76
Elle
Heure inconnue.
Je me réveillai difficilement, même choquée d'être encore vivante.
Je ne me souvenais pas très bien de ce qu'il s'était passé après que je me sois lancée dans les roues de la voiture.
Je vis mon père et Nadia autour de moi, ainsi qu'un médecin. Merde, j'étais à l'hôpital.
J'avais donc raté ma tentative de suicide. Mais n'était-ce pas une bonne chose au final?
Je n'en savais rien, mais maintenant que j'y étais, je ne voulais pas en sortir car dehors trop de problèmes m'attendaient.
Ils avaient l'air soulagés.
-Comment vous sentez vous mademoiselle Jamora ? Demanda le docteur.
Je mis du temps à répondre. Comment me sentais je réellement? J'étais sous perfusion, et j'avais une douleur à la tête ainsi qu'aux côtes et au poignet gauche.
-Plutôt, bien? Dis je peu sûre de moi.
-Bon, vous vous rappelez de qui vous êtes ? Demanda-t-il.
-Sofia Jamora, 17 ans, fille de James Jamora, colonel dans l'armée américaine, je vis à Los Angeles, avec mon père et sa meilleure amie, Nadia et...
-Parfait, vous vous souvenez de ce qu'il s'est passé avant que vous vous retrouviez ici ?
Je déglutis.
-Je me suis jetée dans les roues d'une voiture...
-Vous avez tenté de vous suicider...
Je baissai la tête sans regarder les personnes autour de moi. Oui, et j'avais échoué.
-Bon écoutez colonel, votre fille a l'air d'aller bien, physiquement elle a une côte endommagée, le poignet foulé et quelques égratignures sur le visage mais cela devrait disparaître avec quelques pommades, et elle a aussi une forte doses d'alcool dans le sang qui devrait disparaître d'ici quelques heures avec les perfusions qu'on lui a mis, mentalement aussi, mais vous devriez je pense discutez avec elle, je repasserais plus tard pour voir si l'état de votre fille s'est amélioré.
-Merci docteur, dit mon père.
Il ferma la porte derrière lui. Il était temps que je m'explique.
-Chérie...pourquoi? Dit mon père les larmes aux yeux.
C'était l'une des seules fois où je voyais mon père pleurer devant moi.
-James ressaisies toi, elle va bien, dit Nadia en posant sa main sur l'épaule de mon père. Explique nous s'il te plaît Sofia, insista Nadia.
Je soupirai. Je n'avais plus le choix à présent.
-Je vous ai dit pour le viol...commençai je.
Ils levèrent les yeux vers moi en acquiesçant.
-Et je vous ai dit que je me suis disputée avec Ella...eh bien depuis quelques semaines, je suis victime de ce qu'on peut appeler harcèlement scolaire, voire même sexuel...c'est vraiment horrible pour moi...au début, c'était juste un garçon qui profitait de ma rupture avec Justin, puis comme je lui ai résisté, il a persisté, et il a voulu se venger, alors il a demandé à ses amis de l'aider. Et ça aurait été la plus lente et douloureuse descente aux enfers de ma vie. Ils m'envoyaient des messages déplacés, même dans les transports pour aller au lycée c'était pareil, puis des photos ont commencé à sortir sur les réseaux sociaux, des photos où ils me touchaient les fesses...et que je n'arrivais pas à me défendre, expliquai je en baissant les yeux. Des photos ou je me changeais avant le cours de sport. Ils disaient qu'il me les fallait tous, que j'étais qu'une chaudasse, que j'en avais que pour les mecs, et j'encaissais sans me dire qu'au fond, ça me faisait pire que mal.
Je marquai une pause. Je jouais avec mes doigts en regardant les draps blancs devant moi.
