chapitre 4

— La zone zéro est la preuve de la stupidité des rebelles qui préfèrent vivre dans la souffrance qu'apportent la maladie, la tristesse, la douleur et la mort.

Le professeur sortit ensuite de la classe, beaucoup plus rapidement que les autres fois et claqua la porte derrière lui. Le ton qu'il avait employé, cette fois-ci, était loin d'être aussi las et blasé qu'à l'accoutumée. Tout le mépris qu'il ressentait pour les habitants de la zone zéro avait fait vibrer sa voix. Une fois dans le couloir, les pommettes rouges, les traits déformés et les yeux plissés, il butta son poing tremblant sur le mur à sa gauche.

Son sang bouillait dans ses veines et un grognement s'échappa de sa mâchoire serrée. Les rebelles avaient fait une nouvelle victime parmi les siens et c'était qui plus est l'un- pour ne pas dire le seul- de ses meilleurs amis;  le seul avec qui il n'était pas désagréable ou blasé.

Les armes de ces révoltés semblaient s'habituer à la constitution des siens à une allure phénoménale. Comment faisaient-ils ? Cela restait un mystère. Ceux d'en haut ne pouvaient pas ignorer plus longtemps les faits : les rebelles devenaient une réelle menace. Il cogna encore une fois le ciment dur qui s'effrita jusqu'à ce qu'un creux assez profond se forma sous son poing.

Le professeur ne risquait pas de se blesser en vue des facultés physiques que présentaient ceux de son espèce, mais la douleur apprivoisait le déferlement d'émotions qui l'ébranlait. Elle lui faisait oublier toute la tristesse qui le grisait, le libérait du sentiment de solitude qui l'accablait et surtout éteignait, peu à peu, toute l'aversion et la colère qu'il éprouvait pour les rebelles.

Son poing se serait sûrement abattu sur le visage de cette fille aux cheveux blond pâle, s'il était resté plus longtemps enseigné. Non seulement elle lui rappelait ces ballots de rebelles, mais à chaque fois qu'il croisait son regard et plongeait ses iris dans ceux aubergines de cette non-élargie, une puissance écrasante lui hérissait les poils du dos.

Une goutte de sueur glacé glissa le long de sa colonne vertébrale et son coeur frémit.
Il détestait ce sentiment d'impuissance et de peur; il détestait être faible; il détestait avoir peur.

C'était une menace, une bombe à retardement. Pourquoi refusaient-ils de l'élargir ? Il n'aimait pas savoir plus fort que lui en pleine possession de ses moyens. Il n'aimait pas savoir plus fort que lui en vie, tout court. Mais il savait que la perspective de la retrouver six pieds sous terre ne plairait pas à ceux d'en haut alors l'élargir serait la meilleure option. Si elle décidait de...

— Eh bien monsieur Fayène, calmez-vous donc. J'entends vos grognements de frustration à des kilomètres d'ici, vous ne voudriez pas passer votre limite pas vrai ? sursurra une voix près de lui.

L'entendre ne fit qu'accroître sa frustration, il se tourna nonchalamment vers cette voix tellement douce qu'elle lui donnait la nausée et lança un regard noir à la jeune femme à côté de lui. Ses lèvres charnues d'un rose vif étaient étirées en un sourire amusé. Ses longs et lisses cheveux d'un noir intense encadraient son visage allongé à la peau nacrée et au petit nez droit. L'assurance et la malice brillaient dans ses yeux en amandes, aux iris aussi noirs que sa chevelure. En somme, elle était belle. Vraiment belle. Trop belle. Certes la beauté était chose commune chez son espèce mais, cette femme avait quelque chose de spéciale que les autres enviaient.

Les professeurs la surnommaient la succube ou la sirène selon l'envie de chacun, tant sa beauté était ensorcelante. Aussi bien pour ceux de son espèce que pour les humains. Elle était d'une grande utilité lors de la chasse aux rebelles car il ne suffisait qu'un seul homme pose le regard sur elle pour être envouté et suivre tous ses ordres aussi futiles soient-ils. Sa beauté était une arme redoutable.

— Oh! Mademoiselle Hermosa, je ne savais pas que ma voix portait si loin. Mais tant mieux, j'espère donc que cela aura suffi à vous perforer les tympans, fit-il sur un ton faussement gentil.

Mademoiselle Hermosa gloussa.

Monsieur Fayène était une exception. La beauté aveuglante de la jeune femme loin de l'envoûter, le dégoûtait. Il détestait le fait de voir la professeure asservir les hommes de cette manière.

— Oh non ! Qu'Ymiris m'en préserve. Je serais si triste de ne plus entendre votre douce voix.

— Moi je serais aussi heureux qu'un Dieu si je pouvais ne plus vous entendre, soupira-t-il, d'ailleurs vous devriez déjà être en classe A si je ne m'abuse. Sur ce je vous laisse.

Cela dit, monsieur Fayène tourna les talons, un faible sourire flottant sur ses lèvres. Parler avec cette allumeuse lui avait permis en quelque sorte d'extérioriser le peu de colère qu'il n'avait pas pu étaler sur le mur.

Mademoiselle Hermosa le regarda s'en aller. Il n'y avait aucun doute, il était bien différent des autres. Elle se devait de le faire succomber. Malgré toutes ses tentatives d'approche, il l'avait toujours froidement repoussée.

Elle se lécha les lèvres. Elle en était sûre, le jeu du chat et de la souris serait bientôt terminé. La jeune femme se dirigea ensuite vers sa salle de cours et y entra un rictus amusé plaquée aux lèvres

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850 mots

En média mademoiselle hermosa.

J'espère que ce chapitre vous aura plu.
Je remercie @winnry parce que sans elle. Je n'aurais pas eu le courage d'écrire.

Un nouveau chapitre cette fois du côté des profs. Des impressions sur nos deux premiers protagonistes ? Des idées sur leurs espèces ?

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