— Qu'est-ce que tu veux que je mette ? soupiré-je en observant le contenu de ma valise.
Des nuisettes, des sous-vêtement sexy, voire indécents, des mini-jupes, des chemisiers plongeants, ... C'est bien un homme qui a choisi mes vêtements. Et ça se révèle bien ennuyant, maintenant. Je soupire en éparpillant le tas formé dans la pièce.
— Je vais ressembler à une prostituée là-dedans, boudé-je.
Je fix John de mes pupilles désapprobatrices tandis qu'il rigole ouvertement de ma moue, dépitée.
— La robe noire, Rosalie. Elle t'ira à merveille !
Quitte à porter un de ces tenues, autant qu'elle plaise à quelqu'un. En revanche, je ne suis pas certaine qu'elle m'aille encore. Je l'enfile, dubitative, face au grand miroir de la penderie. Je nage dedans. Je ressemble à une enfant de six ans qui essayent les vêtements de sa mère. John apparait dans mon dos et dépose un baiser sur mon épaule.
— Tu es magnifique ; ne te déteste pas, murmure-t-il en nouant une discrète ceinture à ma taille.
Face à sa bouche entrouverte, je ricane à mon tour. S'il continue à observer mon reflet, un filet de bave va s'écouler le long de son menton. Mais il a raison ; une fois ma taille plus marquée, j'ai l'air plus jolie. Ses mains se posent sur mon ventre avec amour.
— Assume les tenues que tu as prises pour moi, John Quille !
— Aucun soucis ; en revanche, si nous ne partons pas tout de suite au restaurant, elle risque de finir rapidement au sol pendant que je me nourris de toi, prévient-il rieur.
*****
— J'espère que tu as faim, souligne John en m'ouvrant la porte tel un vrai gentleman.
A son bras, je me sens fière, mais surtout, somptueuse dans ma robe noire. Quand on oublie qu'elle m'arrive au ras-des-fesses, elle ne s'avère pas si vulgaire, enfin, heureusement que je l'ai agrémentée d'une petite veste blanche. Vêtue de ce bout de tissu, je retrouve ma confiance en moi ainsi que ma désirabilité. Et je compte m'en amuser. De plus, le restaurant s'y prête à merveille : le coin dans lequel nous sommes installés se situent dans un coin discret, assez sombre. Alors que nous lisons le menu, mon pied remonte le long de sa jambe. Il réagit dans l'immédiat ce qui me satisfait. Son regard me brûle. J'attrape sa main dans la mienne.
— Choisis pour moi ; je te fais confiance, déclaré-je les yeux remplis d'étoiles.
Une vague de surprise, suivie de reconnaissance, le traverse. Il serre, ému, mes doigts.
— A condition que tu décides ce que je vais me mettre sous la dent !
L'amour flotte entre nous ; c'est incroyable. Nous sommes deux véritables enfants. En revanche, je porte, soudain, plus d'intérêt à la carte. J'espère que ses goûts n'ont pas changé. Malgré notre amitié persistante, certaines habitudes ont disparu, notamment celle d'aller manger un bout ensemble ou de passer une soirée l'un chez l'autre. Rien de plus normal après tout...
— Avez-vous effectué votre choix ?
— Une lasagne au saumon, réclamé-je.
— Et un burger de poisson.
— Avec deux verres de vin blanc, reprenons-nous à l'unissons.
Je n'y crois pas ; il a trouvé, ici, en France, un endroit qui nous permet de reprendre nos anciennes manies. Je ravale la larme de joie, cette fois, qui menace de rouler sur ma joue. Comme par magie, une mélodie jouée à la guitare résonne dans l'air. Je me penche par-dessus la table et effleure ses lèvres. Il enroule une de mes mèches rousses autour de son index sans que nous rompions notre contact visuel. Notre commande arrive que quelques minutes plus tard, minutes durant lesquels nous nous sommes remémorés le passé avec grand plaisir.
— La lasagne pour Madame !
— Non, pour Monsieur, répondis-je sous l'air interloqué de la serveuse.
Elle doit nous prendre pour des fous, mais ne pose pas plus de questions et nous sert. J'hume la fumée de mon plat tout en me léchant les babines. Sans attendre davantage, je pique dans mon assiette une frite, puis picore un morceau de pâte dans celle de John. L'entendre geindre vaut tout l'or du monde. Je lui tire la langue, mais lui ne tarde pas à me rendre la pareille en me volant une frite. Nous continuons à nous chamailler incapable de nous interrompre. Parfois, nous élevons la voix un peu trop fort sans nous soucier de déranger les autres clients. Puis, la minute suivante, le silence règne alors que nos corps parlent à nos places.
