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Elle

15:00.

Les jours avaient mes 18 ans rétrécissait et je n'étais pas vraiment impatiente d'arriver à ce jour là.

Je n'avais rien prévu avec personne et j'aurais juste voulu le passer avec Justin ou Ella, à l'époque où ils avaient encore de la considération envers moi.

Mais tout avait changé. Et c'était bien dommage.

En même temps que mon anniversaire approchait, les examens aussi, et je ne savais pas si j'étais prête, malgré le rythme accéléré que j'avais entamé en faisant des cours à domicile.

Mais je savais que psychologiquement les choses s'arrangeaient. Les séances de psy que je faisais étaient bénéfiques pour moi, et je ne remercierais jamais assez mon père pour m'avoir donné la chance de pouvoir en faire.

Certes les problèmes ne partaient pas, mais je reprenais déjà le contrôle de mon cerveau et j'avais abandonné toutes les tentatives de suicide possible.

C'était encore très dur pour moi et je savais que je ne pourrais pas retourner au lycée après tout ça, mais j'avais le sentiment qu'à présent, j'avais le contrôle des choses.

Et j'avais le sentiment que tout pourrait s'arranger. Pas totalement tout, mais une bonne grosse partie des choses.

J'attendais ce jour-là la psychologue, à qui j'avais enfin pu donner un nom en dehors de « madame ». Je l'appelai désormais Jena. C'était assez simple comme prénom, beau.

Nous avions d'ailleurs parler de mon harcèlement et elle m'avait donné pleins de conseils à propos de ça, et ça m'aidait.

J'avais terminé mon cours de la journée. Mon père était en voyage pour deux petits jours et devrait revenir assez rapidement, l'idée de me laisser seule à la maison ne l'enchantait plus trop.

Nadia était quant à elle allée travailler. Je m'occupais comme je pouvais en revoyant le cours que je venais de rattraper.

On sonna subitement à la porte. J'avais une facilité de communication avec les personnes de l'extérieur plus simple à présent.

Quand j'ouvris, je fus agréablement surprise de voir Manuel. Il m'avait manqué, même s'il n'avait pas été très sympa à l'égard de Justin.

Mais sa présence n'était pas toxique pour moi, après tout ça j'avais bien besoin de voir une personne comme lui.

Je lui sautai au cou, il enroula ses bras autour de mes hanches.

-Comment vas-tu Sofia? Ça fait vraiment longtemps putain, dit il en rentrant avec moi, ne coupant pas notre étreinte.

-Je suis tellement contente de te voir si tu savais, dis je en me serrant un peu plus contre lui.

-Moi aussi, dit il.

Nous coupâmes l'étreinte. Je le regardai dans les yeux, il m'avait tout simplement manqué.

-Qu'est-ce que tu fais ici ?

-Je venais te rendre visite, ça me fait du bien de venir voir les personnes auxquelles je tiens, dit il. Et je tenais aussi à te remercier pour ma mère, dit il.

-Pourquoi tu me remercies? J'ai tardé avant d'aller avouer que c'était Bryce qui avait tenté de la tuer...je ne suis pas une personne à remercier.

-Tu as eu le courage de le faire, c'est le plus important, vaut mieux tard que jamais, dit il en relevant ma tête vers lui avec ses doigts.

Je lui souris timidement.

-En tout cas là il est en garde à vue et il refuse de parler. Ce qui est sûr c'est que les policiers sont revenus sur l'affaire de la mort de mon père et qu'il semblerait qu'il ait peut-être un lien là-dedans. En tout cas s'il a tué mon père. J'espère qu'il prendra cher, très cher.

-Oh...dis je un peu choquée. Et ta mère ? Comment elle va?

-Écoute elle va mieux, elle s'en sort et le fait que ce connard soit en prison la rassure, dit il. Et toi? Tante Nadia m'a dit que ça n'allait pas très fort ces derniers temps.

-C'est vrai, ma rupture avec Justin, puis ça, et puis je n'arrive même plus à aller au lycée parce que...c'est trop dur...

-Attends tu es vraiment comme ça à cause de ce connard ?

