Chapitre 8

Je pourrais, sans aucun doute, passer ma journée dans le creux de ses bras à profiter de ses baisers, à humer son parfum, mais, surtout, à jouir de ses caresses. Le contact de ses paumes sur mon épiderme me fait tourner la tête jusqu'à ce que je perdre le contrôle de mon esprit. Il exerce sur mon cerveau, ainsi que sur mon corps, un pouvoir inqualifiable. En fait, je me retrouve plongée quelques années auparavant, occupée à vivre ma première relation, à découvrir ce qu'est l'amour et l'intimité. Emmitouflée dans un large essui après avoir subi ma douche glacée, j'entremêle mes doigts aux siens, puis comprime sa main. Il n'y a pas besoin de parler ; nous nous comprenons dans le plus grand des silences. Je presse ma bouche contre sa joue, juste au coin de ses lèvres, afin qu'il m'embrasse. Je réclame dans l'espoir qu'il exécute. Et j'obtiens sans me faire prier. Nos langues valsent avec tendresse, passion et amour. Ma serviette tombe ce qui m'arrache un sourire peu innocent.

— Passer la journée avec toi au lit ne me déplairait pas, mais un chouette programme nous attend. Va mettre ton maillot !

— Pour de vrai cette fois-ci ? le taquiné-je.

— Promis, pas de tout-nus, aujourd'hui !

Qu'il est biesse ! J'explose de rire. S'il se refuse à mon corps, je vais le rendre fou. Poitrine nue, tétons pointés, je m'éloigne de lui. Je me mordille l'intérieur des joues, tentant de retenir mon rire. Il grogne de frustration ce qui fait naitre un rictus sur ma moue moqueuse. Je laisse mes doigts se balader le long de mes côtes, sur mon ventre, puis sur mes seins et, enfin, j'attache mon haut bleu roi. Ensuit, c'est à mes jambes que je m'attaque ; mes ongles chatouillent l'intérieur de mes cuisses lorsque je remonte ma culotte de bikini. Victorieuse, je scrute John. La mission s'avère une réussite puisque son boxer se déforme.

— Chipie va, commente-il en me volant un doux baiser.

— J'pensais que tout un programme nous attendait, rétorqué-je tandis qu'il caresse mes fesses.

— Absolument !

Sur sa confirmation, il me lance un peignoir que j'enfile. Nous partons, ensuite, main dans la main. Maintenant en parfaite confiance avec ses idées, je ne me pose aucune question sur ce qui risque de m'arriver. Seule l'excitation me dévore de l'intérieur. Si je le pouvais, je sauterais partout en criant afin d'exprimer ma joie. En revanche, je crains que les autres clients de l'hôtel en soient ravis. Nous descendons jusqu'au rez-de-chaussée ; je profite du passage dans l'ascenseur pour lui voler quelques baisers. A l'accueil, une dame confirme la réservation de John et nous indique le chemin jusqu'au jacuzzi, première étape de notre journée spéciale détente, de ce qu'il m'a annoncé. Je dois bien avouer que je suis impatiente de sentir mes muscles se détendre au contact du jet chaud. La pièce nous est réservée ainsi que deux coupes de champagne. Une fois installée, je porte le nectar d'étoiles à mes lèvres. Quel bonheur de bénéficier de ce luxe après deux jours perdus en pleine campagne ! Le bruissement des remous nos berce alors que je joins nos paumes ensemble. Une douce odeur de vanille flotte dans l'air ; c'est apaisant. Et plutôt romantique, quand on y pense. Sur cette pensée, j'attire John contre moi, puis m'appuie sur son épaule. Être proche d'un homme ne m'a jamais paru aussi simple qu'aujourd'hui. Ça me semble si naturelle de le trouver, comme si nous remettre ensemble se révélait une évidence, comme si jamais nous aurions dû nous séparer. Je ne peux m'empêcher de l'embrasser, encore et encore ; la peur de le reperde me tiraille. Bien qu'elle ne soit plus là et que ça n'arrivera pas, cette boule d'angoisse reste logée dans le bas de mon ventre. Et s'il se rendait compte qu'il préférait la Rosalie d'avant ? Je souffle doucement, libérant mes démons. Il n'est pas question que je m'empoisonne l'esprit avec une multitude d'interrogations.