-Jaden m'a dit qu'il fallait que j'en parle à quelqu'un, d'ailleurs c'était mon seul soutien, mais ça fait un moment qu'il ne vient plus au lycée. Ella m'a proposé de m'inscrire a la journée contre le harcèlement pour que j'y dépose mon témoignage, mais j'ai paniqué, je me suis dit que ça ne servirait à rien. J'avais besoin de réconfort et comme je me disputais sans cesse avec vous j'ai voulu en trouver auprès de Justin, parce que je suis encore amoureuse de lui et que je pensais pouvoir compter sur lui pour me réconforter, mais il n'a même pas cherché à savoir pourquoi je l'appelais et il a bloqué mon numéro. C'était beaucoup trop dur pour moi d'encaisser un viol, une rupture, une dispute avec sa meilleure amie, le harcèlement... je n'ai plus me confier qu'à maman au final...
Mes larmes coulaient abondamment sur mes joues.
-Ce qui m'a poussé à en finir, c'est quand ils sont entrés dans les toilettes des filles et qu'ils m'ont tripoté tout en filmant et en riant. C'était tellement...
Je fus coupée par mes émotions. J'en avais marre. Rien que d'y penser ça me rongeait et j'avais honte parce que j'avais l'impression d'être considéré comme un objet aux yeux des autres.
-Et tes résultats ? Demanda mon père en posant sa main sur la mienne, ses yeux baignant dans les larmes.
-J'ai arrêté de travailler, de toute façon je n'y arrivais plus et j'étais perdue, j'avais perdu l'envie de réussir pour avoir un avenir.
-Et l'alcool ? Demanda Nadia tout aussi émue et choquée que mon père.
-Je me suis noyée dedans, c'était comme le seul refuge que j'avais, c'était trop dur alors je me disais que peut-être que l'alcool allait jouer son rôle. Et j'avais eu tord...
Ce fut un moment émouvant, nous versions tous des larmes. Et bizarrement, je me sentais mieux d'avoir tout avoué à mes proches.
-Je sais que je n'aurais pas dû vous le cacher mais comprenez moi, j'avais pris peur, j'étais dans ma bulle, tout se refermait sur moi et c'était invivable.
-Tu aurais dû nous en parler, nous sommes là pour t'écouter Sofia, tu vois où est-ce que ça t'a mené ? Dit mon père ne pouvant calmer ses émotions. Mais je n'en te veux pas chérie, si tu savais à quel point ça m'aurait fait mal de te perdre, dit il en serrant mes mains.
-Et ne t'inquiètes maintenant, tout est fini, on va régler tout ça, on te promet que tu ne souffriras plus, dit Nadia.
Je baissai la tête. Il y avait une information importante que je devais leur soumettre.
-Ce n'est pas tout...
Ils me regardèrent, cherchant le détail important que je me forçais à dire.
-C'est Bryce qui a essayé de tuer la mère de Manuel, je l'ai vu de mes propres yeux et je n'ai rien osé dire à la police parce que j'avais pris peur...réussis je à dire.
Leurs visages se décomposèrent. Ils n'arrivaient pas y croire. Pourtant, c'était bel et bien Bryce qui avait fait ça.
...
11:30.
Cela faisait maintenant quelques jours que j'étais sortie de l'hôpital. J'avais un plâtre au poignet gauche et quelques pansements sur mon visage ainsi qu'un bandage autour de la taille mais je m'en sortais plutôt pas mal.
Je n'étais pour l'instant pas retourner au lycée, je n'en avais aucune envie et je préférais d'abord rester chez moi.
Je n'avais pas osé ouvrir les réseaux sociaux, de peur de voir des choses que je ne supporterais pas dessus.
J'essayais de me reconstruire, ce n'est pas en regardant des vidéos de moi que les gens partageaient que j'allais réussir à le faire.
J'entendis toquer à ma porte alors que je lisais tranquillement. Je permis à la personne d'entrer.
C'était mon père. Je m'étais réconciliée avec lui et m'étais excusée pour toutes les choses que j'avais pu lui dire. J'aimais mon père et si je pouvais au moins le garder lui, c'était déjà l'essentiel.
-Comment tu vas mon bébé ? Demanda-t-il timidement en avançant dans la pièce.
