Chapitre 27

— Rosalie, magne-toi ; Victor va arriver et, tu es dans cette salle de bain depuis des lunes, rouspète John en toquant à la porte. Pour rappel, c'est pour moi que tu dois te faire jolie...

— Je me prépare pour moi-même, John, pas pour tes beaux yeux, lui rétorqué-je.

Je le rejoins alors, et en profite pour contempler sa moue dépitée face à mon répondant. A quoi s'attendait-il ? Je pouffe, puis cadenasse mes lèvres au siennes dans un rapide baiser.

— Je t'aime, le rassuré-je. Mais comme tu l'as si bien dit, Victor va nous attendre, alors il faudra patienter ce soir pour que je puisse te le prouver...

Sans lui permettre de ronchonner, j'enfile ma veste et attrape mes affaires. Nous descendons ensuite dans le hall où notre cher chauffeur nous accueille souriant. Lui aussi s'est apprêté pour l'occasion. D'ailleurs, nous ne pourrons jamais assez le remercier pour sa gentillesse, sa présence et les multiples intentions qu'il a eu à notre égard lors de ces dix derniers jours.

— Avant de vous laisser me payer le restaurant, j'aimerais vous offrir l'apéro dans mon bar favori. Vous allez voir la vue est sublime ! nous annonce-t-il tandis que nous nous installons dans la voiture.

Je soupire ; sa bonté le perdra un jour. Je souhaite à tout le monde de rencontrer un Victor dans sa vie, même s'il s'agit d'une connaissance temporaire. Tant d'empathie et de sympathie apporte beaucoup. Il est la preuve vivante que nous pouvons encore avoir foie en l'humanité.

— Heureusement que c'était nous qui vous invitions !

— Cesse de te plaindre, Rosalie, me charrie-t-il. Et tutoie-moi pour la millième fois ; j'ai l'impression de prendre vingt ans dans les dents.

Nous arrivons à destination toujours dans une ambiance légère où taquineries et blagues volent sans cesse. Il n'y en a pas un pour rattraper les deux autres ; c'est garanti. Entre les deux hommes, j'attrape des ailes, me libère et les ennuie à mon aise. Je provoque les haussements de sourcils ainsi que les regards désespérés par le nombre de conneries que je débite à la seconde, mais je les vois retenir leur sourire. Nous sirotons nos cocktails, l'alcool m'imbibant doucement, tandis que le soleil se couche à l'horizon. Il se reflète sur l'océan alors que le ciel, nuageux, a une jolie couleur orangée. C'est un magnifique tableau pour notre dernier soir...

— Alors, Rosie, le programme de votre aventure t'a plu ?

— Beaucoup, oui, même si ça n'a pas toujours été facile, au contraire, confessé-je en attrapant la main de John. Le principal reste les souvenirs que j'en garde et tout ce que j'ai appris... On peut dire que ce fut un voyage marquant, peut-être bien le plus important de mon existence...

— Les voyages forment la jeunesse...

— Tu parles comme un vieux, là, Victor ! plaisanté-je, un brin moqueuse.

Sa mâchoire semble se décrocher alors qu'il est sur le point de recracher son Mojito sans alcool.

— Madame a bu et, elle prend ses aises, je vois !

Il n'a pas tort ; mes joues doivent déjà être rouges, tandis que j'ai la tête qui tourne légèrement. Je vais manger en buvant de l'eau puisque ma capacité à consommer de l'alcool se révèle inexistante. Nous achevons nos verres, avant de reproduire la route afin de nous remplir l'estomac cette-fois. John a réservé dans un petit restaurant à l'ambiance familiale les photos nous paraissaient très tentantes. Il n'y a que peu de tables, mais l'ensemble de la pièce couverte de bois donne envie d'y rester durant des heures. Les larges fauteuils en cuir noir sont, eux, d'un confort sans nom, et une bonne odeur de cuisine flotte dans l'air. A première vue, il semble à la hauteur de nos attentes.

— Je vais prendre une paëlla, commandé-je. Avec un diabolo violette.

— Pour moi, ce seront des encornets farcis.

— De même, renchérit John. Et vous pouvez rajouter une bouteille de rouge, ainsi qu'une carafe d'eau.

En attendant nos plats respectifs, nous discutons des diverses aventures auxquelles John et moi avons été confronté. Par la même occasion, j'en apprends plus sur les manigances de ce dernier ainsi que sur la manière dont il s'y est pris. J'avoue avoir beaucoup de mal à réprimer mes rires, mais j'en apprends des belles. Heureusement que Victor est là pour le balancer parce que je suis certain que John ne m'aurait pas tour raconté. Et dire qu'il a contacté notre cher chauffeur au milieu de la nuit parce qu'il était en décalage complet avec le monde, tout ça car il ne regardait pus l'heure, trop occupé à prévoir notre programme. C'est mignon, en soi !

*****

— J'ai beaucoup trop mangé, soufflé-je en sortant dans la voiture. Je ne vais pas savoir marcher ; je vais rouler...

— Arrête ton cirque, tu veux, soupire John, hilare de mon exagération. Victor, merci d'avoir accepté notre invitation. Ce fut un plaisir de t'avoir à nos côtés pour la soirée !

