, répliquais-je sans douceur dans ma voix, en venant déjà lui serrer la main.

Encore et encore. Son regard était marqué par la compassion et la tristesse, me donnant comme toujours un mauvais goût dans la bouche. Un goût de tristesse, de colère et de déception.

– Comment va-t-elle ? demandais-je, toujours inquiet.

– Son état est stable. Il n'y a pas de progrès, mais pas non plus de dégradation...

Meme réponse. Même déception.

Je ne répondais rien quant à cette réponse, laissant juste un souffle s'échapper de mes lèvres.

Cette phrase revenait sans cesse.

Cela faisait déjà onze mois. Onze mois de supplice que je l'entendais.

– Et je venais aussi pour vous donner la dernière facture de ce mois, reprenait par la suite le docteur, en me tendant une petite enveloppe.

Je l'ouvrais directement et aussitôt mes sourcils se fronçaient d'incompréhension.

– Que cent euros ? Juste ça ? questionnais-je, encore une fois surpris et perdu.

– Oui. Le compte est bien là. Pas plus, pas moins, dit-il d'une voix très posée, alors que je commençais à trouver ces sommes de plus en plus bizarres.

Depuis que Maëlys avait été admise dans cette clinique, les factures s'étaient immédiatement enchaînées. Là n'était pas le problème. J'avais les moyens pour les payer. Mon job m'aidait très bien. Mais ces petites sommes m'intriguaient énormément. Je les trouvais étranges, presque dérisoires. Avec tous les soins que disposait ma sœur à ce stade là, j'étais toujours très surpris et étonné de voir que la facture ne s'alourdissait pas plus.

Je ne disais cependant rien quant à cela, puis plongeais simplement l'enveloppe dans ma poche. Je me rapprochais ensuite de son petit corps, déposant un faible baiser sur son front.

– Je reviens vite, je ne t'oublie pas. Je t'aime, petite, soufflais-je, avant de me relever et de partir une nouvelle fois de cette chambre.

De partir de cet hôpital. De cet endroit. Toujours le cœur meurtri, le cœur serré et bien trop lourd.

Aujourd'hui encore, elle ne s'était pas réveillée.

**

Quelques jours plus tard :

PDV Vanylle

Couchée sur mon canapé avec Yellow mon petit chien, cela faisait déjà un bon moment que je laissais mes pensées divaguer.

Nous nous étions finalement revus.

Ace n'avait pas changé. Ses nombreux tatouages ne faisant qu'embellir et embellir cette peau bronzée que j'avais déjà touchée avant, il y a déjà de cela de longs mois... Il m'a manqué et il me manque encore. Vivre sans lui est difficile, comme vivre sans elle aussi. Ils me manquent terriblement. Ils étaient tout pour moi.

Un petit ami.
Une meilleure amie.

Je laissais retomber mes mains sur mon visage, en ne cessant de soupirer. Yellow s'amusait à remuer sa truffe sur ma cuisse et cela réussissait légèrement à me faire sourire. Je rouvrais aussitôt les yeux, puis lui tapotais doucement la tête.

– Ton maître te manque n'est-ce pas, lui chuchotais-je, avant de le voir tirer la langue comme à son habitude.

Ace m'avait offert ce chien il y avait déjà de cela un an et quatre mois. Il m'avait surprise comme ça, un soir après un magnifique diner, en me donnant un carton étrangement ouvert et troué. Et dès que mes yeux avaient croisés ce petit bébé, de race boxer, je n'avais même pas pu retenir mes larmes. Encore une fois, il m'avait redonné le sourire.

Je continuais de caresser ce chiot qui avait ma fois, bien grandi, avant d'entendre mon téléphone soudainement sonner. Je me précipitais dessus, en sentant mon cœur louper un battement dès que mes yeux avaient croisés ce prénom. Néanmoins je m'empressais d'ouvrir le message, mon cœur s'accélérant encore et toujours.

__

Ace.

Viens lundi prochain à neuf heures. Je commencerai ton prochain tatouage.
__

C'était simple, rapide et très clair.

Mon cœur continuait toujours de perdre ses battements irréguliers, en réalisant finalement ce que j'allais faire.

J'allais me faire tatouer par lui.
Et je le faisais pour elle.


**



( Merci pour tous vos adorables commentaires sur mon premier chapitre ! En espérant que la suite vous plaise !) ♥️

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