— Un dessert ?
— Dans la chambre, murmure-t-il.
En apparence, je rigole, mais une boule se forme dans ma gorge. Je me sens tiraillée entre l'excitation et l'appréhension de me retrouver lovée dans ses bras. Payer l'addition me semble durer une éternité. Si je ne portais pas des talons aiguilles pour la première fois depuis des lustres, je trépignerais sur place.
— On ne dort pas à l'hôtel cette nuit, m'annonce John dans la voiture. Mais je ne vais pas te bander les yeux, promis !
— Et on va dormir où alors ? Pas avec les sangliers, rassure-moi !
— Non, ne t'inquiète pas ; tu vas adorer ! Victor a fait les valises pendant qu'on mangeait, alors évite de jeter tout partout les autres soirs.
Une pointe de culpabilité se manifeste, mais je me rappelle instantanément de l'unique fautif dans cette histoire.
— Si tu avais fait mon bagage avec intelligence, ça ne se serait pas produit. Il ne te reste plus qu'à lui payer son repas dans un étoilé ce soir, rétorqué-je.
Sa paume glisse sur mon genou qu'il enserre. Il me promet de le faire tandis que nous arrivons enfin. Finalement, j'ai un doute sur l'absence des sangliers qu'il m'a promise. Mais après avoir marché quelques mètres, me voilà rassurée : une bulle en verre se dresse devant nous. Elle est complètement vitrée et, à l'intérieur, trône un gigantesque lit.
— Cette chambre est si romantique, murmuré-je contre son oreille, heureuse, tandis que nous pénétrons dans la pièce.
Sans en demander davantage, nous abandonnons nos sacs sur le pas de la porte. Je me faufile contre lui, prête à le dévorer. Je prends les devant et le pousse contre la vitre. Mes doigts caressent ses abdos dessinés par de nombreuses heures à la salle, puis descendent jusqu'à son nombril avant de continuer leur chemin le long de ses cuisses. Je le sens frissonner à mon contact. J'halète contre ses lèvres tandis qu'il m'attrape par la taille. Mon cœur s'envole dans les airs ; il bondit sans relâche, sur le bord de l'explosions. Mais John reprend le dessus et m'allonge sur le matelas. Je bascule à califourchon sur lui. Mon sexe déjà humide de mon désir se frotte au sien avec envie. Je passe ma robe au-dessus de ma tête, puis m'attaque à sa chemise que je déboutonne, manquant d'arracher un bouton.
— On a tout le temps, Rosie, chuchote John.
Il ponctue ses mots en entravant mes poignets dans mon dos.
— Je te veux, tout de suite ! m'impatienté-je.
Je m'agite contre lui tandis qu'il acquiesce. Ses iris s'assombrissent et je me sens propulsée dans un autre monde, un monde où je ne suis plus maitre de moi-même, un monde où seul le désir me consume. Il me libère alors, enfin, tandis que je me précipite sur la boucle de sa ceinture. Je le débarrasse un peu maladroit de son jeans. Son boxer ainsi que ma culotte rejoignent le sol dans la seconde qui suit. Puis, dans une lenteur extrême, nos corps se retrouvent. Ma respiration se calme afin de se calquer sur la sienne. J'ondule naturellement, tandis que nos sexes s'unissent. Le soulagement m'envahit ; finalement, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Je le veux. Encore et encore. Jamais, je ne me lasserai de ce corps qui me connait si bien.
— John ! La capote ! sortis-je brusquement de ma torpeur.
Ses vas-et-viens s'interrompent sans attendre. Nous séparons, à contrecœur, nos corps.
— Tu ne prends plus la pilule ?
— Je n'allais pas me ruiner la santé avec des hormones inutilement pendant six ans, John...
Je soupire me maudissant au plus haut point. Je retombe à ses côtés, la tête sous son torse.
— On a l'air con là : toi, tout dur et, moi, je suis trempée...
Il rigole dans mon oreille, alors que ses caresses reprennent. Mes tétons dansent entre son pouce et son index. Je me courbe, instantanément, contre lui. Quel bonheur de retrouver la douceur d'un homme, d'autant plus, lorsqu'il se prénomme John. Comment avons-nous pu nous séparer une première fois ? Et cette question en entrainant une autre, la réalité me rattrape. Je me fige.
— Babe, tout va bien ?
La chaleur de ses paumes sur mes hanches me brûle. Je saute du lit oubliant ma nudité.
— Une chambre comme celle-ci pour deux amis ? John... Ne me dis pas que...