Après avoir confirmé l'heure de rendez-vous le lendemain afin qu'il nous emmène à l'aéroport et s'être souhaité une bonne nuit, nos chemins se séparent. Le notre prend la direction de la plage, tandis que le sien le redirige vers sa maison, afin qu'il soit prêt pour prendre du service au matin. Je retire mes chaussures pour marcher dans le sable. Les talons, c'est bien beau, mais je ne tiens pas à finir avec une entorse. Le vent ébouriffant mes cheveux, je me décide à les rattacher en chignon, avant qu'ils m'insupportent à venir dans mon visage. Puis, enfin, je prends la main de John dans la mienne, prête pour une balade digeste au bord de l'océan. Il n'existe pas meilleure fin de soirée.

— La plage, c'est mieux à deux tout de même, remarqué-je d'une voix presqu'inaudible bien que John m'ait entendu.

— On va éviter de se perdre, n'est-ce pas ?

Cette phrase qu'il aurait pu prononcer avec sécheresse retentit dans un murmure plein de douceurs, inutile de revenir sur le sujet déjà clos. Le passé reste à sa place, tandis que nous profitons du présent. Le clapotis des vagues qui s'échouent sur le sable nous bercent pendant que nous marchons en silence. Seules nos mains et nos doigts se caressent, s'effleurent, se recherchent.

— J'ai envie de regarder les étoiles...

Désirs avoués, désirs exécutés, nous nous allongeons. Le bras de John sous ma nuque, mon corps se colle au sien alors qu'il s'extirpe de sa veste pour la poser sur nous, enfin, surtout sur moi.

— C'est dingue de se dire qu'elles se trouves à des millions d'années lumières, me fasciné-je en quête de constellations.

Je repère d'abord la grande ours, un classique, que je pointe du doigt à John. Il rentre dans le jeu et, nous nous disputons pour en retrouver un maximum. Notre méconnaissance en astrologie nous bloque après seulement quelques minutes de rude compétition. Je me tourne alors face à John, faufilant mes paumes froides sous sa chemise qui le font sursauter.

— Connasse ! Et, enfile ma veste ; tu as la chair de poule...

Le froid m'irradiant doucement, je ne me fais pas prier pour me réchauffer dans ce blouson de cuir dans lequel je pourrais rentrer deux fois. Je passe un coup de langue sur mes lèvres, puis les presse contre la bouche de mon amant qui se hâte de me serrer contre lui. Je m'appuie sur son torse, décidée à profiter un maximum de sa présence. Une fois de retour à la réalité, nous ne pourrons, malheureusement, plus être fourré l'un avec l'autre en permanence, alors autant profiter du temps qu'il nous reste.

— Tu sais que j'aime ?

Ma question se veut surtout être une affirmation et, fait naitre des étoiles dans ses yeux.

— Bien sûr que je le sais, me rassure-t-il en portant ses doigts à ma joue. Moi aussi, je t'aime !

C'est impressionnant comme trois petits mots peuvent combler un cœur de joie.

— Je t'en voulais de m'avoir tiré ici, et maintenant, je n'ai même plus envie de partir. J'ai peur de retrouver notre quotidien.

Mon crâne posé sur son torse, je confesse, alors qu'il passe ses doigts sur mon visage.

— J'ai peur de ce que je pourrais ressentir de retour chez moi ; ça me terrifie. J'ai peur que ma mère resurgisse à nouveau d'une manière ou d'une autre et, qu'elle me brise à nouveau... Je ne veux plus tout ça...

— Ça se passera bien ; je te le promets. Puis, elle ne peut pas revenir, alors ne te tracasse pas trop à son propos, Rosie.

J'ai beau le savoir, mille et un scénario s'invitent dans mon esprit. Pas un ne tient la route et, pourtant, ils m'angoissent tous.

— Rosalie, regarde-moi ! m'insuffle John dont la caresse s'est affermie.

— Tu ne tomberas plus, d'accord ? Je te fais la promesse suivante : si je vois le moindre relâchement, je te relèverai aussitôt que tu n'auras pas le temps de perdre l'équilibre.

— Merci, ça... ça me rassure !

Plus aucun de nos de ne parle ; nous profitons du calme nocturne, mais je réalise aussi que bien qu'enfouie dans la veste de John, je n'ai pas chaud, au contraire. Un frisson remonte le long de mon échine, tandis que mon copain resserre encore ses bras autour de ma taille. Il embrasse alors mon front.

— Tu es frigorifiée... Tu veux rentrer ?

— Non, je suis bien là, avec toi, les étoiles qui brillent dans le ciel et la mer qui se meut, attirée par la lune.

— C'est vrai que c'est un très agréable moment ; on prendra un bain chaud à notre retour à l'hôtel, déclare-t-il.

Voilà une suite de programme alléchante, il faut le dire !

— A deux ? minaudé-je en mordillant l'intérieur de ma joue.

— Evidemment, tu crois que je vais te laisse jouir de l'eau chaude pendant que je te regarde ?

Encore mieux. Je cache mon sourire contre lui, mais je sais qu'il voit mon expression aussi enjouée que gênée, enfin une fausse gêne, celle qui se mêle à l'air coquin. En tout cas, c'est une belle promesse pour notre dernière nuit... 

16/11/2020
    Bonsoir les loulous !

    Aaaah on approche de la fin : plus que 3 chapitres et l'épilogue.

    Bon, pas de grand blabla ce soir, je vous envoie juste des bisous  😘

MERCI DE ME LIRE ! ❤

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top