Chapitre 25

— Bon, je veux que tu choisisses trois tenues dans ta valise, celles que tu trouves les plus chouettes, me demande John lorsqu'enfin nous quittons le lit après y avoir trainailler toute la matinée, même le dîner nous l'avons fait venir à nous.

— Qu'est-ce que tu as encore manigancé ?

— Tu verras, me sourit-il, narquois, avant de s'enfermer dans la salle de bain.

Pour le coup, il m'intrigue avec son air mystérieux et sa demande plutôt étrange. Mais, en bonne copine, je me plie au jeu. La totalité de mes affaires renversées sur le lit, je commence à opérer un premier tri ; tout ce qui est vêtement pour nos aventures, je les range sur le côté, gardant mes tenues sympas ainsi que celles de soirées. Il a vraiment pris tout ce qui était sexy dans ma commande sans réfléchir au fait qu'on parait qu'une semaine. Les hommes, je vous jure, restent inchangeables, fidèle à eux-mêmes. En tout cas, John n'a pas perdu le nord en s'introduisant chez moi. Ceci-dit, au moins, j'ai l'occasion de les porter et, je dois bien avouer que m'apprêter pour quelqu'un m'avait manqué. Me maquiller, choisir une tenue coquette qui fera fondre n'importe quel homme normalement constitué avant de rejoindre mon amant pour m'offrir à lui, voilà un plaisir coquin que je retrouve avec joie. Mon regard se plisse à l'idée qui me traverse ; j'espère seulement qu'elle ne sera pas trop inadéquate.

— Je peux choisir toutes les tenues que je veux, pas de critères ?

— Tu es libre à cent pour cent, oui, me confirme-t-il alors qu'il passe sa tête dans le bâillement de la porte.

Il a modifié un truc sur son visage ; ça me sente aux yeux, mais il ne me laisse pas le temps de trouver de quoi il s'agit qu'il referme la porte. En contemplation face au bordel qui traine sur le lit, je décide de prendre un ensemble que je mettrais en journée dans le quotidien, l'un parfaitement adapté pour une soirée en amoureux à l'extérieur et pour la troisième, je pars sur un ensemble séduisant, réservé à notre intimité. Maintenant, il ne me reste plus qu'à déterminer ce que je prends pour chacune. Du bleu, du rouge, du noir ? J'hésite. Mes pupilles se promènent dans la pièce à la recherche d'inspiration quand elles se posent sur l'appareil photo de John. Je tilte immédiatement.

— Tu ne vas pas me shooter, hein ? m'enquis-je assez fort pour qu'il m'entende.

La photographie, c'est sa passion ainsi que son métier et, sa demande colle. Alors, j'appréhende sa réponse qui ne tarde pas à venir

— Non, non, promis !

*****

Nous pénétrons dans une pièce qui ne laisse pas de place au doute ; entre les multiples spots de lumière, les fonds, les écrans et les – minimum – trois appareils photos, nous sommes bien dans un studio. Une équipe complète nous accueille, le sourire aux lèvres et l'énergie débordante. Moi, je scrute John en quête de réponse ce qu'il ne tarde pas à remarquer.

— Ce n'est pas moi qui vais te shooter, je serais de ton côté de l'objectif, m'explique-t-il.

Je le vois se retenir de rire face à ma mine décontenancée. Il joue sur les mots et, ça a la légère tendance de m'agacer. Mais en y réfléchissant, j'aurais eu la même attitude à sa place. Je souffle lentement, en expirant l'angoisse qui commence à monter en moi ; je déteste les photos, je me trouve moche la plupart du temps. Pas sûr celles que John a prise, me rappelle ma conscience.

— T'es fourbe, souligné-je.

— Je sais, mais si je te l'avais dit, tu ne serais pas venue...

Un point pour lui.

— Eh bien maintenant que nous sommes là, allons-y ! déclaré-je en me retournant vers le groupe de professionnels.

