Lui

11:30.

-Attends Justin mais tu n'es pas sérieux là? Dit mon père.

-C'est bon quoi, je vous demande pas la lune, marmonnai je.

-Attends t'as le culot de dire ça alors qu'on avait déjà du mal à payer la chimio? Justin mais qu'est-ce qui t'arrive non d'un chien ?!

-C'est bon je demande juste un nouveau téléphone c'est rien de ouf !

-Et on peut savoir comment l'ancien s'est cassé?

Je soufflai en roulant des yeux. Je l'ai fait éclaté contre la porte, et puis quoi encore...

-Vous savez quoi? Je vais m'en passer.

Ma mère m'appela pour que je reste dans la pièce mais je repartis vers ma chambre. Comment dire que la dernière nuit avait été infernale pour moi.

J'avais cogité toute la nuit sur cette photo, et ce n'était même pas le numéro qui me l'avait envoyé qui m'intriguait, c'était la photo en elle-même.

J'avais voulu croire que c'était un photoshop ou un truc du style, mais elle paraissait trop réaliste pour que ça soit un montage, ou bien ça devait être un montage très bien élaboré.

Je ne pouvais pas croire qu'ils étaient capables de me faire ça, tous les deux. et je ne savais pas ce qui était pire, être encore amoureux d'une meuf qui m'avait rendu cocu, ou pleurer un mec qui m'avait trahi, foutant en l'air 15 ans d'amitié.

Quoiqu'il en soit, je leur en voulais, vraiment beaucoup. Et puis tout me soulait, je devais me détendre un peu, du moins évacuer ma colère.

Je m'habillai et décidai d'aller voir Karim, mon confident numéro 1. Mes parents me virent passer et me demandèrent où j'allais mais je n'eus pas l'amabilité de leur répondre.

J'avais au moins de quoi me payer un taxi, c'était suffisant. Je sortis du bâtiment et pris le premier tai que je vis, lui donnant l'adresse de mon hôtel, j'arriverais mieux à me repérer de là.

J'arrivai assez rapidement. Je payai puis descendis. J'arrivai dans le restaurant. Je m'installai à ma place habituelle. Je fis semblant de lire la carte, quand Karim vint vers moi.

-Salut Jay, dit il.

-Tu me donnes déjà des surnoms, dis je amusé.

-T'es un pote pour moi maintenant, tu préfères que je t'appelles « monsieur » ? Ou « cher client » ?

-Ouais Jay ça me convient plus, affirmai je.

-Qu'est-ce qui t'amènes aujourd'hui?

-J'ai besoin de parler...

-Qu'est-ce qui ne va pas? Tu avais l'air d'avoir réglé tes problèmes avec tes parents, dit il.

-Disons que c'est plus compliqué que ça, maintenant ils veulent absolument que je m'explique par rapport à Sofia.

-Je ne pourrais pas dire qu'ils ont tort de te le demander, dit il embarrassé.

-Ne prends pas leur défense, dis je. T'es censé m'aider. Mais c'est pas tout, j'ai reçu une photo de Sofia me trompant avec Jacques...

-Mais comment tu peux être sûr que c'était elle? Enfin je veux dire qu'est-ce que tu voyais sur la photo?

-C'était simple : un cul pénétré par une bite, la main de Jacques tatoué que je pouvais reconnaître parmi mille vu que je connaissais tous les tatouages qu'il portait sur son corps sur le cul de la potentielle fille qu'il se tapait, les cheveux blonds de Sofia et la robe qu'elle portait le soir de mon anniversaire, contre la portière d'une voiture qui était celle de Jacques.

-Mais tu sais qui t'as envoyé cette photo? Je veux dire c'est peut-être un photoshop ou quelques choses du style, tu ne peux pas être sûr...

-Bon je connais quand même mon ex et mon ex meilleur ami mieux que n'importe qui, je suis capable de les reconnaître sans même les voir, et puis crois moi la photo était beaucoup trop réaliste pour que ça soit une photo montage...en tout cas ça m'aura couté mon téléphone.

-Comment ça?

-Je l'ai balancé contre la porte de ma chambre, faute de m'être trop énervé. Mes parents ne m'en rachèteront pas un avant longtemps alors je vais devoir me débrouiller, dis je. Mais j'ai pas pu dormir cette nuit, je cogitai trop, et j'étais limite en train de chialer, je me sentais tellement con de ne pas l'avoir remarqué plus tôt, et ça me rend fou parce que je suis encore amoureux de Sofia malgré tout.