— Le but du jacuzzi réside dans le fait de se détendre, tu sais !

Je sanctionne sa moquerie d'une tape à l'arrière de son crâne sans me méfier. En moins d'une seconde, je me retrouve la tête sous l'eau tandis qu'il explose de rire. Une mine boudeuse se dessine sur mon visage ; il a un réel problème avec l'eau. Joueuse, je tente d'entrer dans son jeu, mais son bras anticipe ma tentative. Mon corps se love alors contre son torse. La sérénité revient petit à petit dans la pièce. Nos chamailleries sont remplacées par des élans de tendresse. L'eau clapote sur nos jambes nues tandis que nos langues valsent tout en douceur. Sa paume descend le long de mon dos avant de s'arrêter dans la chute de mes reins. Me sentir transporter dans le passé m'émeut, peut-être un peu trop, et une larme ruisselle sur ma joue. John semble s'en apercevoir assez vite et, s'empresse de l'essuyer de la pulpe de son pouce. Ses lèvres y retirent par un baiser la nostalgie qui m'habitait.

— J'espère que tu pleures de joie, au moins !

— Je... Non, fin, Je...

— Commence par respirer, Rosie ! Tu ressembles à un bébé phoque qui suffoque, me taquine-t-il en attrapant mon visage.

Vexée par sa remarque, je recule d'un pas, butte sur le bord du bassin et retombe assise dans l'eau. La pression du jet s'exerce à nouveau dans mon dos. J'inspire un bon coup. Mais la rage reste. Je ne suis pas une petite chose : ni un bébé phoque, ni un chiot. Et je refuse qu'il puisse m'aimer pour cette raison. Je suis la femme que je suis avec mes faiblesses, mes difficultés, mes démons probablement plus présents que chez la majorité des jeunes de mon âge. En revanche, je ne veux ni de sa pitié, ni de sa protection. Son amour est la seule affection dont j'ai besoin, en revanche, à condition qu'il m'aime en tant que femme et non en tant qu'en gamine fragile incapable de se débrouiller avec elle-même.

— Premièrement, ne m'appelle plus jamais ainsi ; je ne supporte pas l'image que cette... dénomination reflète ! craché-je, furieuse. Et deuxièmement, je regrette tellement notre rupture... Je...

Ma voix se casse. La colère se dissipe troquée par la tristesse. Je ne peux pas m'empêcher de me demander où nous en serions actuellement si notre amour n'avait pas été brisé.

— Je t'aime, John, murmuré-je lorsque je récupère des pensées éclaircies.

— Moi aussi, je t'aime, Rosie. Et je n'ai jamais cessé de le faire...

Sa main se tend vers moi, et je l'accepte sans hésiter pour retrouver la chaleur de ses bras. Dans la foulée, les bulles cessent de remuer le bassin. Il est l'heure pour nous de quitter cette pièce ainsi que son ambiance apaisante. Alors que je m'attendais à passer une après-midi en tête à tête, nous sommes redirigés vers une seconde pièce. Deux grands bains de boue se dressent devant nous.

— Bonne détente à vous deux ; je repasse dans une demi-heure !

Lorsque que la porte se referme nous laissant seuls, je me retourne, interdite, vers John. Qu'est-ce que ce foutoir encore ?

— Je te promets que les sensations sont impressionnantes, tente-t-il de me convaincre en se dénudant complètement.

— Je ne vais pas me baigner là-dedans ; je ne suis pas une cochonne...

Evidemment, il prend ma réflexion avec un sous-entendu sexuel qui m'exaspère au plus haut point. Je lui jette d'ailleurs un regard noir.

— Allez, ne fais pas ta mijaurée, Rosalie !

— Tu m'excuseras, mais je ne suis pas une stupide plante verte donc, c'est non !

— Très bien ; tu l'auras cherché, prévient-t-il en sortant de la baignoire.

