Chapitre 6

— Bonjour Victor !

— Bonjour vous deux ! nous salue le cinquantenaire. La marche fut bonne ?

Nous approuvons en symbiose. Bien que cette première aventure se soit révélée magique, me débarrasser de mes chaussures et de mon sac s'avère un véritable bonheur. J'espère que tout le séjour ne sera pas aussi intense ; mon corps n'est plus habitué à un tel effort. Mes muscles vont décéder.

— Pas de changement sur la prochaine étape, John ? s'assure notre chauffeur.

Par une nouvelle messe basse discrète, il semble lui confirmer, puis nous grimpons en voiture. Mon cœur palpite dans ma cage thoracique. Je commence à trouver ce mystère palpitant même pour moi qui hait les surprises. Installée dans la voiture, l'air conditionné souffle sur mon visage rafraichissant mon épiderme suintant de sueur. Puis, John me bande à nouveau les yeux. Je pourrais parier que je perdrais la vue à chacun de nos trajets en voiture, mais cette fois, je ne chercher pas à négocier et me contente de jouer le jeu. Mes doigts s'entremêlent à ceux de John afin de me rassurer. Intérieurement, je suis incapable de retenir mon sourire alors que le moteur de la voiture ronronne. Nous sommes en route pour la seconde étape ce qui me ravit. Si je le pouvais, je courrais partout laissant mon impatience ainsi que mon excitation se dissiper dans l'air. Je trépigne, m'agite dans tous les sens telle une enfant. Mon état n'échappe pas à John que j'entends ricaner. Ma paume claque sur sa cuisse pour unique réaction.

— Eh grognasse va ! bougonne-t-il.

— Je t'emmerde, John. Ça t'apprendra à te moquer de moi !

*****

Nous y voilà ; Victor se gare sur le bas-côté d'une route perdue en montagne. Je suis légèrement perplexe sur cette nouvelle étape. Devant, je ne vois que de la route. A l'arrière, la vue est identique. Quant à ma droite et à ma gauche, je n'aperçois que de grands fossés boisés.

— John, je sais que je dois te faire confiance, mais...

— Donc, tais-toi et mets une paire de basket !

Puisqu'il se la joue autoritaire, je m'exécute sans oublier de le chambrer un peu. Puis, lorsque Victor s'en va, John me montre un étroit sentier et, fortement, pentu. Je soupire ; mes pieds vont encore en prendre un coup. En revanche, s'il m'a seulement recommandé des baskets, c'est que nous allons moins marcher. Je suppose.

— Allez, on va où ?

— Tu verras bien, mais petit indice : il y a nos maillots dans mon sac.

Oh ! Une rivière, probablement. Quoi de mieux pour détendre nos muscles noués ? J'espère juste qu'elle ne se situe plus trop loin, maintenant, parce que mes jambes ne vont pas tenir encore des kilomètres. Après un tournant, nous croisons quelques tentes taguées. Elles doivent être là depuis des mois, si pas des années. La plupart ne ressemble qu'à un amas de toiles mis n'importe comment. Mais des bruits en sortent, alors je pense qu'elles sont toujours occupées. Pas très rassurant comme endroit. Par automatisme, je me rapproche de John et glisse mes doigts dans les siens. Nous accélérons le pas ; je préférerais ne croiser personne. On ne sait pas sur qui on pourrait tomber, mais l'ambiance lugubre ne me présage pas d'agréables rencontres. Je frissonne. N'y a-t-il donc pas d'autres ruisseaux dans un endroit tranquille ? Des voix étouffées parviennent à nos oreilles, puis un jeune couple passe devant nous. Je manque de m'étouffer.

— Mais John... Les gens sont à poils ! m'étonné-je perplexe.

Moins sûre que lui sur mes deux jambes, je rejoins John en évitant la chute tandis qu'il avance devant moi. Evidemment, il n'omet pas de se moquer de mes joues rougies. Je ne comprends pas comment certaines peuvent se balader le sexe à l'air sans une once de gêne. Ça ne doit même pas être agréable de sentir ses cuisses frotter et son pénis balancer pour les hommes. Déstabilisée, je le suis, mais oublie de faire attention aux endroits où je pose mes pieds, manquant à plusieurs reprises de me casser la figure.

