𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 2- 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑒 𝐼𝐼
Dans la forêt cachée de Gold Hill, deux ans auparavant.
Avec lenteur, ses doigts se posèrent sur la marque qui courait le long de la porte en métal devant ses yeux couleur églantine. De larges marques de griffes y étaient découpées. Elles appartenaient à un Alpha. Un long frisson traversa l'échine de Milanca lorsque l'image fugace d'un individu transperça ses iris. Sans un bruit, en fermant les yeux, elle évalua les dégâts en portant son index dans la profondeur de la griffure. Elle avait cette capacité d'identifier les évènements par le toucher. Son souffle devint erratique. Une odeur lui parvint jusqu'aux narines.
Milanca comprit avec rapidité ce qui s'était produit en ces lieux et les personnes qui furent concernées. Son cœur pompait à toute vitesse et ne voulait ralentir aucunement la cadence. Elle devait faire marche arrière et oublier ce qu'elle venait de voir. Autrement, sa tête ne resterait pas longtemps en place sur ses épaules.
Mais déjà, un long rugissement pourfendit l'énorme bâtiment englobant les Circonscrits, sa meute de loups-garous. Puis, un second, un étage plus bas. Tous résonnaient avec une telle force que la jeune femme sentit ses oreilles bourdonner et ses yeux la picoter. L'écho des hurlements atrabilaires, hargneux faisaient trembler le plancher poussiéreux sous ses chaussures. Il était là, si proche. Trop près. Une étrange odeur de sueur et de sang se mélangeait dans l'air, faisant frémir les narines de la blonde. L'odeur nauséabonde l'empêchait de respirer. Il fallait que cela cesse, que tout cesse.
Le bâtiment de sa meute était autrefois un coin de paix où retrouver ses ressources intérieures étaient aussi aisées que de rire avec ses voisins. L'arrivée du bourreau irascible avait renversé le sablier du temps, entraînant malheur et état sanglant pour son entourage. Et tout était de sa faute. S'il était aussi obsessif envers sa meute, c'était à cause d'elle.
Milanca se força à se pencher et avec frénésie, son regard balaya les lieux des yeux, cherchant un refuge. Les acolytes de l'Alpha étaient armés jusqu'aux dents et attendaient avec un délice propice sa venue. Elle s'était volatilisée à leur présence en passant par la porte arrière, mais elle n'aurait pas cette deuxième chance. Pas lorsqu'Il se trouvait à l'intérieur. Il voulait jouer, elle le savait et Milanca n'avait pas de temps à perdre.
Le sol était jonché de meubles en bois, fracassés et complètement inutilisables. Les petites fenêtres du bâtiment étaient ensanglantées de bouts de verre, parsemant les murs et le sol. Certains s'étaient enfuis par ce passage. Elle allait tenter sa chance. Une faible lueur transperçait les lucarnes. Non, elle n'aurait pas la place, elles étaient trop étroites et elle risquait de se blesser. Si elle venait à saigner, il l'identifierait rapidement. Une peur monumentale lui noua la gorge. Ses poings se crispèrent. Le danger était proche. Sa vie était en jeu.
La jeune femme savait qu'il sentait sa présence. Son silence ne pouvait masquer l'énergie qui s'échappait des pores de sa peau, ni les sanglots qu'elle tentait en vain de retenir. Prenant une grande inspiration, elle essaya une énième fois de retrouver son sang-froid et de calmer les battements trop frénétiques dans sa poitrine. La terreur l'empoignait si fort qu'elle ne pouvait résister longtemps. Elle était terrifiée quant à la sécurité de ses meilleurs amis, de Milos, mais aussi quant au sort qu'il lui réserverait s'il venait à la trouver.
Bandant tous ses muscles, prête à amortir un choc, elle aperçut la silhouette plus qu'imposante de Rolan à l'étage du dessous. Il ne l'avait pas encore remarquée. Il lui restait peut-être assez de temps. Ses yeux volèrent de nouveau vers la fenêtre. Elle devait saisir cette chance. L'Alpha rugit encore. Le bâtiment vibra et elle dût se maintenir le bras contre le mur pour ne pas s'effondrer, mais des bouts de verres l'entaillèrent. Non ! La chaleur se répandit rapidement. Elle empestait la sueur et son t-shirt lui collait à la peau. Il allait la trouver.
Alors que la panique la gagnait petit à petit sous les pas lourds qui se rapprochaient, elle aperçut des ordures empilées contre le mur, menant à la salle d'à côté. Elle dégagea ses cheveux dorés de son visage et fonça. Ce n'était pas propre, mais c'était le seul moyen. Le temps de trouver une autre issue, elle devait rester invisible à son odorat.
Frissonnante de dégoût sous la puanteur de ses déchets en décomposition, Milanca ne réfléchit pas longtemps et s'enduit du liquide qui baignait dans les ordures, assez pour effacer toute trace de sa présence. Espérant que cela suffirait pour qu'il ne la remarque pas, elle retint sa respiration. Mais c'était sans compter sur sa puissance.
— Mila, susurra-t-il. Viens me rejoindre.
Les grondements se turent et un silence oppressant prit place dans le bâtiment. Des sueurs froides coulèrent dans son dos. Un rugissement se fit entendre tout proche. La jeune femme se retourna en sursautant, armée de ses poings et aperçus brièvement sa carrure impressionnante, mais déjà, il disparaissait dans la pénombre en lâchant un rire cynique. Il jouait. Elle était sa proie et elle n'avait rien pour se défendre. Plus maintenant.
Il réapparut une nouvelle fois devant elle. Ses boyaux se tordant sous la forme de Rolan, Milanca retint son souffle. Les iris de l'Alpha étaient noires et vides. Il était dans une telle rage qu'il pourrait détruire le repère de la meute. Sa mâchoire de Goliath, monstrueuse, s'ouvrit, laissant échapper un long rugissement sonore. Lorsqu'elle s'abaissa, Milanca eut le temps d'apercevoir ses canines acérées et puissantes. Bien qu'il n'ait pas pris pleinement sa forme de loup, la jeune femme savait que sa force n'égalerait jamais la sienne.
Il avança lentement, ses épaules se balançant d'un côté à l'autre. Les yeux ombrageux, il racla de ses longues griffes le mur à côté de son visage. Le bruit aigu et assourdissant lui vrilla le cerveau, tâchant son esprit d'étoiles noires. Sous la terreur, les yeux de Milanca prirent une teinte couleur poussière de fée lilas. De petites stries dorées peuplèrent ses iris. Dans un ultime mouvement de protection, elle plaça les bras devant son torse et ferma les yeux. Elle attendit la fin.
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