Dans d'autres circonstances, la situation m'aurait arraché un gigantesque fou-rire, mais la menace de finir trempée dans le liquide brunâtre plane et me calme instantanément. Cependant, tout comme plutôt dans la matinée, je ne peux pas me mesurer à lui ; je retrouve sur son épaule malgré mes protestations et mes injures, puis plongée dans le bain contre ma volonté. Je peux dire adieu à mon bikini qu'il n'a pas pris le temps de m'enlever, peut-être par peur que j'enfouis à nouveau.

— Si tu veux vraiment revivre, il va falloir briser tes barrières une par une, Rosie, murmure John, accroupi à mes côtés.

J'aimerais m'en savoir capable. Mais aucune certitude ne me le prouve alors, je préfère tourner la tête. Comprenant qu'il n'obtiendra pas plus de moi, il retourne dans son propre bain. J'entends l'aiguille de l'horloge tinter à chaque seconde. Il ne me faut que quelques minutes pour que ce bruit incessant m'exaspère. Je grogne sans retenue afin de manifester mon agacement à John. Je me sens sale, de surcroit ! J'agite mes doigts sur le carrelage beige espérant accélérer l'écoulement du temps. Une vaine tentative...

— Si seulement, nous profitions du même bain...

— Bah... Viens ici, me sourit John nonchalant.

Si je commence à réfléchir à voix haute, je crains ne pas être sortie de l'auberge. Cependant, sa proposition ne me déplait pas, au contraire. Inutile de me le répéter une seconde fois que je me glisse, déjà, entre ses jambes.

— Tes idées sont parfois farfelues, maugréé-je à la recherche d'un espace pour poser mes cheveux.

— C'est ce qui fait mon charme !

— Et vaniteux...

Son rire vibre contre mes oreilles telle une délicieuse mélodie. Nos jambes boueuses se frottent l'une contre l'autre tandis ses doigts remontent sur mon ventre. Ses caresses éveillent les papillons qui s'envolent de mon estomac pour s'éparpiller dans la pièce. Je viens enrouler mes mains à la base de sa nuque, puis bascule la tête dans l'espoir de rencontrer ses lèvres. Ça ne manque pas ; il se penche en avant, effleurant mon nez, pour m'embrasser. Je sens mes joues s'échauffer et prendre une jolie teinte rosée.

— Je peux ? m'interroge-t-il en chipotant au nœud de mon bikini.

Ma respiration devient haletante. J'ai soudainement très chaud, mais j'acquiesce, tout en me mordillant la lèvre. Ses doigts me frôlent à peine comme une feuille morte qui s'échouent avec légèreté sur le sol automne. Quel bonheur de se promener en forêt en cette saison. Nous pouvons y ramasser marrons et les champignons, admirer les couleurs des arbres, puis lorsqu'on est de retour à la maison, on s'offre un chocolat chaud au coin du feu. Rien pour ça, je pense qu'il s'agit de ma saison préférée. Il attrape mon sein droit, le câline en douceur. J'ondule contre lui ; me retrouver à la merci de ses effleurements me parait si naturel. Mes cuisses s'entrouvrent sous la vague de plaisir qui grimpe en moi. Je lâche un soupir d'aise. Quand John commence à taquiner le lobe de mon oreille, je ferme les yeux afin de ressentir chacune de ses caresses. La bosse qui se forme dans mon dos manifeste le désir qu'il porte à nos retrouvailles. Alors, j'en profite pour le titiller un peu. Tantôt je mets de la pression sur son érection, tantôt je la laisse grossir au milieu de la vase brune.

— Il semblerait que j'ai trouvé le moyen de te détendre !

— T'es con, ris-je en déposant ma paume sur le dos de sa main.

03/10/2020
    Bonsoir les loulous,

    Et voilà un chapitre haut en couleurs ! Rosalie me semble en grande forme.

    J'espère qu'il vous a plus et que vous êtes prêts pour le suivant qui risque de s'avérer rempli de surprises.

N'hésitez pas à commenter, voter et partager. Ça récompense toujours mon travail et ça me fait très plaisir ❤

MERCI DE ME LIRE ❤

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