Je le regardai dans les yeux puis me mis à pleurer. Il me prit dans ses bras en caressant mon dos.

J'étais donc contrainte de tout lui expliquer. Et c'est ce que je fis.

Je lui avais tout raconter à part le viol, c'était trop dur pour moi. Il me regarda droit dans les yeux.

-Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?

-Attends? Tu penses vraiment que j'avais la force d'en parler à quelqu'un ? C'était beaucoup trop dur Manuel...mais maintenant je vois une psy et tout va mieux, enfin presque.

-Je suis vraiment désolé pour toi, j'aurais dû être là mais...

-Ce n'est pas de ta faute, le coupai je.

Il acquiesça vaguement en se détachant de moi.

-Bon, je vais m'en aller, je reviendrais sur LA cet été, prends soin de toi, et joyeux anniversaire en avance.

-Merci, dis je simplement.

-Je t'enverrais ton cadeau très bientôt, dit il.

Je souris puis fermai la porte. Je soufflai derrière cette dernière. A qui devrais je encore expliquer toute cette histoire? Mon cœur me disait à Justin mais je n'en étais pas aussi convaincue.

Je décidai de ranger un peu avant que Jena arrive. Ce n'était pas le moment de me laisser aller en repensant à toute cette histoire qui avait duré déjà un mois et demi.

On sonna à la porte et je pouvais jurer que c'était Jena. Et j'avais raison.

Elle me sourit et entra dans la maison.

-Bonjour Sofia, comment vas tu ?

-Bien et vous?

-Bien aussi. Ton père n'est pas là ? Dit elle en observant les alentours.

-Non, il est en voyage, dis je.

-Parce que j'ai reçu un message de la principale qui concerne ton père.

-Ah bon? Dis je en la questionnant du regard. Et quoi exactement ?

-Il te le dira dès qu'il pourra, dit elle en envoyant un message de son téléphone.

-Très bien, dis je. Bon on monte?

Elle accepta et nous montâmes pour nous mettre en place et pouvoir commencer.

-Bon alors, aujourd'hui on va parler d'un dernier sujet très sensible, il ne nous reste que deux séances en dehors de celle là et j'aimerais faire un débriefing de toutes nos séances à la fin, je veux juste te prévenir que si tu as besoin de moi je serais toujours présente.

J'acquiesçai.

-Bon, tu es prête ?

-Oui.

-Alors allons-y, parles moi de ta relation avec Justin.

Je respirai de plus en plus irrégulièrement. Cette putain de relation.

Ça n'allait pas être simple mais j'avais dit que j'étais prête et j'aurais dû me dire qu'elle allait parler de Justin.

-Avec Justin c'était...la première fois, dis je tout d'abord.

-La première fois que?

-La première que tout. Que je tombais amoureuse, que j'aimais quelqu'un d'autre que mes proches et d'une façon différente, la première fois que...j'ai senti ce que c'était d'être aimé par un autre homme que son père.

-Continues...

-Justin était un élève populaire au sein du lycée et tout ce qui tournait autour de lui ne m'intéressait pas du tout, mais vraiment pas du tout. Et il a fallu qu'un jour on me demande de lui donner des cours de soutien.

-Tu as accepté ?

-Pas au début, je ne voyais pas du tout pourquoi je devrais l'aider, mais je l'ai fait parce qu'on m'y a obligé. Et je ne regrette pas.

Elle me regarda en souriant. Je lui souris en retour. Je devais avouer que Justin et moi était la meilleure chose qui m'était arrivé dans ma vie.

-Au début c'était chaotique, on ne s'entendait pas et on ne faisait pas l'effort de le faire, puis on a compris, après ordre la principale, qu'on devait apprendre à se connaître, dis je en jouant avec mes doigts, un sourire aux lèvres. Alors on a appris à se connaître, de la marinière normale...

Je marquai une pause avant de reprendre ma respiration.

-A la manière la plus...effrayante et excitante?

Je pensais à toutes ces fois où j'avais dû porter une écharpe pour cacher les suçons de Justin.

