La silhouette plongée dans l’ombre soupira discrètement tout en scrutant avec impatience la tour déserte. Emmitouflée sous une cape noire au capuchon rabattu sur le crâne, elle se fondait parfaitement dans l'obscurité.

Une autre sihouette également vêtue de noir, plus grande et large d’épaules, apparut en haut des escaliers et jeta un coup d’oeil nerveux autour de lui.

- Pssst ! Par ici ! appela la première personne.

Au timbre de sa voix, on pouvait facilement déduire qu’il s’agissait d’une femme. L’autre individu la rejoint en frissonnant.

- Je suis là, annonça-t-il à voix basse.

Sans nul doute un homme, d’après sa voix grave et sa stature imposante.

- Tu es en retard, l’accueillit la femme sur un ton aussi glacial que le givre sur la rembarde face à elle.

- J’ai été retenu. Et puis franchement, tu n’aurais pas pu choisir un endroit moins froid ?

Comme pour appuyer ses dires, il resserra les pans de sa cape, laissant deviner une silhouette musclée.

- Arrête de râler, je t’ai pas fait venir ici pour t’entendre te plaindre. On est là pour en finir avec eux. Je n’en peux plus de la voir errer comme un fantôme !

- Je suis d’accord, il faut régler ça une bonne fois pour toute. Il disparaît pendant des heures et ne dit plus rien !

L’homme s’adossa au mur glacé en grimaçant tandis que la femme jouait avec l’attache de sa cape.

- Il nous faut un très bon plan. Le moindre détail peut tout faire tomber à l’eau.

- A ce point là ?

La femme leva les yeux au ciel, son regard brun accrochant un bref instant la lumière argentée de la lune au-dehors.

- Je te l’ai déjà dit, elle est extrêmement intelligente. Elle ne doit se douter de rien, sinon…

- … c’est foutu. Compris, chef. Mais du coup, on fait quoi ?

- On est là pour y réfléchir, justement ! Tu crois vraiment que je vais faire tout le travail ?

L’homme passa son poids d’un pied sur l’autre, comme pour se réchauffer, mais son regard fixant le sol montrait clairement qu’il se dandinait par malaise.

- Ben… disons que je pensais que le plan était déjà élaboré et qu’on aurait qu’à l’appliquer.

- Rappelle-moi pourquoi je t’ai demandé de m’aider, à toi et pas quelqu’un d’autre ? grommela la femme, secouant la tête d’un air désolé.

- Euh… Je suis un leader super charismatique ?

- Clairement pas.

Il observa la femme en fronçant les sourcils, faisant mine de réfléchir, avant de s’exclamer :

- Oh, je sais ! C’est parce que je suis un génie et que tu ne peux pas te passer de moi !

- Moins fort !

Il lui fit un clin d'œil malicieux.

- Tu as peur que quelqu’un sache que tu m’adores ?

Elle lui asséna une tape sur le crâne.

- Non, mais on a pas le droit d’être ici, alors évite de réveiller le château, d’accord ?

Il se frotta à l’arrière de la tête en pestant contre les gens trop sérieux.
- Tu as forcément une idée, risqua-t-il.

- Ouais, j’envisage fortement de t'assommer. Ou au moins te bâillonner.

Elle se détourna et s’accouda à la rambarde pour laisser son regard se perdre dans l'immense du ciel. L’homme la rejoignit et ils restèrent plusieurs minutes à contempler silencieusement les étoiles briller doucement sous l’éclat argenté de la lune.

- Tu as raison, j’ai une petite idée.

Pris au dépourvu, l’homme se tourna vers sa comparse, attendant qu’elle développe. Elle se pencha pour lui murmurer quelques phrases à l’oreille et il écarquilla ses yeux sombres, impressioné.

- Il faut trouver un lieu, déclara-t-il une fois qu’elle eut terminé. Pourquoi pas la salle sur demande ?

- Il faut être malade pour rester enfermé pendant des jours là-dedans sans sortir, intervint une nouvelle voix.

Une troisième silhouette, vêtue d’une cape vert sombre, émergea des escaliers. Quelques mèches de cheveux bruns dépassaient de son capuchon.

- Qu’est-ce qu’elle fait là, elle ? lança la première femme à l’homme.

- Je l’ai suivi, évidemment, répliqua la nouvelle venue, également une femme. Son comportement était beaucoup trop suspect.

- Et tu vas faire quoi, maintenant ? Nous dénoncer ?

L'intruse lissa sa cape d'un air dédaigneux.

- Quel intérêt ? Non, je vais vous aider.