Il savait qu'on se remettrait ensemble, il a tout fait pour y arriver. Putain, j'ai été manipulée. Mes veines palpitent, tandis que mes yeux se brouillent par les larmes. Tout le monde, mais pas John, bordel ! Je pince mes lèvres l'une contre l'autre évitant le torrent de sanglots.
— Rosie, écoute-moi ! Rosalie, bon sang.
Il tire mon bras en arrière pour que je revienne vers lui. Je n'ai aucune envie d'entendre un semblant d'excuse.
— Lâche-moi, John, et je ne me répéterais pas deux fois !
— Cesse de fuir : tu te comportes comme ta mère là !
Je m'immobilise sous le choc de ses paroles. Il n'a pas osé ; je refuse d'y croire. Je me débats sans relâche, tandis qu'il me plaque contre le mur.
— Tu viens de dépasser les bornes, John ! Tu me tires de force ici pour que je l'oublie, tu me manipules et tu as le culot de me comparer à... elle ! C'est une farce, non ?
Je m'époumone, le cœur lacéré. Je veux partir, tout de suite, loin de lui. Les larmes coulent avec rage. Je ne parviens pas à m'échapper de sa poigne. Ses pupilles sombres s'accrochent aux miennes cherchant à me calmer. Mais je ne peux pas laisser passer ses paroles. Il n'avait pas à dire ce qu'il a dit. Je tente de le pousser sans résultat.
— Je ne souhaitais pas me montrer méchant, mais il est temps que tu prennes conscience de ton attitude !
— Va te faire foutre, putain...
— D'accord, après que je me sois expliqué, négocie-t-il avec un calme olympien.
Je souffle bruyamment, mais force ma respiration à s'apaiser. Mes pupilles l'examinent dans l'attente qu'il se lance dans une explication que je n'accepterai pas. Je ne peux pas lui pardonner ses mots ; ils étaient trop violents.
— Je peux te lâcher sans que tu t'enfouies ou je dois prévoir l'achat d'une paire de menottes pour la fin du séjour ? chante-t-il face à mon comportement impulsif depuis le début du séjour.
— Fermes-là et expliques-toi, aboyé-je loin d'être prête à rire à ses taquineries.
Les bras croisés sur la poitrine, j'attends. Il glisse une main dans mes cheveux, puis enroule une mèche autour de son doigt. Son regard change ; il se sent torturé.
— Je voulais simplement que tu prennes un peu de courage. Depuis que nous sommes arrivés, tu t'inclines face à tes angoisses. J'aimerais inverser la situation, rétablit-il la vérité.
Alors, à mon tour, je m'adoucis et lui offre un câlin inattendu. Mes bras s'enroulent autour de sa nuque. Je niche mon nez dans sa nuque où j'hume discrètement son odeur si apaisante. Je me suis enflammée trop vite, inutilement. Me voyant détendue, il me réattire sur le lit.
— Je me suis emballée, désolée...
Je n'ose pas le regarder droit dans les yeux, consciente de ma stupidité. Mais comme toujours il me pardonne, tandis que je me fonds contre son torse dénudé. D'ailleurs, je prends seulement conscience de ma nudité. Heureusement que les arbres ne possèdent pas de prunelles et que personne ne se ballade dans le coin à cette heure-ci. Je m'enroule dans la couette.
— Tu te souviens de la raison de notre rupture le jour de tes dix-huit ans ?
Il m'interroge comme si je pouvais oublier le pire anniversaire qu'une jeune fille puisse subir. Je l'aimais de toute mon âme, mais le soir venu, ma mère m'a obligée de le quitter. Devant elle. Devant ma famille et l'ensemble de mes amis. Puis, elle l'avait expédié chez lui le cœur brisé. Ce soir-là, je n'ai pas touché à mon gâteau incapable de profiter. Une envie de vomir m'oppressait. Ma mère me dégoûtait. Simplement parce que sa fille avait perdu sa virginité avec celui qu'elle considérait comme le bon et qu'elle considère toujours comme tel. Je me souviens de cette sensation d'être poignardée. Les jours qui suivirent, je me souviens juste avoir pleurer. Du matin au soir. Du soir au matin. Alors, oui, je me souviens de cet atroce 8 mai 2012. Jamais, je ne pourrai l'oublier.
— J'avais discuté avec ta maman dans la matinée. Si je ne te quittais pas, tu le ferais. Enfin, c'est ce qu'elle a dit... Je ne pouvais pas y croire et, je me suis senti abandonné. Mon cœur t'appartenait. Mais il a fallu que je te voie sombrer pour comprendre que tu ne l'avais pas voulu.
Mon rythme cardiaque s'emballe si fort que j'ai besoin de m'appuyer contre la tête de lit. Je m'accroche à lui comme à une bouée de sauvetage.