Et quand j'y pensais, je ne voyais vraiment pas comment nous avions réussi à faire tout ça si nous n'avions tous les deux jamais eu de rapport avant l'un et l'autre.

-C'était gênant parce que je voulais que les gens sachent pour nous deux, enfin ce qu'on faisait, parce que ça ne comptait pas pour moi, c'était sous le coup de...putain j'arrive pas à trouver mes mots mais  en tout cas quand nous étions confrontés baux regards de l'autre, c'était comme, incontrôlable. Et le pire, c'est quand j'ai appris pour la maladie de Justin. J'avis cette envie de le préserver, le plus possible. Et je l'ai compris quand on s'était embrassé pour la première fois, j'ai compris que j'étais en train de tomber amoureuse de lui, puis tout est aller trop vite, sa famille m'a vite adopté puis, on s'est mis ensemble et j'ai compris que pourrais faire tous les sacrifices possibles pour qu'il ne meurt pas, pour ne pas le voir partir comme ma mère est partie.

Les larmes voulaient couler et ça devenait peu pratique pour moi. 

-Je l'ai aimé, de tout mon cœur, je suis tombée amoureuse pour la première fois de ma vie et j'ai aimé l'être parce que c'était aussi magique que l'expérience de mon père avec ma mère. Et puis Justin était quelqu'un de réellement bien, je savais que je serais heureuse avec lui, sauf que toute bonne chose à une fin, et que j'ai très, très mal digéré notre séparation. Il me l'avait dit avec tellement de franchise, sans raison d'ailleurs, à part peut-être le fait qu'il parte. Et ça m'a blessé parce que j'avais l'impression de ne plus lui convenir alors que j'aurais pu donner ma vie pour qu'il garde la forme malgré la maladie, je n'ai pas compris pourquoi ça s'est passé comme ça. Je ne peux plus avoir de nouvelles de lui, je ne sais pas comment il va, si son traitement n'est pas trop dur pour lui, rien. 

Mes larmes coulaient en abondance. 

-Et aujourd'hui encore je dois l'avouer, j'aime encore Justin, et il me manque horriblement. S'il pouvait juste revenir, c'est tout ce que je voudrais, la seule présence de Justin me comblerait totalement, même si je me suis faite violée, même si j'ai assisté à un meurtre, même si j'ai perdu Ella, même si je me suis faite harceler, j'ai juste besoin de Justin en ce moment même. 

-Et comment penses-tu pouvoir régler tout ça?

-En lui parlant, en ayant au moins juste les raisons qui l'ont poussé à me quitter, et là j'arriverais peut-être à me faire une raison, mais juste pouvoir lui parler, seul à seul.

-Justin sait que tu t'es faite violer le soir de son anniversaire?

-Non, et je n'ai clairement pas le courage de le lui dire, vu qu'il souffre déjà de la mort de son meilleur ami, j'aurais d'ailleurs peut-être jamais le courage de le faire. 

-C'est bête, il faut que tu lui dises.

-Je sais mais...

Je retins mes larmes mais c'était trop intense pour tenter de les arrêter. Je me remis à pleurer, mais cette fois ci Jena me prit dans ses bras. 

-Je sais que c'est dur, la première rupture est toujours la plus douloureuse, surtout quand ça avait marché, et crois moi, je sais de quoi je parle. Mais si je peux te donner un conseil, c'est qu'il faut savoir passer à autre chose dans la vie, et tu dois pouvoir tourner la page, même Justin apparaîtra comme la première page de ton livre, voire même la couverture, mais crois moi, avec le temps, tes sentiments se dissiperont, tu arriveras à les surmonter, même si ça a été ton premier amour. 

J'acquiesçai en continuant à pleurer. 

-Et si tu veux des réponses, écris lui, si à l'oral ça ne fonctionne pas, à l'écrit il ne pourra pas te raccrocher au nez, dit elle. 

-D'accord, dis je entre deux sanglots.

-Allez, ça va aller...

Elle frotta sa main contre mon dos en me susurrant de douces paroles dans mes oreilles. Et ça pendant un long moment. 

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