Première Entrevue
Rentrer dans le bâtiment avait été encore plus compliqué que prendre rendez-vous par téléphone. J'étais rentré en contact avec cette avocate à peu près un mois plus tôt, alors que ma femme venait de partir de la maison pour un voyage d'affaires de deux mois. En tant que PDG d'une célèbre entreprise de voiture, elle avait dû partir en urgence à Dubaï pour l'ouverture d'un concessionnaire et pour sa mise en route.
Une fois à l'intérieur, je me rappelle avoir été impressionné par le design et le modernisme des bureaux. Une secrétaire se trouvait à ma droite et m'avait invitée à patienter dans la salle d'attente. Mes documents et mon stress m'avaient donc accompagné jusqu'à cette petite pièce où nous pouvions observer des copies de fameux tableaux de Rembrandt, de Cézanne ou encore de Renoir.
Une vingtaine de minutes plus tard, une femme d'une quarantaine d'années m'avait accueilli avec un grand sourire mais aussi une voix particulièrement déterminée. Elle m'avait invité à m'asseoir sur le petit fauteuil en face de ce bureau tandis qu'elle prenait place derrière, dans son grand fauteuil similaire à ceux des juges dans les films du dimanche après-midi. J'avais obéi, intimidé par son charisme naturel.
Une minute s'était écoulée alors qu'elle me regardait, me scrutait, comme si la première impression suffisait à tout savoir à mon sujet. Le tic-tac de l'horloge m'avait alors rappelé que la séance était facturée à l'heure. J'avais donc commencé l'échange en tendant la pochette de documents que je tenais alors fermement sur mes genoux. Elle la scruta d'un œil perplexe puis me fit enfin connaître le son de sa voix, rauque mais féminine.
« Que contient-elle ? » fut les premiers mots de cette entrevue alors que l'horloge indiquait qu'elle avait commencé cinq minutes auparavant. Je lui répondis alors que les documents contenus comportaient entre autres le certificat de mariage ou encore les papiers du compte joint ouverte huit mois auparavant.
Elle me répondit alors, d'un naturel qui fit naître une admiration à son égard, que ses feuilles n'avaient que très peu d'importance pour elle. Je m'étais senti stupide sur le moment, maintenant je sais parfaitement qu'elle prend un dossier juridique suivant son entretien avec la personne. Elle m'avait alors prévenue qu'elle allait débuter un questionnaire déterminant pour la suite de mon dossier. J'avais acquiescé.
« Êtes-vous présent pour entamer une procédure de demande de divorce ? » Un simple hochement de la tête suffit, confirmant par la même occasion les propos échangés lors de notre appel téléphonique.
« Avez-vous les moyens de payer plusieurs entrevues ? » Je lui avais alors expliqué que l'argent n'est pas un problème pour moi. Pris par un élan de nervosité, je lui avais précisé que mon métier de directeur des ressources humaines dans une grande entreprise me prenait énormément de mon temps mais me récompensait de manière très honnête. Elle avait hoché la tête, appuyé sur sa souris puis avait continué son petit interrogatoire.
« Votre épouse est-elle au courant ? » Après ce qui me sembla n'être que quelques secondes de réflexion, je secouai la tête et répondis négativement. Sa perplexité se fit immédiatement remarquer alors qu'elle me posait la prochaine question de sa liste. « Allez-vous lui en parler ? » Une vague de peur due passer dans mon regard, alors que mon rythme cardiaque s'accélérait, car elle enchaîna rapidement avec la prochaine question.
« Quel type de divorce souhaiteriez-vous ? » Je me rappelle avoir été incapable de lui donner cette information, pas que je ne m'étais pas renseigné, mais j'avais espéré qu'elle choisisse à ma place. J'étais resté immobile, sur cette chaise particulièrement confortable, la vision floue.
Je l'avais entendue soupirer alors que je reprenais conscience de la situation. Son regard avait été alors un mélange d'énervement, de désorientation et de préoccupation. Se mordant l'intérieur de la joue, elle avait regardé son ordinateur et avait commencé à taper frénétiquement sur les touches. Je mettais alors à regarder l'horloge et prêtait attention à son bruit.
Cinq minutes plus tard, elle avait attrapé ses lunettes, les avait mis doucement sur son nez puis avait relevé la tête. Elle m'avait dans un premier temps dévisagée puis avait attrapé un papier venant de sortir de l'imprimante pour ensuite me le tendre. La facture du jour. Le montant ne dut pas me surprendre car je ne peux m'en rappeler.
« J'ai enregistré toutes les informations dans votre dossier. Néanmoins, vous devez choisir un type de divorce. Un divorce par consentement mutuel ne semble pas être la meilleure solution. Je vous conseillerai un des trois divorces contentieux. » Je la vis tendre son bras en arrière et sortir une deuxième feuille. Après une rapide lecture en diagonale, j'avais compris qu'il s'agissait de fiches sur chacun d'eux. « Je vous laisse les étudier. Revenez me voir une fois la décision prise. » Elle s'était alors levée et m'avait raccompagné à la porte.
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