-Cette histoire est quand même bizarre : tu reçois une photo de ton meilleur pote et de ton ex, par un numéro inconnu, comme ça, sans aucune légende ni rien, un soir banale, et puis c'est tout. Tu ne trouves pas ça étrange?

-Etrange ou pas, elle m'a trompé, et je ne supporte pas être pris pour un con de première division, avouai je. Puis ce qui me sort encore plus de moi, c'est que non seulement elle m'avait dit qu'elle m'aimait quelques heures avant, mais en plus Jacques fout 15 ans d'amitié, après une dispute qui soit a dû le perturber, mais ce n'est pas une raison pour...putain.

J'étais hors de moi, j'avais envie de pleurer, gueuler, de tout casser. Mes sentiments n'étaient même pas dans un ordre concret. Ce qui était sûr c'est que je ne voudrais plus jamais entendre parler de Sofia, parce qu'au final, ma première relation était un total échec, et que j'aurais mieux fait de ne jamais tenter quoique ce soit avec elle.

Je regrettais tout ce que j'avais pu faire avec elle, elle me dégoûtait à l'heure qu'il était.

-Je suis vraiment désolé pour toi mec, je sais que ça doit être dur, c'était la première fois et tu sais parfois la première n'est pas la bonne, et elle en est la preuve...

-Elle n'aurait pas dû l'être...

-Mais regarde le bon côté des choses, tu as partagé pleins de trucs avec elle et c'est beau ça, peut-être que le côté tromperie n'est pas le meilleur, mais tu auras été heureux malgré ta maladie.

Il avait raison. Elle m'en avait fait vivre de bon moment cette conne, plus particulièrement les week-ends qu'on passait chez elle ou chez moi...mais j'étais forcé d'oublier tout ça, parce que je lui en voulais.

-Et pour ton pote, maintenant il est mort, mais souviens toi qu'en dehors du fait qu'il se soit fait ta meuf, lui aussi a toujours été là, et c'est la plus belle des choses ça, dit il.

-Oui c'est vrai, t'as raison Karim.

-Maintenant essaies de tout recommencer, de tourner la page petit à petit et de passer à autre chose, ça va être dur mais je sais que tu en es capable.

Je lui souris faiblement, du moins il fallait que mes proches m'aident en ne parlant plus ni de Sofia, ni de Jacques.

...

Je rentrai près quelques heures à l'extérieur à trainer de gauche à droite. La maison était bizarrement calme, alors je ne perdis pas de temps pour aller directement dans la cuisine prendre quelques choses à manger.

Je bus dans la bouteille de Pepsi, me foutant de qui était passé avant même si je savais que je ne devais pas risquer de choper une autre maladie en plus de la mienne. Je pris une boite de pain au chocolat (une réussite de ce pays) et m'en allai vers ma chambre.

Je pris l'ordinateur et me mis à regarder une série pour faire passer le temps, je voulais faire le vide après avoir trop réfléchi par rapport aux derniers événements. Ca me soulait de souffrir et je voulais juste n'en avoir rien à foutre au moins une fois dans ma vie.

J'étais aussi très fatigué donc mes yeux ne tardèrent pas à se plisser tout seul. Je fus réveillé par des petites voix venant du couloir. Jazmyn et Jaxon, évidement.

Jazmyn se permit d'entrer dans la pièce. Elle vint s'installer dans le lit avec moi.

-Bonjour Justin, dit elle en embrassant ma joue.

-Bonjour princesse, dis je en souriant.

Elle était vraiment la fille qui m'apportait le plus d'amour après ma mère, mais c'était avec elle que j'avais le plus envie de parler en ce moment.

-T'as fait quoi aujourd'hui?

-Oh je suis sorti un peu, mais rien de spécial. Et toi à l'école?

-Ca s'est vraiment bien passé, mes amies françaises sont trop gentilles avec moi, en plus c'est bientôt mon anniversaire donc je pourrais les inviter à la maison, c'est maman qui me l'a dit.

Les anniversaires de petite fille, ma phobie.

-Oh c'est bien, je suis content pour toi, d'ailleurs tu veux quoi pour ton anniversaire.

Elle ne dit rien et fixa l'écran avec moi. Elle n'avait pas l'air de vouloir me le dire.

-Jazmyn? Demandai je.

-Quoi? Dit elle.

-Qu'est-ce que tu veux pour ton anniversaire ?

-Tu ne voudras pas, dit elle sans même me regarder.

-Mais si, dis toujours, je ferais tout ce que je peux pour que tu sois heureuse.

-Je veux que Sofia soit là à mon anniversaire.

J'écarquillai les yeux.

-Et si tu refuses qu'elle soit là, je te bouderais toute la vie, me dit elle en me regardant droit dans les yeux.