— J'ai deux yeux, je vois. Allez, viens !

De la fumée s'échappe de la source. Mes pupilles passent de lui aux baigneurs. Nous n'allons quand même pas nous baigner parmi une bande de nudiste ? Encore moins si nous devons aussi nous dévêtir complètement.

— Tu vas voir ; l'eau est aussi chaude qu'un bain, argumente-t-il. Tu vas adorer !

En contrebas, trois petits bassins à l'eau transparente m'appellent. Et dire qu'il m'a fait mariner une baignade à 40°, tout ça pour rien ; je ne peux pas me mettre à poil au milieu des bois. Si, encore, j'étais seule... En toute surprise, John dépose se main dans le bas de mon dos, m'encourageant à poursuivre ma descente.

— Tu savais que c'était des tout-nus ?

— Oui, bien sûr. C'était un de mes fantasmes, retorque-t-il sarcastiques alors qu'il m'administre une légère fessée.

— Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu fais ?

Je bégaie quelque peu perturbée par son geste. Je connais son attrait pour les fesses des dames, mais il me surprend de plus en plus, comme si toutes les barrières entre nous explosaient une à une.

— Je te taquine, Miss. Allez, dépêche-toi ; t'es aussi lente à me rejoindre qu'une tortue amputée !

Pour seule réponse, je lui tire la langue telle une véritable enfant. À priori, il semble vraiment vouloir aller dans l'eau, constaté-je alors que son t-shirt se retrouve pendu à un arbre suivi dans son pantalon. Je déboutonne, fébrile, mon chemisier à fleurs et dévoile ma lingerie. Sans aucune gêne, il baisse son boxer et se glisse dans l'eau. J'hésite à le suivre, mal à l'aise de m'exhiber. Je pourrais mettre mon maillot, non ?

— Déshabille-toi et viens ! La température de l'eau est un véritable délice.

Je jette un coup d'œil autour de moi. Force est de constater que personne ne s'intéresse à la nudité des autres. Je semble même faire tâche avec mes parties intimes cachée. Le cœur battant la chamade, je me mets à nue. Littéralement. Et m'empresse de rejoindre le bassin. Au moins, l'eau me cachera un peu bien qu'elle soit transparente. Nom de Dieu, que c'est chaud, plus que mon bain, en effet ! La main de John se tend vers moi, tandis que je tente de ne pas porter attention à son regard sur mon corps nu.

— Arrête de chicaner ; assieds-toi !

— Mais ça brûle, chouiné-je toujours surprise par la chaleur de ma source naturelle.

Ça change des rivières caillantes dans lesquelles j'ai toujours eu du mal à y glisser le moindre orteil ! L'odeur de soufre qui chatouille mes narines ne me dérangent pas le moins du monde. L'eau m'enveloppe, et les clapotis créés par nos mouvements me caressent les jambes. Plus le crépuscule tombe, plus je m'habitude à être nue en pleine nature. John faufile ses doigts sur ma cuisse après m'avoir calée contre lui. Je laisse mon crâne reposer avec aise sur son épaule. Je suis un peu gênée d'être si proche de lui sans vêtement pour nous séparer. Ce n'est pas correct, nous ne le somme pas, ni lui, ni moi ! A cette révélation, je m'éloigne de lui, la respiration saccadée. Je déglutis lentement. Ce contact avec lui ravive de vieux souvenirs. Et je ne peux nier ce que je ressens pour John, encore à l'heure actuelle. Nous sommes partis il y a seulement deux jours, et voilà que le passé remonte déjà à la surface. Avec violence. Les larmes menacent de rouler le long de mes joues. J'inspire profondément, puis expire. Je tente de me concentrer sur l'air qui entre dans mes poumons, puis qui ressortent par le chemin inverse. Je dois me calmer, et relativiser. Merde, Lola ! Elle va me tuer à notre retour si elle apprend que j'ai eu droit à des câlins assez... osés. Elle ne supportait déjà pas que John m'étreigne amicalement, alors, là, je pense que lui aussi est mort.

— Tu crois que l'eau du bassin supérieur est encore plus chaude ?

— Attends, je vais tester, me précipité-je afin de sauter sur l'occasion de prendre mes distances quelques minutes.