Alors qu'ils avaient détournés leur attention afin de nous laisser discuter – ce pour quoi je les remercie, ils reviennent à nous.

— Heureux que vous acceptiez de poursuivre, me sourit celui que je présume le photographe en chef. Romain Du Houx, c'est moi qui serais derrière l'appareil. Et voici Justine, maquilleuse et habilleuse, ainsi que Benoit, mon assistant. Je vous propose de prendre un peu de temps pour voir ce que vous souhaitez, puis on passera aux choses sérieuses. Thé ou Café ? Il y a les deux ; nous buvons de tout ici. Enfin, pas d'alcool parce qu'au travail, ce n'est pas tip top.

Mais, ce Romain se révèle un vrai moulin à parole ; on ne l'arrête plus. Qu'il pense à respirer un peu, je ne voudrais pas me retrouver à devoir le ranimer dans deux minutes parce qu'il a omis de reprendre son souffle. D'ailleurs, ces seconds semblent penser la même chose puisqu'ils lui font signe de la main afin qu'il se calme.

— Désolé, je m'emballe toujours quand je rencontre un nouveau couple. Allez, asseyons-nous, par ici, nous indique-t-il en pointant une petite pièce sur le côté.

Le côté artistique ressort ; de divers sièges en tout genre sont dispersé, des poufs, en passant par des tabourets, des chaises, et des divans, ainsi que de nombreuses photos d'amoureux, de familles, d'amis, d'enfants. Je dois admettre qu'il semble talentueux. Je remarque en premier le naturel de chacun sur les clichés ; il a l'air de mettre en avant leur propre personnalité. Ça me plait beaucoup. Benoit nous sert deux tasses de café fumantes, puis se pose à nos côtés, un calpin sur les genoux. Il déloge un crayon caché derrière son oreille, l'air de rien.

— Dites-moi tout, les tourtereaux, nous encourage Romain.

Je donne la parole à John, après tout, je suis supposée me laisser porter par tes initiatives. Bon, je rajouterai surement mon grain de sel par la suite. Il glisse sa main sur mon genou, tandis que je porte ma boisson à mes lèvres, curieuses d'entendre ses envies.

— Allez-y ; parlez-moi de vous, de votre histoire !

— Il était une fois, commence John, deux jeunes qui se sont rencontrés sur les bancs de l'école.

Va-t-il raconter notre rencontre à la manière d'un conte sans flancher ? J'hausse les sourcils, désespérée. Néanmoins, je me calle confortablement dans mon siège, prête à l'écouter, et curieuse de voir comment il va s'y prendre.

—Ce fut le véritable coup de foudre, celui auquel on ne croit pas jusqu'au jour où on se retrouve foudroyer, alors ils vécurent plusieurs mois de bonheur, deux ans précisément. Mais un jour, un malheureux accident les obligea à se séparer, à se briser le cœur mutuellement bien qu'ils s'aiment toujours autant.

Une boule me monte à la gorge. Je suis soulagée qu'il n'aille pas dans les détails, mais il a cette façon de raconter qui me bouleverse. Je me retrouve spectatrice de ma propre vie comme si elle n'était qu'un conte. Heureusement, j'ai ma fin heureuse avec mon prince charmant ce qui n'est pas le cas pour tout le monde. Ma main se pose sur la sienne, croisant nos doigts ensemble. Puis, un élan de courage m'incite à continuer le récit.

— Les mois, années, qui suivirent furent douloureuses. Mais il faut savoir une chose ; les âmes de ces deux amoureux n'était pas dissociable, alors ils se retrouvèrent petit à petit dans une relation qui n'était pas celle rêvée, mais qui les satisfaisaient. Être amis semblaient moins douloureux que de se perdre. Pourtant, leur amour crevait les yeux, mais eux seuls restaient aveugles...

Autant le photographe que ses deux assistants restent scotchés à notre récit à croire que notre vie est digne d'une série. Il manquerait presque le popcorn pour remplacer le café. Dans un naturel peu surprenant, John reprend à son tour la parole :

— Puis, un malheureux incident vint ébranler lors quotidien...

