𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 1- 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑒 𝐼

« Nous ne pleurons pas toujours parce que nous sommes faibles, parfois nous pleurons parce que nous sommes forts, courageux et courageux depuis trop longtemps... » Johnny Depp

Capuche rabattue sur la tête, une ombre se déplaçait dans la noirceur de la nuit, se fondant dans les ruelles de la petite municipalité de Gold Hill. Située dans le comté de Jackson en Oregon, la ville qui accueillait l'individu dissimulé n'apportait que lumière lugubre et anxiété au crépuscule.

Les pas se confondaient avec le silence mortel des allées. Le sombre écho d'un souffle saccadé retentissait. Les bruissements se succédaient et la jeune femme en fuite ne réfléchissait pas à ce qui pouvait bien l'attendre, plus loin, sur son chemin. Non, elle était trop tourmentée par ce qui s'approchait avec impétuosité.

De longs cheveux d'or s'échappèrent du capuchon. La nouvelle arrivante avait le dos complètement mouillé, mais ce n'était pas la pluie qui entachait sa veste d'un noir ombrageux. Et l'odeur qui s'en dégageait ferait expulser le déjeuner de n'importe qui, mais pas elle. Elle était prête à l'affrontement et se salir les mains faisaient partie de son quotidien ces dernières semaines. Elle espérait pouvoir s'échapper sans représailles, s'en sortir indemne.

Mais la fugitive ne pouvait nier l'évidence. Se dérober des griffes d'un Alpha relevait du suicide. Et pourtant, elle était là, à s'évader de cet homme à l'aura austère et au cœur de pierre.

Tournant sa tête avec vélocité pour regarder ce qui se produisait derrière, elle ne fit pas attention à l'homme qui l'attendait au coin de la chaussée. Le coup entra violemment en contact avec la tempe droite de la jeune femme et elle s'écroula, assommée. Sa tête contre le bitume froid, ses longs cheveux s'éparpillèrent tout autour de son visage.

— Je pensais que tu aurais retenu la leçon après notre dernière rencontre, Milanca. Tu ne peux lui échapper, ma belle. Mais continue de t'évader, j'adore faire le sale travail. Regarde.

Son agresseur lâcha un rire gras en sortant de sa besace, accrochée autour de sa taille, un long poignard effilé. Il l'avait déjà utilisée contre elle. La douleur dans son dos la ramena à la réalité, lui donnant un goût amer dans le fond de la gorge.

— Galaël, souffla-t-elle.

Il lui lança un sourire effrayant, et repoussant sa tignasse noire de son visage, il contempla Milanca vautrée à ses pieds, les yeux exorbités. L'éclat orangeâtre qui se dégageait de ses iris donnerait des sueurs froides à n'importe qui. Les humains, du moins. Pas Milanca. Elle était habituée à ce phénomène.

Galaël se massa le poignet, une petite grimace discrète ornant sa bouche malicieusement défigurée. Une cicatrice barrait sa joue gauche et transperçait ses lèvres jusqu'à son menton. Milanca la trouva hideuse, surtout en connaissant sa provenance. Elle lui avait infligé cette marque avec une dague faite en argent pure. Même les loups ne pouvaient résister à ces métaux.

— Je crois que je préfère le rendez-vous où j'ai écorché ta sale caboche, scanda-t-elle dans un mouvement de rébellion alors qu'elle pointait son visage.

En retour, Galaël se pencha pour lui régler son compte. Il maîtrisa ses jambes par un pincement bien placé contre son artère, lui arrachant un gémissement de douleur, et il aplatit sa main contre ses cheveux, relevant le visage de la jeune femme à sa hauteur. Sur le point d'amorcer une parole cinglante à son adresse, elle se débattit et propulsa sa figure contre celle de son ennemi. Le choc lui fit voir des étoiles. Mais Galaël n'était pas en reste. Desserrant sa poigne sur sa chevelure dorée, Milanca en profita pour balancer un uppercut dans sa mâchoire. Ses jambes tremblaient alors qu'elle se relevait, mais si elle voulait avoir le temps de fuir, il fallait qu'elle enchaîne. Le coup de genou qui valdingua contre la gorge du brun lui arracha un grondement féroce. Galaël s'effondra comme une masse sur le sol.

Reprenant sa course effrénée, elle ne s'immobilisa qu'à un arrêt d'autobus, pour monter à bord et s'éloigner le plus possible de cette horrible ville. Il faisait sombre dehors et distinguer les individus à bord du transport en commun s'avérait difficile. Les yeux plissés, elle aperçut une dizaine de passagers. Le regard fixe d'un adolescent la mis mal à l'aise. Sa tempe lui chauffait et elle imaginait bien l'hématome qui devait recouvrir sa peau. Et l'éclat de ses yeux pouvait paraître étrange aux yeux de n'importe qui. La capuche rabattue, la blonde se détourna pour observer une dernière fois ce qui l'entourait.

Les petites maisons et fortifications délabrées de son quartier se multiplièrent sous ses yeux roses, jusqu'à ce que l'autocar rejoigne l'autoroute. Elle ne mettrait plus jamais les pieds là-bas, son ancien chez-soi.

Dans un soupir tremblant, Milanca, après avoir lorgné une dernière fois les individus dans son périmètre de vision, se permit de fermer les yeux. Pour quelques secondes, pas plus. Et les bras de Morphée s'emparèrent de sa personne pour l'entraîner dans un cauchemar aux images terrifiantes de sang et de sanglots étouffés. Ce n'était pas le fruit de son imagination. Et du cruor s'écoulant de sa colonne vertébrale, la tête contre la vitre, le visage endormi, l'insoumise ne pouvait qu'une fois de plus rejoindre les morbides souvenirs de son passé.

La fuite était tout ce qui lui restait. En plus de ses agresseurs qui la traqueraient sans fin. Ses yeux papillonnèrent dans son sommeil et une sueur froide glissa le long de son front. Ils la poursuivraient inlassablement. Et aussi lâche que cela puisse paraître, elle continuerait de se soustraire de leurs griffes.

Le poids du regret se posait déjà sur ses frêles épaules. Il n'y avait plus que sa personne et cette chose qu'elle garderait sous muselière en elle. Sa force serait arrachée par ses propres mains, car le risque était trop grand. Elle devait rester normale, se fondre dans la masse. Intégrer le monde des humains.

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