-Plutôt, bien? Je lis un livre pour le vider l'esprit.
-Tu es prête ? Me demanda-t-il en s'asseyant sur mon lit.
- Oui, affirmai je.
-Tu sais, si tu as peur on peut leur demander de venir directement à la maison, me proposa-t-il.
-Non. J'ai déjà fait assez reculer l'enquête comme ça, je dois me déplacer et témoigner contre Bryce, dis je d'un ton déterminé.
-C'est comme tu veux, en tout cas nous partons dans quelques minutes donc enfiles tes chaussures et ta veste, dit il.
-Très bien, dis je.
-J'ai parlé avec la principale de ton lycée, de ce qu'il s'est passé pour toi,
-T'as fait quoi ? Demandai je en fronçant les sourcils.
-Il fallait que j'en parle Sofia.
-Mais je ne voulais pas que ça se sache, rétorquai je.
-J'ai fait ça pour toi chérie, et je ne l'ai dit qu'à la principale.
Je soupirai. De toute façon elle devait être d'une façon ou d'une autre au courant vu qu'on devait régler ce problème.
Une deuxième personne toqua à ma porte. Je permis à la personne d'entrer et Nadia fit son apparition dans la chambre.
-Une personne aimerait te parler Sofia, dit elle.
Je fronçai les sourcils voulant savoir qui ça pouvait être. Elle comprit et fit signe à quelqu'un de venir.
-Je pense que Jaden a des choses importantes à te dire, dit elle.
Je fus stupéfaite de le voir la. Déjà comment avait il eu mon adresse? Et qu'avait il de si important à me dire après plus d'une semaine d'absence?
Il entra timidement et mon père et Nadia sortirent.
-Salut, dit il.
-Salut, dis je. Ça va? Ça fait longtemps.
-Ouais, c'est vrai.
-Que t'est il arrivé ?
-Longue histoire : j'ai dû passé 6 jours à l'hôpital puis je me sentais pas de revenir en cours...j'ai été victime d'une intoxication et ça a été très dure pour moi vu que je suis asthmatique de base, et que je pensais mes problèmes respiratoires loin derrière moi, et pourtant...
-Oh...je...je suis désolée mais ça va ?
-Oui oui, beaucoup mieux, et toi? J'ai appris ce que...
-C'est pas facile tu sais...
-Nadia m'a expliqué ce qu'il s'était passé, mais c'est devenu aussi grave que ça ?
-Au point où j'en suis arrivée, je pense. Je souffrais plus du fait que de 1 ce que je vivais quotidiennement au lycée, de 2 de ma rupture avec Justin et du fait qu'il ne veuille vraiment plus rien avec moi, sans même me donner d'explications, et puis il s'est passé tellement de choses depuis qu'il est parti, je ne savais pas que ça irait aussi loin et j'avais eu l'impression de ne plus avoir le choix...
-On a toujours le choix Sofia...
-Pas dans la situation où j'étais...et j'ai encore des envies suicidaires à l'heure actuelle, parce que je ne sais pas comment je vais continuer, si j'aurais encore la force de repartir au lycée après tout ce qu'il s'est passé...et puis le lycée me rappelle Justin et...
Je me mis à pleurer. C'était beaucoup trop dur de parler de Justin, et j'en étais consciente.
Et contre toute attente, Jaden me prit dans ses bras. Il me serra fortement contre lui, me demandant d'arrêter de pleurer.
-Inscris toi à la journée contre le harcèlement, dit il.
-Non ! Dis je en me détachant brusquement de lui.
-Hey ! Tu ne crois pas que tu as un témoignage à apporter? Si tu le fais tu cesseras de pleurer, tu seras déjà plus libre intérieurement et les personnes qui t'ont fait du mal pourront payer, dit il.
-Ce n'est pas d'une vengeance que je veux, mais juste cesser de souffrir et puis...
-Et puis quoi Sofia?
-Justin me manque, dis je en me remettant à pleurer.