Mais ma nudité me revient rapidement en mémoire. Je tente de cacher mon pubis d'une main avec discrétion. Quant à ma poitrine, je n'ai d'autre choix que de la garder à la vue de tous ; la protéger de mon bras me rendrait encore plus visible. Je me presse alors à gravir les trois rochers, puis fonds à nouveau sou l'eau. Malgré la chaleur, je ne rechigne pas à m'y enfouir. John aurait une trop belle vue sur mes formes d'où il se situe. Et je me sens plus trop à l'aise avec cette idée sans que ça ne me déplaise pour autant. Je ne suis juste pas légitime à être gratifiée de ce regard. Puis, le vent frais me refroidit trop à mon goût

— Je te confirme qu'on gagne au moins deux degrés !

— Ne bouge pas ; j'arrive !

Je ne peux pas le repousser. Si Maman était là, elle me crierait de fuir. Un homme qui joue sur deux tableaux n'est jamais synonyme d'un bon plan, et elle a raison. En revanche, fuir est sa spécialité ! Alors j'hésite à me fier à ce conseil. Peut-être devrais-je mette carte sur tabla avec John ? Il va falloir que je m'y résolve, que je le veuille ou non. La question ne se pose pas. Un remous m'annonce son arrivée à mes côtés. Je clos les yeux afin de fermer le dialogue. Sur le moment, je ne possède pas le courage nécessaire pour discuter ; avant, je dois trier mes pensées et être au clair avec moi-même.

— Rosie, est-ce que tout va bien ?

— Tu vois les alarmes quand un détenu s'échappe de prison avec les lumières qui éclairent les alentours et tout le bordel ? l'interrogé-je.

Ses sourcils se froncent tandis qu'il essaye de mon sonder.

— Hum... Oui, mais je ne comprends pas le rapport...

— Ça représente assez bien ce qui se passe dans ma tête...

— Développe, Rosie !

Je soupire, un poids dans la poitrine. Il pèse dans ma cage thoracique tel un fardeau. Je ne m'imagine pas lui parler à cœur ouvert en étant à poils dans un bassin d'eau chaude. Puis, l'endroit sert à se détendre, un peu comme dans un spa, alors je doute qu'aborder les sujets fâcheux, ici-même, s'avère bénéfique.

— Mademoiselle la carpe, ne vous renfermez pas, me titille John ave son éternel sourire.

— Je ne veux pas en parler, avoué-je. Pas maintenant, pas ici.

— Alors, fais-moi le plaisir d'arrêter de te torturer ; tout va bien, okay ?

Il parait si confiant, si droite dans ses bottes, trop pour que ça ne soit pas louche. Son comportement ne colle pas avec celui d'un homme en couple. Pourtant, la dernière fois que je les ai vu ensemble, ils semblaient toujours fous amoureux l'un de l'autre. L'explication de la rupture n'est pas crédible. Putain, je devrais interrompre ma réflexion. Ils s'aiment depuis des années, évidemment, qu'ils resteront unis pour de longs mois encore. Ce n'est pas un amour éphémère entre eux, au contraire. Leurs yeux brillent lorsqu'ils se voient ou qu'ils parlent de leur relation. Définitivement, je ne sais pas ce qu'il lui prend à John, mais il ne se trouve pas dans son état normal. L'effet de la chaleur de l'eau commence à s'atténuer. La nuit tombe petit à petit, et le froid de l'air contraste avec la température de la source. Nous ne sommes plus que nous deux, nus. Au vu de cette soirée étrange, je crains que ça puisse dégénérer à n'importe quel instant. Je sais que je pourrai vriller au contact de sa peau contre mon corps. Il n'y aurait plus aucun témoin, et je pourrai laisser mon moral s'envoler pour que le désir prenne le dessus.

— On y va ? soufflé-je en reprenant mon esprit. Je me sens épuisée...

29/09/2020
    Bon matin les loulous !

Vous allez bien en cette fin de septembre pluvieuse ?

10JPR a dépassé le cap des 10 000 mots, même les 11 000 pour être précis. Et les choses se dessinent doucement.

Je suis impatiente de lire vos retours. Si ça vous a plu, n'oubliez pas qu'un petit vote ou un commentaire fait toujours plaisir.

MERCI DE ME LIRE ❤

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