— Alors, je suis revenu doucement dans ta vie. Mais je n'ai jamais cessé de t'aimer, Rosalie. Être ton meilleur ami ne me suffisait plus. Je devais te posséder à nouveau. Tu me rends fou, putain !
Mon visage se rapproche doucement du sien. Bien que nous soyons devenus meilleur ami par la suite, nous n'avons jamais rediscuté de notre histoire d'amour. Pourtant, j'ai vécu un véritable conte de fée à ses côtés. Ma respiration devient saccadée face à ses mots qui ne sont plus qu'un souffle. Ses yeux brillent. Je vois John comme je ne l'ai jamais vu. Il met sa souffrance à nu. Pour moi.
— Avant que tu ne me poses la question, me coupe-t-il alors que ma bouche s'entrouvre. Oui, j'ai apprécié Lola, mais elle n'est pas la femme de ma vie. Rosie, je t'ai épaulé en tant qu'ami, mais je voulais m'endormir et me réveiller à tes côtés. Je veux être réveillée par tes cauchemars pour te rassurer jusqu'à ce que tu t'apaises. Ça m'a tué de ne pas être assez là ces six derniers mois...
Je franchis le peu de distance qu'il reste entre nos bouches. Nos lèvres s'entrechoquent se caressent avec brusquerie et envie. Sa langue titille la mienne, me frustre avec malice. Puis, il me mordille. J'halète contre lui, à bout de souffle. Il m'attrape par les fesses alors que mes jambes s'enroulent autour de lui. Le monde disparait autour de nous. Je le veux. Maintenant.
— John.
— Patience, Babe ! On n'a peut-être pas de préservatif, mais toutes les portes ne nous sont pas fermées pour autant.
Sa main glisse contre mon sexe. Mon état le satisfait et, il envoie valser la couverture qui me cache. Ses lèvres déposent un baiser sous mon nombril. Je me cambre. J'ai besoin de le sentir contre moi, qu'il me dévore jusqu'à ce que l'orgasme m'ensevelisse. Mais John sait jouer. Il taquine la peau de mes cuisses, le bas de mon ventre sans même effleurer l'unique partie qui l'attend. Je manifeste mon mécontentement par un grognement suivi d'une ondulation de bassin. Il ricane de mon impatience, mais cède enfin. Sa langue s'écrase contre mon bouton d'or me soutirant un long gémissement plaintif. Je perds la maitrise de mon corps lorsqu'il parcourt mes lèvres avant de se frayer un chemin en moi.
— Tes yeux, ouvre-les !
J'enfonce mes ongles dans ses épaules alors qu'il me pénètre avec une lenteur digne d'une torture. Je le supplie du regard pour qu'il accélère la cadence, mais son envie de me frustrer le domine. Il taquine chaque centimètre de ma peau, alors que je réagis à chaque contact. Nos peaux moites s'effleurent ; je le sens grossir contre moi. Le plaisir grimpe en moi, j'effleure le sommet, mais ne décolle pas. Une corde semble me retenir sur terre, refusant que j'atteigne le septième ciel. Sa langue émerveille chacune des parcelles de mon épiderme sans que je me sente exploser. Pourtant, il se joue de mes points sensibles. Je sens la frustration grandir en moi. Mes doigts se crispent sur mon oreiller. Le bien-être se mêlent à la colère. Les frottements finissent par irriter mon sexe.
— Arrête, chuchoté-je.
— Je suis désolé que tu...
Il embrasse mon front avant de se recoucher contre moi.
— Je suppose que ça arrive. Après tout, il y a eu beaucoup d'émotions ce soir...
Je me contente de m'asseoir sur le bas de son ventre, puis m'allonge sur lui. Mon nez vient chatouiller le sien. Nous profitons de ce petit moment pour nous aimer tout simplement.
— Je t'aime, John !
— As-tu seulement cessé de m'aimer un jour ? me cherche-t-il avec un large sourire.
— Jamais, John. Jamais.
En six petits mots, je lui dévoile l'ensemble des émotions qui pèsent sur mon cœur. Mais la journée fut mouvementée et, la fatigue nous tombe dessus. Mes yeux se ferment doucement alors que le parfum de John me berce.
— Repose-toi bien, Rosie ! Tu vas avoir besoin de force pour demain, m'avoue-t-il alors que je tombe dans les bras de morphée.
04/10/2020
Bonsoir les loulous !
Ça faisait longtemps que je n'avais plus écrit autant et, je pense qu'il s'agit de mon plus long chapitre de tous les temps.
J'espère donc qu'il vous plait autant qu'à moi.
MERCI DE ME LIRE ❤
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