Il me serra à nouveau dans ses bras. J'avais tellement l'impression d'avoir du soutien. Et ses câlins me rappelaient terriblement ceux de Justin. J'avais besoin de le revoir, coûte que coûte.
-Je ne peux rien faire pour toi à ce stade là, tu as essayé de l'appeler ?
-Il m'a raccroché au nez, et m'a bloqué.
-Oh putain... soupira-t-il. En tout cas prononce ton témoignage lundi pour te libérer de ce poids qui hante tes pensées, c'est un conseil Sofia, dit il en se détachant complément de moi. En tout cas tu as beaucoup trop souffert ces derniers temps et tu as le droit à une trêve, comme tout le monde.
Je lui souris timidement.
-Merci Jaden, dis je.
- Pas de quoi, dit il.
Il sortit de ma chambre et je sortis à mon tour. Je descendis et arrivai face à ma famille.
-C'est bon? Demanda mon père.
-Je suppose, dis je.
-Alors allons y, dit il.
Je vis que Nadia ne se levait pas pour nous accompagner.
-Tu ne viens pas avec nous? Demandai je.
-Non j'ai des choses à faire, dit elle comme gênée. Mais ne t'inquiètes pas, tout ce que tu auras à faire, c'est raconter toute la vérité aux policiers, et tu seras complètement sereine après, dit elle en posant ses mains sur mes joues.
Je lui souris timidement. Tout ce que j'avais à faire, c'était témoigner.
...
08:50.
Nous étions arrivés devant le lycée. Je n'avais pas du tout envie d'y remettre les pieds, trop de mauvais souvenirs s'entassaient et c'était devenu un lieu traumatisant pour moi.
Cela avait été une guerre totale entre mon père, Nadia et moi pour me faire remettre les pieds au lycée.
Et j'avais finalement cédé, même difficilement. Mon père avait été contraint de m'y accompagner.
J'étais anxieuse, qu'allait il se passer maintenant?
J'étais aussi inquiète car j'avais tout avoué à la police et que je ne savais pas ce qui allait se passer pour Bryce, et j'en avais peur.
Mon premier objectif était de ne surtout pas me faire remarquer. Mon deuxième était de ne pas penser à Justin, car si je pensais à lui je ne réussirais pas à contrôler mes sentiments.
Mon père tenait le volant fermement et s'était garé devant le lycée mais à l'abri des regards.
-Ça va aller ?
-Je sais pas...j'aurais pas dû venir.
-Tu veux attendre le sonnerie?
-Je pense que c'est mieux.
-Allez ça va aller, tout va bien se passer.
J'inspirai et expirai, c'est tout ce que j'espérais.
La sonnerie retentit et mon père m'ouvrit la portière.
Il m'embrassa le front en me souriant.
-Passes une bonne journée mon cœur.
-Merci papa, dis je en sortant de la voiture.
J'avançai doucement, ayant peur d'arriver devant des élèves. Mais ils étaient déjà tous parti.
Dans les couloirs, je croisai la principale. Merde.
-Bonjour mademoiselle Jamora, comment allez vous?
-Bien ? Dis je peu sûre de moi.
-Vous savez votre père m'a tout raconté et je pense que c'est une faute grave qui mérite d'être sanctionnée, en attendant je vous dispense de cours pour aujourd'hui, votre père a trouvé judicieux de vous mettre en relation avec la psychologue scolaire. Allez la voir, et après votre rendez vous vous serez libre de rentrer chez vous.
Je soupirai de soulagement en la remerciant. Je préférais ça que retourner en cours. J'allai donc devant le cabinet et pris une grande inspiration.
Je toquai puis elle me laissa entrer. J'allais devoir me confier à quelqu'un d'autre que ma famille ou un ami proche.
Je n'avais aucune idée de ce que c'était qu'un rendez vous chez une psychologue, mais je savais que j'allais pleurer.
Mais après la souffrance, il fallait que j'essaie d'être heureuse, alors je n'avais pas le choix et devait me confier.
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