Je retiens mon souffle, appréhendant qu'il pose des mots dessus. Je ne veux pas l'entendre. Espérant qu'il passe cette péripétie le plus rapidement possible, je ferme mes paupières au point d'y voir des étoiles.

— Rendant très triste notre jeune demoiselle qui sombra dans un désespoir incontrôlable, mais son chevalier servant refusa de la laisser s'abattre. Alors, il l'emmena avec lui pour une aventure de dix jours, dix jours durant lesquels elle se surpassa à travers diverses expériences, dix jours durant lesquels ils retombèrent amoureux.

Il ne cesse de guetter mes émotions à chaque instant. Je passe de l'inquiétude à la sérénité pour terminer sur une touche de bonheur.

— Aujourd'hui, l'histoire ne nous dit pas s'ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, mais une chose est sûre ; en cette neuvième journée de voyage, la mission est bouclée avec succès. La Princesse est heureuse en compagnie de son Prince...

Ma dernière phrase se meurt dans un murmure, tandis que John capture mes lèvres dans un rapide baiser.

—Waouh... Quelle histoire ! s'exclame Romain, les yeux pétillants. Alors, je vais regarder vos tenues, mais la façon dont vous avez raconté ça m'a donné une idée. Justine, tu sais aller chercher la robe bleue ainsi que le costume qui va avec et, vous montrez-moi le contenu de vos sacs que je voie ce que vous avez choisi.

Je sors les deux premiers ensembles que le photographe contemple sous toutes les coutures, en répétant que ce sera parfait. Puis, il regarde ceux de John.

— Et votre dernière Rosalie ?

— J'aimerais garder la surprise pour John, expliqué-je les joues cramoisies.

Celui-ci me sonde, mais je ne dirais rien de plus, à mon tour de jouer à la cachotière.

— Parfaiiit ; vous me montrerez quand on l'aura expédié ce changer, me propose Romain. Voici le programme, dites-moi si ça vous convient. On va commencer par une série photo dans vos habits du quotidien et pour cela, nous irons dans le parc juste en bas. Ensuite, on passe à la robe avec chemise et pantalon noir pour John, en studio, troisième série avec votre dernière tenue. On finit par les vêtements que Justine est partie chercher. Vous êtes prêt ?

D'une grande gorgée, nous finissons nos tasses, puis nous nous redressons avec entrain, prêts à tout donner. Leur enthousiasme à tous me contamine et, bien que je n'apprécie pas les photos, je suis impatiente de me prêter à l'exercice, au pire ça fera des bons souvenirs, même si le rendu ne me plait pas.

— Bien, John, dehors que votre dulcinée me dévoile cette ultime tenue mystère. En sortant, à gauche, vous trouverez des vestiaires. Ensuite, Justine vous maquillera !

Lorsque la porte claque, je sors, enfin, mon body en dentelle, un peu gênée de dévoiler une telle pièce à un inconnu. Malgré sa gentillesse depuis notre rencontre, je sais que me trouver ainsi à moitié à poils devant lui m'intimidera, mais autant faire les choses à fond. Ses yeux s'exorbitent, tandis que j'humidie mes lèvres.

— Il va adorer cette surprise ! C'est nickel ; mon dieu que ce shooting va être extraordinaire ! Cette échancrure, cette finesse, cette sensualité... J'adoooooore ! s'écrie-t-il en frappant dans ses mains.

Sa réaction me conforte dans mon idée plutôt osée pour moi.

— Allez vous changer Miss pendant que je répare le matériel ! m'expédie-t-il.

Je m'empresse alors de rejoindre John qui me saute presque dessus dès mon entrée.

— C'est mon rôle de préparer des surprises !

— Pas aujourd'hui, Mon cher !

14/11/2020
    Bonjouuuur les loulous !

    Petit chapitre matinal, mais j'ai oublié de le poster... Donc le voici !

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MERCI DE ME LIRE ❤

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